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Le riesling de 1998 à 1954

4 novembre 2006 : le traditionnel week-end annuel consacré au riesling a débuté par une dégustation verticale organisée avec la Confrérie Saint Etienne au Château de Kientzheim. 16 rieslings en majorité des années 60 et 70 ont une nouvelle fois montré la formidable capacité de vieillissement des grands vins d’Alsace, pour peu qu’ils soient bouchés et conservés correctement. Et comme d’habitude, les millésimes les moins réputés ont donné des vins Sigillés de grande qualité.

La descente des millésimes commence par un très jeune 1998 pour avancer progressivement dans le temps. En fin de dégustation, nous remontrons à la surface en regoûtant certains vins plus jeunes.

Riesling Heimbourg 1998 – Cave Vinicole de Turckheim : La robe est riche, avec des reflets dorés. Le nez est intense, mur avec des arômes de silex, d’agrume et de citron confit. La bouche est sèche en attaque, puis plus moelleux et acidulée avec une bonne minéralité, déjà légèrement évoluée avec un bel équilibre. La fin de bouche se montre plus amère, légèrement asséchante. Un vin de bonne densité, à maturité, qui devrait bien vieillir sur les 15 prochaines années. Très Bien

Riesling 1991 – Cave Vinicole de Sigolsheim : La robe est plu terne, de nuance jaune beurre avec des reflets paille. Le nez est fatigué, avec des arômes de cuir, d’épices et de feuille morte qui traduisent une légère oxydation. La bouche est sèche, acide et mince avec beaucoup d’amertume en finale. Si cette bouteille est caractéristique de la cuvée, il s’agit d’un vin en bout de course. Bof

Riesling 1987 – Baumann (Riquewihr) : Le millésime 1987 s’offre à nouveau sous un jour très favorable, avec un nez très intense sur le cassis et la menthe, qui baisse toutefois rapidement en intensité.  La bouche est aérienne, légère et encore très fraîche, avec une bonne souplesse qui le rend plaisant à boire. La fin de bouche est plus austère avec de l’amertume. Un vin fragile à boire dans les 10 ans avant qu’il ne perde son fruit. Bien

Riesling 1979 – Eblin-Fuchs (Zellenberg) : Retour sur une année mure avec une évolution plus sensible. La robe est jaune dorée. Le nez est complexe, avec un panel d’arômes secondaires de foin, pain grillé, d’herbe séchée, de beurre, évoluant sur des notes de coquille d’huître et de menthe sèche. La bouche est fluide, fraîche avec une bonne maturité, prenant une touche beurrée en finale. Un vin équilibré, à maturité, qui devrait évoluer favorablement sur les 10 prochaines années. Très Bien

Riesling Geisberg Cuvée Traditionnelle 1978 – Robert Faller (Ribeauvillé) : Le premier grand cru de la série est décevant, probablement défectueux : un nez de poivron mur, et une bouche sèche et amère qui contient encore du gaz, prenant un aspect rustique. Un vin qui est peut-être reparti en fermentation en bouteille il y a longtemps. Beurk

Riesling 1978 – A. Wischlen (Westhalten) : La robe est jaune doré, encore claire. Le nez est mûr, intense sur des arômes d’agrumes et de fruits mûrs, puis prenant une touche florale qui lui donne beaucoup de jeunesse. La bouche se montre avenante, sèche et acidulée avec du gras, finissant sur une note grillée qui assèche. La vallée noble a connu un millésime plus chaud que Ribeauvillé, et ce vin montre une maturité inhabituelle. A boire sur les 10 ans à venir. Bien
 
Riesling Frédéric Emile 1978 – Trimbach (Ribeauvillé) : la robe est dorée, le nez se montre initialement réduit avec des notes de pain grillé t de poudre de riz, évoluant lentement à l’aération. La bouche est peu expressive, minérale avec une acidité discrète qui devient plus mordante en finale. Une bouteille moyenne, sur un équilibre très austère. A regoûter ces 10 prochaines années. Bien

Riesling 1974 – Domaine Weinbach (Kaysersberg) : La robe est doré, de nuance vieil or. Le nez est oxydé, avec une note d’éthanal et d’alcool, évoluant sur des arômes de terre. La bouche est sèche, dense et équilibrée, avec une bonne maturité, et un léger moelleux. La finale est épicée, légèrement citronnée. Un vin de bonne structure, au nez qui a du souffrir d’un bouchage défectueux. A boire sur les 15 prochaines années. Bien

Riesling 1973 – Cave Vinicole de Pfaffenheim : La robe est jeune, de nuance jaune citron clair. Le nez est net et de bonne intensité, avec des arômes de fleurs, d’agrumes et de menthe sèche qui ne trahissent pas son âge. La bouche est nette, légère et fraîche avec un peu plus de gras en évolution. Un vin d’une belle jeunesse, qui a été parfaitement bien conservé. A l’instar de la Bourgogne en blanc, 1973 est un grand millésime peu connu en Alsace. Un vin qui devrait bien se conserver les 15 prochaines années. Très Bien

Riesling 1970 – Edmond Rentz (Zellenberg) : la robe jaune doré intense et la texture huileuse font penser à un vin récolté très mur. Le nez est parfumé, très mur avec un fruit intense, sur des arômes d’abricot et d’épices. La bouche est moelleuse, riche avec de la souplesse, proposant une acidité fine qui donne du relief à l’ensemble. La fin de bouche est mûre, légèrement fumée et de grande longueur. Une vendange tardive dans un millésime peu réputé qui s’est bien conservée. Durera-t-elle encore 20 ans ? Excellent

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De gauche à droite : riesling 1954, riesling 1968 et riesling 1961 de Jules Muller

Riesling 1968 – Josmeyer (Wintzenheim) : la robe est jaune citron clair. Arès une phase de réduction qui nécessitait de l’aération, le nez se montre ouvert et légèrement évolué avec des arômes de pain grillé et de buis, de fougère et de sureau. L’attaque en bouche est ample et souple, puis le vin se montre mûr, citronné et bien travaillé, sans verdeur ni dilution. Troisième millésime de Jean Meyer, Voilà un 1968 qui aura très bien vieilli. Ne devrait pas beaucoup évoluer au cours des 20 prochaines années. Très Bien

Riesling 1967 – Antoine Gaschy (Wettolsheim) : Un vin à nouveau difficile alors que l’année est belle : une robe dorée foncée, aux reflets vieil or. Un nez d’encaustique, d’herbe sèche et de cuir, et du gaz en bouche sur un équilibre acidulé beaucoup plus jeune. Des indices qui font penser un problème d’étanchéité du bouchon. Bof

Riesling Cuvée Extra 1966 – Jérome Lorentz (Bergheim) : La robe est jaune doré. Le nez est net, minéral, légèrement évolué avec des arômes d’encaustique et de menthe sèche. La bouche est riche, ample avec du gras et une acidité fine, encore très frais avec des arômes d’agrumes confits en finale. La cuvée Extra serait-elle originaire de l’Altenberg voisin pour expliquer une telle profondeur ? Cette maison rachetée par Gustave Lorentz a décidément produit de beaux vins dans les années 60.une bouteille qui devrait se maintenir en l’état 15 ans encore. Très Bien

Riesling 1961 – Charles Wantz (Barr) : la robe est jaune doré avec des reflets cuivrés. Le nez est évolué, légèrement oxydatif avec des arômes de fruits secs, de noix, de résine et de feuille morte. La bouche est grasse, riche et légèrement moelleuse, avec une bonne densité. La finale est plus sèche avec des notes de réglisse. Le flacon est moins bon que celui bu en novembre 2005, légèrement altéré par un bouchon moins étanche. Une bouteille qui devrait se garder 15 ans encore lorsqu’elle est bien conservée. Bien

Riesling 1961 – Jules Muller (Bergheim) : Autre maison historique rachetée par Jérome Lorentz puis Gustave Lorentz, qui se montre cette fois franchement oxydée : robe foncée, nez de noix, bouche décharnée. Les 61 n’ont pas été rebouchés par la confrérie, donc c’est la loterie de choisir une bouteille. Beurk.

Riesling 1954 – Jules Muller (Bergheim) : La robe cuivrée nous fait craindre le pire, mais le nez se montre discret, et la bouche riche et encore fraîche avec du gras. La fin de bouche est de bonne longueur sur des arômes de miel, de noix et de fruit secs. Le vin se tient encore, mais il faut le consommer comme un survivant. Bien

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de gauche a droite : Riesling 1954, riesling 1961 de Wantz et riesling 1966 de Jerôme Lorentz

Plusieurs cuvées auront marqué cette belle dégustation, en particulier les 70 et 73 qui ne montrent quasiment aucune évolution, et quelques beaux vins des années 60.

Voir le compte rendu de la dégustation verticale de riesling organisée en 2005.

La dégustation a été suivie par un diner autour de 15 rieslings de terroir.

Thierry Meyer

Lire les compte rendus de Nicolas Scholtus et Stéphane Wasser publiés sur le forum de discussion

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