Le Pinot Blanc dans tous ses états
Une soirée dégustation au restaurant la Taverne Alsacienne
18 mars 2005
33 bouteilles, 13 millésimes entre 2004 et 1978, 17 producteurs principalement autour de Colmar, comme dhabitude la dégustation autour dun cépage a permis daborder un vaste éventail de flacons. Comme dhabitude aussi, le compte rendu est à lire avec les précautions dusage. Lors de ce genre de dégustations, que ce soit riesling, gewurztraminer ou pinot blanc, le cépage et sa diversité dexpressions ainsi que les millésimes sont mis en avant plus quune cuvée ou un producteur en particulier. Cela nempêche pas de découvrir quelques belles surprises ou davoir loccasion de bien goûter plusieurs millésimes dune même cuvée, mais compte tenu du nombre élevé de bouteilles bues, il ne saurait y avoir de jugement définitif sur les vins qui sont moins expressifs que dautres ou qui ne se montrent pas a leur avantage dans les 10 minutes qui suivent louverture de la bouteille.
Ces précautions dusage étant rappelées, il faut souligner le coté inhabituel dune telle dégustation. Après tout pourquoi sattarder sur le pinot blanc ? Cépage moins noble que les 4 grands (riesling, muscat, gewurztraminer et pinot gris), interdit dappellation Grand Cru, on le sert en pichet avec le sylvaner ou ledelzwicker, et on le boit frais et gouleyant sans se ruiner (3.80 le pichet de 25cl au restaurant lors dune agréable soirée « tarte flambée » vendredi dernier au restaurant près de Strasbourg). Combien dapéritifs, de « pots » divers sont arrosés au pinot blanc, avec ou sans sa crème de [au choix : mûre, pêche, cassis] ?
Deux éléments ont justifié lorganisation de cette dégustation. Le premier est la curiosité sur la variation des cépages et leur influence. Sous lappellation Alsace pinot blanc plusieurs cépages sont autorisés : pinot blanc, pinot auxerrois, mais aussi pinot noir et pinot gris. En théorie seul le pinot auxerrois peut être vinifié seul et offrir des cuvées 100% auxerrois, avec mention ou non du cépage « auxerrois ».. En pratique il existe par-ci par-là des cuvées 100% pinot blanc Lassemblage nest généralement pas précisé sur les contre étiquettes. Dans lassemblage pinot blanc/pinot auxerrois, on dit généralement que le pinot blanc apporte la charpente et la structure acide, alors que le pinot auxerrois apporte plus de parfums et de gras. Le deuxième point qui ma décidé à faire une telle dégustation est lexpérience de certaines cuvées qui étaient mémorables. Les cuvées haut de gamme bien entendu, avec un bon souvenir des pinots blancs du trio Deiss/Humbrecht/Faller. Les cuvées issues de grands crus (Brand, Kirchberg de Ribeauvillé, Hengst, etc…) sont également connues pour leur finesse. Puis bien entendu aussi les cuvées en surmaturité, comme lauxerrois Moenchreben de Rolly-Gassmann, le Pinot auxerrois Vieilles Vignes 1995 dEric Rominger ou le pinot 1994 de Zind-Humbrecht. Et enfin, quelques vieux millésimes étonnant comme ce Pinot Blanc 1980 de Klein aux Remparts plein de fraîcheur. Quand on sait que le cépage était très fréquemment récolté à plus de 100 hl/ha dans les années 70/80, on est intrigué par la bonne tenue de ces vieux flacons.
Il fallait donc rassembler quelques bouteilles pour faire une dégustation. Philippe Guggenbuhl avait quelques bouteilles plus ou moins jeunes dans sa cave, javais accumulé quelques flacons, M. Schmitt de la cave Rommes à Luxembourg a retrouvé des vieux Pinots dAlsace de Zind-Humbrecht, et les domaines Josmeyer et Rolly-Gassmann sont gentiment venus apporter quelques flacons. Nous avons enfin pu accueillir les vignerons Vincent et Françoise Spannagel de Katzenthal ainsi que Claude Weinzorn du Domaine de lOriel à Niedermorschwihr, qui ne sont pas venus les mains vides ! Décision fut prise de trier toutes ces cuvées par millésimes. Coté repas, pas de menu dégustation cette fois-ci à la Taverne Alsacienne, mais un baeckeofe (cuisiné au pinot blanc) et un plateau de fromage.
Sur cette présentation voici mes notes de dégustation. Le cas échéant je complète avec des commentaires du groupe, mais les appréciations restent uniquement basées sur mes impressions.
Pinot Blanc Mise du Printemps 2004 Josmeyer : mis en bouteille depuis un mois et demi. Le nez est marqué par des fruits blancs et des agrumes, la bouche se montre un peu vive, et sèche. Je le goûte moins en quau domaine il y a 3 jours. Bien
Pinot Blanc 2004 Domaine de lOriel : la robe est encore trouble, le vin na pas été filtré et cest un échantillon tiré du fût. Le nez est marqué par lélevage et les levures, avec des notes dasperge qui laissent timidement place à des arômes plus fruités. La bouche est élégante, assez douce, avec des agrumes, du pamplemousse et quelques levures. Le vin se goûte déjà bien et restera jespère assez gras après la mise en bouteille. Bien
2004 rappelle un peu 2002, et sur base de cet échantillon très réduit, donnera des pinots blancs friands et agréables à boire. Une bonne raison de les goûter lorsquils seront en dégustation chez les vignerons, avant de se jeter sur les Grands Crus et les VT.
Pinot Blanc Mise du Printemps 2003 Josmeyer : Le nez est assez discret, légèrement minéral. La bouche est grasse, florale, assez plate car relativement moins acide que les 2004, avec une petite sécheresse en fin de bouche. Dur à goûter après les deux vins du millésime 2004, surtout dans un style sec. Bof
Pinot Blanc Réserve 2003 – Domaine Weinbach : une première bouteille est très réduite, avec des notes de champignon et de bois sec. Une deuxième bouteille est ouverte, qui se montre un peu mieux, mais garde quand même des notes herbacées et de champignon au nez, et des arômes de foin coupé et de bois sec en bouche. Un long carafage est peut-être nécessaire pour que le vin sexprime parfaitement. Bof
Pinot Blanc Fleur de Printemps 2003 – Vincent Spannagel : une mise de printemps composée uniquement de pinot auxerrois. Le nez est floral, mur, assez expressif. La bouche paraît assez moelleuse en regard des 12g/l de sucre, fruitée, avec une acidité présente mais qui nempêche pas de se situer à la limite de la lourdeur. Un vin puissant et aromatique à boire rapidement sur la fraîcheur, tant quil y en a encore. Très Bien
Pinot Blanc Révélation 2003 – Vincent Spannagel : Une sélection spéciale de la cuvée précédente a permis de conserver les raisins dune parcelle en fond de vallée. Le vin est malheureusement bouchonné, et cest dommage car en bouche on sent une grosse matière, et une acidité qui donne plus de fraîcheur que dans le vin précédent, malgré 25g/l de sucre. Non Noté
Les 2003 sont fortement variables dans leur niveau de maturité et leur taux de sucre. Leur style est différent des 2001, 2002 et 2003 ce qui ne manquera pas détonner nombre de dégustateurs. La série des 2002 qui vient devrait être plus homogène.
Pinot Blanc 2002 – Domaine de lOriel : Le nez est floral, encore un peu lacté, avec des notes dasperge. La bouche est marquée par des arômes de fruits secs et de foin coupé, baignant dans une acidité assez mordante et une amertume qui rappelle la rhubarbe. Pas très convaincant, on pense à un problème de bouchon, mais Claude Weinzorn nest pas encore parmi nous. A regoûter. Bof
Pinot Blanc Médaille d’Or 2002 – Cave Wolfberger : un petit clin dil vers cette cave très connue, le magasin de vente en libre service récemment ouvert en bordure de Colmar permettant de sapprovisionner en libre service. Cest loccasion de goûter des vins souvent décriés par des gens qui ne les goûtent que trop rarement. Le nez est étrange, grillé avec des notes animales à louverture. A laération, elles disparaissent et le nez devient discret avec des notes de mousseron. La bouche est assez riche, acidulée, avec un peu damertume en fin de bouche. Lensemble est court, sans défaut mais sans charme, il ne reste quà rajouter la crème de cassis. Des participants reconnaissent ici le style de pinot blanc quils connaissent, quils boivent parfois, un pinot blanc « classique ». Un commentaire intéressant qui justifie tout lintérêt de goûter cette cuvée dentrée de gamme (à noter que la cave propose dautres pinots blancs de gamme supérieure, et de prix plus élevé que les 4 euros payés pour cette cuvée). Bof
Pinot Blanc Bergheim 2002 – Marcel Deiss : contraste saisissant, avec le vin précédent, on passe dune extrême à lautre de léchelle des prix et des qualités. Le nez est parfumé, complexe, avec des notes damande, de levure, et un léger boisé vanillé qui plaît à beaucoup de dégustateurs. La bouche est grasse, riche, élégante, avec ce léger boisé qui pourrait faire penser à un bourgogne blanc. Lacidité est un peu masquée par une telle matière, ce qui donne un équilibre plus gras que vif. Un vin dorfèvre, qui séloigne un peu de lidée quon se fait dun pinot blanc. Très Bien
Pinot Blanc 2002 – Rolly-Gassmann : ici en revanche, on reste au même niveau de qualité, mais on revient sur le standard. Le nez est très parfumé, floral et fruité. La bouche est riche, mûre, finement acidulée, avec une petite douceur en fin de bouche. Du grand pinot blanc dans le style « classique » que beaucoup apprécient. Très Bien
Pinot Blanc « L20B » 2002 Albert Boxler : premier de la série des vins de terroir, avec des vignes situées dans la grand cru Brand. Le nez est parfumé, avec des notes florales et des nuances à la fois fermentaires et un peu végétales qui rappellent le houblon. La bouche est acidulée, riche et mûre avec beaucoup de finesse et une minéralité très présente par la fine acidité. Très Bien
Pinot Auxerrois « H » Vieilles Vignes 2002 Josmeyer : Le nez est également très jeune, floral avec des notes dasperge. La bouche est fermée, monolithique, mais concentrée et avec une grande persistance minérale sur la langue. Le vin nest pas encore à maturité, mais les millésimes 2000 et 1999 montreront quil y a des raisons dêtre patient. Bien
Zind ZOOZ – Zind Humbrecht : lassemblage de pinot blanc et pinot auxerrois est complété dans cette cuvée de chardonnay, le vin est donc étiqueté en vin de table, sans millésime. Lindication ZOOZ donne toutefois une indication sur lannée 🙂 . Le nez est très parfumé, marqué par des fruits jaunes, mûr avec des notes de surmaturité. La bouche est grasse, souple, acidulée avec beaucoup de puissance. Léquilibre du vin est remarquable et loin de la tension fruit/acide dun riesling, cest ici le milieu de bouche qui impressionne par son gras. Le peu de sucre nest pas perceptible. Très Bien.
Pour des questions dapprovisionnement, cest le millésime 2002 qui a réuni les plus belles cuvées, les plus chères aussi. La grandeur du millésime associée à un travail de qualité montre tout le potentiel du pinot blanc, assemblage de fraîcheur sur un vin aromatique. Une comparaison avec des rieslings et des sylvaners du millésime 2002 aurait à ce stade permis de constater les différences entre les trois cépages, et de bien positionner la place du pinot blanc. Ce sera pour une autre fois.
Pinot Auxerrois Steinweg 2001 – Cave d’Ingersheim : Le nez est parfumé, sur des arômes de fruits blancs, mais montre aussi une légère évolution. Cest le premier vin de la dégustation qui montre un peu son âge. La bouche est assez dense, souple, avec des arômes de fleurs blanches et cette petite évolution marquée par des notes de tilleul et de verveine. Lensemble est bien équilibré, avec une jolie patine, mais est à boire sans trop tarder. Bien
Pinot Auxerrois Vieilles Vignes 2001 – Marc Tempé : le nez est parfumé, épicé avec des notes de poire et de pêche blanche. La bouche est marquée par un peu de CO2, mais offre une belle minéralité et une forme de salinité. Le vin est vif, minéral, avec un bel équilibre. Les vignes ont 65 ans dâge, et lauxerrois se marie bien avec le terroir. Très Bien
Le coté floral des auxerrois apparaît un peu, mais sur les deux derniers millésimes cest visiblement surtout sa finesse qui en font un cépage de choix pour être planté sur les grands crus.
Pinot Blanc 2000 Domaine de lOriel : le nez est très mûr, avec de lacidité volatile perceptible. On est sur de la surmaturité avec des arômes dagrumes confits, et une légère évolution. La bouche est riche, assez moelleuse, avec de la patine. En venant de millésimes 2002 et 2001 assez vif, le vin semble un peu lourd. Il évolue rapidement dans le verre pour se fatiguer. Bof
Pinot Blanc Rotenberg 2000 – Cave de Turckheim : Le nez se fait plus fermentaire avec des notes dévolution. La bouche est riche, grasse et ronde, mais assez simple en comparaison avec le vin précédent. Limpression est à nouveau assez moyenne. Bof
Pinot Auxerrois « H » Vieilles Vignes 2000 Josmeyer : gros contraste avec les deux précédents : le nez est floral, équilibré, avec un peu de camphre et des notes fumées. La bouche est minérale, puissante, avec une acidité fondue dans la grosse matière. Lamertume est assez sensible en fin de bouche. Très Bien.
La série des 2000 sera la plus décevante. Coincée entre 1999 et 2001/2002, le millésime 2000 est un peu en retrait actuellement, ne permettant pas aux vins classiques une grande garde. Lauxerrois du Hengst commence quant à lui à peine à souvrir.
Pinot Auxerrois Moenchreben 1999 – Rolly-Gassmann : on débute le millésime 1999 avec un vin hors norme : le nez est surmaturé, avec des notes de pêche et de caramel, que viennent un peu entacher des notes un peu liégeuses. La bouche est souple et très fine, avec un profile aromatique très élégant autour de la pêche blanche. La bouche nest pas réellement moelleuse, mais finement acidulée et grasse. Superbe malgré les traces de bouchon. Très Bien
Pinot Auxerrois Vieilles Vignes 1999 – Marc Tempé : Le nez est très minéral, avec des notes de surmaturité des raisins : amande grillée, pierre à fusil, caramel. La bouche est grillée, souple, avec des arômes de fruits jaunes. Un vin qui parait sec mais possède un profil étonnant. Très Bien.
Pinot Auxerrois « H » Vieilles Vignes 1999 Josmeyer : Le nez est également très minéral mais sur des notes différentes : réglisse, zan, avec beaucoup de complexité. La bouche est dense, souple, très fine, avec une patine remarquable qui est éclipsée en finale par des notes poivrées. On oublie lauxerrois, le terroir du Hengst simpose. Dans le contexte de cette dégustation linstant est superbe. Excellent.
Avec 1999 nous avons eu beaucoup de plaisir. Dune part le millésime vient dans la dégustation après que chacun ait pu progressivement calibrer son palais. Ensuite la sélection des vins de haut niveau propose une série de vins à leur apogée, ayant un bon potentiel de garde. Impensable encore il y a quelques heures de pouvoir goûter des pinots blancs et auxerrois ayant tellement de complexité. Reste à savoir maintenant si les vins tiennent vraiment avec le temps. Les millésimes vont descendre de plus en plus, et nous allons découvrir les rescapés.
Pinot Blanc 1997 – Pierre Koch : le nez est un peu évolué, avec des notes de malaga, danis, et des nuances de fruits confits. La bouche est sèche, assez dense, anisée, mais assez courte en finale. Le vin décline sérieusement. Bof
Pinot Blanc 1997 Domaine de lOriel : Le nez est légèrement fruité, discret, avec un peu dévolution à lagitation. La bouche se montre plus acidulée, minérale, mais pas équilibrée, probablement encore un peu fermée. Cest frustrant de voir quun vin nest pas causant, il faudrait le regoûter. Bof
Pinot Auxerrois Moenchreben 1997 – Rolly-Gassmann : contraste saisissant avec le vin précédent. Le nez est très parfumé, fruité avec des notes de fruits à noyau, très doux et mûr. La bouche est moelleuse, mielleuse, souple tout en gardant un coté jeune qui donne envie de lattendre encore un peu. Loin du pinot blanc simple et gouleyant, on est ici face à un pinot poussé à lextrême dans la qualité. On se dit quavec quelques années de plus le pinot blanc de Deiss atteindra un équilibre tout aussi complexe. Excellent.
Pinot d’Alsace 1997 – Zind-Humbrecht : Le nez est assez parfumé, mais assez simple. La bouche est jeune, assez plate, sèche, équilibrée sans grand éclat. Le vin semble banal dans le contexte de la dégustation. A attendre un peu probablement. Bien
Pinot Blanc 1990 – Gerber-Metz : un domaine viticole à Ribeauvillé qui a disparu. Le nez est vieux, évolué, poussiéreux. La bouche est plate, maigre et courte, avec un léger gras. Probablement loin derrière son apogée. Beurk.
Pinot Blanc Réserve Particulière 1986 – Domaine de lOriel : un pinot blanc de presque 20 ans, et la robe est encore jeune citron ! Le nez se montre parfumé, âgé avec des notes végétales et de houblon. La bouche est surmaturée, avec des notes de cire, de miel et de fruit secs. On est sur un vieux vin mais le rancio de fin de bouche donne une belle patine. Bien.
Pinot Blanc 1986 – Domaines Schlumberger : Le nez est un peu vieux, avec des notes de raisins secs mais aussi des arômes de renfermé. La bouche est marquée par des notes grillées rappelant une légère surmaturité, mais on est sur un vin à bout de souffle, qui rappelle une vieille cave. Cette bouteille-là a moins bien franchi le temps que la précédente. Bof
Pinot d’Alsace 1985 – Zind-Humbrecht : Le même que précédemment, sans le chardonnay. Le nez est superbe, rappelle un vieux bourgogne blanc de noble origine avec des notes de noix verte, de cire et dencaustique. La bouche est riche et un peu surmaturée, avec beaucoup délégance. Il doit y avoir du sucre résiduel là-dedans, mais le tout est tellement fondu quon ny pense pas. Superbe. Très Bien
Pinot d’Alsace 1983 – Zind-Humbrecht : Pas moyen de généraliser, cette fois ci cest moins bien. Le bouchon est mouillé, le niveau dans la bouteille est bas, le flacon a mal vieilli. Le nez est fatigué, bizarre, avec des arômes pas très nets. La bouche est sèche, grasse, évoque les plantes vertes et les herbes sèches. Impossible de vider le verre, même en recrachant. Dommage. Beurk
Pinot Blanc 1983 – JB Adam : le nez se fait plus complexe et plus équilibré à nouveau, avec des notes de raisin secs, de biscuit et de café. La bouche est assez souple, grasse, avec un âge certain qui ne déplait pas. Des notes de truffes sont perceptibles en fin de bouche (ou alors il sagit dun délire collectif de fin de soirée). Les vieux flacons sont parfois étonnants. Très Bien
Pinot Blanc 1978 – Paul Spannagel : une autre curiosité qui va étonner : le nez est parfumé, avec des notes de menthe et chocolat qui ne manquent pas de se rappeler au bon souvenir de ceux qui se sont déjà empiffrés dAfter-Eight en cachette dans leur jeunesse. On a limpression dêtre face à un muscat VT plus quà un pinot blanc. La bouche est riche, assez acidulée, avec une belle patine donnée par lévolution, et un peu damertume en finale. Etonnant Bien
Pinot Blanc 1979 – Paul Spannagel : Létonnement du 78 fait ouvrir une bouteille de 79, malheureusement celle-ci est complètement bouchonnée.
La loterie des vieux millésimes a apporté son lot de surprises. A ce stade, la conservation et lorigine jouent un rôle similaire, et on trouve des surprises. Il nempêche que les vieux millésimes portent en eux une part du passé, et que dans ces moments de dégustation, lâge impose le respect.
Photo : les vieux millésimes, cest aussi le plaisir des yeux
Conclusions
De nouveau, une dégustation presque exhaustive, même si ce mot est tout relatif devant une offre aussi variée que celles des vins dAlsace. Dautres vins auraient eu leur place dans cette dégustation, amenant peut-être dautres conclusions. Dun autre coté, pour les participants cétait une première que de goûter tant de pinots blancs le même soir.
Globalement les cuvées 100% auxerrois se défendent bien, est-ce un biais dû à la sélection des bouteilles ? Ou peut-être que les cuvées 100% auxerrois sont réservées aux meilleures parcelles, capable de magnifier la finesse de ce cépage. Il reste encore des choses à découvrir.
Les écarts de prix reflètent le niveau dambition : entre 4 et plus de 20 euros, on passe dun vin à boire rapidement, si possible agrémenté de liqueur de fruit façon Kir, à un grand vin de terroir, de la trempe des meilleures cuvées de domaines très réputés. Dans cette dernière catégorie, par delà le succès destime des grandes cuvées et la reconnaissance dune bonne capacité de vieillissement pour certaines bouteilles, le problème peut se poser au moment de créer un menu. A quelle occasion un auxerrois ou un pinot blanc de bonne origine et de grand terroir pourra se substituer à un riesling ou un pinot gris ? Cantonner le pinot blanc à son rôle de vin gouleyant et parfumé au même titre que le Sylvaner nest peut-être pas une hérésie, les 7 cépages de la famille alsacienne ayant chacun leur rôle à jouer.
Dans tous les cas, une telle dégustation ne laisse pas indifférente, et je pense quil sera dautant plus facile de se faire plaisir en dégustant un bon pinot blanc que nous aurons tous une bonne expérience de dégustation.
Thierry Meyer