L'Oenothèque Alsace

Les Vins du mois de Mars 2004

Compte rendu des vins dégustés en mars 2004 à différentes occasions.

Riesling Turckheim 1998 – Zind-Humbrecht : robe foncée, dense et brillante avec des reflets dorés. Un peu perlant au début. Les jambes sont assez épaisses. Le nez est parfumé, minéral avec des agrumes, du citron confit, de la mandarine, de l’écorce d’orange, mais aussi du miel et quelques fruits jaunes qui annoncent une bonne surmaturité. A l’aération, l’ensemble prend de la fraîcheur avec des notes mentholées, et prend également de la complexité. La bouche est ronde en attaque, avec le gaz et une bonne acidité qui soutiennent la structure minérale. Le vin minéralise beaucoup en milieu de bouche et prend des notes de silex tout en gardant cet aspect grillé des rieslings très murs, même si cela ressemble plus à du passerillage qu’à du botrytis en bouche. La finale est assez sèche, avec une belle amertume, même si on aurait pu penser qu’il soit légèrement moelleux. Un très beau vin mur qui semble à maturité, très plaisant. J’aime beaucoup ce style. Très Bien


Repas anniversaire


Champagne 1er Cru 1996 – Jean-Marie Etienne (Cumières) : une robe paille assez soutenue, des bulles vigoureuses et fines avec un cordon persistant. Le nez est parfumé avec des notes de fruits secs, il pinote bien avec une belle fraîcheur. La bouche est fraîche et dense, vive en attaque mais riche et un peu plus vineuse en finale. Un bon champagne de récoltant manipulant, à 20 euros le flacon sur le web c’est assurément une bonne affaire !


Muscat Grand Cru Goldert 1988 – Zind-Humbrecht : robe jaune citron pâle avec des reflets verts, jambage fin. Le nez est parfumé, mélange complexe de raisin vert, de menthe poivrée, de cire, avec des notes de pistache. La bouche est assez sèche et fondue, gardant la fraîcheur mentholée du nez sans que l’acidité soit trop mordante. Un vin moyennement corsé, très fin avec une longue finale. L’élégance des muscats secs un peu vieux est toujours étonnante, et ce vin propose de surcroît un beau terroir d’origine. Ce serait intéressant de goûter le muscat d’Alsace 88 pour comprendre l’apport du terroir dans ce vin. En tout cas, coté vieillissement le vin n’a rien à envier au riesling, et la dégustation l’an dernier des muscats 81 et 83 du domaine montre que le cépage vieillit très bien. Très Bien


Riesling Cuvée Frédéric-Emile 1988 – Trimbach : robe vieil or, assez dense, jambes fines. Le nez apparaît initialement beurré, avec des notes de noisette, de miel et de pétrole. La bouche est finement acidulée avec beaucoup de gras, et reprend les notes d’hydrocarbures du nez. La fin de bouche est un peu courte. En comparaison avec le muscat, le riesling est un peu moins fruité et moins complexe, surtout en milieu de bouche ou il manque un peu de densité. Est-ce là le dessein des rieslings dans ce millésime ? Très Bien


Les deux Alsace sont goûtés sur des St-Jacques « à la Filduf », c’est-à-dire en sauce au vin crémée avec des lardons. Le muscat propose beaucoup de fraîcheur mais ne rente pas trop dans la minéralité des st jacques. Le riesling s’accorde mieux, en partie à cause du gras en bouche. Le muscat a en revanche fait un malheur sur le tarama de saumon à l’aneth servi en amuse-bouche !


Chianti Classico Riserva 1995 – Castello Della Paneretta : la robe est très brillante, rouge avec des nuances tuilées sur les bords. Le nez est marqué par des petits fruits rouges, du pruneau et les épices dans un équilibre très Italien. La bouche est fine et puissante en attaque, suivie par un milieu de bouche acidulé avec des tanins assez présents. Le boisé donne une touche un peu rustique à l’ensemble. Un vin à carafer deux heures, qui arrive doucement à son apogée.


Bu sur du filet mignon de veau en croûte de parmesan, le vin s’accorde très bien avec le coté un peu salé et acidulé du fromage, ce qui met en avant ses arômes de fruit rouges (groseille).


Rioja Gran Reserva 1988 – Bodega Faustino : Autre bonne surprise, la robe se montre encore rouge et dense, avec des bords légèrement tuilées. Le nez est marqué par un boisé toasté que l’âge a fondu, qu’on retrouve dans beaucoup de vins de rioja. La bouche est équilibrée avec une acidité plus marquée que dans le chianti, mais reste un peu creuse pour pouvoir prétendre à faire partie des plus grands. Si 88 est supposé être une mauvaise année en Rioja, ce vin ne s’en sort pas trop mal après 15 ans.


(Luxembourg) Gewürztraminer Grand Premier Cru Vin Moelleux 2002 – Domaine du Clos des Rochers : robe jaune vert pâle. Le nez est encore jeune et marqué par des notes de rose et de liche un peu masquées par des arômes fermentaires. La bouche montre beaucoup de fraîcheur ainsi qu’un beau moelleux (40g/l SR d’après la fiche technique). Cet équilibre sucre/acide est inhabituel en Alsace ou le Gewurztraminer est généralement moins acide. Un vin très plaisant aujourd’hui, mais qui mérite d’être attendu un peu.


Gewurztraminer Grand Cru Rangen Sélection de Grains Nobles 1994 1/2b – Zind-Humbrecht : robe jaune doré foncé, presque ambre. Beaucoup de brillance et d’éclat. Le nez est explosif, avec une forte maturité, du raisin sec, du miel, du pralin, de l’abricot séché, sans oublier un coté un peu grillé. La bouche est très puissante, avec une forte liqueur, une fine acidité presque saline, et une finale un peu chaude. Un vin hors norme, extrêmement concentré tout en gardant une belle fraîcheur. 10 ans de garde supplémentaire lui donneront la race du terroir, pour le moment l’ensemble est encore fortement marqué par le cépage. Excellent


Bu sur un bavarois au pain d’épice, les deux gewurztraminers donnent deux accord intéressants : le premier joue sur la fraîcheur et équilibre un peu le pain d’épice, le deuxième va à la rencontre du pain d’épice pour créer un bel accord aromatique, quitte à devenir un peu sucré en bouche !


Menetou-Salon « Clos des Blanchais » 2002 – Domaine Henry Pellé : Robe pâle, nez de bourgeon de cassis, intense et fruité, évolution vers le fruit de la passion. La bouche est assez souple et vive. Superbe accord avec l’émulsion d’huître.


Australie – Isolation Ridge Chardonnay 2001 – Frankland Estate : Gras et boisé fondus avec beaucoup de finesse, même si on reste sur un équilibre très mur qui évite la lourdeur de justesse.


Riesling Herrenweg 1997 – Zind-Humbrecht : Robe jaune foncée, avec des reflets dorés, brillante avec des gosses larmes et un disque épais. Le nez est parfumé, minéral avec des fruits jaunes, du citron, du miel. La bouche est souple, dense et riche, finement acidulée avec un beau moelleux en milieu de bouche, et une pointe de gaz. La finale est longue et pure. L’ensemble est parfaitement équilibré après un peu d’aération, dans un style demi-sec minéral proche de certains spätlese trocken allemands. Le temps à un peu assagi la forte maturité initiale, qui masquait un peu la minéralité du vin. Superbe. Très Bien


Macon Prissé 2001 – Faiveley : Robe pâle, lipide, disque assez épais. Le nez est léger,  avec des notes de foin coupé, de pin, et de pamplemousse. La bouche est dense, assez grasse avec une acidité présente et une belle minéralité. La fin de bouche est sèche avec beaucoup de fraîcheur et une bonne longueur. Un vin minéral et plaisant à boire dès aujourd’hui. Merci au fournisseur de cette bouteille 🙂


Coteaux du Languedoc « Terrasses Ardentes les Bois» 2000 – Domaine Montlobre : robe rouge foncée, brillante. Le nez est parfumé, avec des fruits rouges et des épices sur un fond légèrement boisé. La bouche est souple et légèrement tannique avec une belle maturité et une finale réglissée un peu chaude. Un vin sympa, riche et plaisant à boire dès maintenant.


Puligny Montrachet 1996 – Olivier Leflaive : sec et légèrement évolué, très bien, aromatique et vif.


Château Lafaurie-Peyraguiet 1990 1/2 : un peu évolué, un peu de volatile, s’adoucit avec une belle complexité.


Champagne Salon 1982 : Robe vieil or, foncée. Les bulles sont très fines et encore vigoureuses. Le nez est très parfumé, sur des arômes de fruits secs, de biscuit, d’amande grillés avec des notes de champignon et de pomme qui commencent à apparaître. La bouche est dense et très fine, avec une sensation épicée qui se marie bien avec l’effervescence pour donner beaucoup de complexité. La fin de bouche est longue. On aime ou on n’aime pas ce style de vieux champagne, personnellement je trouve ce vin superbe en ce moment. Pour avoir eu l’occasion de le goûter plusieurs fois depuis 1998, je trouve que l’apogée est atteinte depuis 2001 et qu’il a encore 10 ans devant lui s’il est bien conservé. Excellent


Gewurztraminer Herrenweg Vendanges Tardives 1995 – Zind-Humbrecht : Superbe équilibre, pleine maturité avec un adoucissement des caractéristiques qui semblaient trop fortes à l’époque. Très Bien


Pessac Léognan Domaine de Chevalier 1986 : Après deux heures de carafe, la robe est rouge foncé, brillante, avec de fines jambes. Un bordeaux classique


Thierry Meyer