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Déjeuner des 24 heures du riesling 2004

Déjeuner des 24 heures du riesling 2004
31 octobre 2004

La matinée débute par une visite au Clos Windsbuhl à Hunawihr, suivie par une dégustation de vins des millésimes 2002 et 2003. Ensuite des séries de rieslings secs et moelleux, jeunes et vieux accompagneront le repas.



Visite au Clos Windsbuhl


Derrière le village Hunawihr, sur la route qui mène à Riquewihr, le Clos Windsbuhl est marqué par des bornes. Propriété du domaine Zind-Humbrecht, le Riesling, le Pinot Gris, le Gewurztraminer offrent une belle minéralité. Nous goûtons un riesling.


Riesling Clos Windsbuhl 1997 – Zind-Humbrecht : La robe est jaune assez dense, avec un bel éclat. Le nez est parfumé, avec des notes de beurre et de fruits blancs. La bouche est sèche et dense, avec une acidité fondue et beaucoup de gras. Un vin qui se montre bien équilibré en ce moment. (Très Bien)


A l’apéritif, des vins récents


L’idée était de voir le riesling dans ses jeunes années, en sachant que 2003 a produit des vins très mûrs et que 2002 est connu pour sa forte acidité.


Première série

Riesling Kaefferkopf 2003 – Kuehn : Le nez est discret, la bouche est acidulée, simple avec une légère sucrosité en fin de bouche. Un vin léger. (Bof)


Riesling Cuvée Théo 2003 – Domaine Weinbach : Le  nez est discret. La bouche est douce et grasse, avec pas mal de finesse et une belle consistance. L’acidité est fondue et le vin est sympa. (Bien)


Riesling Nossbaum GPC 2003 – Pundel-Sibenaler (Luxembourg) : Le nez est très parfumé, sur le bonbon anglais, le vernis (certains disent fraise Tagada). La bouche est tout aussi intense, acidulée avec un léger moelleux. On retrouve une certaine amertume en finale. Les vignerons suggèrent une vinification à froid, le vin n’est pas très convaincant malgré son intensité aromatique. (Bien)


Riesling Wormeldange Weinbour 2003 – Schmumacher-Lethal (Luxembourg) : Le nez est parfumé, floral avec des fruits blancs. La bouche est riche, avec un léger gaz, beaucoup de maturité, un peu de sucre. L’amertume en finale est un peu désagréable, et l’ensemble de la couche semble liégeuse. Une bouteille à regoûter  (Bof)


Cette première série montre des 2003 très différents, en particulier les deux vins luxembourgeois décevants. Le coté variétal du riesling est peu présent en dehors de la cuvée Théo.


Deuxième série

Riesling Grand Cru Wiebelsberg 2002 – Domaine des Marronniers : le nez est parfumé, complexe, avec des agrumes. La bouche est très fine, minérale, grasse, avec une acidité peu agressive. Beaucoup de fraîcheur et d’élégance dans ce vin (Très Bien).


Riesling  2002 – Rolly-Gassmann : Le nez est épicé, encore marqué par des arômes de fermentation. La bouche est acidulée, vive et fraîche, on ne perçoit pas les éventuels SR. (Bien)


Riesling Grand Cru Zinnkoepflé 2002 – René Muré : Le nez est lacté, avec des notes citronnées. La bouche est mûre, grasse élégante, reprend les arômes lactés du nez. De jeunes vignes (8 ans d’âge) qui ont produit un vin riche ayant fait sa FML. (Très Bien)


Riesling Sélection de Grains Nobles 2003 – Gloden (Luxembourg) : Le nez est très intense, avec des arômes de bonbon anglais. La bouche est acidulée avec un peu de gaz, le sucre est complètement dissocié. Moelleux mais pas très agréable. (Bof)


Cette deuxième série, le vin luxembourgeois mis à part, montre toute l’élégance apportée par l’acidité dans le millésime 2002.


Dégustation de VT jeunes et moins–jeunes, puis SGN


Au delà des simples cuvées riches dont le SR peut atteindre 35g/l, les vendanges tardives ci-après ont été revendiquées. L’idée était de ventiler les millésimes et les producteurs pour se faire une idée de l’équilibre du cépage dans ce type de maturité, avec une série de vins jeunes et une série de vins vieux. Enfin, les deux grains nobles jeunes de la fin visaient à montrer le même aspect que les jeunes VT, à savoir l’expression du cépage sur un vin liquoreux jeune. Les vieux liquoreux ayant déjà été appréciés la veille.


Première série

Riesling Vendange Tardive 1998 – Trimbach : première VT de riesling réalisé par le domaine depuis 1990. Le nez regorge de miel et d’agrumes confits. La bouche est acidulée, moelleuse et dense, acidulée avec beaucoup de netteté, mais me laisse une impression un peu dissociée, le sucre n’étant pas fondu au reste de la matière. (Bien)


Riesling Vendange Tardive 1997 – Maurice Schoech : Le nez est plus évolué, avec de la menthe et de l’eucalyptus. La bouche est ronde et grasse, avec une acidité un peu en retrait et une légère évolution. Un style qui se démarque des autres vins. (Bien)


Riesling Vendange Tardive 1996 – Cave Coop. d’Ingersheim : Le nez est typique du millésime avec des notes de coing et de litchi. A l’aération la pourriture noble fait apparaître des notes de caoutchouc. La bouche est sur un équilibre acide/sucre intense, proche du VT 98 de Trimbach mais avec un surcroît d’acidité, ce qui donne beaucoup de finesse à l’ensemble. Un riesling au profil aromatique simple mais qui a une belle structure. (Bien)


Riesling Clos Saint Landelin Vendange Tardive 2001 – René Muré : Le nez gagne en complexité par rapport aux vins précédents, et ce malgré le millésime plus jeune : fleur d’acacia, miel. La bouche est riche, grasse, avec un sucre intégré à l’ensemble d’une manière quasi-parfaite. (Excellent)


Cette série fait apparaître de grosses différences dans la manière d’évaluer le riesling en vendange tardive. Le style du Clos Saint Landelin rappelle plus les grands demi secs bus la veille que les autres cuvées, qui elles font plus penser à un riesling sec surmonté d’un sac à dos rempli de sucre. Le secret d’un riesling moelleux semble donc venir de la manière dont le sucre est intégré à la richesse du vin.


Deuxième série

Riesling Vendange Tardive 1990 – Barmès-Buecher : Le nez est discret, avec de petites notes beurrée. La bouche est fondue et équilibrée, grasse et légèrement évoluée, avec une persistance minérale longue en finale. Un vin difficile à décrire dans le détail mais qui laisse une impression parfaite. (Excellent)


Riesling Grand Cru Sommerberg Vendange Tardive 1990 – Albert Boxler : Le nez est parfumé, jeune avec des agrumes. La bouche est un peu perlante, parfumée avec du miel et de la poire. L’équilibre est à nouveau presque parfait entre l’acidité et le moelleux, tous les deux très fondus. (Très Bien)


Riesling Clos Häuserer Vendange Tardive 1ere Trie 1989 – Zind-Humbrecht : La robe est plus foncée que les vins précédents. Le nez est très parfumé, minéral, grillé, avec des notes de pralin. La bouche est minérale et reprend des arômes de fruits jaunes sur une belle acidité. L’équilibre est bon mais le vin reste sous tension et est un peu moins fondu que les VT de 90. (Très Bien)


Riesling Grand Cru Muenchberg Vendange Tardive 1990 – André Ostertag : Le nez est fumé et minéral, avec une légère évolution. La bouche est grasse, fraîche et fondue. Rien à voir avec la mauvaise impression laissée par ce vin en 2001, ici nous sommes sur une bouteille extraordinaire par son équilibre. Pour moi une des meilleures bouteilles du week-end. (Excellent, voir plus).


Cette série est probablement une des plus agréable à goûter du week-end, tant les vins sont de haut niveau et ont atteint leur niveau de maturité idéal.


Troisième série sur le foie gras

Riesling Grand Cru Kastelberg Sélection de Grains Nobles 1996 – Domaine des Marronniers : la robe est jaune dorée, avec des reflets orangés et ambre. Le nez est parfumé, fumé, minéral avec des notes de miel, très complexe. La bouche est liquoreuse, acidulée avec des arômes de pâte de coing et de figue. Superbe dans la concentration et la finesse. (Excellent)


Riesling Cuvée Antoine 1995 – Albert Mann : sélection de grains nobles qui ne dit pas son nom, le nez prend des arômes de caramel, de pralin et de chocolat. La bouche est riche et acidulée, avec une forte liqueur, des arômes d’agrumes confits et beaucoup de finesse. (Excellent)


Les deux grains nobles jeunes associées à des restes des vins précédents ont été appréciés sur le foie gras. La tension entre la liqueur et l’acidité est superbe, mais ceux qui étaient présents la veille sont tombés d’accord pour dire que quelques années de garde supplémentaires leu feront le plus grand bien, un peu à l’image des VT de la deuxième série.


Vins secs jeunes et vieux


Première série, horizontale 1998 – à l’aveugle

Riesling Clos Sainte Hune 1998 – Trimbach : La robe est jaune très pâle. Le nez est fumé avec des notes de fleur d’acacia. La bouche est sèche et dense, minérale avec une belle amertume en finale. Un vin droit avec une belle race. (Très Bien)


Riesling Grand Cru Kastelberg Vieilles Vignes 1998 – Domaine des Marronniers : Le nez est mentholé et anisé, avec des arômes de cacahuète à l’agitation. La bouche est riche, légèrement moelleuse avec du gras, et très fondue. Bel équilibre pour un vin si jeune. (Excellent)


Riesling Clos Saint Landelin 1998 – René Muré : Le nez se fait plus mielleux que les deux précédents, surmaturé avec des notes fumées. La bouche est grasse, assez sèche par rapport au vin précédent malgré la surmaturité, et reprend des notes fumées en finale. L’équilibre est différent que le vin précédent mais reste superbe par son fondu. (Excellent)


Riesling Jubilée 1998 – Hugel Et Fils : Le nez est plus droit que les vins précédents, avec de la menthe verte et poivrée. La bouche est dense, sèche avec un coté muscaté très jeune. Moins riche que les vins précédents, le hasard de la dégustation aveugle le place en dernière position et le rend plus austère que ce qu’il n’est en réalité. (Très Bien)


Cette série à l’aveugle est intéressante par la diversité des styles qu’elle fournit dans le millésime 98, avec des rieslings haut de gamme. La plupart des dégustateurs ont reconnu le vin de Hugel et de Trimbach, et les places 2 et 3 ont été inversées plus d’une fois. Le Clos Saint Landelin 1998 était bouchonné lors de la dégustation de 2001, c’est un plaisir de pouvoir enfin le goûter aussi bien cette fois. A nouveau, le gras de la richesse du vin s’accommode très bien de sucres résiduels. On comprend pourquoi ces derniers sont un peu plus gênants sur des vins moins riches, car l’équilibre qui en résulte n’est pas très stable.


En transition

Riesling Grand Cru Mambourg 1991 – Clément Tempé : Pour descendre un peu les millésimes et revenir vers des vins plus secs, en transition on goûte un 1991.Le nez est mentholé et anisé. La bouche est sèche et acidulée avec des arômes de poivre blanc. On sent une légère amertume en finale pur ce vin qui ressemble à un vieux muscat. (Bien)


Deuxième série, vins secs et vieux, sur le poisson

Riesling Cuvée des Comtes d’Eguisheim 1990 – Léon Beyer : Le nez est parfumé, complexe, avec de l’amande grillée, des arômes épicés qui rappellent le bouillon KUB. La bouche est riche, acidulée, épicée, sur un équilibre sec. Le vin n’est pas trop gras mais possède une bouche très complexe et équilibrée. (Très Bien)


Riesling Grand Cru Altenberg 1990 – Gustave Lorentz : Le nez est minéral, avec des notes de menthe verte, complexe. La bouche est très mûre,  possède beaucoup de gras et un bel équilibre avec un léger moelleux à peine sensible. L’ensemble est un peu évolué mais possède une très belle patine. C’est un style que j’apprécie énormément. (Excellent)


Riesling Grand Cru Kastelberg Vendange Tardive 1988 – Domaine des Marronniers : Le nez est parfumé, complexe, mielleux avec des fruits secs. La bouche est finement acidulée avec un léger moelleux, et conserve une bonne vivacité. Le terroir semble un peu en retrait par rapport aux autres Kastelberg bus ce week-end, et la finale semble un peu courte par rapport aux autres vins de la série. (Très Bien)


Riesling Vendange Tardive 1979 – Domaine Weinbach : La dernière année ou le domaine Weinbach était conduit par Théo Faller, qui malheureusement n’assistera pas à cette vendange. Le nez est parfumé, fin et complexe, avec des notes mentholées, d’encaustique et de foin coupé. La bouche est mûre et légèrement évoluée, avec des notes de pierre à fusil, d’encaustique, ainsi qu’un léger moelleux. L’équilibre est une nouvelle fois remarquable 25 ans après. (Très Bien)


Sur le dessert, pour terminer

Riesling Grand Cru  Wiebelsberg Vendange Tardive 2001 – Domaine des Marronniers : Le nez est mur, avec des arômes de cacahuète, de miel, de fleurs. La bouche est moelleuse, ronde et grasse, avec une acidité un peu piquante en fin de bouche. (Bien)


Riesling Wehlener Sonnenuhr Riesling Auslese 1975 – Weingut Christofel-Prüm : Servi à l’aveugle par le chef, le nez est aérien, mentholé et anisé. La bouche se montre plus moelleuse, citronnée, finement acidulée, avec une impression un peu sèche en finale.  La combinaison du nez et de la bouche ne se retrouvait dans aucun des vins goûtés ce week-end. Preuve qu’en sortant de l’Alsace il y a encore des choses à découvrir. (Très Bien)


La série de vins secs est remarquable, et si la fraîcheur des millésimes récents donne des vins faciles à boire, la complexité et le fondu des millésimes plus vieux confirme l’intérêt de garder en cave les grandes cuvées. Un article ancien de la RVF qui relatait une dégustation du millésime 1990 signalait que tous les vins n’ont pas vieilli aussi admirablement que ceux dégustés ce week-end. Les deux derniers vins de la série sonnaient comme une délivrance, après ce long marathon de dégustation. La tension chutait, et le dernier vin a été bu avec un grand plaisir.


Thierry Meyer