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Masterclass Alsace de l’été – 18 juin 2011

La masterclass de l’été portait sur deux thèmes d’actualité. D’abord, des coups de cœur de la campagne de dégustation 2011, avec des domaines non encore dégustés lors des masterclass. Ce fut l’occasion de découvrir de nouveaux noms. Ensuite, le retour sur le millésime 2006 : millésime difficile aux arômes de champignon dont on disait qu’il évoluera rapidement, qu’en est-il 5 ans après, alors que les producteurs ont quasiment tout vendu ? La dégustation de quelques cuvées dont certaines ont été mises en avant en 2008 a révélé de bonnes et de moins bonnes surprises.

Les coups de cœur de la campagne 2011

Cette année encore, la grande dégustation à l’aveugle organisée au CIVA a été l’occasion de découvrir des vins d’autant plus délicieux qu’une fois découverts, leur prix sages et leur origine peu connue étaient autant d’incitations au partage, bien plus que ces portes ouvertes que l’on aime parfois enfoncer sans qu’il y ait pour autant un grand intérêt à en parler. La sélection de cette dégustation a donc été faite avec des vins de domaines peu ou pas connus, en tout cas des maisons dont je n’avais jamais présenté les vins en dégustation auparavant.

Six vins d’équilibre sec dans le délicat millésime 2009, qui démontrent que lorsque l’état sanitaire est bon, les vieilles vignes peuvent produire de bons vins. La majorité des vins étaient des sylvaners, cépage particulièrement réussi en 2009 avec sa capacité à encaisser un bon ensoleillement sans dessécher.

Pinot Blanc 2009 – Emile Schillinger (Gueberschwihr) : Nez élégant de fleurs printanières, bouche pure, élégante avec une acidité fine. 14/20 (13,6%, 4,4g/l SR, 5,74g/l AT – 4,8€)

Sylvaner Bollenberg 2009 – Jean-Michel Welty (Orschwihr) : Nez aromatique sur la poire, bouche ample et sèche avec une belle pureté et du gras. Une bonne réussite. 14.5/20 (13%, 1g/l SR, 4,73g/l AT – 4,7€)

Sylvaner Blienschwiller 2009 – René Kientz et Fils (Blienschwiller) : Fruité de grande pureté, texture ample et nette en bouche, un bel équilibre sec qui possède du gras. 14.5/20 (12,5%, 3,9g/l SR, 5,26g/l AT – 5,3€)

Sylvaner Meissenberg 2009 – Camille Braun (Orschwihr) : Nez ouvert sur les fruits à noyaux et les fleurs blanches, bouche ample, profonde et sèche avec du gras. L'équilibre est puissant, minéral avec une belle finesse de texture. Une grande réussite. 15.5/20 (13,5%, 3,8g/l SR, 5,02g/l AT – 6€)

Sylvaner Vieilles Vignes 2009 – Joseph Gruss (Eguisheim) : Nez encore marqué par des notes fermentaires puis épicées, bouche ample, élégante et saline, avec de la profondeur. Beau terroir, mais légère sensation de liège sur le flacon dégusté. 14/20 (13,36%, 4g/l SR, 6g/l AT – 6,5€)

Sylvaner Grand Cru Zotzenberg 2009 – Armand Gilg (Mittelbergheim) : Nez de fleurs blanches, bouche ample, très pure, de bonne densité avec du gras, finissant sur une légère rondeur. Un vin à parfaite maturité, de grande garde. 16.5/20 (14,27%, 7,88g/l SR, 5,2g/l AT – 9,75€)

Retour sur le Millésime 2006

Si 2006 a été l’occasion de faire la première dégustation consacrée spécifiquement aux grandes réussites d’un millésime en Alsace, l’idée de refaire un tour d’horizon cinq années plus tard était d’autant plus pertinente qu’en 2008 nous nous posions la question de la garde potentielle des vins de ce millésime. Les restaurateurs habitués à servir du vin au verre avaient en effet constatés que les vins avaient tendance à s’éventer plus rapidement que ceux des autres millésimes

Le résultat de la dégustation confirme une fois de plus que la maturité physiologique et gages d'un bon vieillissement, quitte à récolter les raisins à très forte maturité en sucre. Certains vins plus fragiles n'ont pas évolué correctement, et aurait du être bu il y a déjà quelques années. Les grands vins de terroir récolté en surmaturité pourront évoluer sans problème encore cinq à 10 années supplémentaires, voire beaucoup plus pour certains. Dans tous les cas, il est important de goûter ces 2006 dès à présent, de manière à faire de tries entre les bouteilles à conserver et bouteille à boire sans trop tarder.

Pinot Noir Grand P 2006 – Albert Mann : Originaire du Pfersigberg, cette cuvée est certainement une celle qui possède plus grand potentiel en Alsace. Si la dégustation de 2008 avait montré un très beau fruité, le vin se présente désormais avec une réduction importante, qui part difficilement à l'aération. La bouche reste corsée, épicée, mais manque cruellement de finesse, même cinq années plus tard. La complexité reste présente, mais le vin se compare plus fin à une grande syrah du Rhône ou du Languedoc qu'à un grand Bourgogne. Bien

Volnay 1er Cru Santenots 2006 – Buisson-Charles : la comparaison aveugle était importante pour comprendre où se situent les différences. L'élevage du ce Volnay lui confère une grande finesse, la bouche est souple et très élégante, avec un caractère patiné très différent du pinot noir précédent. Malgré tout, le vin souffre d’une légère évolution, et une légère déviation aromatique qui laisse penser un problème de bouchon. Bof

Pinot Blanc Réserve 2006 – Domaine Weinbach : considéré comme une grande réussite à sa sortie, le vin tente de survivre en conservant sa fraîcheur initiale le nez est marqué par des arômes de fruits mûrs, mais également une note de cassis, sans les notes florales des premières années. La bouche est tendre, très mur avec une forte acidité, mais se montre moins fondu que par le passé, avec un caractère dissocié qui fait penser qu'il aurait fallu boire cette bouteille plus tôt. Bien

Pinot Gris Hinterburg 2006 – Klee Frères : une très belle réussite du millésime, avec un pinot gris très peu marqué par des arômes de sous-bois et de champignon. Le nez présente toujours des notes de pêche, d'abricot, très nette et sans aucune déviation. La bouche est tendre, très nette, légèrement douce et acidulée, sans lourdeur excessive. Le vin supporte le vieillissement sans problème. Bien

Pinot Gris Grand Cru Eichberg 2006 – Paul Ginglinger : une cuvée récoltée sans surmaturité, qui possède de la minéralité, de l'élégance et de la puissance. L'élevage en partie réalisée en barrique à apporter le gras nécessaire pour relever la profondeur du grand cru. Le vin a visiblement bien évolué, malheureusement le flacon dégusté se montre bouchonné.

Riesling Réserve 2006 – Trimbach : Assemblage de parcelle de grands terroirs, le riesling réserve possède un nez discret de fleurs blanches et de fumée, ainsi qu'une bouche sèche et acidulée, marquée par de légers tanins. Moins cristallin qu'en 2008, le vin évolue bien et se conservera encore de nombreuses années sans forcément s'améliorer. Bien

Riesling Grand Cru Kessler Heisse Wanne 2006 – Dirler-Cadé : les parcelles au cœur du grand cru donnent une cuvée à part revendiquée de plus en plus systématiquement par le domaine. 2006 a donné un vin au nez mûr d’une grande netteté, minéral et cristallin en bouche avec une finesse incomparable. Une grande réussite pour ce vin à l'équilibre demi sec, qui évolue parfaitement bien. Excellent

Muscat Grand Cru Mambourg 2006 – Maurice Schoech : une cuvée atypique qui évolue magnifiquement bien, avec des arômes de fleur d'oranger, d'épices et de fumée, complétée par une note de pain grillé. La bouche est ample, profonde, et sûrement atypique pour un muscat d'apéritif, mais reflètent parfaitement bien la profondeur du grand cru Mambourg. Une belle réussite. Très Bien

Gewurztraminer Grand Cru Altenberg de Bergbieten 2006 – Roland Schmitt : marqué à l'époque par un moelleux de bonne intensité mais déjà très minéral, le vin continue sa progression en gagnant en équilibre. Les fruits exotiques et les épices dominent le nez, la bouche se montre franche et saline, avec un moelleux très bien intégré. Un vin parti pour une longue garde. Très Bien

Pinot Gris Breitenberg Vendanges Tardives 2006 – Léon Boesch : une cuvée au nez très net, marqué par l'abricot et des notes de tabac, pur et concentré en bouche avec un moelleux bien intégré, et une finale sur des notes florales. Une grande réussite pour ce vin qui se conservera longtemps. Très Bien

Thierry Meyer

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