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1989 dans tous ses états à la Confrérie Saint Etienne – 20 août 2010

1989 fut un grand millésime, sain, homogène et chaud. La maturité n’a pas empêché de hauts rendements, 93 hl/ha en moyenne régionale ce qui est aujourd’hui au dessus des plafonds autorisés. Après un été chaud agrémenté de nombreuses pluies, l’arrière saison a permis de concentrer les baies par passerillage et botrytis. Seuls les épisodes d’orages et de grêles sur la région de Ribeauvillé et Bergbieten ont quelque peu terni ce grand millésime. Bien nés, les meilleurs vins sont à leur apogée.
Mais 1989 possède un contraste fort entre les cuvées les plus réussies et celles récoltées à rendement trop élevé ou trop tardivement, puisqu’elles ont connu un vieillissement assez rapide, en comparaison avec 1988 et 1990. Secs ou moelleux, ces vins qui ont manqué de corps se sont bien dégustés pendant les 10 premières années, mais ont pris un caractère alcooleux et sont devenu mous après une garde trop important. La dégustation de 12 vins Sigillés tirés de l’Oenothèque de la Confrérie Saint Etienne a permis de faire un tour d’horizon du millésime dans la région.

Sylvaner 1989 – Domaine Jean-Pierre Bechtold (Dahlenheim) : la robe or blanc avec des reflets verts légers a gardé une belle jeunesse. Le nez est ouvert, avec des notes de mousseron, d’amande fumée, de noisette grillée et d’acacia. La bouche est ample en attaque, grasse mais marquée par une forte acidité mûre. L’équilibre reste léger, la finale de bonne longueur, prenant une légère amertume. Bien marqué par le botrytis qui apporte du gras. Un vin à garder 10 ans encore, qui se boira bien sur des terrines de poissons. Bien

Pinot Blanc 1989 – Materne Haegelin (Orschwihr) : La robe est jaune dorée, brillante avec un disque épais. Le nez est typé, marqué par les herbes sèches, les fleurs, puis les fruits à chair blanche compotés avec une trace de miel. La bouche est franche en attaque avec un léger moelleux, puis ample et ronde avec une amertume présente en finale. La finale est longue et acidulée, le vin laissant une empreinte forte sur la langue. Sera parfait sur des plats crémés, rognons sauce moutarde ou bouchées à la reine. Un vin aromatique très fruité pour ce vin qui se conservera encore 10 ans au moins. Très Bien

Muscat 1989 – Albert Mann (Wettolsheim) : la robe est jaune or blanc avec des reflets argentés. Le nez est ouvert, intense avec des notes de menthe sèche et de bourgeon de cassis, évoluant sur une note musquée. Avant de reprendre les arômes mentholés. La bouche est ample en attaque avec une petite rondeur, puis fraîche et saline avec une fine acidité qui contribue à la sensation de fraîcheur. Très belle longueur où l’amertume prend la suite de l’acidité disparaissant, pour ce vin qui évoluera bien ces 15 prochaines années. Un muscat marqué par le cépage muscat d’Alsace, parfait en apéritif, sur la cuisine aux herbes ou les crustacés. Très Bien

Riesling Grand Cru Kanzlerberg 1989 – Jean-Martin Spielmann (Bergheim) : La robe est dorée sur des nuances vieil or. Le nez est expressif, marqué par un caractère oxydatif (raisin sec, cire, pomme cuite). La bouche est ample, riche avec une note fumée, évoluant sur le marc et les fruits à noyau, gardant toutefois une forte salinité. Un vin riche au gras apporté par le botrytis, mais qui reste léger et surtout inhabituel pour un riesling. A goûter sur un foie gras aux figues ou une volaille en sauce. A regoûter pour confirmer son évolution. Bof

Riesling Muhlforst 1989 – Mittnacht-Klack (Riquewihr) : La robe dorée est profonde, le nez est ouvert, finement pétrolé avec des notes d’agrumes, de tilleul, de garrigue, évoluant sur une note torréfiée. La bouche est sèche avec du gras, dense et droite, formant un bel équilibre harmonieux. L’acidité très complexe marque un vin de beau terroir qui se conservera encore 25 ans au moins, à garder et à ouvrir sur de beaux poissons. Excellent

Tokay Pinot Gris Réserve Personnelle 1989 – Kuentz-Bas (Husseren les Châteaux) : la robe est dorée, profonde, le nez  est ouvert, sur les fruits mûrs, la vanille avec une touche légèrement végétale. La bouche est riche, moelleuse en attaque avec une pointe de gaz, puis plus fraîche avec de légère notes de marc en finale. La finale est de bonne longueur, vanillée avec une légère amertume. Un vin de style gras mais plus rustique, équilibré mais moins harmonieux que les précédents. A regoûter dans les 10 ans pour voir si l’évolution lui apporte un surcroit de finesse. Bien

Tokay Pinot Gris 1989 – Cave Coopérative de Pfaffenheim : la robe est jaune dorée avec des reflets paille. Le nez est ouvert, assez discret, avec des notes de cire et de fruits à noyau prenant une pointe de miel à l’aération. La bouche est ample en attaque, grasse avec une assez bonne densité, évoluant sur un caractère acidulé plus rustique. Finale moyennement longue avec une belle complexité aromatique autour de la mirabelle et des épices. L’alcool pourrait être mieux intégré. A passé son apogée, à boire dans les 10 ans. Bien

Gewurztraminer 1989 – Cave Coopérative d’Orschwiller : la robe est limpide, jaune or avec une belle brillance. Le nez est aromatique, marqué par des notes de coing, de pivoine, et une pointe de marc. La bouche est ample, légèrement moelleuse en attaque avec un joli fruité, évoluant sur un caractère suave et épicé. L’acidité modérée fait remonter la sensation d’alcool. La finale est plus courte, de bonne pureté, sur les fruits à chair blanche, mais reste molle. Un terroir certainement léger, de gneiss ou de granit. A boire dans les 10 ans pour profiter de son équilibre, sur une tarte aux poires ou une cuisine à l’aigre-douce. Bien

Gewurztraminer 1989 – Jean-Marc Bernhard (Katzenthal) : une belle robe jaune doré qui reste claire, suivi par un nez avenant, ouvert et léger, sur le litchi et les fruits à noyau, avec une légère évolution sur les notes fumées, l’anis et la cardamome. L’attaque est riche avec un moelleux encore présent,  puis fruitée et acidulée avec des épices. La finale se montre plus molle avec un caractère alcooleux qui revient, sur des notes de litchi et de bergamote. Un vin ouvert et à maturité, à boire dans les 15 ans sur une cuisine riche et épicée. Bien

Gewurztraminer Grand Cru Eichberg 1989 – Alphonse Kuentz (Husseren les Châteaux) : Belle robe dorée, de nuance vieil or, brillante. Le nez est fumé, miellé, avec des notes d’abricot sec. En bouche le vin est moelleux, dense avec un caractère rustique, la charpente amère aidant l’acidité et l’alcool à conserver un bel équilibre. L’ensemble reste dissocié, le vin se conservera encore 20 ans mais sans forcément s’améliorer. A servir sur une cuisine riche et épicée. Bien

Pinot Noir 1989  – Edmond Rentz (Zellenberg) : la robe est rouge rubis avec des reflets tuilés, Le nez est discret sur la pivoine, les fruits noirs et des notes fumées. La bouche est souple en attaque, puis plus fraîche, élégante avec un fruité bien conservé et des tanins mûrs bien fondus. Une belle évolution pour ce vin harmonieux qui a conservé du corps et de la fraîcheur. A boire dans les 15 ans sur du gibier à plume pour éviter qu’il ne sèche. Très Bien

Pinot Noir 1989 – Domaine Schoffit (Colmar) : un vin de robe rubis claire avec des bords tuilés, torréfié au nez, qui possède une bouche pure ayant conservé un joli fruité aérien. La bouteille est malheureusement ternie par un goût de bouchon. A regoûter

Cette dégustation horizontale était très intéressante à plusieurs titres. Le niveau général était très bon, avec des maturités élevées et un botrytis qui a souvent apporté du gras en bouche et évité au vin de sécher. Sans manquer de maturité, les matières étaient toutefois parfois légères, et le manque d’acidité a fait ressortir des niveaux d’alcools élevés. A noter la présence d’amers sur la plupart des cuvées, provenant en partie du botrytis mais également du pressurage de l’époque. L’amertume aide à la conservation des vins, et permet de créer une belle charpente en l’absence d’acidité très importante, à condition que la concentration soit suffisante.
1989 est un millésime de garde, mais à plus de 20 ans d’âge, un point est nécessaire dans sa cave pour sortir de sa cave et finir les cuvées qui ne sont pas capables d’un vieillissement supplémentaire.

Thierry Meyer

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