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Masterclass Alsace du 24 septembre 2011 : Spécial Millésime 2009

Pour la quatrième année consécutive, la masterclass de l'automne était consacrée à un seul millésime, et à ses grandes réussites. Si une part conséquente à été consacrée au pinot noir, particulièrement réussi cette année, la douzaine de vins blancs qui a suivi a été dégustée selon un ordre correspondant aux terroirs d'origine, indépendamment du cépage mais également du niveau de sucre résiduel. Une manière idéale de déguster des vins de terroir, qui devrait se généraliser dans les prochaines. L'autre intérêt de la dégustation était bien entendu de découvrir les très grandes réussites du millésime, et ainsi de calibrer son palais avec quelques-uns des plus grands vins produits en Alsace.

Le Millésime 2009 en Alsace

le millésime 2009, considérée de très bonne qualité, suite à deux autres grandes années, 2007 et 2008. Ce qui a amené certains vignerons à parler de trilogie, à l'instar des glorieuses des années 1988, 1989, et 1990. L'année considérée comme précoces, la floraison n'ayant eu lieu début juin, et si les vins sont dans l'ensemble très fruité, une des grandes qualités du millésime et son homogénéité. L'État sanitaire était parfait en 2009, ce qui a permis de récolter des raisins de qualité, même chez ceux qui utilisent la machine à vendanger. Le profil de l'été, qui formate souvent au dernier moment la qualité finale d'un millésime, a été une fois de plus très varié. En 2009 c’est le mois de juillet qui fut maussade, en revanche les mois d'août et de septembre furent très chauds, accélérant la maturation en sucre. Les vendanges ont débuté le 31 août pour le crémant, et le 14 septembre pour les vins tranquilles. Si certains vignerons ont été tentés de récolter prématurément, afin de conserver un peu de fraîcheur dans leur vin, les nuits fraîches de la fin du mois de septembre ont préservé les meilleures parcelles, permettant une maturation complète des raisins. Si on a constaté de nombreuses parcelles passerillés, le temps sec était peu propice au développement de la pourriture noble, est très peu de sélection de grains nobles ont été produites. Les fermentations furent souvent rapides et complètes, donnant des vins techniquement secs, même si à la dégustation ils semblent moins vifs que certains vins du millésime 2008 possédant des quantités non négligeables de sucre résiduel.

Contre toute attente, les dégustations réalisées cette année montre une grande réussite générale sur les vins de l'AOC Alsace produits à base de sylvaner ou de pinot noir, ainsi qu'une belle réussite sur le Klevener de Heiligenstein. En revanche les résultats sont plus hétérogènes coté équilibre sur les cépages muscat, riesling, pinot blanc et pinot gris, qui sont parfois trop mous, trop moelleux, voire trop alcooleux. On choisira donc moins facilement ces vins (au restaurant par exemple) sans connaître le producteur, que dans les millésimes comme 2008 ou 2007 par exemple. Du coté des grands vins de terroir, et des grands crus, 2009 est naturellement une très grande année sur les terroirs les plus tardifs, comme par exemple les grands crus Saering, Froehn, Schoenenbourg, Osterberg, Altenberg de Bergbieten et de nombreux autres. À l'inverse, la réussite a été moins homogène sur des terroirs chauds et/ou drainants, comme par exemple les grands crus Kessler, Pfingstberg, Brand, Sommerberg, Altenberg de Bergheim. Sur ces derniers crus en revanche, les vendanges tardives produites à partir de raisins à parfaite maturité ont parfois produit des vins exceptionnels, parfaitement équilibré, et de très grande garde.

La dégustation de plus de 1500 vins du millésime 2009 me fait parfois penser à une très grande année comme le grand millésime 1959, un des cinq plus grands millésimes du XXe siècle en Alsace, qui a produit des vins magnifiques à la hauteur de la légende, comme l'atteste la grandissime dégustation organisée il y a deux ans avec une quinzaine de grandes maisons alsaciennes. J'espère pouvoir encore être en mesure de déguster du vin dans 50 ans,  pour vérifier cette conclusion plus que préliminaire…

Série de pinots noirs

Depuis le millésime 2003 et ses excès de chaleur, l'Alsace a démontré qu'elle savait produire des pinots noirs colorés, charpentés, avec des tanins parfois excessifs. Si 2009 n'a rien de commun avec 2003, il se montre toutefois un peu plus chaud que le millésime 2005 est fait parti des millésimes de grand potentiel pour les rouges alsaciens. De plus, depuis les essais parfois aléatoires d'élevage en fût de chêne réalisés sur le millésime 2003, la région a réussi à produire les rouges charpentés sans excès de bois de manière plus régulière.
De nombreux pinot noir 2009 possède un fruité généreux, tirant parfois sur les fruits noirs, avec une onctuosité très agréable, qui rend les vins faciles à boire jeunes. Certaines récoltes un peu précoces ont cependant montré des tanins insuffisamment mûrs, ce qui condamné le vin à une consommation rapide pour éviter qu'il s'assèche. Les grandes cuvées de rouge produit en 2008 ont parfois des tannins plus mûrs, et un équilibre qui les destine à une plus grande garde. Il sera intéressant de comparer 2008 et 2009 dans cinq ans, dans 10 ans, voir dans 20 ans pour suivre leur évolution et leur équilibre entre le fruit et des tanins. Les vins dégustés ci-après ont été servis à l'aveugle, avec un bourgogne placé dans la série. À l'issue 7 vins, et avant l'annonce de leur nom et de leur origine, les participants qui le désiraient pouvaient classer selon leur préférence les différentes cuvées, mais également essayé de déterminer laquelle des cette cuvée était originaire de Bourgogne.
Les vins ont été sélectionnés parmi les meilleurs produits en 2009, avec une variété de maturité et d'élevage qui montre la grande diversité des rouges alsaciens tantôt plutôt fruits rouges ou plutôt fruits noirs, plus ou moins épicée, les arômes varient indépendamment de la proportion de bois utilisé pour l'élevage. La comparaison avec un bourgogne de bonne facture montre les progrès qui peuvent encore être réalisés dans la finesse de l'élevage, indépendamment de la qualité du terroir ou de l'extraction qui est faite. Malgré les progrès déjà réalisés, il reste encore une marge d'amélioration très prometteuse.
Au final, dans cette magnifique série, les vins de Laurent Barth et de René Muré finissent ex-aequo en tête de classement, suivi par les pinots noirs de François Schmitt, Albert Mann, Joseph Voillot, Vincent Stoeffler et Romain Fritsch. Quant à trouver le Bourgogne parmi les 7 vins, les résultats sont très variables : le vin de Joseph Voillot a été cité 3 fois, celui de Vincent Stoeffler, François Schmitt ou Albert Mann 2 fois, et les vins de Fritsch et Barth ont été cités une fois. Seul le clos Saint Landelin de René muré n'a jamais été cité comme pouvant être le Bourgogne. Son caractère sudiste, riche et épicé, a certainement été perçu comme peu bourguignon.

Bourgogne Vieilles Vignes 2009 – Joseph Voillot : la robe possède une belle teinte rubis, une belle brillance. Le nez est très ouvert, de bonne intensité, avec des arômes fruités de petits fruits noirs, de cassis, de murs, avec une belle fraîcheur aromatique. La bouche est souple en attaque, élégante, légère avec de la fraîcheur. Les tanins sont légers et bien intégrés. Une cuvée bien faite, qui a bénéficié de beaux raisins et d'un élevage de qualité, à défaut de provenir d'un grand terroir. À boire sur son fruit.14/20 2011-2015

Pinot Noir XXC 2009 – Vincent Stoeffler : le nez se montre discret, épicé avec un boisé bien intégré. La bouche est souple en attaque, puis dense avec une belle trame minérale, pure et assez corsée. La fin de bouche revient sur une belle pointe acidulée, portée par des arômes de groseille et de framboise. Grande longueur. Beau vin de grand terroir, le Kirchberg de Barr, que quelques années de garde aideront à affiner. 16/20 2012-2019

Pinot Noir S 2009 – Romain Fritsch : une cuvée issue du Grand Cru Steinklotz à Marlenheim, qui intègre 5 % de gewurztraminer dans un assemblage à base de pinot noir originaire du cœur du grand cru, et élevé en cuve, foudre ou barrique. Le nez est net, avec des arômes de fruits très mûrs, voire cuits, et une trace d'épices. La bouche est dense, chaleureuse avec des tanins très présents, finissant sur une légère amertume. Une cuvée assez difficile à apprécier à ce stade, comme souvent chez Romain Fritsch qui commercialise le millésime 2005 actuellement. Retenez cependant cette cuvée qui servira d'exemple pour l'élaboration d'un dossier permettant l'accession au titre de grands crus d'un rouge alsacien, et qui fera encore parler d'elle dans le futur. 15/20 2014-2024

Pinot Noir Cœur de Bollenberg 2009 – François Schmitt : Nez marqué par la barrique dans un style bourguignon, avec une proportion de bois neuf plus élevée que sur les autres cuvées. Derrière le toasté on retrouve des notes de fruits rouges et de cerise griotte intenses, avec une pointe vanillée. La bouche est dense, souple en attaque puis de très bonne concentration, avec des tanins fins et polis par l'élevage. Le boisé encore très présent à ce stade, mais la cuvée possède un beau potentiel. La qualité de l'élevage se combine ici avec un beau terroir pour produire une grande cuvée. 16.5/20 2013-2019

Pinot Noir Clos St Landelin 2009 – René Muré : la robe est opaque, rouge sombre avec une belle brillance. Le nez est intense, corsée avec un boisé bien présents, quoique différents des cuvées précédentes. Est-ce dû à l'utilisation de chêne des Vosges ? Aération, le bouquet gagne en complexité avec des notes d'épices, de fumée, et une pointe de ronce. La bouche est ample en attaque, corsée, concentrée avec des tanins très présents, mais possède une belle harmonie de l'ensemble, et surtout une grande longueur en fin de bouche. C'est l'archétype du grand vin de garde, bien né mais à garder en cave quelques années avant de le déguster. 17/20 2013-2024

Pinot Noir Grand P 2009 – Albert Mann : récolté très mûr sur le Pfersigberg, c’est un vin remarquable par son équilibre. Le nez est initialement réduit, puis fruité et très élégant, avec des notes de fruits rouges et de fumée. La bouche est corsée en attaque, concentrée et profonde, avec une belle acidité, des tanins gras et murs, donnant une sensation de sensualité très agréable en bouche. La finale est très longue. Une cuvée exceptionnelle issue d'un terroir possédant une proportion de grès qui apporte de la finesse à l'équilibre. De grande garde. 17.5/20 2012-2019

Pinot Noir M 2009 – Laurent Barth : la robe est brillante, le nez est corsé, sur la pivoine, la cerise griotte, le cacao, et une pointe de toasté. La bouche est ample en attaque, puis dense, puissante et très pure à la fois, avec une grande longueur. Un vin bien né originaire du terroir du Grand Cru Marckrain, qui s'est déjà révélé exceptionnelle à table en début d'année lors d'un dîner consacré au pinot noir. C'est probablement le plus beau rapport qualité-prix alsacien dans la catégorie des grands rouges. 18/20 2013-2019

Famille des terroirs granitiques/gréseux/volcaniques

Plutôt que de classer des vins par cépage, ou encore par sucre résiduel, l'idée a depuis quelques années fait son chemin de présenter les vins par famille de terroir, de manière à limiter les allers-retours entre des vins de complexité parfois très différente. Même si une telle approche peut dérouter intellectuellement, toutes les personnes qui ont effectivement eu l'occasion de participer a des dégustations au cours desquels les vins sont classés de cette manière, on comprit de manière évidente l'intérêt de regrouper les vins par la caractéristique la plus dominante 20 : le terroir.
C'est donc tout naturellement que la première série de vins porte sur les terroirs les plus aériens, et même si dans une même famille nous avons regroupé plusieurs types de sols, on va retrouver dans chaque vin à caractère aérien, portée par une acidité pointue qui apporte de l'élégance à l'équilibre. Sommerberg, Moenchberg et Rangen se distinguent par des acidités légèrement différentes, le grès du Moenchberg apportant une petite pointe amère en finale par exemple, mais l'air de famille est évident pour les quatre vins. La dernière cuvée, originaire d'un terroir granitique non revendiqué, là où les millésimes précédents étaient produits sur les marnes à gypse du Grand cru Schoenenbourg, pourrait prêter à discussion. La maison Hugel ne revendiquant pas l'appellation Alsace grand cru, se retrouve avec un vin à la typicité différente des autres millésimes, sans que l'étiquette ne possède aucune indication le mentionnant. Les amateurs apprécieront certainement ce vin liquoreux sont se poser de questions, et cela est bien dommage. Une première série de très haut vol, avec des vins d'exception qui n'ont rien à envier aux deux millésimes précédents.

Riesling Grand Cru Sommerberg "E" 2009 – Albert Boxler : Nez parfumé sur les agrumes frais, bouche dense, saline dès l'attaque, puis très pure, longiligne avec une finale longue sur de beaux amers. Un vin cristallin qui transcende le millésime, et une réussite exceptionnelle. 18/20 2012-2024

Pinot Gris Grand Cru Muenchberg A360P 2009 – André Ostertag : L'élevage en barrique se fait discret en 2009, donnant au nez des notes de fruits à noyau complétées par une discrète note beurrée et une touche boisée. La bouche est ample en attaque, puis très minérale, sèche avec du gras, et une finale très longue portée par une acidité très présente, dans laquelle on retrouve une légère amertume. D'année en année, les rieslings et pinots gris produits sur ce cru se partage la vedette, en 2009 le pinot gris est clairement plus abouti que le riesling et a produit un très grand vin de garde. 18.5/20 2012-2024

Riesling Grand Cru Rangen 2009 – Zind-Humbrecht : nez ouvert, très pur, marqué par le caillou concassé, avec de discrètes notes florales et fumées à l’aération. La bouche est ample, corsée et saline avec du gras, conservant un équilibre croquant. Equilibre techniquement sec pour ce vin à la très longue finale fumée. Grande Réussite et troisième grand riesling d’affilée produit sur ce terroir par le domaine. 19/20 2012-2029

Riesling Sélection de Grains Nobles 2009 – Hugel et Fils : petite cuvée produite exceptionnellement hors des vignes du Schoenenbourg qui ont peu botrytisé, originaire de l’Engelsreben, un terroir de sables granitiques proche de Beblenheim. C’est un vin possède un équilibre proche de la perfection pour un riesling liquoreux : les agrumes confits et le miel dominent le nez, aidés par une légère acidité volatile, la bouche possède une liqueur fine avec une acidité présente, terminant sur une longue finale marquée par la marmelade d’orange et le pamplemousse rose. Délicieux jeune sur sa pureté, c’est un vin qui devrait bien vieillir. 18/20 2012-2024 (400l produits, 9.7%, 220 g/l SR, 8.4 g/l AT)

Terroirs à dominante de marnes

Les terroirs à dominante de marnes se distinguent de la famille précédente par une acidité moins pointue, même si elle est toujours présente en fin de bouche, et surtout par une complexité de l'acidité plus élevée, se traduisant par une sensation de suavité en bouche, et d'acidité très large. Si les mots peuvent manquer pour décrire avec précision les sensations ressenties, la dégustation ne laisse aucune place au doute sur d'une part la cohérence de la série présentée, et d'autre part sa différence avec la famille des vins dégustés en première série.
Contrairement aux craintes que nous pouvions avoir, le passage d'un vin liquoreux à un vin très sec ne pose quasiment pas de problème, un petit verre d'eau suffisant à rincer la bouche de l'excès de sucre résiduel. Les vins suivants, plus moelleux, ou conservé un air de famille malgré les différences de cépages et de cru. Très forte impression pour le sylvaner d'Agathe Bursin, qui se déguste beaucoup mieux que l'année dernière, mais aussi sur le Grand Cru Schoenenbourg de Marcel Deiss, une des grandes réussites du millésime

Riesling Grand Cru Osterberg 2009 – Louis Sipp : Nez franc, sur des fruits à chair blanche, bouche droite, sèche, saline et de bonne densité avec une très belle acidité qui lui apporte un équilibre croquant. Grande réussite. 18/20 2012-2024

Sylvaner Eminence 2009 – Agathe Bursin : Très mur au nez, encore moelleux en bouche, c'est un sylvaner profond originaire du Zinnkoepflé, sa terre de prédilection. Équilibré, dense et complexe, riche avec une finale plus sèche. De grande garde, à encaver 6 ans au moins. 17.5/20 2015-2029

Grand Cru Schoenenbourg 2009 – Marcel Deiss : ouvert au nez avec des arômes d'agrumes très mur, le vin est puissant en bouche, riche et salin avec une note végétale noble qui exprime le caractère gypse du terroir. Exceptionnel dans le millésime avec une énorme complexité gustative, c'est un vin de grande garde. Au moins aussi grand que le superbe millésime 2007, le grand cru Schoenenbourg se révèle une fois de plus avec toute la complexité qui a fait de lui un cru de légende. 19/20 2017-2039

Gewurztraminer Grand Cru Altenberg de Bergbieten Vendanges Tardives 2009 – Roland Schmitt : Nez confit, miellé avec une note de pralin. Bouche liquoreuse, ample en attaque puis moelleuse avec un support minéral important qui porte la finale loin. Un vin de terroir bien né qu'il faudra savoir garder pour qu'il donne toute sa mesure. 18/20 2017-2034

Terroirs à dominante argilo-calcaire

La dernière famille de terroir comporte une nouvelle fois des vins secs et plus doux, dont l'équilibre ample et puissant va une fois de plus trancher avec celui des vins de famille précédente. Derrière les deux premiers vins secs, qui se dégustent parfaitement après une vendange tardive, les deux derniers vins à l'équilibre plus moelleux montrent tout le potentiel de garde des cuvées produites à forte maturité sur ce type de terroir. Lorsque les raisins ont pu mûrir correctement, obtenant une maturité physiologique parfaite, les vins du millésime 2009 sont équilibrés, charnue, et aptes à une très longue garde.

Pinot Gris Côte de Rouffach 2009 – Domaine Rieflé : Nez fruité sur les arômes de fruits à noyau, bouche saline, concentrée et profonde, charnue avec du gras. L'expression idéale du pinot gris sec sur un terroir argilo-calcaire, et une grande réussite pour ce vin de la nouvelle appellation Côte de Rouffach. 15.5/20 2011-2019

Sylvaner Brandstatt 2009 – Domaine Otter : Originaire du Hatschbourg, c'est un grand vin de terroir sec au nez intense de fleurs blanches, ample et profond en bouche avec du gras et une longue finale. 16/20 2011-2015

Riesling Pfoeller Vendanges Tardives 2009 – Meyer-Fonné : Nez finement botrytisé avec des notes de fruits mûrs, bouche élégante, cristalline, grande pureté aromatique, moelleux bien intégré avec une fine acidité qui accompagne la longue finale. Un vin élégant et charnu, de grande garde. 18/20 2012-2024

Gewurztraminer Grand Cru Mambourg 2009 – Jean-Marc Bernhard : Nez de fruits jaunes avec une pointe de botrytis, évoluant sur les épices, la rose et le jasmin. Le terroir du Mambourg domine le nez de cette cuvée. Bouche ample et profonde avec une belle salinité, très pur avec une longue finale. Une cuvée expressive, très réussie. Frédéric Bernhard s'impose depuis quelques années comme un producteur majeur sur le grand cru Mambourg. 18/20 2013-2029

Conclusions

Une telle dégustation ne peut pas laisser l'amateur de vin indifférent, tant les vins dégustés sont d'une précision incroyable, et expriment la typicité de leur terroir avec justesse. Même si les vins ne sont pas représentatifs de la qualité moyenne produite en Alsace en 2009, ils démontrent une fois de plus qu'il était possible moyennant de bonnes pratiques dans les vignes de produire de très très grands vins, aptes à une longue garde. Les trois rieslings secs dégustés sont probablement les trois plus grands rieslings produits en Alsace cette année, et les autres crus plus moelleux démontrent une fois de plus qu'une récolte tardive n'est pas forcément synonyme de vin déséquilibré, bien au contraire. Indépendamment du niveau de richesse de chaque vin, c'est surtout son caractère abouti, correspondant à une récolte des raisins au moment optimum de leur maturation, qui permet d'exprimer toutes les nuances et toute la complexité de chaque terroir.
Si la dégustation a été organisée pour le public le 24 septembre, la même dégustation a eu lieu le 20 octobre en compagnie d'une grande partie des producteurs de ces flacons. Cela a permis de partager les grands vins du millésime avec les vignerons, tout en leur apportant ma compréhension de leurs propres vins, et ainsi d'expliquer une partie du travail que je réalise en Alsace. En espérant avoir fait avancer la cause des grands vins d'Alsace, et surtout en ayant démontré aux vignerons que la connaissance des vins de leurs collègues était certainement un atout important pour la promotion des grands vins d'Alsace.
À l'heure où les premiers vins du millésime 2010 se montrent déjà formidables, il me tarde d’en déguster plus et de préparer la dégustation des grands vins du millésime 2010 qui aura lieu fin 2012.

Thierry Meyer
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