4 novembre 2006 : le diner des 24h du riesling 2006 portait sur 5 plats accompagnés par 5 trios de rieslings :
Amuse Bouche et Riesling 2005
La Petite Salade de Canard Confit et Riesling Grand Cru 2002
Le Gratin de Homard et Riesling VT 2001
La Sole saisie sur l'Arête simplement Meunière et Riesling 1997
La Sélection de Fromages affinés et Riesling SGN
Un repas d’anthologie qui a permis une fois de plus de tester l’incroyable diversité des rieslings des terroirs alsaciens, mais aussi les subtilités des accords entre des vins de terroir et des mets de qualité.
Le diner faisait suite à une dégustation de vieux rieslings au Château de Kientzheim.
Amuse Bouche et Riesling 2005
Le dernier millésime en bouteille sert de prétexte pour accompagner les amuses bouche. Deux vins de jeunes vignerons font face à une institution, dans l’excellent millésime 2005. Le terroir granitique de Kaysersberg a un peu souffert de blocage de maturité en 2005, mais possède une telle élégance qu’il fait jeu égal avec les terrains plus calcaires des deux autres cuvées.
Riesling 2005 – Agathe Bursin : Le nez est ouvert, intense et mûr avec des notes de fruits mûrs et de fleurs. La bouche est souple en attaque, charnue et grasse avec une belle acidité. L’ensemble est mur avec un léger moelleux, très riche avec une belle netteté. Très Bien
Riesling Muschelkalk 2005 – Etienne Loew : Le nez annonce déjà un style plus droit, avec des fleurs blanches, du poivre et des agrumes frais. La bouche est sèche avec du gaz encre présent en attaque, puis propose un bel équilibre puissant, sec avec une bonne vivacité. Un vin précis plus austère que le précédent mais très bien défini. Un vin de grande garde. Très Bien
Riesling Grand Cru Schlossberg 2005 – Domaine Weinbach : Le nez marque la différence de terroir avec des notes florales intenses dominées par la fleur d’oranger et un fruité discret qui gagne en intensité à l’aération. La bouche est sèche et fine avec de la fraîcheur en attaque qui laisse place à un équilibre sec, dense et très rectiligne. Un vin moins riche que celui d’Agathe Bursin, moins vif que celui d’Etienne Loew, qui possède un équilibre superbe. Très Bien
La Petite Salade de Canard Confit, servie comme un Nem et Riesling Grand Cru 2002
Après la mise en bouche, on attaque fort avec un plat remarquable qui servira de base. Le canard et ses giroles sont accompagnés par une réduction de vinaigre balsamique. L’ensemble demande un vin droit qui a du corps, et le Hengst de Josmeyer va faire un malheur auprès de beaucoup de participants, suivi par la finesse du Pfingstberg de Zusslin. Trois vins superbes dans leur catégorie, sur trois équilibres différents : la salinité riche du Wineck-Schlossberg, la puissance du Hengst, la finesse et la surmaturité du Pfingstberg
Riesling Grand Cru Wineck-Schlossberg 2002 – Jean-Marc Bernhard : Le nez s’ouvre sur des agrumes mûrs, voire du pamplemousse confit, avec une note fumée. La bouche est sèche, vive en attaque puis saline avec une fraîcheur qui rend très discret le léger moelleux. Un vin superbe que je verrai bien sur une truite, mais qui est dominé par la consistance et la puissance du plat. Très Bien
Riesling Grand Cru Hengst 2002 – Josmeyer : Le nez est très minéral, avec des arômes de cuir, de fumée et de fruits secs. La bouche est ample, riche en attaque avec du gras, évoluant sur un équilibre puisant renforcé par une acidité large et une légère amertume. La fin de bouche est très longue. Le vin est promis à un superbe avenir, mais se montre encore sur la réserve. Néanmoins, sa puissance s’accorde parfaitement avec le canard et ses accompagnements. Pour les amateurs du genre, les filaments de piment d’Espelette qui viennent encanailler la plat accentuen encore la profondeur de l’accord. Très Bien
Riesling Grand Cru Pfingstberg 2002 – Valentin-Zusslin : Un vin qui est l’antithèse du précédent : le nez est surmuri avec des arômes de miel, de truffe et une pointe d’acidité volatile qui trahit la forte maturité du vin, évoluant sur des notes discrètes de caramel. La bouche est ample, sèche et légèrement marquée par une pointe d’alcool qui enveloppe le plat. Le vin se montre souple et mûr, mais présente un équilibre qui recherche la finesse qui reste trop discret par rapport au plat. Un très beau vin de garde. Très Bien
Le Gratin de Homard et Riesling VT 2001
Après le canard, témoin de l’intérêt d’associer le rieslings avec la volaille, le plat suivant associe des rieslings de vendange tardive, si souvent considérés comme difficiles à marier à table. Pourtant, nous sommes là face à de grands vins demi-secs déjà approchables, qui gagneront en finesse et en complexité dans 10 ans. Au jeu de l’accord avec le plat, on attend une domination des terroirs calcaires du Mambourg et Vorbourg, pourtant c’est le gréseux Wiebelsberg qui se montre un peu dominant. Le calcaire se marie mieux au crustacé, et la richesse des vins de Muré et surtout de Tempé se trouve très à l’aise avec le gratin.
Riesling Grand Cru Wiebelsberg Vendanges Tardives 2001 – Guy Wach : Le nez est intense, fumé avec des arômes d’écorce d’agrumes, de safran, de cuir et de pêche. L’attaque en bouche est moelleuse (env 30g/l), puis le vin se montre finement acidulé, aérien avec un moelleux bien fondu. Un vin pointu à l’équilibre magique qui domine le plat. Très Bien
Riesling Clos Saint Landelin Vendanges Tardives 2001 – René Muré : Le millésime 2001 a donné un vin très mur, au nez encore discret de miel et d’abricot avec une pointe de caramel et de fumé. La bouche est riche tout en restant fraîche en attaque, puis moelleuse (env 60g/l de sucre résiduel) sans que le sucre domine, tant la matière est forte avec des arômes de fruits exotiques. Le vin est pourtant un pue trop riche pour le plat, la sauce du gratin faisant ressortir le caractère moelleux du vin. Un vin à garder 10 ans en cave. Très Bien
Riesling Grand Cru Mambourg 2001 – Marc Tempé : Une vendange tardive finalement pas revendiquée, le 2001 est à la vente depuis quelques mois seulement après un long élevage. Le nez est sauvage, grillé et fumé avec des notes d’élevage qui s’estomperont après une longue aération du vin. La bouche est moelleuse en attaque, puis très sapide avec une minéralité profonde qui tapisse littéralement la langue. Les 45g/l de sucre résiduel se traduisent par un léger moelleux qui ne domine pas du tout, et laissent le champ libre au caractère minéral du vin pour aller chercher le homard. La sauce crémée du gratin sert de liant avec la richesse du vin, permettant l’accord parfait avec le plat. Excellent
La Sole saisie sur l'Arête simplement Meunière, Pomme de Terre en Papillotte et Riesling 1997
Simplement meunière… un intitulé qui traduit la cuisine qui fait la part belle à la qualité des ingrédients. Elles étaient belles ces soles, charnues, goûteuses, cuites juste come il faut pour qu’elles gardent du moelleux et du gras. Le moment de sortir les grands rieslings, trois belles cartouches au style à nouveau très différent. Si le granitique Sommerberg manque de coffre face à un tel plat, le Clos Sainte Hune va une nouvelle fois se montrer remarquable dans sa capacité à associer un nez très élégant avec une bouche ample et puissante, combinaison idéale pour de beaux accords à table. Tentés d’en déduire rapidement une nouvelle banalité sur l’avantage des vins secs à table, le Furstentum et son équilibre riche va prouver que la base de l’accord est une nouvelle fois le terroir, indépendamment du degré de sucre résiduel.
Riesling Grand Cru Sommerberg Vieilles Vignes 1997 – Albert Boxler : Le nez est très mur, confit avec des arômes de miel, de pain grillé. L’attaque en bouche est moelleuse avec de l’acidité, puis le vin se montre riche et très mur avec un petit manque de structure. Un beau vin surmuri mais qui manque de nouveau de profondeur et de minéralité pour aller chercher le gras du poisson. Très Bien
Riesling Clos Sainte Hune 1997 – Trimbach : Le nez est ouvert, élégant avec des arômes de fleur d’oranger, d’amande, d’orgeat et de fumée. La bouche est ample en attaque, puissante et riche avec du gras sur un équilibre sec qui termine sur des notes de camphre. Très Sainte Hune dans son équilibre en bouche même si le millésime chaud lui donne des arômes inhabituels. Très Bien
Riesling Grand Cru Furstentum Vieilles Vignes 1997 – Paul Blanck : Le premier nez est intense mais marqué par des notes de créosote et par de la réduction. Tout rentre dans l’ordre après une longue aération, et on retrouve une combinaison d’arômes mûrs d’agrumes confits et de rhubarbe avec une note pétrolée. La bouche est ample et moelleuse en attaque, puis minérale, très fine avec du gras. La minéralité s’exprime ici pleinement et donne un vin flamboyant qui a bénéficié de ses 9 ans de garde. Excellent.
La Sélection de Fromages affinés et Riesling SGN
Accord souvent ignoré en Alsace alors que bons voisins allemand se régalent régulièrement, la combinaison de fromages et de rieslings liquoreux donne des résultats étonnants. Chaource, Etivaz suisse et Comté du Valais forment un trio étonnant qui va donner le change à chacun des vins. Moins puissant que ses confrères en dégustation, le Steinklotz de Fritsch se découvre des qualités incroyables sur le Chaource. Le comté du valais se marie à merveille avec la finesse du vin de Hugel, quant au rare Hengst SGN 2002 de Josmeyer, son caractère unique domine les fromages et on a plus envie de le déguster pour lui.
Riesling Grand Cru Steinklotz Sélection de Grains Nobles 1995 – Romain Fritsch : Après une série de vins plutôt pâles, la robe se fait dorée. Le nez est discret, encore sur la réserve, mais dévoile des arômes d’abricot et d’écorce d’orange aux narines les plus attentives. La bouche est moelleuse, fine et acidulée avec beaucoup d’élégance et une très belle amertume qui accompagne la longue finale. Un vin de grande garde à la liqueur idéalement fondue pour passer très bien à table. Très Bien
Riesling Sélection de Grains Nobles 1998 – Hugel et Fils : Le nez est déjà intensément minéral avec des arômes de fumée, d’ortie, de fleurs blanches et de pierre. La bouche est moelleuse avec une liqueur pure et très fine. Une bouteille exemplaire du savoir-faire de la maison Hugel sur les grands vins liquoreux, qui combinent un botrytis de qualité avec un terroir d’exception. Un riesling SGN d’une grande pureté. Encore quelques années de patience et il rejoindra le firmament des grands vins d’Alsace. Très Bien
Riesling Grand Cru Hengst Sélection de Grains Nobles 2002 – Josmeyer : Un cadeau de la maison Josmeyer qui nous offre la seule cuvée de riesling SGN jamais réalisée au domaine. Les quelques centaines de bouteilles produites ne seront probablement jamais au tarif de la maison. Le nez est très mur avec des arômes de fruits exotiques et de fumée, avec une grande pureté. La bouche est liquoreuse en attaque puissante avec une acidité importante, dévoilant un équilibre intense, riche avec une fraîcheur incroyable : miel, fruits exotiques et carambole se retrouvent en finale sans que le moelleux ne domaine jamais. Un grand vin à regoûter dans 20 ans. Excellent
La Poire en Papillotte aux agrumes et épices
Le dessert vient à point nommé sonner la fin du repas, et permet soit de déguster les eaux minérales locales, soit pour beaucoup de terminer les verres de riesling liquoreux. Le fruit chaud et le sirop épicé qui l’accompagne donne le change aux dernières gouttes de Hengst que nous dégustons.
Un dîner remarquable tant par les plats que par l’ordre des vins dégustés. Il y a bien entendu des accords plus consensuels ou plus faciles à percevoir pour chaque plat, mais à l’instar de l’émission « L’Ecole des fans », bien souvent la conclusion était « tout le monde a gagné » tant le plaisir était grand devant cette parade de grands vins et de grands mets.
L’exercice des années passées a permis d’affiner le nombre de plats et de vin, et la formule reprenant 5 plats et 5 trios de vin semble être idéale car elle permet de servir un nombre suffisant de vins sans en avoir trop.
Thierry
Lire le compte rendu de Nicolas Scholtus publié sur le forum de discussion.
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