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Les Vins du mois de Juillet 2005

Compte rendu des vins dégustés en juillet 2005 à différentes occasions. Juillet est le mois des vacances dans le sud de la France, mais aussi le mois de on départ du Luxembourg, ce qui explique quelques beaux flacons.


 



Valais – Petite Arvine 2002 – Simon Maye (Chamoson) : Un nez très typique qui se développe à l’aération, et une bouche riche et suave, acidité avec des arômes de pomme verte. Très Bien


Cotes de Provence Cuvée Tradition 2000 – Domaine Richeaume : Un vin né près de la montagne Sainte-Victoire, assemblage de cépages locaux avec Syrah et Cabernet Sauvignon. Rouge corsé avec des épices, qui commence à se boire correctement en ce moment. Bien


Champagne Brut 1996 – Gosset : un champagne vif et vineux à la fois, qui atteint doucement son équilibre dans ce grand millésime. On aimerait un peu plus de complexité, mais le tonus de cette bouteille donne envie d’en boire à grandes gorgées, ce qui diminue les stocks. Bien


Chablis 1er Cru Montée de Tonnerre 1990 – Jean-Paul Droin : La robe est jaune dense avec de légers reflets dorés. Le nez est très parfumé, typique d’un vieux chablis avec des notes minérales, du grillé, des arômes beurrés et une légère évolution. La bouche est une caresse en attaque, tellement souple qu’on croit que le vin est mou. Puis en milieu de bouche l’acidité s’impose et accompagne le vin jusqu’à la longue finale. Un vin très agréable pour tous les convives, ce qui n’est pas toujours le cas avec les chablis un peu évolués. Une bouteille achetée aux enchères pour une poignée de dollars, qui s’est révélée une très bonne affaire. Très Bien


Chili Cabernet Sauvignon Don Melchor 1995 – Concha Y Toro : Le nez est très parfumé, boisé avec des notes de poivron. Le bois est intégré et assez plaisant. La bouche est fruitée, avec des notes de cuir et de viande séchée, puis gagne en finesse avec des tanins bien murs. Un style nouveau monde pas trop démonstratif, et une cuvée haut de gamme qui tient bien la route. La comparaison avec le Margaux donne une idée du style différent des deux vins, ce qui est une bonne nouvelle. Bien


Margaux 1996 – Château Giscours : Choisi pour faire le pendant au vin Chilien, le style Bordelais allait-il apparaître clairement ? La robe est plus claire que le chilien, rouge rubis avec des nuances légèrement tuilées sur les bords. Le nez est parfumé, fruité et épicé, avec un léger boisé perceptible. La bouche est fine et souple, et donne cette impression de finesse en bouche que peu de vins hors Bordeaux savent avoir. Les deux vins se valent qualitativement, mais Bordeaux affiche sa patte de manière exemplaire. Une belle leçon pour tout le monde, les deux vins ayant été servis à l’aveugle. Bien


Côtes du Rhône 2001 – E. Guigal : La tentation était forte de goûter ce millésime. La robe est foncée, tirant sur le noir. Le nez est assez parfumé, avec des notes de cuir, de ronce et de réglisse. Il faut beaucoup d’agitation pour que de légères notes de framboise et de cassis fassent leur apparition. La bouche est assez tannique, ferme et puissante, et n’a pas la rondeur et l’élégance du millésime 2002. Un vin qui a besoin de quelques années encore avant de s’assouplir un peu. A l’heure ou certains sites web essayent de vendre du 2001 à 7-9 euros en indiquant que le 2002 est à éviter, je crois que 4.65 euros pur un 2002 est un investissement bien plus intéressant pour cet été. Bien


Pinot Gris Grand Cru Wineck-Schlossberg 2002 – Vincent Spannagel : la robe est jaune foncé avec des reflets dorés. Le nez est parfumé, avec des notes de pierre à fusil, de fruits exotiques, d’agrumes et d’abricot. La bouche est assez moelleuse, fine et parfumée, avec des notes de pralin en milieu de bouche. L’acidité est présente et rappelle le pamplemousse, la finale est longue et mielleuse. La bouche possède pas mal de minéralité, et un coté aérien qui dans ce millésime mur et vif permet un équilibre proche de la perfection pour ce cépage. Attendre encore quelques années pour avoir le nirvana. Très Bien


Riesling Grand Cru Saering 1991 – Domaines Schlumberger (1/2b) : La robe est jaune paille assez foncée, dense. Le nez est parfumé, complexe avec des arômes de camphre et de naphte (on aurait dit pétrolé il n’y a pas si longtemps que cela encore !), des notes de suie apparaissant à l’aération. La bouche est assez grasse en attaque, puis sèche et dense en bouche avec des notes fruitées qui apparaissent délicatement. On sent un peu l’acidité dans la courte finale. Un riesling sec à maturité, déjà un peu évolué, à boire. Trouvé à 9 euros la demi bouteille à la Maison du Vin à Mulhouse, une aubaine ! Très Bien


Saint-Julien Château Branaire (Duluc-Ducru) 1982 : La robe est rubis assez foncé avec un bel éclat, un disque brillant et des bords qui tuilent légèrement. Les jambes sont épaisses, ce qui donne une impression de richesse élevée. Le nez est parfumé, assez complexe avec de subtiles notes de cassis, de cuir et de safran. La bouche est fine, dense, équilibrée et très digeste, avec ce fondu et cette patine moyennement fruitée qui caractérise souvent les grands bordeaux à leur apogée. La fin de bouche est assez longue, mais impossible à mesurer car la prochaine gorgée vient trop rapidement ! Goûté en Octobre 2003, et regoûté hier au restaurant Ultieme Halucinatie à Bruxelles (80 euros sur carte), ce vin confirme mon goût pour les Saint-Julien mûrs d’une vingtaine d’année. Le vin ne se bonifera plus avec une garde supplémentaire, mais n’a pas encore amorcé son déclin, loin s’en faut. Très Bien


Côte Rôtie La Landonne 1995 – E. Guigal : La robe est rouge-noir, brillante avec un disque épais. Les larmes sont très grosses et tardent à descendre le long des parois du verre. le nez est très parfumé, très complexe, avec des notes d’olive noire, de réglisse, de viande séchée et de suie, et tout un tas de chose qui fait qu’on passe sa soirée le nez dans le verre. La bouche est parfaite, dense, pure, souple, avec des tanins gras très fins et fondus, une acidité à peine décelable tant elle est intégrée, et un équilibre qui fait qu’on se demande pourquoi tous les vins rouge ne sont pas comme ça. La fin de bouche est longue et laisse cette impression de boire un vin très digeste, loin des cuvées démonstratives dominées par l’alcool, le bois ou les fruits. Le plus médocain des trois monocrus de Guigal se présente très bien pour ses 10 ans, l’heure de carafe lui a fait du bien, et on a envie de finir ses bouteilles sans attendre plus longtemps tellement c’est bon. La syrah travaillée de cette manière c’est vraiment magique. Excellent. (Le vin a été bu au restaurant l’Atre à Manom, pas loin de Thionville. A trois personnes, avec un menu comportant foie gras, filet de sole, magret d’oie, fromage et délice au chocolat, on s’en est tiré pour moins de 280 euros au total. Pas belle la vie ?)


Auxerrois « K » 2001 – André Kientzler : La robe est jaune assez dense. Le nez est parfumé, avec des agrumes, des fruits jaunes, du miel et des senteurs florales. Le pinot auxerrois est présent derrière une forte dose de surmaturité, mais cette surmaturité est prédominante, surtout à l’aération et au réchauffement. La bouche est riche, grasse et mure avec un moelleux très perceptible. Probablement quelque chose comme 15g/l de sucre résiduel en supposant que la matière soit riche. L’impression n’est en tout cas pas très sèche et le vin se montre sous un équilibre très mur et riche plutôt que frais et gras, sans que l’acidité reprenne le dessus. La fin de bouche est assez longue, et termine sur une note un peu alcooleuse. Un vin qui rappelle l’Auxerrois Vieilles Vignes de Marc Tempé en un peu plus doux, c’est dire ! Je ne connais pas tellement bien les vins d’André Kientzler, mais le souvenir du Pinot Auxerrois « K » 1996  me faisait attendre un vin plus sec. Et peut-être un peu plus minéral compte tenu de son origine noble sur le grand cru Kirchberg de Ribeauvillé. Bu sur du poisson en papillote, l’équilibre est limite. Un vin à réserver à l’apéritif, ou à attendre 4-5 ans. Bien


Pomerol 1995 – Esprit de Clocher : la robe est rouge-noir, assez dense, avec des bords qui tuilent légèrement. Le nez est parfumé, avec du cuir, de la suie, des épices et des petits fruits noirs. Une légère évolution se sent à l’aération. La bouche est dense et très droite avec une jolie pureté, l’acidité y étant probablement pour quelque chose. Les tanins sont encore un poil sensibles ce qui donne une légère touche de sécheresse à la fin de bouche. Un joli vin à maturité, à boire maintenant ou dans quelques années sans trop insister. Second vin du Clos du Clocher. Très Bien.


Cote Rotie 2000 – Clusel-Roch : La robe est rouge-noir, assez profonde et brillante, avec de belles jambes.  Le nez est parfumé, avec des notes de ronce, de cassis, de lard fumé, plus tellement dans sa prime jeunesse comme je l’attendais. Les fruits rouges de très jeunes CR ont déjà disparu, et le vin semble avoir atteint un nez déjà très équilibré. La bouche est élégante, très pure avec des tanins très fins qui restent discrets. L’acidité est assez présente, et donne la sensation en fin de bouche de croquer des cerises griotte. Un vin très digeste, moyennement corsé avec beaucoup de pureté. Le style de vin que j’aime boire. Je continuerai de boire ces bouteilles sans me forcer à les garder, le millésime semblant avoir donné ce qu’il avait. Payé 92 euros au Restaurant Le Bouquet Garni à Luxembourg, il a accompagné avec beaucoup de polyvalence un steak de thon rouge et un filet de boeuf aux chanterelles. Très Bien.


Nouvelle Zélande – Marlborough Sauvignon Blanc Private Bin 2004 – Villa Maria : La robe est jaune pâle très claire. ME nez évoque le sauvignon mûr avec des notes de bourgeon de cassis, de buis et ce coté très mur qui évoque le bonbon kréma acidulé aux fruits rouges. La bouche est fraîche, cristalline, avec une acidité bien présente qui donne un bon équilibre à une matière très mûre. Le vin est franc, fruité, parfumé et plaisant, autrement plus attirant que des sauvignons de l’ancien monde sans relief. Bien


Maestro Raro Cabernet Sauvignon IGT 1999 – Fattoria di Felsina : La robe se fait plus foncée, rouge-noir avec une belle brillance. Le nez évoque l’Italie, avec ce mélange subtil de groseille, de fumée et de ronce comme on en trouve toujours en Toscane. Le coté variétal du cabernet tel qu’on le connaît à Bordeaux est très discret. La bouche est grasse, concentrée avec une bonne finesse, les tanins étant fins et gras, et le milieu de bouche soutenu par une acidité assez forte. A l’aveugle j’aurais juré qu’il s’agissait d’un Sangiovese, et le style est très agréable à table. Très Bien


Rüdesheim Berg Rottlang Riesling Auslese GoldKapsel 1999 – Georg Breuer : La robe est très pâle, avec une nuance de jaune beurre très clair. Le nez est assez parfumé, avec des notes de citron, de fruits exotiques, de fumée et de champignon frais, développant des notes de pierre chaude à l’aération. La bouche possède cet équilibre magique des grands Goldkapsel allemands, très sucré avec une très forte acidité qui lui donne une bonne tension. Avec ses 7 degrés d’alcool le vin est très digeste, et se boit très très facilement. Se bonifiera probablement sur les 10 ans à venir, mais en restera-t-il en cave ? Excellent


Champagne Rosé 1976 – René Collard : Voilà une belle bouteille rien qu’en voyant l’étiquette. La robe est saumon avec des reflets orangé, avec un cordon assez persistant et une bulle assez fine. Le vin se présente sous deux aspects. A l’ouverture, le nez est similaire à un champagne jeune, avec des notes de fruits secs, de biscuit et des fruits rouges, développant quand même des notes plus rancio a l’agitation avec du café et du cuir. La bouche est alors très fine, dotée d’un belle acidité, et termine dans un équilibre sec sur une impression d’un champagne faiblement dosé. Après une demi-heure d’aération et une légère montée en température, le vin se transforme en prenant des notes de vieux bourgognes rouge au nez, style Volnay 85 d’un très bon producteur, dévoilant toute la palette des arômes de vieux : ronce, cuir, truffe, au milieu de fruits rouges. La bouche devient alors plus grasse, très élégante, avec une grande digestibilité. Une belle bouteille de presque 30 ans, étonnante de fraîcheur. Très Bien


Ermitage l’Ermite Rouge 1999 – Chapoutier : Le vin a une robe étonnante, colorée et brillante à la fois sans être opaque. Le disque est très épais et la viscosité apparente grande. Le nez est parfumé, avec des notes de fruits rouges et noirs mélangées à de la terre et à des épices, dans un équilibre à la fois riche et pur. La bouche est une merveille de finesse, avec une matière riche et fruitée qui ne tombe ni dans l’excès de gras, ni dans la surextraction. Les tanins sont présents mais très fins et sans aucun aspect rêche. La matière est très forte avec une minéralité folle et une douceur au malais qui laisse pantois. A regoûter dans 10 ans, et à apprécier jusqu’en 2060 comme indique RP, mais aura-t-on assez de patience ? Excellent, voir plus


Vosne Romanée Les Jachées 2001 – Jean-Yves BIZOT : Servi après l’ermitage, la comparaison est intéressante car les modes de fabrication sont similaires (rendements bas, extraction mesurée). La robe est un peu plus jeune, rouge avec des reflets violets. Le nez est très parfumé, avec des notes florales marquées par le lilas, puis de la ronce, de la cerise, donnant une impression de grande pureté. La bouche est pure, dense avec des tanins un peu plus sensibles mais qui restent très frais. La fin de bouche est très longue en reprenant les notes florales du nez. Un grand vin en devenir. Très Bien


Pinot Blanc Fleur de Printemps 2004 – Vincent Spannagel : La robe est pâle, le nez parfumé avec des fruits blancs, la bouche gardant une bonne acidité malgré la matière ure. Mais le vin se montre bouchonné.


Sylvaner Duttenberg 2002 – Domaine des Marronniers : La robe est pâle avec des reflets verts. Le nez est parfumé, avec des notes d’agrumes et d’amande verte. La bouche est fine, assez minérale avec un bel équilibre entre la matière et l’acidité. Un bon vin très plaisant. Bien.


Riesling Grand Cru Mambourg Vendange Tardive 1997 – Marc Tempé : La robe est jaune citron assez foncé, avec des reflets dorés. Le nez est parfumé et très complexe, avec des notes de citron, d’agrumes confits et de miel que viennent rapidement rejoindre des arômes de fumée, de naphte, d’encaustique, dans un style très germanique. La bouche est riche, dense et très fondue, avec ce qu’il faut de moelleux, et ce qu’il faut d’acidité pour l’équilibrer. L’ensemble est très minéral, un peu comme un Schlossberg du domaine Weinbach. La fin de bouche est assez longue et souligne la grande sapidité du vin. Si la bouteille ne survivrait pas à un apéritif (même s’il n’y a que deux personnes), ce serait dommage car sur du poison en crème ou du fromage à pâte pressée cuite, il fait un malheur. Cette cuvée est excellente depuis le début d’année, et n’a rien à voir avec le style doucereux et assez simple qu’elle affichait il y a encore deux ans. Un grand riesling qui rappelle un des grands Goldkapsel allemands, demi-sec, pur, minéral. Une bonne connaissance du vigneron ajoute encore plus à la sensation de perfection à la dégustation. Comme je le dis depuis plusieurs années, 1997 n’a pas dit son dernier mot et les meilleures cuvées pourraient bien se révéler très grandes après 10 années de garde. J’adore et je vais partir en quête des bouteilles restant à la vente par-ci par-là. Excellent


 


Thierry Meyer