L'Oenothèque Alsace

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Les Vins du mois de Février 2004

Compte rendu des vins dégustés en février 2004 à différentes occasions.

Gewurztraminer Cuvée des Seigneurs de Ribeaupierre 1976 – Trimbach : La robe est jaune assez foncé avec des reflets verts. Le nez est parfumé, marqué par des arômes de menthe verte, d’épices et de raisin de Corinthe. La bouche est sèche et grasse, fine avec beaucoup de précision dans la reprise des arômes du nez. L’acidité donne beaucoup de fraîcheur et la longueur en bouche est incroyable pour un vin sec. Bu sur du foie gras poêlé, cette expression pure du cépage dans un grand millésime à maturité est une référence pour quiconque apprécie le Gewurztraminer. Très Bien


Pomerol Château l’Evangile 1970 : La robe est rouge assez foncé et dense, avec des bords à peine tuilés. Le bouchon est exceptionnel, coloré sur un quart de sa longueur, preuve d’une bonne conservation. Le nez est initialement fermé, puis au bout de 30 minutes de carafe s’ouvre sur des petits fruits rouges de la réglisse et des notes fumées. La bouche est initialement un peu creuse puis gagne en rondeur et en souplesse, pour donner un vin encore très jeune, dense et plaisant. Seule la complexité fait un peu défaut à ce vin qui curieusement demande de l’aération pour s’exprimer pleinement. Initialement carafé pour retirer le dépôt au moment de la verse, le vin s’est montré sous son meilleur jour au bout d’une heure, c’est-à-dire lorsque la carafe se vidait dangereusement. C’est ce que j’appelle le syndrome de la carafe vide 🙂 Bu sur des ris et rognon de veau, la puissance relative du plat et du vin s’accordait à merveille. Très Bien


Clos de la Roche 1983 – Armand Rousseau : Robe profonde, rouge-noir avec des reflets tuilés. Le nez est parfumé, avec des notes de cerise noire, cassis, poivre, réglisse et un peu de fumée. La bouche est souple et mure, avec une acidité encore présente et un peu de gaz carbonique perceptible. Les tanins sont très fins et fondus, ce qui permet aux arômes de nez de se développer. La fin de bouche est une caresse… Un vin à maturité, qui ne tombe pas (encore) dans sa phase descendante. Pas certain cependant qu’il se présente aussi bien dans 10 ans (88 euros sur carte aurestaurant Concorde à Thionville). Très Bien



Riesling Marlborough 2000 – Firstland Vineyards (Nouvelle Zélande) : robe jaune pale, assez claire. Le nez est parfumé, avec du melon et de l’abricot. La bouche est sèche et assez vive, sur le citron vert, avec peu de complexité et une finale courte et un peu amère. Un vin simple et bien fait, peu alcoolique pour un vin sec (10.5 degrés). La Nouvelle Zélande semble avoir le climat pour produire ce genre de vin sec et fruité. Bien



Saint-Emilion Grand Cru 1997 – Château Monbousquet : robe noire grenat, brillante. Nez épices douces, boisé, fruits cuits. Bouche jeune et assez tannique, moyennement corsée avec une belle souplesse en milieu de bouche. La finale est un peu réglissée. Un équilibre fragile qui donne un vin plaisant à boire aujourd’hui.


Riesling Grand Cru Schlossberg Cuvée Sainte Catherine 1996 – Domaine Weinbach – En deux flacons


Voilà un vin dont j’ai connu des variations de bouteilles depuis que je le bois en 2000. Pour en avoir le coeur net, j’ai choisi deux bouteilles dans la cave avec des niveaux légèrement différents, dans l’espoir de déguster deux vins différents.




  • Le premier vin a une robe dorée assez foncée, on dirait presque un vin liquoreux. Le nez est parfumé, avec des arômes intenses de cire et de pomme cuite. La bouche est grasse, presque huileuse, avec une fine acidité et une impression de citron confit. La finale revient un peu sur la cire. J’ai l’impression d’un vin assez vieux, plutôt un 88 qu’un 96, et l’ensemble semble déséquilibré avec le coté cire qui donne presque de la lourdeur. Le vin est sur le déclin.


  • Le deuxième vin est légèrement plus clair avec moins de densité, plus sur une teinte de citron. Le nez est plus net, avec de la pierre à fusil, de l’acacia, du tilleul. La bouche est sèche et l’acidité tranche beaucoup plus facilement que le coté gras du premier a disparu, laissant beaucoup de fraîcheur. Le citron vert laisse la place à une légère évolution et à des notes de poivre blanc. Beaucoup de tension dans ce vin qui sait rester vif malgré la complexité de ses arômes. Un début d’apogée qui promet une belle évolution dans le futur.

Cette cuvée issue de vignes de près de 60 ans d’âge dans un millésime bon pour le riesling (bonne acidité et forte maturité) doit normalement atteindre son apogée au bout de 6-7 ans et se maintiendra certainement au top pendant les 15 prochaines années. Les deux bouteilles viennent du même lot, et il y a clairement un problème sur la première bouteille. Les bouchons sont également du même lot (R010) et mouillés sur une moitié seulement. Ce qui me gène dans ce comparatif c’est que le premier vin bu seul pourrait sembler à la hauteur de sa grande maturité, et les traces d’évolutions pourraient être vues comme normale, même si on se rend quand même compte au bout du deuxième verre que le vin est probablement passé. Certains en profitent pour raconter que les vins d’Alsace ne vieillissent pas bien, que le riesling doit être bu jeune pour garder de la fraîcheur, ou encore que les terroirs granitiques donnent des vins à boire dans les 4 ans en Alsace !


On se rend ici compte de l’énorme écart qui peut se produire d’une bouteille à l’autre, ce qui relativise les conclusions qu’on peut tirer à la dégustation de bouteilles décevantes.


Pommard les Rugiens 1994 – Jean-Luc Joillot : Robe rouge ocre foncé, bords tuilés. Le nez sent l’eucalyptus (typique de quoi ???? je sens cela rarement), la ronce et le cuir, avec un léger cassis à l’agitation. La bouche est assez dense et sèche, avec du fruit (cerise griotte, framboise) qui apparaît progressivement à l’aération. Les tanins sont encore présents. La finale est assez longue mais conserve surtout le coté âpre des tanins. Un vin qui était probablement plus équilibré il y a quelques années.


Thierry Meyer