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Les vins du mois d’avril 2012

Compte rendu des vins dégustés en avril 2012 à différentes occasions, dont de très belles bouteilles pour les fêtes de Pâques et une magnifique Mondeuse la Brova 2005 de Louis Magnin sur le terroir d'Arbin en Savoie

Jura L'Etoile en Mont Genezet 1996 – Voorhuis-Henquet : un vin aux arômes de fumée et de truffe noire, riche en bouche mais conservant une acidité intense, voire mordante si le vin est servi trop frais. La profondeur des vins de l'Etoile s'exprime parfaitement et il faudra essayer ce vin que des Saint-Jacques aux truffes. Bien

Riesling Grand Cru Osterberg 2000 – Sipp-Mack : la robe dorée intense possède une forte viscosité. Le nez est ouvert, complexe, parfumé et légèrement évolué, avec des arômes de miel, de fumée, de fruits à noyau très mûrs. la bouche est ample et légèrement douce en attaque, puis fine, de bonne concentration avec la patine du temps complétée par un léger moelleux.  La légendaire austérité de l'Osterberg se trouve ici enrobée par la maturité du millésime, mais l'ensemble évolue très favorablement. Bien

Arbin Mondeuse La Brova 2005 – Louis Magnin : une robe sombre aux reflets violacés annonce un vin encore très jeune. Le nez initialement discret, poivré et fumé,  évolue après deux heures d'aération sur des notes de violette, de cerise et de groseille, avec une pureté de fruit remarquable. La bouche est corpulente, puissante et ample en attaque, puis concentrée et fruitée avec des tanins gras présents mais bien intégrés. Un vin destiné à la grande garde, certainement un des plus grands rouges produits en Savoie depuis 2002. Excellent

Crozes Hermitage Thalabert 1994 – Jaboulet : de beaux restes pour ce millésime frais, avec un vin au nez net fumé et lardé, de demi-corps en bouche avec une belle maturité et une acidité discrète. A boire. Bien

Pinot Blanc "B" 2007 – Albert Boxler : le cépage pinot blanc (par opposition à l'auxerrois) est rarement vinifié en vin tranquille seul, la majorité des raisins produits entrant désormais dans la composition du crémant d'Alsace. Le domaine Boxler possède une parcelle sur le grand cru Brand, qui lui permet de murir lentement malgré le caractère solaire du cru. Dans un grand millésime comme 2007 sur ce terroir, le vin est remarquable de fraîcheur, avec des arômes de fleur blanche et une point de silex au nez. La bouche n'est pas en reste avec une trame acidulée intense et une bonne concentration. Un vin qui arrive à son apogée, qui sera plus facile à boire jeune que les rieslings du même cru. Très Bien

Pauillac 1995 – Château Lynch Moussas : un Pauillac de grand millésime, arrivé à maturité, avec un bel équilibre au nez tant qu'en bouche. Les arômes de poivron rouge et de fumée sont patinés par une légère évolution, les tanins sont fins et mûrs en bouche, donnant une belle longueur. Ce n'est pas le plus concentré des Pauillac, mais il a fait une très belle association avec une côte de bœuf. Très Bien
 
Crozes Hermitage Thalabert 1990 – Jaboulet : Un grand vin à la robe encore sombre, marqué par des notes d'olive noire, de cassis, de fumée au nez. La bouche est ample, concentrée, montrant une évolution agréable, sur un équilibre très harmonieux. Les tanins sont gras est parfaitement intégrés. Une grande cuvée de Crozes, originaire d'un des meilleurs secteurs de l'appellation. Très bien

Muscat Réserve 2010 – Domaine Weinbach : un vin frais de robe pâle, au nez ouvert, parfumé, avec des arômes de raisin frais mais aussi de fleur d'oranger. La bouche est sèche sans être tranchante, croquante comme savent l'être les muscats en 2010, et possèdent une pureté remarquable qui en font un vin d'apéritif exceptionnel. Très Bien

Sainte Croix du Mont 1955 – Château Lafüe : un vin complexe issu d'un grand millésime, à la robe dorée tirant sur l'ambre. Le nez est parfumé, ouvert et complexe, avec des arômes de marmelade d'orange, de crème brûlée, de thé noir, complétées par des notes fumées et une pointe d'encaustique. La bouche est riche, profonde avec une liqueur importante, sur un équilibre fondu est patinée. Un grand vin de liqueur à pleine maturité, qui se conservera probablement encore de nombreuses années. Excellent

Sylvaner Bollenberg 2008 – François Schmitt : le nez est pur, intense, avec des notes d'herbe fraiche et de fruits à chair blanche. La bouche est ample, profonde en attaque, sèche avec du gras et une bell acidité. Un vin magnifique à l'équilibre presque parfait, qui évolue bien en bouteille. Très Bien

Riesling Tradition 2006 – Sipp-Mack : La robe dorée intense annonce un vin atteint de botrytis, confirmé par un nez de fruits jaunes très mûrs. L'aération fait apparaître de discrètes notes de sous-bois. La bouche est souple, légèrement moelleuse en attaque, puis légère avec un manque de nervosité pour un riesling. D'équilibre sec, il manque d'acidité et de fraîcheur aromatique, et n'est pas assez doux pour être un demi-sec. Je ne vois pas comment le boire, il ne convient pas à l'apéritif, ni sur un plat, ni au dessert. Il aurait fallu le boire plus jeune. Bof

Riesling Grand Cru Brand 2000 – François Baur : le discret producteur de Turckheim propose un Brand de bel équilibre, arrivé à maturité aujourd'hui. Les notes florales du nez sont complétées par des effluves fumées et une pointe d'hydrocarbure qui traduisent une légère évolution, la bouche est sèche, ample avec une salinité discrète qui apporte de la finesse en fin de bouche. Un vin à maturité, à boire sans tarder pour ne pas perdre ce subtil équilibre. Très Bien

Pinot Gris Côtes de Rouffach 2009 – Domaine Rieflé : intéressante dégustation de ce superbe vin, à table cette fois. Les nez est élégant, sans surmaturité avec des arômes de noisette, de froment et de poire mûre. La bouche est ample, sèche avec du gras et de la profondeur. Un pinot gris exemplaire au style représentatif de ce que devrait être cette nouvelle appellation régionale Côtes de Rouffach. Parfait sur un bœuf bourguignon, et sur des fromages à pâte dure. Seul le bouchon synthétique me laisse dubitatif quant à une garde supplémentaire de plus de 2 ans ; on se fera donc plaisir sans tarder. Très Bien

Sylvaner Vieilles Vignes 2009 – Cave de Ribeauvillé : un vin plaisant dans un millésime idéal pour le sylvaner. Le nez possède des arômes de fleurs blanches et d'amande, la bouche est sèche, franche, de bonne concentration avec du gras. Un vin de soif parfait pour de nombreuses occasions. Bien

Riesling Clos Sainte Hune 1998 – Trimbach : dégusté à l'aveugle, le vin impressionne par son nez jeune et discret, marqué par les fleurs blanches et une pointe d'anis. La bouche est très pure en attaque, ample et cristalline, puis dévoile un équilibre sec, profond avec du gras. L'acidité est très fine et apparaît progressivement, avant de tirer la finale très loin en longueur. Un vin qui se dévoile progressivement, mais qui finit en apothéose. Une légère amertume (à ne pas confondre avec une éventuelle astringence qui viendrait du bouchage) vient perturber la pureté de la finale, et empêche ce vin d'atteindre la perfection. Une bouteille de référence qui a le mérite de se boire parfaitement bien aujourd’hui, mais qui laisse rêveur à ce que peuvent être des 99 ou des 2001, ou à ce que seront les 2005, 2008 et 2010 dans 10 ans. Excellent

Côte Rotie la Mouline 2000 – E. Guigal : une grande bouteille à maturité, qui offre une robe chatoyante dans le verre, encore rouge-sang avec des reflets brillants qui tirent sur le rubis. Le premier nez est doux, sur l'olive noire très mure et la suie, l'aération en carafe va développer des arômes plus fumés, lardés, avec des nuances de cassis. Le boisé est à peine perceptible, et il apporte une note toastée très complémentaire avec le reste. La bouche est souple en attaque, veloutée, très concentrée mais conservant de la finesse, évoluant sur des tanins de velours avec un caractère envoûtant qui ne laisse pas indifférent. La finale est longue. La Côte de Bœuf de l'Auberge du Zahnacker à Ribeauvillé, parfaitement rassie et cuite saignant, fut un compagnon idéal de ce grand vin. J'oserais dire un superbe faire-valoir, mais ce serait dévaloriser le travail de sélection et de cuisson du chef Joseph. En laissant une bouteille pas tout à fait terminée sur la table en partant, la notion de "pour-boire" laisse tout son sens ! Excellent.

Pinot Blanc Mise du printemps 2004 – Josmeyer : une bouteille retrouvée au fond de la cave, qui montre que cette cuvée gagne à être consommée rapidement : c'est d'ailleurs son objectif. Le nez est marqué par des arômes de fleurs jaunes, une note de fruits à chair blanche Compotée, et une pointe fumée. La bouche est sèche, avec du gras mais manque de tonus, de pureté, et de fraîcheur. Une bouteille qu'il aurait fallu boire en 2005. Bof

Pinot Gris Terroir 2005 – Cave de Ribeauvillé : une cuvée riche encore dominée par la surmaturité, au nez de miel et de fruits jaunes, avec une bouche élégante qui a conservé un moelleux généreux. L'évolution dans le verre le vieillissement en bouteille de cette cuvée a rendu le vin agréable à table, sur une blanquette et des terrines de viande. À boire sans trop tarder. Bien

Riesling Grand Cru Steingrübler 1998 – Stentz-Buecher : un Steingrübler récolté en surmaturité, au nez de miel, de fruits jaunes et d'épices, avec une note pétrolée. La bouche est ample, légèrement douce en attaque, puis profonde avec une belle pureté. Récolté sur la partie marneuse du cru, c'est un vin particulièrement bien abouti, même si la récolte du riesling à pleine maturité a nécessité de le récolter avec une dose importante de botrytis. Un vin qui évolue parfaitement bien au vieillissement, et qui se montre parfait sur des poissons en sauce. Très Bien

Sardón de Duero 1996 – Bodegas Abadia Retuerta : les arômes de poivron mur et des notes fumées signent un équilibre très bordelais au nez, la bouche est techniquement bien réalisée, avec un équilibre harmonieux entre les tannins, le corps et l'acidité. Un vin de raison plus qu'un vin de passion, mais une belle bouteille comme savants produire les espagnols. Bien

Muscat Cuvée du Banni 2005 – Romain Fritsch : originaire du Steinklotz, le vin ne peut revendiquer l'appellation Grand cru en raison d'une densité de plantation insuffisante, qui s'explique par la culture de la vigne en lyre pratiquée par le domaine. Dans le grand millésime 2005, ce vin propose un équilibre agréable au nez, sur des fruits très mûrs, avec une légère évolution. La bouche est ample, légèrement douce en attaque, puis possède la profondeur, dans un style se rapproche plus d'un grand vin de terroir calcaire que d'un muscat jeune et fringant qui aurait évolué quelques années en bouteille. Parfait à l'apéritif, c'est un vin qui supportera des plats corsés à table. Très bien

Graves Blanc 2010 – Clos Floridène : un bordeaux blanc bien vinifié, au nez d'agrumes, de pêche et de verveine avec une note boisée bien intégrée. La bouche est équilibrée, sèche avec du gras, une acidité fondue et bien intégrée avec le boisé. Une bouteille sympathique, du niveau d'un riesling alsacien de bonne facture dans le même millésime. Bien

Marsannay 1er Cru Les Champs Salomon 2001 – Domaine Bart : une belle évolution pour ce Marsannay d'un des plus beaux terroirs de la commune. Le nez est marqué par des notes de cerise rouge avec une pointe fumée, la bouche est élégante, de bonne concentration avec des tanins fins qui se montrent présents en finale. À boire. Bien

Riesling Vendanges Tardives 2007 – Jérôme Meyer : un riesling ample récolté en surmaturité qui possède un moelleux bien intégré et surtout beaucoup d'onctuosité. Les notes lactées dominaient cependant la finale, au détriment des agrumes très mur que l'on peut attendre d'un riesling vendange tardives. L'élevage sous bois a certainement engendré une fermentation malolactique importante, donnant cette impression de boire du lait au citron. Dommage, car la matière première semble de bonne qualité. Bien

Sylvaner 2008 – Ginglinger-Fix : une cuvée remarquable de fraîcheur et de précision, avec un nez de fleurs blanches et de fruits acidulés, d'une grande pureté. La bouche est franche en attaque, parfaitement sèche avec du gras, une très bonne concentration et une légère salinité qui allonge la finale. Un sylvaner remarquable dans un grand millésime sur le secteur de Voegtlinshoffen, et un rapport qualité prix incroyable pour un grand vin blanc sec. Très Bien

Gewurztraminer Seigneurs de Ribeaupierre 1976 – Trimbach : une cuvée à pleine maturité, au nez marqué par des notes épicées, qui se montre dense et sèche en bouche avec une belle présence des épices en finale. Un vin qui a parfaitement bien évolué, et qui se montre très agréable en accompagnement de plats vietnamiens. Très Bien

Traminer Sélection 1967 – Schlumberger : La robe est dorée, intense au point de faire penser à une oxydation du vin. La bouche est élégante, moelleuse en attaque puis concentrée avec une grande finesse, la patine du temps contribuant à un toucher de bouche d'une grande douceur. La finale est longue, fruitée et miellée avec une impression veloutée persistante. Le terroir d'origine de cette cuvée est inconnu, mais l'équilibre et la maturité du vin suggèrent le grand cru Kessler. Un vin qui a parfaitement vieilli. Très Bien

Champagne Krug 1988 : robe jaune dorée, cordon de bulles très fin, qui dessine une collerette fine et discrète. Nez de fruits secs, de miel, de noisette et d'amande grillée, généreux et complexe. La bouche est dense, acidulée et soutenue par une mousse fine encore vivace, qui dégaze lentement en bouche. Le grand millésime 1988 se présente ici parfaitement bien, malgré le bouchon chevillé qui laissait envisager une évolution plus marquée. Excellent.

Thierry Meyer

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