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Un Banquet au vin d’Alsace

Après la petite mise en bouche du 9 mai à la Taverne Alsacienne à l’occasion du mariage civil, la grande cérémonie était prévue une semaine plus tard à Kientzheim, avec un Château de Kientzheim qui brillait de mille feux grâce à la décoration préparée par Barbara Frey. Le Château de Kientzheim  est habitué aux repas prestigieux autour des vins d’Alsace, la Confrérie Saint Etienne y organisant 7 chapitres généraux tous les ans avec des diners préparés par des chefs renommés de la région. Si le parc du Château était magnifique, la salle de banquet nouvellement rénovée fut un lieu magique pour y diner à plus de cent, et la soirée s’est bien entendu déroulée à une vitesse inimaginable pour nous.
Jean-Philippe Guggenbuhl est venu spécialement au Château de Kientzheim préparer un banquet pour une centaine d’adultes, exercice qu’il a réussi avec brio à l’aide d’une équipe réduite de cuisiniers : chaque table a eu l’impression d’être seule à être servie tellement la synchronisation de la cuisine et du service était parfaite !

Menu
Le Trio de la Mer
Riesling 2007 – Zind-Humbrecht
La Lotte braisée et la Brochette de Gambas aux Asperges
Pinot Gris Tradition 2007 – Domaine Pfister
La Pièce de Boeuf dans le Filet accompagné de Morilles, les Légumes de saison
Pinot Noir "F" 2005 – Paul Blanck
Le Gratin d'Agrumes, Fraises et Rhubarbe en Soupe et le Biscuit au Chocolat
Gewurztraminer Vendanges Tardives 2005 – Maurice Schoech
La Pièce Montée
Crémant d'Alsace Cuvée Sub Rosa 2004 – Cave de Beblenheim

Le vin d’honneur dans le parc du Château a fait la part belle au Crémant d’Alsace cuvée Sub Rosa 2004 de la Cave de Beblenheim, d’une fraîcheur désaltérante et d’une grande finesse, mais aussi au très bon Muscat Cuvée Jean-Baptiste 2006 de la maison Jean-Baptiste Adam, un vin exemplaire dans le millésime 2006, à la fois très net au nez et croquant en bouche. Ce fut le compagnon parfait des délices préparés par les frères Georges et Jean-François Michel du traiteur 8 rue du marché à Rouffach.

Le menu allait faire la part belle aux vins d’Alsace, avec des cuvées sélectionnées par ma femme et moi selon nos goûts, que nous avons expliqués à nos invités.

Composé d’une huître gratinée, d’un méli-mélo de crabe au guacamole avec sa tuile au parmesan et d’un tartare de saumon,  le trio de la mer a ouvert l’appétit autant que la curiosité.  Le pinot gris sec et gras de Mélanie Pfister allait il faire jeu égal avec le riesling de Zind Humbrecht ? Les préférences ont té marquées pour l’un ou pour l’autre, les premiers saluant l’ampleur du pinot gris et sa quasi absence de sucre résiduel (7g/l) en faisant un bon compagnon du guacamole, du crabe et de la tuile au parmesan ; les autres appréciant la fraîcheur, la finesse et la longueur du riesling, parfait accompagnement de l’huître malgré ses 9g/l de sucre parfaitement intégrés.

La lotte braisée est venue calmer les appétits les plus féroces, sa texture charnue et sa cuisson parfaite ayant fait honneur au talent du chef. Une fois de plus, chacun a choisi entre riesling et pinot gris le vin le plus plaisant. J’ai eu là aussi une petite préférence pour le pinot gris, mais c’était pour éviter de me rincer le gosier à grandes gorgées de ce magnifique riesling !

La pièce de boeuf qui a suivi était un prétexte pour boire du rouge,  et sur ce point, le pinot noir 2005 issue du Furstentum de Paul Blanck a été à la hauteur, même s’il a plus impressionné les alsaciens peu habitués à des rouges alsaciens si consistants que les invités bourguignons habitués à des élevages sous bois.

A ce stade nous pensions que la plupart des convives serait déjà bien fatigués coté boisson, mais le dessert allait réserver des surprises avec un Gewurztraminer vendanges tardives d’une buvabilité insolente. L’assortiment des desserts fut vite recouvert en bouche par ce nectar onctueux et frais à la fois, qui titille les papilles en parfaite allégresse avec l’atmosphère de la soirée.

Il ne restait plus qu’une petite coupe de crémant pour terminer la soirée et accompagner la pièce montée de la maison Ferber de Niedermorschwihr, avant de demander aux chauffeurs d’Izydrive de nous raccompagner pour une bonne nuit de sommeil 😉

Voilà les commentaires que nous avons présentés aux invités dans un petit carton d’explication sur chaque table

Riesling 2007 de Zind-Humbrecht à Turckheim : Olivier Humbrecht, le vigneron le plus célèbre d’Alsace a produit dans le magnifique millésime 2007 un riesling au fruité agréable, frais sans être trop acide, avec de la chair et juste ce qu’il faut de rondeur pour le rendre délicieusement désaltérant. C’est le style de riesling que nous aimons boire le vendredi soir en été après une semaine bien chargée. N’en abusez pas trop, il y a d’autres vins à suivre…

Pinot Gris Tradition 2007 du Domaine Pfister à Dahlenheim : ancienne stagiaire chez Zind-Humbrecht, c’est sans aucun doute que la jeune et talentueuse Mélanie Pfister fait partie des valeurs montantes de la région. Son pinot gris tradition joue en 2007 sur un registre ample et savoureux avec un équilibre sec : il contient moins de sucre résiduel que le riesling.  Nous buvons souvent ce style de vin lorsque nous n’ouvrons qu’une seule bouteille sur un voire plusieurs repas.

Pinot Noir "F" 2005 de la Maison Paul Blanck à Kientzheim  : le domaine voisin situé en face de l’Eglise de Kientzheim est incontournable dans la région de Kientzheim/Kaysersberg. Si le cépage Pinot noir n’a pas droit à l’appellation Alsace Grand Cru, cette cuvée « F » est pourtant bien issue d’une vieille vigne sur le Grand Cru Furstentum situé sur les hauteurs de Kientzheim. Dans le grand millésime 2005, cette cuvée élevée en pièce bourguignonne est le compagnon idéal du filet de bœuf. Tout simplement un des meilleurs pinots noirs de la région.

Gewurztraminer Vendanges Tardives 2005 de la Maison Maurice Schoech à Ammerschwihr : conserver de la fraîcheur sur un vin moelleux est toujours un exercice difficile, exercice que Jean-Léon et Sébastien Schoech ont parfaitement réussi : dans le grand millésime 2005 la cuvée provient de deux coteaux voisins de Kientzheim, et si c’est un vin qui supportera facilement vingt années de garde, c’est surtout un vin étonnamment délicieux dès aujourd’hui, qu’Emmanuelle et moi aimons savourer le soir après le repas, en attendant de pouvoir le goûter en hiver au coin du feu lorsque nous aurons installé la cheminée dans notre maison. 

Crémant d'Alsace Cuvée Sub Rosa 2004 de la Cave Vinicole de Beblenheim : cuvée conçue et produite par Patrick Lebastard, l’œnologue connu pour être un des meilleurs vinificateurs de crémant d’Alsace. Outre son habillage très élégant, c’est un crémant  élaboré à partir de chardonnay et de pinot noir dans des proportions tenues secrètes, ce qui explique le nom de la cuvée. Elevé sur latte pendant près de quatre années, les deux cents dernières bouteilles de cette cuvée devenue célèbre ont été dégorgées fin 2008 pour notre plus grand plaisir. Nous aimons beaucoup les grands champagnes, mais cette cuvée nous a régulièrement charmé et nous espérons que cela vous donnera un dernier bon souvenir de la production viticole de notre région. 

On le répète encore une fois, le vin d’Alsace est universel, versatile, et on peut faire des repas entiers avec de grands vins sans aucune lassitude. Surtout de grands banquets !

Thierry Meyer