L'Oenothèque Alsace

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Les Vins du mois de Novembre 2004

Compte rendu des vins dégustés en novembre 2004 à différentes occasions.

Tavel « La Comballe » 2002 – Delas : soirée restaurant chinois à Strasbourg. Hésitant entre un gewurztraminer de Klipfel (dont on avait peut-être dit le plus grand mal sur un site Web d’amateur), et un beaujolais d’origine inconnue, je me suis dit qu’on n’allait pas se prendre la tête et arroser le canard laqué au rosé. La robe est rose saumon, très légèrement orangée. Le nez est parfumé, assez intense, sur des arômes de fruits rouges et des fleurs. La bouche est grasse sans aspérité, avec une acidité présente qui lui donne un peu de fraîcheur (pamplemousse rose !). Le vin se porte très bien à table, un régal. Le Tavel est mon rosé préféré, et 2002 n’est peut-être pas si mauvais que cela dans cette couleur.


Pinot Blanc « Fleur de Printemps » 2002 – Vincent Spannagel : cette cuvée mise en bouteille au printemps qui suit la vendange (un peu comme la « mise de printemps chez Josmeyer ») est faite pour être bue jeune et arrive peut-être à un âge relativement avancé. La robe est jaune assez dense, avec des reflets verts. Le nez est parfumé, très minéral avec des notes de pierres à fusil, puis de foin coupé et de fruits blancs. La bouche est fruitée, acidulée avec un peu de gras. Un vin sans prétention, très agréable à boire. Servi en entrée sur des toasts de pain de campagne tartinés de fromage de chèvre frais et de fines herbes, cela devient ne revanche un accord presque parfait, au point que la bouteille a été vidée très rapidement !


Volnay 1er Cru les Fremiets 1988 – Joseph Voillot : première dégustation du millésime 1988 chez Voillot. La robe est moyennement dense, rubis assez foncé, légèrement tuilée sur les bords. Le nez est parfumé, avec de la ronce, du cuir, un peu de suie, assez évolué. Le fruit est assez discret, contrairement aux vins que j’ai pu goûter. La bouche est fine avec des tanins fins encore perceptibles, une acidité présente qui s’accorde bien de la matière dense. Une fois de plus, la matière en bouche est beaucoup plus forte que ne laisse présager l’intensité de la robe. Le vin est long en finale, mais reste assez austère. Probablement la patte du millésime, mais je ne peux m’empêcher de penser à une ressemblance avec d’autres 88 mémorables, en particulier chez Faiveley (Charme-Chambertin et Latricières-Chambertin 88). La bouteille a voyagé en voiture la veille, est-elle représentative de la manière dont le domaine a interprété le millésime ? En tout cas ce coté un peu ferme s’est accordé à merveille avec du filet de poulet sauce moutarde, accompagné de légumes verts. La moutarde en grains légèrement crémée s’associait à merveille avec l’acidité du vin.


Luxembourg – Riesling Ahner Göllebour GPC 2003 – Cave Albert Berna : Robe jaune pâle, très claire. Le nez est parfumé, fruits blancs, pamplemousse. La bouche est dense, fruitée, avec une belle fraîcheur. Le vin manque un peu de gras mais possède un bel équilibre. Plus facile à boire que le 2002 bu en Février dernier, cet équilibre proche d’un vin alsacien de 2002 montre les effets bénéfiques des chaleurs du millésime 2003 sur le vignoble luxembourgeois. Bien


Pinot Gris Rotenberg Vendange Tardive 1996 de Zind-Humbrecht : Il fut un temps ou l’évocation de vendange tardive évoquait une sélection drastique de raisin, produisant un nectar parfumé, complexe et rare, qu’on sortait parfois lors des grandes occasions à la fin d’un repas de famille. Il faut dire qu’une VT, ca se payait au prix fort !  Puis l’offre s’est accrue avec le temps, les prix ont chuté, on a commencé à trouver un peu n’importe quoi en GD autour de 50FF la bouteille, certaines personnes ont commencé à dire « on se boit une VT » sans préciser le cépage. J’ai même entendu des ânes dire que leur cépage préféré en Alsace c’était le « vété ». Bref, tout le monde fait des VT (déclarées ou non), et les clients se jettent dessus, un peu à l’image du saumon fumé en promo à 25 euros le kilo chez Carrefour, gras, sans saveur et méchamment saumuré : on se fait plaisir à l’idée d’en consommer, mais c’est bien là la seule source de plaisir ! Plus que les sélections de grains nobles fortement botrytisées et de leur ressemblance avec les liquoreux du sud-Ouest de la France (encore qu’on pourrait ajouter les mêmes griefs sur certaines productions industrielle de SGN), les Vendanges Tardives représentent le summum de l’équilibre et de la finesse lorsqu’elle sont bien réalisées. Cette précision et cette complexité, qui sont un peu ma madeleine, je l’ai retrouvé ce week-end dans ce pinot gris VT issu d’un beau terroir, d’un grand producteur et d’un millésime mûr et acidulé. Concentration dans lourdeur, finesse de l’acidité qui transforme les arômes de coings du nez en agrumes confits en bouche, complexité et longueur de la fin de bouche, voilà un vin qu’on sort au desserts, vers 16h un dimanche après midi, et qu’on sirote calmement en refaisant le monde à table ! Goûté il y a 2 ans, le vin gagne tout doucement en fondu, et arrive tout doucement à maturité. J’ouvrirai ma prochaine bouteille en 2006 probablement, et ce vin a un potentiel de garde et d’évolution très long à mon avis. Superbe ! Excellent


Pinot Blanc Zellenberg 2000 – Marc Tempé : La robe est jaune paille, avec des reflets dorés. On voit de petites bulles qui montrent un reste de CO2. Le nez est parfumé, avec des notes de poire et de pralin. La bouche est grasse, acidulée en milieu de bouche, avec une pointe de gaz qui lui donne beaucoup de fraîcheur. La surmaturité persiste en finale, et si le vin donne une sensation sèche on est sur une vendange très mure, qui finit de manière un peu alcoolique. Très Bien.


Saint-Julien 1997 – Château Saint Louis du Bosq : Goûté récemment au milieu d’une dégustation, le vin en bouteille avec un repas se montre-t-il à la hauteur ? La robe est rouge rubis, assez dense, avec des reflets noirs.  Le nez est parfumé, sur des fruits rouges et du poivron rouge, avec beaucoup de fondu. La bouche est très souple, fine et moyennement corsée, et possède une belle longueur. Un vin à parfaite maturité, remarquable pour le millésime. Rapport Qualité-Prix exceptionnel (12.5 euros). Très Bien.


Moulis 2001 – Château Anthonic : le nez est initialement fermé, presque poussiéreux, et il faut aérer le vin longtemps pour faire apparaître des notes de myrtille, et des arômes de fumée. La bouche est dense et plus sèche que le Saint-Julien 97 bu le même soir, le boisé étant un peu moins fondu et donnant des tanins un peu secs. La matière est assez fine et concentrée, mais le vin doit être attendu un peu avant de pleinement en profiter. Bien.


Riesling Cuvée Saint Marc 2000 – Vincent Spannagel : robe foncée, dorée, moyennement intense. Le nez est assez parfumé, avec des agrumes, de la pêche et un peu de miel. La bouche est riche, mure et légèrement moelleuse. Les arômes de pêche donnent beaucoup de douceur à ce vin construit sur la surmaturité. La finale est assez courte, ce qui donne un vin d’apéritif de bonne facture. Bien.


Pinot Gris Muhlforst 2000 – Mittnacht-Frères : la robe est dorée, brillante. Le nez est puissant, intense, avec du miel et des fruits jaunes. Ca sent la surmaturité à plein nez. La bouche est très élégante, moelleuse et finement acidulée, avec des arômes d’abricot et de pêche. Des notes grillées viennent compléter longue finale. Un style qui rappelle les pinots gris du domaine Zind-Humbrecht, Christophe Mittnacht serait il un de ses disciples?  Très Bien.


Riesling Andlau 2002 – Domaine des Marronniers : Un riesling à la robe pâle, au nez très fruité sur des arômes de raisin et d’agrumes. La bouche est riche et acidulée, sèche tout en gardant du gras, de manière à ce que l’acidité ne soit pas tranchante. Un bel équilibre, l’archétype du riesling. Bu sur une tourte au riesling (!), l’accord est bien sur magistral ! Mais il conviendrait aussi très bien sur une choucroute ou un baeckeofe. Très Bien.


Auxey-Duresse 1996-Joseph Matrot : La robe assez dense montre un peu d’évolution, avec des bords un peu tuilés. Le nez est discret à l’ouverture, le vin a besoin d’une heure pour prendre des arômes de cassis et de fruits rouges. En bouche la première impression est également très simple et tannique, il faut attendre que le vin s’ouvre pour prendre un joli gras derrière une acidité bien présente. Un vin qui a peut-être besoin d’être carafé pour en profiter pleinement ! Très Bien.


Thierry Meyer