L'Oenothèque Alsace

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Les Vins du mois de Juin 2004

Compte rendu des vins dégustés en juin 2004 à différentes occasions.

Sancerre Montée de Bouffant cru prestige 1997 – Reverdy-Ducroux : Robe jaune beurre assez foncée, brillante. Le nez est bouqueté, minéral avec des notes de vanille douce. La bouche est vive et sèche, moyennement corsée, avec une belle typicité. L’âge se fait un peu sentir en fin de bouche, mais l’équilibre de ce vin est très agréable. Boire un sauvignon blanc à maturité, ans ces arômes variétaux de sa jeunesse, est un grand plaisir.


Montagny 1er Cru 1998 – Olivier Leflaive : robe jaune beurre, assez pâle. Le disque est épais. Le nez est parfumé, légèrement boisé avec des notes florales, anisées et beurrées. La bouche est grasse, fine et parfumée, avec une petite acidité fine qui vient éviter de tomber dans de la lourdeur. Je ne connais pas trop le terroir de Montagny, mais cette bouteille probablement marquée par le millésime est très agréable à boire dès aujourd’hui. Les notes anisées me font penser à une évolution rapide.


Hautes Cotes de Nuits Cuvée des Dames de Vergy 1996 – Antonin Guyon : Cette bouteille est un peu spéciale pour moi car c’est avec le millésime 1993 que j’ai commencé à collectionner mes notes de dégustation en 1997 ! Le 96 était parti pour une belle garde, et proposait un beau fruit en 2000. J’ai gardé une bouteille pour suivre un peu son évolution. La robe est grenat foncé avec des reflets tuilés, les bords devenant un peu orangés. Le nez est assez parfumé, avec des notes de ronce, de cassis et évolue doucement vers des cerises à l’eau de vie. La bouche reste fruitée sur des fruits rouges et noirs, avec une souplesse et une acidité qui donne l’impression de manger des groseilles. L’évolution et les tanins se font initialement un peu sentir, mais avec l’aération  c’est un vin très jeune qui se présente en bouche, avec des arômes intenses de mûre et de cassis.  Encore quelques années de plaisir devant lui !


Tous les gens l’appellent « vieux style » (chanson de Michel Jonasz)


Après avoir dégusté du pinot noir moderne avec des amis et m’être entendu répondre que ce fruité pur et fin n’avait pas la richesse et la complexité des vieux bourgognes à l’ancienne, à la première occasion de dîner (hier soir) je suis revenu à la charge avec des flacons plus « traditionnels » :




  • Pommard les Rugiens 1994 – Jean-Luc Joillot : issu d’une parcelle village, le vin a une couleur foncée qui tuile un peu sur les bords, un nez de cerise griottes, cuir et framboise, le tout un peu évolué. L’acidité en bouche redonne une touche de fraîcheur mais le vin est à maturité… Passe très bien en mangeant.


  • Nuits St-Georges 1er Cru Clos de la Maréchale 1992 – Faiveley : la robe est un peu plus foncée que le précédent, un peu moins tuilée aussi. Le nez est assez similaire, avec ces notes de ronce et de cuir qui enrobent le tout. La bouche est légèrement plus soyeuse que le Pommard, avec une acidité moins perceptible et des arômes de fruits cuits. Très bon en mangeant aussi

En buvant ces deux vins cote à cote, impossible de reconnaître le terroir : ni Beaune ni Nuits, les côtes ne se reconnaissent pas. Les vins tiennent bien malgré leur petit millésime, mais ce style plait beaucoup à certains.


Beaune 2001 – Faiveley : robe rubis assez foncé, brillante, limpide. Le nez est assez parfumé avec des arômes de cerise, de cassis et de pain grillé. La bouche est assez souple, avec des tanins présents et un boisé sensible en finale. Un Beaune qui se boit déjà bien même si 2-3 ans de garde supplémentaire devrait l’amener à son apogée.


Bourgogne blanc « Georges Faiveley » 2001 – Faiveley : robe jaune pâle très claire. Le nez est légèrement boisé, floral avec des notes d’acacia et de tilleul. La bouche est assez grasse, acidulée, finement boisée. Un vin simple et techniquement bien fait, à boire dès maintenant.


L’Alsace des grands vins


L’Alsace des grands vins ne se résume pas au quintet médiatique Humbrecht-Faller-Deiss-Trimbach-Hugel, mais comporte toute une palette de vins qui savent exprimer complètement ce que les terroirs d’Alsace et les millésimes savent donner, pour peu qu’on les attende un peu. Deux exemples parfaits illustrent à mon avis très bien la finesse et la complexité que peuvent atteindre les vins d’Alsace, lorsqu’ils arrivent à maturité.




  • Riesling Grand Cru Wiebelsberg 1985 – Remy Gresser : Robe jaune doré, vieil or, tirant presque sur le cuivre. Le nez est minéral, doux, complexe et fondu : léger pétrole, fumée, beurre, acacia, tilleul, un peu de résine, puis à l’aération on sent apparaître de la citronnelle et de l’anis. C’est fascinant de sentir une telle complexité. La touche minérale et les arômes de fumée, mélangés avec un peu d’encaustique, sont très typiques du Wiebelsberg. La bouche est sèche, grasse, dense et acidulée. L’alcool est sensible, ainsi que des notes anisées qui n’étaient pas aussi présentes au nez. On sent un coté sur-mûri en finale, presque caramel, qui avec la touche beurrée et anisée donne beaucoup de longueur au vin. On a là un grand riesling de terroir, à parfaite maturité ! Agréable à boire pour lui seul pour qui connaît un peu le riesling, je ne risquerais cependant pas à poser une telle bouteille lors d’un repas de fête familial, à moins de lui trouver l’accord magique avec un plat. Des idées de poisson et d’accompagnement?


  • Ps : La cuvée vieilles vignes du millésime 2000 du même vin a reçu deux grappes dans le numéro d’Alsace Aujourd’hui. Le terroir était déjà présent dans ce millésime jeune, et nul doute que dans 15 ans il rejoindra la complexité de cette bouteille, même si on prétend ici et là que les rieslings Wiebelsberg ne se bonifient pas trop au vieillissement.


  • Tokay Pinot Gris Zellenberg 1996 – Marc Tempé : un vin coup de coeur dans la RVF au moment du Spécial millésime 1996, voyons si le vin tient ses promesses 7 ans plus tard. La robe est jaune beurre, assez claire. Le nez est très typé pinot gris et 1996, avec des arômes de coing, d’abricot, un peu de surmaturité, de la truffe blanche et des notes de pain grillé. La bouche est riche et moelleuse, mais légère grâce à une acidité fine très présente et à un peu de gaz à l’ouverture de la bouteille. La finale est assez longue et laisse une impression franche. Pour être pragmatique, disons que quand le verre est vide on a envie de se resservir ! Le niveau de qualité pour une sélection de parcelles autour du village de Zellenberg est remarquable, et cette bouteille à maturité est là pour durer. Surtout, on est dans un style qui rappelle celui du domaine Zind-Humbrecht, avec un pinot gris qui joue dans le registre acidulé sur des arômes de fruits jaunes. Loin des bombes sucrées des millésimes comme 1995 ou 2001 qui auront besoin de temps pour gagner leur équilibre, ce pinot gris est malgré tout encore sur un équilibre moelleux qui le « condamne » à accompagner foie gras ou desserts, mais promet de revenir à table pour d’autres plats dans quelques années.

Le fait de ne goûter que deux vins participe beaucoup à la découverte de leur complexité. Je ne sais pas comment ils auraient été perçus s’ils avaient fait partie d’une soirée comprenant une quinzaine de vins blancs de toutes origines. Prendre le temps d’apprécier un vin n’est finalement pas si mal que ça. Et les matchs de foot procurent de nombreuses occasions de s’attarder sur un vin 🙂


Morey Saint-Denis blanc En la Rue de Vergy 1998 – Bruno Clair : riche, dense, léger boisé, très mur.


Gigondas 1997 – Château Sainte Cosme : légèrement animal, puis rappelle la syrah. A maturité, avec des tanins fins mais présents


Beaune 1er Cru Grèves 2000 – Thomas Moillard : robe brillante, nez fruité, bouche très souple, faiblement boisée. Superbe et très différente de la dernière bouteille bue.


Pinot Gris Vieilles Vignes 1997 – Zind-Humbrecht : robe dorée, nez botrytisé, miel, fruits jaunes. Bouche acidulée et pas trop moelleuse, sensation presque sèche. Puissant, minéral, superbe.


Thierry Meyer