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Le Blog des dégustations de la campagne 2010 – partie 2

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Semaine du 5 mars 2010 : Des visites en hausse

Bott-Geyl (Beblenheim) : une gamme 2008 dense et homogène, avec des petits rendements qui ont donné une série de vins surmuris de grande classe. Première cuvée de Riesling Grand Cru Schlossberg produite, et dans le combat permanent entre Sonnenglanz et Furstentum, en 2008 chapeau bas pour le Pinot Gris Grand Cru Furstentum 2008 et surtout pour le Gewurztraminer Grand Cru Sonnenglanz 2008. Selon le millésime, pinot gris et gewurztraminers donnent alternativement le plus grand vin sur chaque terroir.

Jean-Claude Buecher (Wettolsheim) : tournée des 6 crémants produits par Franck Buecher, avec une gamme qui se renouvelle, et un autre qui se dégorge de plus en plus tardivement. On est donc sur le millésime  2007 avec le Crémant Brut et le Crémant Brut Rosé 2007, ce dernier étant un des meilleurs crémants rosés produit en Alsace. Le Crémant Blanc de Noirs 2006, issu en partie de Pinots Noirs sur le Hengst et le Steingrubler, mérite encore quelques années sur latte. Ca tombe bien, il n’est pas encore dégorgé. Enfin, sur les meilleurs millésimés, les dégorgements de novembre 2009  ont donné de grandes choses : Crémant Chardonnay 2006 issu du Rotenberg de toute beauté, Crémant Paradoxe 2005 vineux à souhait, et Crémant Fleur de Lys 2004 originaire du Pfersigberg très élégant. Impossible de parler de Crémant d’Alsace de qualité sas avoir au moins une fois goûté à ceux de Frank et Jean-Claude Buecher.

Agathe Bursin (Westhalten) : Les 2008 seront regoutés en bouteille les semaines à venir, mais c’est surtout les 2009 en cuve qui ont montré un profil de millésime chaud et ample, à l’opposé des millésimes plus acidulés 2007 et 2008. Tant qu’à être en cave, j’ai adoré le Pinot Noir 2008 qui termine son élevage. Agathe a créé une cuvée Esprit de calcaire 2009, qui regroupe plusieurs cépages du Zinnkoepflé élevés en barrique à la manière d’un bourgogne blanc.  Les vins du Zinnkoepflé sont marqués par la chaleur, et il faudra se précipiter sur le Riesling Grand Cru Zinnkoepflé Vendange Tardive 2009.

Josmeyer (Wintzenheim) : La dégustation a porté sur nombre de 2008 en bouteille, mais ce fut également l’occasion de découvrir les 2009 désormais vinifiés par Isabelle Meyer. La gamme 2008 est de très haut niveau, avec sur la route des crêtes le Riesling Grand Cru Brand 2008 à la salinité sublime, le Riesling Grand Cru Hengst Samain 2008  à la profondeur marquée, ou le  Pinot Gris Grand Cru Brand 2008 à l’équilibre parfait. Comme il reste quelques bouteilles de Gewurztraminer Grand Cru Hengst 2007 , c’est le moment de compléter ses stocks. Les amateurs de vins plus simples se satisferont avec les Pinot Gris « 1854 » Fondation 2008 et Riesling Les Pierrets 2008, superbement réalisés.

André Kientzler(Ribeauvillé) : a défaut de pouvoir goûter le Riesling Geisberg 2008 encore en élevage,  les vins plus doux sont à l’honneur avec un superbe Riesling Grand Cru Geisberg Vendanges Tardives 2007 mais surtout un exceptionnel Riesling Grand Cru Geisberg Vendanges Tardives « Cuvée Exceptionnelle » 2005 . En 2008 la cuvée Riesling Cuvée François Alphonse 2008 produite par assemblage des deux crus Osterberg et Geisberg  surpasse le Riesling Osterberg. Le Gewurztraminer Grand Cru Osterberg 2008 confirme la grandeur de ce cru pour son deuxième millésime produit au domaine. Ne cherchez pas le pinot blanc 2008 ou l’auxerrois K 2008, il n’y en aura pas, le domaine ayant vendu les raisins.

Marc Kreydenweiss (Andlau) : Des fermentations longues en 2008 ont donné des vins marqués par l’élevage sur lies, qui possèdent la pureté et la finesse des meilleurs vins blancs.  Le Pinot Blanc Kritt 2008 ouvre la voie de manière magistrale, le Pinot Gris Clos Rebberg 2008 donne le ton des grands vins de terroir du domaine, quant au Riesling Grand Cru Kastelberg 2008 c’est probablement un des meilleurs jamais produit sur le domaine.

Seppi Landmann (Soultzmatt) : Après une petite vertical de pinot noir jusque 1983,  le retour à la réalité des millésimes en vente n’a pas déçu : la gamme Vallée Noble 2008 produit en partie sur le Bollenberg est homogène et de bon niveau.  Si les 2008 du Grand Cru Zinnkoepflé sont à attendre 2-3 ans au moins, l’impressionnante série de VT/SGN sur le grand millésime 2007 montre une fois de plsu le grand savoir faire de Seppi sur ces vins. Petit coup de cœur pour le Riesling Grand Cru Zinnkoepflé Sélection de Grains Nobles 2007 tout simplement  magique, un cran au dessus du grand 1998.

Gustave Lorentz (Bergheim) : une revue Presque complète de la gamme en vente en fin d’année, avec un Sylvaner 2009 déjà en bouteille et délicieux, un Pinot Gris Cuvée Particulière 2008 superbe à table, et un surprenant Pinot Gris Saint-Georges 2007 ample et pur réalisé sur l’une des deux parcelles certifiée Bio Ecocert. Avec des grands crus 2005 de très bonne qualité et un magnifique Gewurztraminer Grand Cru Altenberg de Bergheim 2007  de grande garde, voilà une maison sur le point de prendre un nouvel élan qualitatif par delà la régularité des cuvées génériques. 

Julien Meyer (Nothalten) : Patrick Meyer est un vigneron biodynamiste engagé. Travaillant les sols, vinifiant les vins avec un minimum d'intervention en cave, il cherche le caractère le plus naturel possible des vins. Les vins des terroirs autour de Nothalten possèdent une salinité fine, en particulier sur le grand cru Muenchberg. Un usage plus que modéré du soufre laisse les vins s'équilibrer sur des degrés d'oxydation variés, qui va à l'encontre de la franchise aromatique qui fait la typicité des vins d'Alsace. Il ne reste alors que l'équilibre minéral en bouche et un discours engagé pour consoler l'amateur parfois déboussolé, ce qui est dommage au vu des énormes qualités gustatives que possèdent les vins par ailleurs. La gamme est donc diversement marquée par le caractère oxydatif, ce caractère évoluant avec le temps. Parmi les vins les moins marqués actuellement, le Riesling Grand Cru Muenchberg 2007 est remarquable de salinité et de vibration en bouche, le Gewurztraminer Heissenberg 2007  est fin et élégant, et le crémant est à ne pas manquer prou sa grande digestibilité. Parmi les cuvées plus marquées par le caractère oxydatif, le Sylvaner Zellberg 2008  est un grand vin de garde qui rappelle le cuvées Tradition du Jura, et le Riesling 2008 sera fortement apprécié par ceux qui sont prêts à ne pas avoir un nez d’agrumes sur ce cépage. Entre ces deux extrêmes, de nombreux vins délicieux, sont le célèbre Pinot Blanc les Pierres Chaudes 2008  ou le très minéral Riesling Grittermatte 2008. Boire du vin en revenant d’une telle visite est une épreuve, car à moins de choisi des vins tout aussi minéraux toute bouteille ouverte risque de paraître fade.

Schlumberger (Guebwiller) : Une partie de la gamme sera renouvelée cette année seulement, ce qui est une aubaine vu la qualité des millésimes produits des 4 dernières années. Dans la gamme Prineces Abbés, meilleur d’année en année, le Sylvaner Les Princes Abbés 2008 est une nouvelle fois magnifique. Sur les grands crus, profitez des derniers flacons de Riesling Grand Cru Kitterlé 2005 ou de Pinot Gris Grand Cru Spiegel 2005, et précipitez vous sur le grandiose Pinot Gris Grand Cru Kitterlé 2007. Coté vin liquoreux, on attendait 2007 avec impatience, et on est servi par deux vins d’anthologie. Le Riesling Cuvée Ernest Sélection de Grains Nobles 2007  est la quatrième cuvée produite par le domaine après 1945, 1971 et 1999. C’est un vin onctueux issu de passerillage, qui sent la violette, loin du style des monstres botrytisés et acidulés tel le Riesling SGN 07 de Seppi Landmann. Plus rôtie, le Gewurztraminer Cuvée Anne Sélection de Grains Nobles 2007  est certes plus classique, mais un grand successeur au millésime 2000 avec une charpente impressionnante.

Albert Seltz (Mittelbergheim) : première rencontre avec Albert et dégustation centre sur les sylvaners, tous issus du Zotzenberg voisin. Le travail est centré sur la recherche de surmaturité dans les vignes et sur les élevages plutôt longs en cave donnant des vins amples et onctueux qui sont taillés pour la grande garde. Un peu plus de salinité dans les vins en ferait des stars mondiales.  Le Sylvaner  Le Mystère de Barbe Noire 2002, vin récolté passerillé et vinifié sec, élevé en barrique pendant deux ans, est exemplaire de ce style si particulier : un vin probablement magnifique sur une dinde farcie aux marrons. Le Riesling réussit également bien sur le Zotzenberg dans les mains d’Albert, en particulier le Riesling Grand Cru Zotzenberg 2008 à la minéralité franche.

Guy Wach (Andlau) : Comme chaque année les cuvées qu’on appelle ailleurs Entrée de gamme ou générique, sont particulièrement réussies, du crémant au gewurztraminer en passant par le pinot noir. Au point que les grands crus paraissent parfois manquer d’éclat en comparaison, probablement à cause d’un petit déficit de salinité et d’un petit excès de maturité qui rend les rieslings ronds et gourmands jeunes. Le Bio est évoqué du bout des lèvres, annonçant des évolutions à venir. Le Riesling Grand Cru Kastelberg 2008 est superbe, mais ne partez pas sans un carton de Sylvaner Duttenberg 2008, un grand vin de terroir de grande garde et petit prix (6.4€).  

  

Semaine du 26 février : Organisation des dégustations et 5 visites

Les 42 derniers domaines restant à visiter au mois de mars ont été contactés pour connaitre leurs disponibilités, avec des rendez vous organisés jusqu’au 20 mars. Les demandes d’échantillons ont été à 70 autres domaines déjà sélectionnés les années précédentes.  Au mois d’avril une dégustation de grands crus ouverte a tous les producteurs  sera organisée. Le CIVA enverra la demande d’échantillon par le biais de la lettre d’opportunité mensuelle. Compte tenu du temps nécessaires pour organiser les visites (en Alsace, mais aussi dans leJura, le Bugey et en Savoie, au programme en avril), seules 5 visites effectuées cette semaine.

André Blanck (Kientzheim) : un grand domaine qui dispose de plus de 2 hectares de vignes sur le grand cru Schlossberg. La gamme générique est simple et légère, techniquement bien faite.  Les Schlossberg 2008 sont encore marqués par un moelleux généreux qui devrait se fondre avec le temps. La belle parcelle replantée dans el grand cru Furstentum  donne de belles cuvées, dont un très bon  Gewurztraminer Grand Cru Furstentum Vendange Tardive Cuvée Elodie 2007 .

Domaine Kirmann (Epfig) : un domaine qui fait également restaurant, et dont la gamme de vins se montre très régulière et d’un très bon rapport qualité prix. 2007 et 2008 sont bien vinifiés, et offrent du plaisir sur la gastronomie de winstub. Dans la gamme classique, le Sylvaner 2007 et Pinot Blanc 2008 sont secs avec du gras et une belle pureté, ce sont des vins aimerait pouvoir trouver dans tous les restaurants alsaciens. La gamme Vieilles Vignes est un peu plus dense et plus moelleuse, avec un Riesling Vieilles Vignes 2007 ample sans être trop acidulé. C’est surtout l’hectare de gewurztraminer sur le Fronholz qui donne une grande satisfaction, surtout en 2007. Tendre et légèrement salin, le Gewurztraminer Fronholz 2007 est délicieux. Issus de tris sur le Fronholz, les Gewurztraminer Vendanges Tardives 2007  et Gewurztraminer Sélection de Grains Nobles 2007  son de sacré gourmandises vendues à petit prix.

René Muré (Rouffach) : une gamme impeccable en 2007 et 2008, avec comme points fort le crémant et le pinot noir, pas forcément toujours mis en avant par les autres domaines stars.  Si le Crémant d’Alsace Cuvée Prestige  est toujours aussi bon et représente le fer de lance de l’appellation, le Crémant Millésimé 2007 intègre à partir de ce millésime du riesling et du pinot gris en plus du chardonnay. La Gamme Cote de Rouffach est désormais produite avec les seules vignes du domaine depuis que la classification officielle impose des rendements plus bas. Riesling Côte de Rouffach 2008 et Pinot Gris Côte de Rouffach 2008 sont d’équilibre sec avec de la chair. Sur le Clos Saint Landelin, le Sylvaner Cuvée Oscar 2008 et le Riesling Clos Saint Landelin 2008 sont parmi les plus grands jamais produits. Les vendanges tardives et sélections de grains noble 2007 et 2008 tutoient les sommets, et j’ai même pu déguster quelques guttes du prochain gewurztraminer Clos Saint Landelin SGN 2009, récolté à 32 degrés potentiels, qui titre actuellement quelques degrés d’alcool et presque 500g/l de sucre résiduel. Du boulot de fermentation en perspective pour les levures !

André Ostertag (Epfig) : La dégustation de la gamme 2008 en bouteille montre des équilibres fins et élégants, avec des pinots secs élevés sous bois très peu marqués par le toasté. Petit coup de cœur pour le Pinot Blanc Barriques 2008 qui rappelle le Pinot Blanc Rosenberg de Barmès-Buecher, et pour le Gewurztraminer Fronholz Vendanges Tardives 2008 à la finesse exceptionnelle. Les Riesling et pinot gris du Grand Cru Muenchberg sont remarquables, mais nécessiteront quelques années de garde contrairement aux 2006 et 2007 plus ouverts.

Valentin Zusslin (Orschwihr) : La gamme en vente cet automne comprend pas mal de 2008 mais également des millésimes plus anciens jusque 2002 voire 2000, qui sont très bons à boire dès à présent. Le Pinot Gris Clos Liebenberg 2005 élevé en foudre présente un caractère sec et du gras, tout comme le Gewurztraminer Bollenberg 2006 exceptionnel sur une cuisine épicée. Le Riesling Grand Cru Pfingstberg 2008 est très grand, à l’image du 2007, et on n’oubliera pas les bons crémants et les pinots noirs du Bollenberg, dont l’excellent Pinot Noir Harmonie 2007.

Semaine du 19 février 2010 : visites au domaine, et spéciale 2009 en élevage avec une série de vignerons qui pratiquent des élevages sur lies, en foudre ou barrique.

Laurent Barth (Bennwihr) : Les 2009 sont partiellement fermentés à l’exception des pinots blancs et noirs qui séjournent en barrique. Le Pinot Noir « M » 2009 est très prometteur, à l’image du grand 2005 et du très bon 2008 dégustés en bouteille. Le Muscat Granite 2009 issu du Schlossberg est très prometteur.

Paul Kubler (Soultzmatt) : Les vins sont élevés en fondre, aucune barrique n’ayant été utilisée sur le millésime 2009. Les vins de la gamme « K » sont purs, secs et parfaitement vinifiés. Le Zinnkoepflé a donné un grand sylvaner et un gewurztraminer prometteur. Quelques  et 2008 et 2007 dégustés en bouteilles montrent la cohérence et la grande précision des vins de Philippe Kubler, un œnologue élevé à l’école bordelaise de Denis Dubourdieu.

René Muré (Rouffach) : on attendait les pinots noirs dans le prometteur millésime 2009 et on n’a pas été déçu, avec 4 cuvées qui grimpent crescendo : Pinot Noir, PN Cote de Rouffach, PN « V » et PN Clos Saint Landelin. Ce dernier de couleur encre violine très profonde possède une forte race. 2008 et 2007 dégustés en bouteille se montrent tout aussi purs,  avec des variations de style sur le Clos Saint Landelin en fonction des cépages.  Hors 2009, la dégustation complète aura lieu le 22 février.

François Schmitt (Orschwihr) : les 2009 en élevage montrent de fortes maturités, en particulier le sylvaner Bollenberg qui n’égalera pas la finesse et la pureté du 2008 au caractère sec. Coté élevage en barrique, le pinot blanc Croix du Sud démontre le potentiel de ce cépage sur un élevage sous bois, tout comme le Pinot Gris Le Maréchal. Le Pinot Noir Cœur de Bollenberg 2009 s’annonce majestueux, de la trempe de l’excellent 2005 dégusté en bouteille

Marc Tempé (Zellenberg) : probablement le vigneron alsacien le plus engagé dans les élevages longs, en foudre ou barrique. Les raisins sont récoltés à maturité physiologique, et élevés sur lies totales pendant 24 mois minimum. Certaines 2003 ou 2006 ont passé pus que 3 ans et demi en élevage avant d’être mis en bouteille, le gewurztraminer Mambourg 2002 ayant même passé 6 années en barrique. Le résultat est là, avec des cuvées d’une pureté remarquables qui transcendent les difficiles millésimes  2003 et 2006 comme aucun vigneron n’a réussi à le faire en Alsace. La gamme générique « Zellenberg » du millésime 2007 goûté le lendemain de la première visite est de très haut niveau. Les fantômes des premières années d’expérimentation dans les années 90 sont bien loin, même si une improbable barrique de Riesling Mambourg SGN 2000 continue son évolution sous bois, quelque part au fond du chai…

Zind-Humbrecht (Turckheim) : Revue de quelques 2009 en particulier le retour des cuvées de Pinot Noir Heimbourg et Pinot Noir Wintzenheim élevées en barrique. Plus de barrique neuve, heureusement. En blanc, les équilibres sont très prometteurs avec une définition élevée de chaque cru, du Rangen au Clos Windsbuhl. Quelques jours après la mise en bouteille des derniers 2008, le Riesling Clos Haüserer 2008 est magnifique et le Muscat Goldert 2008 confirme sa grande facilité d’accès jeune.

  

Semaine du 12 février 2010 : des visites au domaine

Barmès-Buecher (Wettolsheim) : la gamme 2008 est très cohérente et de haut niveau, avec des rieslings secs tous sous les 5g/l de sucre résiduel, des pinots noirs déjà ouverts et très nets, et des gewurztraminers récoltés à maturité de VT pour obtenir une bonne maturité physiologique. Les cuvées du Rosenberg continuent d’être élevées en demi-muids, en particulier le toujours délicieux Sylvaner Rosenberg Vieilles Vignes 2008 (9€ TTC départ cave), le très réussi Pinot Noir Hengst Vieille Vigne 2008 (27€ TTC départ cave), ou l’exceptionnel Gewurztraminer Grand Cru Hengst Vendanges Tardives 2008 (26€ en 50cl TTC départ cave) qu’il faudra encaver pour les enfants nés cette année.

Laurent Barth (Bennwihr) : Dégustation des vins du millésime 2008 en bouteille, avec des nouveautés sur le terroir du Schlossberg, un muscat et un riesling qui ne revendiquent pas en 2008 l’AOC Alsace Grand Cru mais prennent le nom de « Cuvée granite ». Si toutes les cuvées sont hautement recommandable, le Pinot Noir « M » 2008 sera très recherché par les amateurs de rouge de terroir, et les deux cuvées de Riesling Vieilles Vignes 2008  et de Gewurztraminer Vieilles Vignes 2008 seront les étalons à encaver absolument pour avoir des vins remarquables dans sa cave dans quelques années. Les 2009 en foudre seront dégustés la semaine prochaine.

Beck-Hartweg (Dambach la Ville) : Florian Beck-Hartweg dévoile tout son talent sur les millésimes 2007 et 2008, mais il faut encore aller sur la gamme Prestige pour trouver des vins de bonne densité, en particulier le très sec Riesling Cuvée Prestige 2008. Les amateurs de terroir seront contents de redécouvrir le grand Cru Frankstein avec le Riesling Grand Cru Frankstein 2007 ou le Pinot Gris Grand Cru Frankstein 2008, deux vins à la salinité prononcée quoi font honneur à ce terroir granitique.

Paul Buecher (Wettolsheim) : Jérôme Buecher continue à perpétuer le style maison avec des vins fruités faciles à boire, qui gagnent en équilibre sec.  La confidentielle cuvée de Pinot Noir H 2005 (17.2€) provient du Hengst et sera nettement préférable à la Cuvée Les Terrasses du même millésime. Le Sylvaner 2007 (4.8€) originaire de la partie basse du Rotenberg est à goûter absolument, tout comme le délicieux Muscat Réserve Personnelle 2008 (7.8€). En 2007 les pinots gris sont amples et remarquables, que ce soit le Pinot Gris Grand Cru Brand 2007 (12.9€) ou le Pinot Gris Clos Gottesthal 2007, première cuvée issue des parcelles replantées à Leimbach au Sud de Thann.

Henry Fuchs (Ribeauvillé) : Première visite dans ce domaine qui gagne en qualité depuis l’arrivée en 2005 de Paul, le fils d’Henry, diplôme d’œnologie en poche. Les gammes traditions offrent des styles techniquement secs en 2007 et 2008 qui annoncent de belles évolutions, en particulier le Pinot Blanc Auxerrois 2007 (4.7€) à ne pas manquer, originaire de la partie haute du Kirchberg de Ribeauvillé. Les cuvées de réserve ont été personnalisées et se nomment depuis quelques années Equinoxe, Tzigane, l’Ambroisie ou Rouge comme Renard.  Malgré une plus grande richesse, les cuvées restent adaptées à la table. Les cuvées plus anciennes proposées à la vente ne traduisent pas encore les améliorations des millésimes plus récents, à part le Pinot Gris Grand Cru Kirchberg de Ribeauvillé 2004 (10.8€) qui propose un excellent fondu entre le terroir et le cépage. Un domaine à suivre.

Albert Mann (Wettolsheim) : le domaine réédite en 2008 le grand chelem de 2007, avec les meilleures réussites sur des cuvées différentes entre les deux millésimes. Les Pinots Gris sont à la fête, en particulier le Pinot Gris Cuvée Albert 2008 presque sec, ou le grandissime Pinot Gris Grand Cru Furstentum 2008. Les amateurs de vins moelleux et liquoreux trouveront quelques uns des meilleurs vins d’Alsace de cette catégorie, que ce soit le déjà approchable Pinot Gris Altenbourg Vendanges Tardives 2008, le puissant Pinot Gris Altenbourg Sélection de Grains Nobles « Le Tri » 2008 ou le Riesling Grand Cru Schlossberg L’Epicentre 2008, sélection de grains nobles véritable essence de riesling.

Domaine Schoffit (Colmar) : Le domaine continue sa réorientation vers une gamme simplifiée de vins de cépage dans la Harth et une grande partie de cuvées sur le Grand Cru Rangen. Le Chasselas Vieilles Vignes 2008 (8.3€) est plus délicieux que jamais, le Muscat Tradition 2008 (9.8€) est presque épuisé malgré son prix, et le Gewurztraminer Harth Vieilles Vignes Cuvée Alexandre 2008  (13.2€) propose un équilibre tendu par une richesse digne d’une vendange tardive (110 g/l de sucre restant), rehaussé par une acidité de riesling. Sur le Rangen, 2008 offre un profil plus vertical que 2007, avec un Gewurztraminer Grand Cru Rangen Clos Saint Théobald 2008 (32€) presque sec qui sera immense sur une cuisine épicée, un Pinot Gris Grand Cru Rangen Clos Saint Théobald Cuvée Schistes 2008 (29.5€) d’équilibre demi-sec qui sera très gastronomique, et un somptueux Pinot Gris Grand Cru Rangen Clos Saint Théobald Sélection de Grains Nobles 2008 de grande garde. Vendanges tardives et sélections de grains nobles de millésimes plus anciens (jusque 1998) permettent de s’approvisionner en vins à maturité.

Semaine du 5 février 2010 : des visites au domaine

Clément Lissner (Wolxheim) : une dégustation centre sur le millésime 2008 qui confirme les efforts déployés au domaine depuis bientôt 10 ans. Avec une approche rigoureuse et méticuleusement soigneusement planifiée, Bruno Schloegel  prend ses vignes en main, identifie ses terroirs et produits des vins marqués par la typicité géologique des nombreux secteurs autour du village de Wolxheim (calcaire, marnes calcaires, gréseux). Avant que le nouveau chai soit finalisé pour accueillir la vendange 2010, le pressoir a été chargé à la main  dès 2008 après des vendanges en petites cagettes, évitant la trituration légère que pouvait apporter dans le passé la pompe reliée aux énormes tuyaux qui traversaient la maison. Résultats combines de ces efforts, des vins secs, précis, avec un petit coup de cœur pour le riesling Wolxheim 2008 et un énorme chapeau pour le Riesling et le Gewurztraminer Grand Cru Altenberg de Wolxheim 2008, tous les deux vinifiés secs, qui  remettent en avant la grande qualité de ce terroir au passé glorieux.

Meyer-Fonné (Katzenthal) : Le granit de Katzenthal a bien entendu fait des merveilles en 2008, et la gamme est impeccablement vinifiée avec de beaux raisins. Les vins les plus moelleux sont fruités, ouverts et délicieux, mais je retiendrai surtout la production de haut niveau dans les vins secs, que ce soit le simple Pinot Blanc Vieilles Vignes 2008 élevé en foudre, le Riesling Vignoble de Katzenthal 2008 au fruité généreux ou le Pinot Gris Dorfbourg 2008, ample et sec. Le Grand Chelem est atteint avec un trio de Riesling Grands crus au caractère affirmés : un Riesling Wineck-Schlossberg 2008 au fruité délicieux qui présente une forte salinité en bouche, un  Riesling Grand Cru Kaefferkopf 2008 produit sur la partie marno-gréseuse du cru qui offre de beaux amers nobles, et un Riesling Grand Cru Schoenenbourg 2008 exceptionnel car il propose un équilibre mûr et sec sans botrytis, une chose rare sur les rieslings du cru.  Son voisin Frédéric Bernhard du domaine Jean-Marc Bernhard progresse vite et son Wineck-Schlossberg sert désormais d’étalon, mais Félix continue d’avancer et ça ne m’étonnerait pas que ces deux là se tirent la bourre, créant une émulation saine qui tire le village vers le haut depuis quelques années.

Martin Schaetzel (Ammerschwihr) : La gamme 2008 est à nouveau très homogène, avec un rapprochement qualitatif de la gamme issue d’achats de raisin vers celle issue des vignes propres du domaine, qui relève l’ensemble. Pour sa deuxième année en AOC Alsace Grand Cru, le Kaefferkopf a produit des vins tendus, que ce soit sur les rieslings ou les gewurztraminers. Les grands crus Schlossberg et Rangen à la vente sont encore les 2007 très réussis sur les deux crus, en particulier le Rangen. Pour une consommation immédiate, le Riesling Ammerschwihr 2008 (9.9€) a tous les atouts de corps et de franchise pour plaire dès à présent. Quant au Gewurztraminer Cuvée Réserve 2008 (7€), ce sera un des hits de l’été 2010, sa fraîcheur aromatique et son léger moelleux contribuant à un fruité exotique généreux.

Vincent Spannagel (Katzenthal) : Après les difficultés climatiques du millésime 2006, les essais de pressurage qui ont donné des vins plus secs en 2007, 2008 retrouve un profil plus régulier avec  des vins légers de bonne maturité. Les vins restent toutefois encore marqués par des niveaux de sucre très élevés, qui flattent le palais des anciens clients, mais cantonnent le domaine dans vision de l’Alsace qui pourrait devenir moins à la mode, surtout quand on connaît les vins des voisins de Katzenthal. Gageons que le jeune Patrice Spannagel pourra lentement mais surement faire baisser le taux de sucre en même temps qu’une nouvelle clientèle plus qualitative s’intéresse aux vins du domaine. En attendant, ne manquez pas le Gewurztraminer Grand Cru Wineck-Schlossberg 2007, ni les Muscat Grand Cru Wineck-Schlossberg 2007 et 2008  qui mettent en avant l’élégance et la fine salinité de ce cru.

Semaine du 29 janvier 2010 : des visites au domaine

Bestheim (Westhalten) : visite des installations techniques à Westhalten, le site moderne spécialisé dans les crémants et permet de concevoir des cuvées techniquement bien faite, mais souvent légères et trop dosées à mon goût. La cuvée prestige 2007 qui a fait couler tant d’encre tutoie les 13g/l de sucre résiduel, ce qui est dommage. La même cuvée en 2001 dont quelques rares bouteilles n’ont été dégorgées qu’à l’automne 2009 se montre magnifique, démontrant que élevage long sur latte et faible dosage peuvent produire de très grandes crémants. Coté vins secs, le Riesling Rebgarten 2007 est toujours aussi bon, comme tous les millésimes précédents, mais que peut-il y avoir dans cette bouteille normalement issue d’un terroir qui a été quasiment entièrement grêlé en 2007 ?

Marcel Deiss (Bergheim) : Mathieu Deiss a vinifié et élevé son premier millésime en 2008, et a produit des vins parfaitement typés par leur origine, et proposent des équilibres de nature à faire de magnifiques accords à table à condition de s’y préparer un peu et de chercher des recettes sur le site web du domaine. Petits coups de cœur personnels pour le Pinot Blanc Bergheim 2008, parfaitement sec et élevé en barrique, pour le Schoffweg 2008 à la minéralité si typé, et parmi les trois magnifiques Grand Crus, pour le Grand Cru Mambourg 2008 qui prend sa revanche sur la grêle de 2007.

Jean-Marie Haag (Soultzmatt) : Jean-Marie a gagné en précision sur la maturité et l’élevage des vins sur les derniers millésimes, et 2008 est une démonstration flagrante du résultat, avec des vins parfaitement secs dans la gamme générique, des lieux-dit à la minéralité affirmée et un grand cru Zinnkoepflé de bon niveau en 2008. J’ai toutefois l’impression que d’une manière générale dans la vallée noble, si 2007 était très grand sur le Zinnkoepflé, et un peu moins légendaire sur les terroirs voisins, en 2008 c’est l’inverse et les grandes réussites sont à chercher en dehors du grand cru.  J’ai beaucoup aimé le Pinot Gris Vallée Noble 2008 et ses 9g/l de sucre résiduel qui ne masquent pas le gras naturel du vin, ainsi que le Riesling Weingarten 2008 et sa délicate salinité sur un fond fruité plein de chair et de pulpe. Les amateurs de vins de grande garde, et pas seulement ceux qui ont un enfant né en2008 se précipiteront sur le Gewurztraminer Grand Cru Zinnkoepflé Vendanges Tardives 2008 ou sur le Gewurztraminer Grand Cru Zinnkoepflé Sélection de Grains Nobles « L’Esprit » 2008 : loin d’être des gourmandises sucrées, ce sont des vins de terroir remarquables qui apporteront un plaisir intense et varié sur les 30 prochaines années. Si le domaine a produit quelques cuvées de Sylvaner L’exception, récolte botrytisée à la liqueur digne d’une sélection de grains nobles, en 2008 les raisins étaient sains et ont été récoltés en vin de glace le 30 décembre 2008, donnant une cuvée Sylvaner Confidence 2008.

Domaine Klee Frères (Katzenthal) : la petite production familiale se décline en 6-7 cuvées, et continue en 2008 de proposer des équilibres secs parfaitement bien vinifié par Francis Klée. Les fermentations tardives ont toutefois donné des vins moins faciles à boire jeune que les millésimes précédents. Ne pas hésiter à chercher des 2006-2007 s’il en reste encore en attendant, les prix sont très sages et le Pinot Blanc Vieilles Vignes est un cuvée régulière parfaitement adapté à la table de tous les jours. Pinot Gris Hinterburg 2008 et Gewurztraminer Pfoeller 2008  sont déjà séduisants et seront épuisés rapidement (à bon entendeur…), quant au Pinot Noir 2008 originaire de l’Hinterbourg, il est produit avec de petits rendements et propose un joli fruité sur la cerise. Le 2009 goûté sur cuve montre toutefois que le millésime à venir sera encore plus grand.

Paul Kubler (Soultzmatt) : Philippe Kubler montre une nouvelle fois son grand talent de vinificateur et éleveur en 2008 avec des vins techniquement secs, sur la gamme K, très homogène à part le Riesling K 2008 qui n’a pas encore trouvé son équilibre. Le Sylvaner Z 2008 issu du Zinnkoepflé est LE grand vin sec à ne pas manquer pour les amateurs de grands vins de terroirs. Le Gewurztraminer Grand Cru Zinnkoepflé Vendanges Tardives 2008 sera du même gabarit que le 2007.

Domaine de l’Oriel (Niedermorschwihr) : La gamme 2008 s’élargit pour accueillir la première cuvée issue de la vigne plantée en 2005. Le « Riesling Le Z 2008 » rappelle la forme du chemin qui traverse cette parcelle pentue sur le sommet rocailleux du Sommerberg. Le premier millésime a produit un vin à l’équilibre demi-sec, léger et cristallin, laissant envisager ce que ce la donnera dans 20 ans. Le domaine a également produit un Gewurztraminer Sommerberg 2008 récolté en vin de glace. Le Riesling 2007, non commercialisé en bouteille en2008  est heureusement encore en vente sur le grand millésime 2007.  Vendu 7.5€ et originaire exclusivement de vignes sur le Sommerberg, c’est la bonne affaire du moment… Claude Weinzorn est parfois comme monsieur Jourdain, il produit de très grands vins sans le savoir. Son travail acharné dans les vignes a permis de produire un Pinot Gris Grand Cru Sommerberg Les Terrasses 2008 (15€) exceptionnel de salinité, un grand Riesling Grand Cru Florimont 2008 (20€) qui rappellera le grand 2002, et un Riesling Grand Cru Sommerberg Cuvée Arnaud 2008 (20€) de grande garde dont on n’a pas fini de parler.

  

Semaine du 22 janvier 2010 : que des visites au domaine

Maurice Heckmann (Dahlenheim) : Petite revue de l’ensemble de la gamme que je n’avais pas goûté depuis plusieurs années. Les vins sont de bonne facture avec des équilibres secs en blanc, des rouges nets sans trop d’extraction, et un riesling grand cru Engelberg disponible à prix sage sur plusieurs millésimes, dont le beau 2003 à maturité. J’ai beaucoup apprécié la franchise et le fruit du Sylvaner Finkenberg 2008 (4.1€ départ cave). Les vendanges tardives sont très recherchées par leur excellent rapport qualité prix.

Armand Hurst  (Turckheim) : la gamme est clairement scindée en deux parties. D’un coté les vins en AOC Alsace assez bien faits, de l’autre des Grand Cru Brand de très bon niveau, en particulier plusieurs cuvées de riesling sec dont la cuvée « S » issue du lieu-dit Schneckelsbourg montre le plus de puissance. Avec moins de 3g de sucre résiduel, le Riesling Grand Cru Brand « S » 2008 sera la cuvée à ne pas manquer.  Le pinot noir issu des terrains granitiques prend des accents rhodaniens avec ses notes fumées.

Domaine Pfister (Dahlenheim) : Mélanie enchaine  les millésimes avec succès depuis qu’elle a pris le domaine en main en 2006. En 2008 le Silberberg brille particulièrement par sa minéralité, en riesling ou gewurztraminer. Le Riesling Grand Cru Engelberg 2007 arrivera doucement à la vente en fin d’année, c’est le véritable porte-drapeau du domaine. Les millésimes en vente actuellement permettent d’avoir des vins déjà abordables jeune.

Louis Sipp (Ribeauvillé) : Etienne Sipp continue en 2008 de tutoyer l’excellence réalisée en 2007 avec ses grands crus Osterberg et Kirchberg de Ribeauvillé. La salinité propre de chaque terroir est mise en valeur, que ce soit sur le riesling, le pinot gris ou le gewurztraminer, sec ou moelleux. A coté de ces vins d’excellence, la gamme Nature’S issue des vignes propres du domaine cultivées en Bio. Ne pas manquer la sortie du Pinot Blanc Ribeauvillé 2008, un vrai vin sec de cépage pinot blanc dont la salinité trahit son origine du Kirchberg.

Trimbach (Ribeauvillé) : La gamme générique 2008 est  l’image qu’on se fait du millésime 2008 avec un riesling générique de très bonne qualité. Produit à plus de 300000 bouteilles c’est une grande réussite. L’apparition des prestigieux rieslings Frédéric Emile 2005 et Clos Sainte Hune 2005 sur le marché en 2011 fera des heureux, avec de très grandes réussites sur ce grand millésime déjà souvent épuisé ailleurs. La sortie du Pinot Gris Cuvée 13e génération 2002 salue l’arrivée au domaine de la nouvelle génération, dont Anne la fille de Pierre Heydt-Trimbach.

Domaine Weinbach (Kaysersberg) : un nouveau grand chelem en 2008, en sachant qu’en 2007 le coteau du Mambourg avait été grêlé. En 2008 les acidités sont très présentes mais d’une grande qualité, donnant des vins secs et cristallins d’une grande buvabilité. Les quatre Rieslings produits sur le Schlossberg sont magnifiques avec des acidités importantes et de fortes sensations minérales. Pinot Gris et gewurztraminer retrouvent une fraîcheur inhabituelle qui les destine plus qu’avant à des plats même jeunes. Le gewurztraminer transcende l’équilibre sucré  pour donner des vins minéraux, ample et représentatifs de ce que ce cépage devrait donner.  Grande réussite pour les quatre cuvées de Pinot Gris Altenbourg 2008, cuvée normale, Vendange Tardive, Vendange Tardive Trie Spéciale et Quintessence de Grains Nobles. Les quelques sélections de grains nobles 2007 sont grandissimes.

Domaine Zind Humbrecht (Turckheim) : Horizontale du millésime 2008. Les gewurztraminers et les SGN sont déjà en bouteille, le reste est en foudre sur ses lies totales, avec un niveau de clarification qui rend proche la mise en bouteille. Les arômes fermentaires sont toutefois encore marqués au nez à ce stade, avec une combinaison d’arômes de levure et de noix que les plus inexpérimentés des dégustateurs prendront certainement pour du champignon issu de pourriture.  Les 2008 sont droits et tendus avec des acidités fines très importantes, moins amples que 2007 mais plus précis dans certains vins. Les rieslings sont secs, les gewurztraminers acidulés, tout est très bon comme en 2007. Les grands terroirs ont produit des vins sublimes, du niveau de 2007 : Brand, Windsbuhl, Rangen, mais le Goldert se présente particulièrement bien jeune cette année avec une forte minéralité sur le muscat et le gewurztraminer. Il faudra confirmer les notes après la mise en bouteille, mais parmi les vins qui m'ont beaucoup plu en dehors des stars, citons :
– le Chardonnay Clos Windsbuhl 2008, commercialisé en Vin de Table à nouveau en 2008, un vin à faire peur aux plus ambitieux des producteurs bourguignons
– le Pinot Gris Rotenberg 2008, racé et très élégant dans un style demi-sec
– le Gewurztraminer Herrenweg Vieilles Vignes 2008 très salin, pratiquement sec, et parfait florilège d'épices
La seule Vendange Tardive produite en 2008 est le Pinot Gris Jebsal, en revanche, 7 Sélections de Grains Nobles  ont été produites :
– Riesling GC Brand SGN 2008
– Pinot Gris Rotenberg SGN 2008
– Pinot Gris Heimbourg SGN 2008
– Pinot Gris Clos Windsbuhl SGN 2008
– Pinot Gris Clos Jebsal SGN Trie Spéciale 2008 (encore en fût)
– Gewurztraminer GC Hengst SGN 2008
– Gewurztraminer Herrenweg SGN 2008
A l'exception du Pinot Pris Clos Jebsal SGN, les autres pinots gris SGN ont été produits en faisant un tri dans les vignes avant de récolter les raisins sains.  Le Gewurztraminer Herrenweg SGN 2008 a été produit par une parcelle entière, et les volumes produits laissent présager un prix plus modéré que les autres. C'est un vin déjà ouvert et délicieux, véritable port d’entrée aux grands liquoreux du domaine.

Semaine du 15 janvier 2010 : une seule visite

Cave de Ribeauvillé : Conformément aux prescriptions de Denis Dubourdieu la gamme 2008 de la cave gagne encore en équilibre sec, et les efforts dans les vignes se traduisent par un supplément de concentration et de gras. Les grands crus jouent désormais dans la cour des grands, même si en entrant dans ce cercle fermé ils se retrouvent face à une sacrée concurrence. Mais Philippe Dry et Evelyne Bléger n’en ont que faire, l’objectif n’étant plus d’être la meilleure cave coopérative d’Alsace mais bien de continuer à progresser et de rejoindre l’élite toutes familles confondues, en mettant à profit l’important patrimoine de grands terroirs autour de Ribeauvillé. Quelques cuvées de vin sec comme le Riesling Grand Cru Osterberg 2008 ou plus liquoreux comme l’exceptionnel Muscat Sélection de Grains Nobles 2008 montrent que la voie est toute tracée.

Mois de décembre 2009 : que des visites au domaine

Kuentz-Bas (Husseren les Châteaux) : La maison renait depuis quelques années et les millésimes 2007 et 2008 lui offrent une belle occasion de se refaire une notoriété, les belles parcelles sur ou autour des grands crus Eichberg et Pfersigberg n’ayant pas changé. Changement en 2008 de l’étiquetage avec la disparition de la gamme Collection rare, et l’apparition d’une nouvelle gamme « Trois Châteaux » pour les vins issus des raisins du domaine, désormais certifié en viticulture biologique depuis 2007 et biodynamique depuis 2008. Coup de cœur pour deux vins du Pfersigberg, le Riesling Grand Cru Pfersigberg Trois Châteaux 2008 sec et vertical, et le non moins acidulé mais plus moelleux Gewurztraminer Grand Cru Pfersigberg Trois Châteaux 2007.

Hugel et Fils (Riquewihr) : une gamme très homogène une fois de plus et un millésime 2008 qui fait la part belle à la fraîcheur, même si des fermentations malolactiques partielles ont légèrement atténué les excès d’acidité qu’on a pu rencontrer par ailleurs. Moins dodu et plus élégant qu’en 2007, le Gentil Hugel 2008 est assurément la bouteille qui représente le mieux le millésime avec un équilibre qui en fait le House Wine idéal. Pinot Gris et Gewurztraminer  ont produit de magnifiques sélections de grains nobles, et j‘ai pu gouter en avant première quelques gouttes du futur Riesling SGN 2009 très liquoreux (plus de 270 g/l de sucre restant) mais doté d‘un botrytis d’une grande pureté. Les vins de la gamme Jubilée seront de garde, en particulier un excellent pinot noir, et c’est tant mieux car de toute façon ils ne seront pas en vente tout de suite. Le Riesling Jubilée 2005 est en revanche sur le marché et c’est une très bonne occasion de profiter e ce très grand millésime

Mois de novembre 2009 : que des visites au domaine

Jean-Baptiste Adam (Ammerschwihr) : le deuxième millésime du Grand Cru Kaefferkopf ne dément pas le premier, et chez Adam la biodynamie appliquée sur les vignes du domaine fait une nouvelle fois mouche, avec un superbe Riesling Grand Cru Kaefferkopf Vieilles Vignes de Jean-Baptiste Adam 2008. Nombre de cuvées 2008 étaient encore en élevage en novembre 2009, et les 2007 encore en vente  sont très bon. Conséquence des efforts réalisés sur les vignes propres du domaine, l’écart se creuse avec la gamme de vins issus d’achat de raisin, et la gamme semble plus floue dans son ensemble. Il faudra certainement mieux différencier les produits pour éviter la confusion.

Jean-Marc Bernhard (Katzenthal) : Les 2008 sont déjà en vente, et les amateurs se précipitent pour chercher l’excellent Riesling Grand Cru Wineck-Schlossberg 2008 (12€), dont la notoriété a fini par dépasser celle du Schlossberg au domaine. La gamme 2008 est homogène, aérienne sur le secteur de Katzenthal, saline, bref, très buvable, et les terroirs plus lourds du Mambourg et du Furstentum ont produit des vins amples et charpentés. Les connaisseurs stockeront le Sylvaner 2008 (4.5€) et le Pinot Blanc Bouquet de Printemps 2008 (5€) qui les régaleront à l’été 2010, s’ils ont de la patience.

François Schmitt (Orschwihr) : Frédéric Schmitt aime bien les élevages longs sur ses vins qu’il vinifie secs, et grâce aux terroirs calcaires du Bollenberg le résultat en 2008 est très intéressant, avec des vins secs qui conservent ampleur, gras, et une acidité très pure. Proposés à des prix très bas au regard de leur qualité, le Sylvaner Bollenberg 2008 (4.3€) et le Riesling Bollenberg 2008 (6.5€) ne sont concurrencés en salinité que par le Pinot Gris Bollenberg 2008 (7.2€). Les cuvées du Pfingstberg auront besoin de plus de temps pour gagner leur équilibre.

Thierry Meyer

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