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Deux Rieslings VT 89 lors d’un weekend bourguignon

Rieslings VT 1989 lors d’un weekend bourguignon
20-21 Novembre 2004

Un déjeuner et un diner ont permis de goûter quelques vins exotiques et deux superbes rieslings VT 89 de Trimbach.



Déjeuner


Sampanietis – Razosanu Parrauga (Mousseux de Lettonie) Riga Brut sans année : une bouteille de mousseux Letton ramenée de Riga en Lettonie l’été dernier, pour l’anecdote. L’origine des raisins est inconnue, la contre étiquette est écrite dans une langue incompréhensible ou on perçoit des mots comme « aromatiku, sensvatlii, elegzanksk » . A 3 euros la bouteille, il ne faut pas s’attendre à des miracles. Mais à ce point… La robe est très pâle. La bulle est très grosse, rapide, un peu comme du coca-cola. Absence de cordon. Le nez est intense mais agressif, mélange de jus de raisin, de levure de bière. La bouche est sucrée, avec une acidité assez mordante, le moelleux ne suffisant pas à masquer l’amertume des raisins pas très murs. Je ne m’attendais pas à un miracle, mais pas à quelque chose d’aussi mauvais. Bon, on peut penser qu’il s’agit d’un problème de bouteille ou de bouchon, mais les défauts constatés dans ce cas ne sont pas présents.  De l’ersatz de champagne ou on assemble du raisin, du gaz, du sucre et on espère que le tout fermente un peu pour donner de l’alcool – peut-être même que l’alcool a été ajouté. Je préfère le Champomy, qui a plus d’élégance, de fraîcheur et de longueur en bouche.   Beurk !


Nuits Saint Georges 1993 – Confuron-Cotetidot : La robe est de teinte rubis, moyennement dense, avec un bel éclat, des bords légèrement tuilés. Le nez est parfumé, marqué par des notes de cacao, de prune et de cerise. A l’aération on sent des épices douces et un peu d’évolution. La bouche est souple, élégante, avec des tanins fondus. Un style bourguignon classique, qui renie les traditionnels lieux communs sur l’austérité des rouges de la côte de Nuits en 1993. Très Bien


Corton Clos des Cortons Faiveley 1993 – Domaine Faiveley : La robe se fait plus dense, foncée, légèrement trouble (vin non filtré, la bouteille vient de voyager en voiture). Le nez est parfumé, minéral avec des notes de petits fruits noirs (myrtille, cassis). La bouche est plus dense, avec des tanins fins encore présents, mais conserve une belle rondeur. Un Corton qui arrive tout doucement à maturité sans sécher.  Attendre encore 3-4 ans avant d’en profiter pleinement. Très Bien.


Dîner


Les vins sont servis à l’aveugle à l’exception du dernier. Les notes de dégustations et les impressions sont prises avant découverte du vin. Les impressions notent le plaisir ressenti plus que la qualité intrinsèque des vins.


Riesling Cuvée Frédéric-Emile VT 1989 – Trimbach : En 1989 le domaine a produit un riesling sec de toute beauté, ainsi qu’une VT. Il s’agit de ma deuxième bouteille de ce vin, la première dégustation m’avait laissé un peu sur ma faim. La robe est jaune citron, assez dense. Le nez est un mélange complexe d’hydrocarbures et de miel, avec une pointe d’encaustique. La bouche est acidulée, avec un léger moelleux, et reprend les arômes du nez avec un peu de gras. La finale tire en longueur grâce à l’acidité. Le vin est Excellent avec un équilibre proche de la perfection, même si l’acidité et le moelleux ne sont pas trop mêlés. On est plus dans un style VT que dans un style demi-sec, même à grammage de sucre identiques.


Riesling Clos Sainte Hune VT 1989 – Trimbach : contrairement à la cuvée précédente, aucun riesling non VT n’a été produit cette année. Une trie spéciale intitulée « VT Hors Choix » a également produit un millier de bouteilles, mise en vente en 1999.  Deuxième flacon pour moi également, avec un très grand souvnir de la première dégustation. La rob est jaune plus pâle, dense avec des reflets dorés. Le nez est plus discret que le vin précédent, mais donne beaucoup de pureté avec du miel d’acacia en trame principale. La bouche est très grasse, puisante, mure, avec une forte minéralité. L’acidité est un peu moins vive et est totalement fondue avec la matière riche et dense de ce vin. Le sucre est également fondu avec l’acidité pour donner un équilibre remarquable. Une telle matière finit par devenir un peu lourde au bout du 2e verre, le vin n’est pas encore tout à fait à maturité. L’équilibre est très différent sur ce vin que sur le précédent.  Si on imagine une balance avec deux plateaux, un pur le sucre, l’autre pour l’acidité, dans les deux vins les plateaux sont en équilibre parfaits, mais les plateaux semblent plus éloignés l’un de l’autre dans le Frédéric-Emile. Tant qu’à comparer deux vins Excellents voire plus, je préfère le style du Sainte Hune, plus fondu à mon goût.


Comme on est chez le même producteur, sur le même cépage, le même millésime, l’idée est donc très tentante de réaliser un assemblage 50/50 des deux vins. Ce que je m’empresse de faire… Le résultat est encore plus parfait que les deux vins précédents, le Frédéric-Emile apportant du relief sur les bords, et le Sainte Hune ajoutant de la puissance et du gras en bouche. Tout simplement remarquable …


Passer de rieslings VT 89 à un meursault n’est pas chose facile, tant l’équilibre aromatique et la structure en bouche sont différentes. On oubliera donc la première gorgée de bourgogne blanc, forcément un peu sèche !


Meursault 1er Cru Bouchères 1989 – Buisson-Charles : Le nez est parfumé, avec des notes de chèvrefeuille, de fleur d’oranger, d’amande et de tilleul. La bouche se montre riche, grasse et sèche, avec une finale longue. Excellent.


Montrachet 1992 – Ramonet : Le nez est plus discret, avec des fleurs séchées et des notes de grillé. La bouche est minérale, sèche, moins grasse et pure que le vin précédent. Pas la Grande émotion, mais un vin bien fait quand même. Une bouteille très en deçà des autres bouteilles bues et commentées sur degustateurs.com (il s’agit du Montrachet 92 le plus commenté sur le site !). Très Bien


Meursault Gouttes d’Or 1999 – Buisson-Charles : Le nez se montre à nouveau intense, complexe, fin, avec des fruits jaunes, des notes de miel et de pain grillé. La bouche est ample, grasse, mure et équilibrée, avec aucune aspérité ou amertume, tout en gardant une structure droite. La matière est énorme, et une légère amertume en fin de bouche trahit un âge encore un peu jeune. Excellent, voir plus : Immmmmmense !


Mukuzani Dry Red 1999 – Tamada (vin géorgien produit par Georgian Wines & Spirits) : Anecdote pour passer aux vins rouges. Une cuvée 100% cépage Saperavi ! La robe est rouge-violet avec un bel éclat. Le nez est parfumé, un peu sexy avec des arômes de vanille et de fruits rouges. La bouche est légèrement moelleuse tout en étant tannique, avec une petite amertume qui trahit peut-être un manque de maturité, le boisé fondu donnant toutefois une belle souplesse. La bouche est décevante par rapport au nez qui laissait entrevoir beaucoup de finesse. On est proche d’un vin techniquement bien fait, mais l’ensemble en tient pas la route pour créer du plaisir. Bof.


Nuits St-Georges 1er cru les Cailles 1999 – Domaine Lecheneaut : On change de catégorie cette fois. Le nez est fruité, marqué par des petits fruits (cerise, mure). La bouche est  sèche, souple avec des tanins gras et donne une impression de puissance réservée. La fin de bouche est un peu courte, on est face à un grand vin à garder quelques années. Très Bien.


Châteauneuf du Pape 1996 – Henri Bonneau : La robe est rouge brillant. Le nez est moyennement intense, mais très plaisant avec de la fraise des bois. La bouche est souple et fruitée, moyennement corsée mais avec un bel équilibre. Un vin à maturité, un peu court en fin de bouche. Très Bien.


Pauillac Château Latour 1983 : Le nez est intense, doux, minéral avec des arômes de mine de crayon et de poivron rouge. La bouche est dense, fine et souple, équilibrée avec un fondu incroyable qui laisse une sensation irréelle en finale. C’est bon, c’est riche, c’est à maturité. J’avais cru comprendre qu’il s’agissait d’un bourgogne au début, alors j’avais suggéré un Chambertin 99 de Rossignol-Trapet, mais lorsque j’ai changé mon azimut vers Bordeaux Château Latour est venu rapidement à l’esprit. Excellent


Charmes-Chambertin 1973 – Jadot : La robe est rouge sombre, à peine évoluée, un peu trouble. Le nez est parfumé, sur les fruits rouges avec des notes de suie. La bouche est souple, fondue et grasse, jeune, fine avec beaucoup d’élégance.  Pour le premier millésime de Jacques Lardière, c’est une réussite monumentale. Le vin semble indestructible. Très Bien.


Corton Bressandes 1988 – Domaine Meuneveaux : la robe se fait plus claire, rubis avec des bords qui tuilent un peu. Le nez est parfumé, sur des arômes de cerise et de framboise. La bouche est souple et acidulée, moyennemen corsée avec un joli fruité. Très Bien.


Sauternes Château Lafaurie-Peyraguet 1989 : Le seul vin non servi à l’aveugle. La robe est dorée, mais assez claire. Le nez est très parfumé, avec des notes de pralin, de miel, d’abricot, de raisin rôti. La bouche est très élégante avec un boisé totalement fondu, une liqueur très fine et aucune amertume en bouche en finale.  Un tour de force dans l’élégance. Cette puissance maîtrisée donne un vin superbe, presque aussi bon que les meilleurs SGN 89 alsaciens 🙂 . Excellent.


Thierry Meyer