L'Oenothèque Alsace

Les Vins du Mois de mars 2012

Compte rendu des vins dégustés en mars 2012 à différentes occasions, dont un fringant Crémant d'Alsace Rittersberg Extra-Brut de Jean-Paul Schmitt

Côtes du Rhône rouge 2003 – E. Guigal : le caractère confit des vins du millésime 2003, surtout dans le sud de la vallée du Rhône, laissait présager une bonne évolution au vieillissement, en tout cas avait fait naître le besoin de conserver ces bouteilles quelques années en cave. Très de 10 ans plus tard, le résultat reste mitigé sur ce simple Côtes du Rhône. Le caractère confit, voir confitures et des premières années a certes disparu, mais l'équilibre global du vin n'a pas gardé en harmonie, et je me demande s'il ne valait au final un mieux boire ces vins plus jeunes. Je vais conserver quelques bouteilles pour voir si un vieillissement prolongé aide la cuvée à gagner en équilibre, mais sans grand espoir. L'expérience des 15 dernières années me fait penser que cette cuvée a finalement un optimum de dégustation entre trois et cinq ans après avoir été produite, indépendamment de la qualité du millésime. Bien

Burlenberg 2000 – Marcel Deiss : une belle cuvée de rouge alsacien à la robe rouge sang teintée de reflets tuilés. Le nez est sauvage, avec des arômes de suie, de girofle, d'épices grillées, et une note d'olive à l'aération. La bouche est riche, concentrée avec des tanins encore serrés, dans un style qui montre déjà une certaine évolution. Un style qui rappelle la côte brune en Côte Rôtie, parfait sur du canard confits aux champignons des bois. Un millésime peu réputé pour les rouges en Alsace, à boire. Et qu'on ne me parle pas de pinot noir… Très Bien.

Crémant d'Alsace Rittersberg extra-Brut – Jean-Paul Schmitt : un crémant frais issus des pentes granitiques du Rittersberg, qui se déguste parfaitement bien à l'apéritif en ce début de printemps. Le nez très expressif, marqué par des notes florales et des arômes fruités, la bouche possède du peps, une jolie acidité désaltérante, et une concentration suffisante pour apporter de la vinosité à l'ensemble. Un crémant délicieux qui mérite sa réputation. Très Bien

Gewurztraminer 1966 – W. Gisselbrecht : voilà une bouteille Sigillée dans l'origine a précisé sur l'étiquette. Le nez est aromatique, épicé avec des notes de fleurs séchées. La bouche est sèche, légère et très nette, avec une acidité présente bien intégrée et de légers tanins encore perceptibles en finale. La combinaison d'un très grand millésime et d'un terroir certainement moyen (si on compare avec le gewurztraminer 1966 de Josmeyer, originaire du Hengst) a donné un vin qui a parfaitement vieilli, délicieux sur un assortiment de plats vietnamiens. Bien

Gewurztraminer Herrenweg 2002 – Zind Humbrecht : une cuvée récoltée très mur, mais qui a également fermenté une grande partie de ses sucres, donnant un vin quasiment sec au niveau d'alcool élevé. Le nez est parfumé, avec des épices grillées, des fruits confits et une note fumée très présente. La bouche est concentrée en attaque, dense et sèche, avec une touche d'alcool sensible en finale. À boire sans tarder. Bien

Riesling Vendanges Tardives 1988 – Hugel et Fils : originaire du grand cru Schoenenbourg à Riquewhir, c'est un vin particulièrement abouti : le nez est parfumé avec des notes de fruits à chair blanche, de fruits à noyau une note fumée et une trace d'hydrocarbures. La bouche est concentrée en attaque, légèrement douce puis suave, dense avec une longue finale minérale. La récolte tardive a permis au riesling de mûrir parfaitement, donnant une expression quasi parfaite du terroir du Schoenenbourg. À plus de 20 ans d'âge, ce vin est le compagnon idéal de poissons de mer en sauce, avec des accompagnements riches, type féculent. Un grand classique. Très Bien

Pinot Gris Breitenberg Sélection de Grains Nobles 2006 – Léon Boesch : lorsqu'on associe le mot botrytis au millésime 2006, ce n'est généralement pas une considération très élogieuse, dans le millésime a souffert du développement rapide et violent de la pourriture grise. Le pinot gris et le pinot blanc ont en particulier été sévèrement touchés, d'autant plus facilement que ces raisins possèdent une peau fragile. Bref en théorie associait les noms de pinot gris, de sélection de grains nobles, et deux millésimes 2006 est de nature à repousser les plus aguerris des amateurs de vins d'Alsace. Malgré tout, un petit nombre de producteurs ont réussi à produire de vraie cuvée à partir de raisins atteints de pourriture noble, et en voici un parfait exemple. La robe est très foncée, Hambourg tirant sur le cognac, traduisant une macération pelliculaire importante. Le nez est très riche, confit avec des arômes de fruits confits, de miel et de grain rôti, dans un style extrême assez inhabituel en Alsace. La bouche est très liquoreuse dès l'attaque, on on dépasse probablement les 180 g/l de sucre résiduel, puis se montre très concentré, à la limite sirupeuse. La pureté des arômes qui accompagné la longue finale montre très bon travail réalisée dans une année très difficile. Une cuvée à boire pour elle seule dès à présent, à toutes petites gorgées. Très Bien

Arbois Pupillin Melon Le Rouge Queue 2005 – Philippe Bornard : le premier millésime embouteillé par Philippe Bornard à la chance d'être une très bonne année, et cette version locale du chardonnay se présente sur un équilibre tout à fait classique. Le nez est légèrement réduit, grillé avec des notes de sésame, la bouche est sèche, dense avec un boisé bien intégré. L'ensemble se montre fringant, avec une acidité qui apporte de la fraîcheur à l'ensemble. Bonne tenue à l'aération. Bien

Pinot Blanc Vieilles Vignes 2006 – Klee Frères : parmi les producteurs qui ont particulièrement bien réussi l'ensemble du millésime 2006, je continue d'être particulièrement impressionné par le travail réalisé par la famille Klee à Katzenthal. Les vins possèdent une pureté, un équilibre, un caractère sec et surtout une netteté aromatique sans faille. Ce pinot blanc se déguste sur les arômes de fruits à chair blanche, peut-être légèrement confits sur le millésime 2006, avec un équilibre sec en bouche qui le rend encore très agréables à la dégustation. À boire. Bien

Graves rouge 1989 – Château de Fieuzal : une demi-bouteille qui a parfaitement bien évolué, dans un très bon millésime bordelais. La robe commence à tuilée, le nez conserve un joli fruité avec des notes fumées et épicées qui viennent compléter des arômes de framboise et de cassis. La bouche possède un corps moyen, mais une belle patine avec des tanins fins bien intégrés à l'équilibre. La longueur est moyenne pour ce Bordeaux de bonne facture. Bien

Vosne Romanée 1973 – Leroy : premier nez fugace de fraise écrasée, suivi par de la fumée, de la rose fanée, des notes de terre faisant plus évoluées. La bouche est pure, légère, fruitée et acidulée, avec une évolution sur le caractère fin du millésime. Pas un très grand terroir sur la commune mais une belle vinification qui a permis cette longue garde de près de 40 ans. Bien

Bugey les Fleurs de la Cote 2005 – Domaine de Soléyane : belle évolution pour cet assemblage de Jacquère de chardonnay, qui a su conserver les notes de fleurs jaunes de sa jeunesse, ainsi que sa fraîcheur désaltérante en bouche. Le seul frein à une conservation supplémentaire semble être le bouchage synthétique, qui commence à apporter une légère note de plastique en fin de bouche. Bien

Bugey Le lièvre d'Automne 2005 – Domaine de Soléyane : un très joli chardonnay du Bugey dans une très grande année, produit par un domaine remarquable sous bien des aspects. Ce lièvre d'automne continue sa progression, avec un équilibre très harmonieux en fait un vin facile du vendredi soir. Même remarque que le vin précédent concernant le bouchage synthétique, qui nuit au vieillissement. Mais dans le Bugey, on boit généralement les vins jeunes. Bien

Saint Estèphe 1990 – Château Capberne Gasqueton : la propriété familiale de la famille qui produit Calon Ségur  produit un Saint Estèphe Cru Bourgeois de demi-corps, facile à boire jeune. Mais dans ce grand millésime 1990, il montre qu'il sait vieillir à merveille. La robe est encore brillante, d'une jeunesse éclatante avec des bords qui commencent à peine à tuiler. Le nez est fin, complexe, avec un éventail d'arômes de violette, de fruits rouges, de fumée enveloppés dans une patine apportée par le temps qui leur donnent un fondu remarquable. la bouche est fine, souple en attaque avec un joli fruité qui rappelle le nez, puis légère et élégante avec une finale de bonne longueur soutenue par des tanins fins et fondus. Ne cherchez pas Calon Ségur, le vin est beaucoup plus léger que son grand frère. Mais cette harmonie, cet équilibre réalisé en 1990 prouve que les vins de Bordeaux sont conditionnés par la maturité qu'offre le millésime, quoi qu'on en dise. Le 1990 titre 13% d'alcool selon l'étiquette. Très Bien

Côte Rôtie Côte Blonde La Châtillonne 1996 – Vidal-Fleury : Issu de la Côte Blonde,  la cuvée Haut de gamme de la maison Vidal Fleury évolue bien dans ce millésime réputé moyen. Le nez ouvert, de bonne intensité, avec des arômes d'olive noire, de suie et une pointe de cassis qui disparaît à l'aération. La bouche est fine, concentrée et suave en attaque, puis élégante avec de beaux tanins fins bien intégrés. Un vrai vin de la côte blonde, sensuel et à point, à boire sans trop tarder. Très Bien

Thierry Meyer

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