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Le vins de Zind-Humbrecht en 2001

Dégustation des vins du millésime 2001 du Domaine Zind-Humbrecht
28 mars 2003, la Cave Rommes (Esch/Alzette, Luxembourg)

Mon caviste Luxembourgeois organise des dégustations pour ses clients, ce qui lui permet d’ajuster ses commandes au domaine en fonction de la demande de la clientèle. Lorsque le domaine produit 30 vins différents chaque année, c’est une bonne indication sur quels crus choisir. On n’approche pas une dégustation de cette envergure sans avoir un a priori positif sur les vins qu’on va déguster. Je fais cette dégustation depuis le millésime 1996, et pour cette sixième édition, je commence tout doucement à avoir mes préférences pour un certain style de vins. Les notes ci-dessous ont été prises au moment de la dégustation. J’ai reçu par mail seulement après les commentaires du domaine que j’ai posté à part ici.



Zind One – Zind-Humbrecht : Le nez est floral avec des notes de fruits aunes. La bouche est mure, marquée par un peu de CO2, avec une bonne acidité, du gras et un léger moelleux. On sent encore des arômes fermentaires.


Muscat Herrenweg de Turckheim 2001 – Zind-Humbrecht : Le nez est sur du raisin frais et un peu de menthe, sans aucune surmaturité. La bouche est sèche avec une acidité moyenne, ce qui donne un ensemble assez rond. Déjà prêt à boire.


Muscat Grand Cru Goldert 2001 – Zind-Humbrecht : Le nez est très différent du vin précédent, plus minéral et plus végétal avec des arômes d’herbe coupée. La bouche est très sèche et minérale, assez semblable à un jeune chablis un peu vif. Un vin à attendre un peu, qui ne se boit pas pour ses arômes variétaux.


Riesling Turckheim 2001 – Zind-Humbrecht : Le nez est mûr et marqué par des fruits jaunes, assez typiques des vins du domaine. La bouche est mûre et un peu moelleuse, avec encore un peu de CO2, mais conserve une bonne minéralité. L’archétype du Riesling mûr au domaine Zind-Humbrecht à mon avis.


Riesling Thann 2001 – Zind-Humbrecht : les jeunes vignes du Rangen ont produit un vin très marqué par le terroir, avec un nez discret mais minéral et iodé. La bouche est fumée et marquée par une bonne amertume, avec une bonne acidité et une impression de vin sec. L’ensemble est déjà très expressif mais peut-être encore un peu rêche. Quelques années de garde lui seront bénéfiques.


Riesling Herrenweg de Turckheim 2001 – Zind-Humbrecht : le nez est marqué par une forte maturité et des notes de grillé associées à des fruits jaunes. La bouche n’est pas moelleuse contrairement à ce que le nez laisse présager, mais reste sèche avec des beaux amers, une forte acidité et un peu de gaz. Cet équilibre est assez typique du Herrenweg, on le retrouve souvent que ce soit avec le riesling ou le gewurztraminer. L’association surmaturité/vin sec ne me plait personnellement pas tellement.


Riesling Heimbourg 1999 – Zind-Humbrecht : Une bouteille encore en stock qui permet de goûter un millésime différent. Déjà commenté par ailleurs, le nez est mur et légèrement évolué, ce qui fait apparaître des notes d’hydrocarbure mélangées avec du tilleul. La bouche est dans un style  proche de l’équilibre des grands rieslings demi secs allemands, avec un peu de sucre résiduel.


Riesling Grand Cru Brand 2001 – Zind-Humbrecht : Le nez est très aromatique mais marqué par des notes fermentaires et fumées. La bouche est minérale, dense et grasse, donnant une impression de vin très sec. Le vin est encore trop jeune pour être apprécié, même si on sent la forte densité.


Riesling Grand Cru Rangen « Clos Saint Urbain » 2001 – Zind-Humbrecht : Le nez est plus plaisant que le Brand, avec de a pierre à fusil. La bouche reste très minérale mais on sent plus le sucre résiduel et la maturité. L’ensemble est plus fin que le Brand, avec un peu plus d’amertume en finale.


Pinot Gris 2001 – Zind-Humbrecht : Le nez est plaisant et marqué par de la pêche et de l’abricot. La bouche est équilibrée, moelleuse avec des notes fumées en finale.


Pinot Gris Clos Jebsal 2001 – Zind-Humbrecht : Le nez est plus mur que le précédent, avec des notes de miel qui complètent les fruits jaunes. La bouche est moelleuse comme pas mal de vendanges tardives, même si ici elle n’est pas revendiquée. L’acidité marquée contribue à ne pas alourdir ce vin.


Pinot Gris Grand Cru Rangen « Clos Saint Urbain » 2001 – Zind-Humbrecht : Le nez est encore discret mis légèrement fumé. La bouche est encore marquée par un peu de gaz, et garde un style très sec. On retrouve des notes épicées du pinot gris sans avoir la surmaturité et le sucre résiduel trop présent. C’est fin mais encore trop jeune pour être apprécié.


Gewurztraminer Gueberschwihr 2001 – Zind-Humbrecht : Le nez est marqué par des arômes de rose, sans aucune pointe de surmaturité. La bouche est ronde sans être mielleuse/moelleuse, avec une acidité un peu piquante. Un style de gewurztraminer floral.


Gewurztraminer Herrenweg de Turckheim 2001 – Zind-Humbrecht : Le nez est à nouveau marqué par des notes grillées. La bouche est très mure et affectée par la pourriture noble mais conserve un style sec. Le style Herrenweg, à nouveau.


Gewurztraminer Clos Windsbuhl 2001 – Zind-Humbrecht : le nez est plus exotique et parfumé. La bouche fait apparaître de l’ananas et du pamplemousse, avec un coté acidulé très plaisant. Le Clos Windsbuhl garde toujours une bonne fraîcheur même si la surmaturité est là. Dans ce cas, à l’aveugle je ne suis pas sur d’identifier le cépage, cela ressemblerait plutôt à un pinot gris.


Gewurztraminer Grand Cru Hengst 2001 – Zind-Humbrecht : Sur ce vin on est aux antipodes du précédent. Le nez est plus riche avec des notes de miel et d’épices. La bouche est ronde, moelleuse et opulente tout en gardant beaucoup de finesse. L’équilibre est très différent avec moins d’exotisme et plus de miel.


Pinot Gris Grand Cru Rangen Vendanges Tardives 1999 – Zind-Humbrecht : Les VT et SGN 2001 ne sot pas encore disponibles sur le marché, donc on goûte les 98 et 99. Le nez est grillé et marqué par des notes de pralin. La bouche est très fine et minérale, le sucre résiduel est déjà bien intégré, et on trouve des notes de caramel salé. Déjà très bon aujourd’hui, cela devrait être superbe dans 5-6 ans, même si je ne suis pas convaincu que ce style de vin un peu déroutant convienne à un repas de famille.


Pinot Gris Rotenberg Vendanges Tardives 1998 – Zind-Humbrecht : Ce style de vin est beaucoup plus consensuel. Les fruits jaunes secs et le miel se retrouvent tant au nez qu’en bouche, le vin ne présente aucune aspérité et même beaucoup de finesse, l’acidité est encore cachée derrière le sucre très perceptible. Le style moelleux du domaine Zind-Humbrecht dans toute sa splendeur, et à 40 euros un très grand vin moelleux déjà très (trop) plaisant à boire aujourd’hui.


Pinot Gris Clos Jebsal Sélection de Grains Nobles 1999 – Zind-Humbrecht : Une autre bouteille facile à boire aujourd’hui. La robe est jaune dorée. Le nez est très parfumé, avec des arômes de fruits secs, de figue et de miel. La bouche reste très fine grâce à une bonne acidité, mais la concentration est énorme et la liqueur très corsée.


Pinot Gris Grand Cru Rangen Sélection de Grains Nobles 1998 – Zind-Humbrecht : on change de catégorie sur ce vin dont la robe seule prend des notes d’orange sanguine. Le nez est complexe, fumé avec des notes de thé, de miel. La bouche est marquée par le terroir avec un coté tourbé et iodé, presque oxydatif, qui donne beaucoup de finesse. Une belle amertume vient s’associer au sucre résiduel pour donner beaucoup de finesse. L’ensemble est moins opulent que le clos Jebsal mais la finale est beaucoup plus longue. Un style moins consensuel qui rappelle que le Rangen, malgré sa grande réputation, ne plait pas forcément à tout le monde. Un peu comme les amateurs de Single Malt qui aiment ou n’aiment pas le style iodé des Isle of Jura/Islay.


En conclusion, une belle dégustation qui fait apparaître des styles de vin très différents. Le style très mur qu’on retrouve dans le Herrenweg ou le clos Windsbuhl  n’est pas la caractéristique de tous les vins du domaine. Gueberschwihr et Wintzenheim produisent généralement des vins plus secs pas trop affectés par la pourriture noble. Enfin, le Rangen tellement sublimé montre bien son caractère particulier, tant dans les vins secs que dans les moelleux et liquoreux. Dans ces derniers, même jeunes le terroir domine la surmaturité.


Thierry Meyer