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Les Vins de 2013 – Trimestre 3

Compte rendu des vins dégustés de juillet à septembre 2013, dont les Côte Rôtie La Mouline et La Turque 2002 de Guigal dégustées … côte à côte.

Pinot Noir Tradition 2007 – Stentz-Buecher : pas besoin d’avoir des robes d’encre et des tanins à sécher les dents pour faire un bon rouge en Alsace. Dans les millésimes plus tendres, lorsque la robe se pare de reflets rouge pâles voire rose, on produit de beaux vins élégants, pour peu que la matière reste là et que le fruit reste présent. Ce qui est le cas sur cette cuvée 2007 de bonne origine, soignée en cave par Stéphane Stentz. Le fruit est préservé, et une fine acidité vient donner du peps en finale. A boire légèrement frais, surtout si le vin est servi en terrasse et qu’on approche les 30 degrés dehors. Bien

Chasselas 2012 – Paul Blanck : une bouteille assez difficile à trouver pour cause de petite production, qu’il faut capturer au domaine ou en Europe du Nord à la fin du printemps juste après la mise en bouteille, et donc la mise en vente. Le Chasselas produit un vin gouleyant, facile à boire jeune, surtout lorsqu’il est cultivé sur des terrains légers, alluviaux ou sablonneux. Avec les domaines Schoffit de Colmar et Kientzler de Ribeauvillé, celui du domaine Paul Blanck complète un trio de chasselas de qualité, très réguliers d’une année à l’autre. Ce 2012 est un bon reflet du millésime qui va progressivement envahir les caves des restaurants et des amateurs : aromatique sur le raisin frais et les petits fruits acidulés, sans note amylique, le vin se montre frais en bouche, avec cette légèreté et cette légère dureté qu’on ressent en fin de bouche, qui rendent le vin croquant, délicieux frais à l’apéritif mais aussi de bonne accroche sur des crudités, apéritifs variés, ou (pour être honnête avec votre serviteur qui a profité de la chaleur de ce weekend), à n’importe quel moment de la journée quand il fait soif. Le 2012 se montre légèrement plus frais que d’ordinaire, confirmant la bonne acidité de ce millésime. Vendu 6,5€ départ cave, on aurait tort de s’en priver. Bien

Vin de Savoie Mondeuse 2009 – Domaines de Vens le Haut : Un vin de couleur pourpre au reflets violets, sobre et opaque, mais corsé et brillant. Le nez se dévoile lentement, avec des notes de violette, de poivre noir, de mûre et de cassis, puis de réglisse avec des notes subtiles de cerise noire. La bouche est dense et souple en attaque, puis de grande concentration, très élégant avec un jus très présent soutenu par des tanins mûrs bien intégrés. L’ensemble se montre d’une buvabilité remarquable, avec une longue finale sapide. Le bois de l’élevage est complètement intégré à ce stade. Lorsque j’avais dégusté ce vin alors en élevage en barrique au domaine, j’avais été impressionné par sa matière, sa trame fine et dense à la fois. Puis après mise en bouteille, après avoir longuement dégusté les mondeuses du millésime 2009 j’en avais conclu qu’il s’agissait là d’une des meilleures mondeuses produite en Savoie dans ce millésime. Une nouvelle dégustation trois ans après la mise confirme ce jugement sans hésitation. Heureux ceux qui ont pu en acheter à l’époque. Travail à la vigne et en cave très soigné, la seule manière d’aller plus haut est d’améliorer la qualité du terroir, un potentiel dont disposent une poignée de producteurs sur les communes de Chignin, Arbin ou Fréterives. On imagine le résultat s‘ils réalisaient un travail aussi pointu. Excellent.

Crémant d’Alsace Grand Millésime 2009 – Muré : La cuvée millésimée issue des chardonnays au pied du Clos Saint Landelin a laissé place depuis le millésime 2007 à une cuvée millésimée assemblant chardonnay et riesling. En 2009, l’étiquette change et la cuvée devient « Grand Millésime ». La cuvée a été dégorgée il y a moins de 6 mois, en mars 2013. La robe est claire avec des reflets verts, une bulle fine. Le nez est aromatique, floral avec une pointe d’agrume, mais possède un caractère oxydatif qui me gêne un peu. En bouche le crémant est une caresse, l’attaque étant ample et le vin dégazant lentement pour donner une mousse compacte et crémeuse, vite relevée par une belle fraîcheur. Je reconnais bien là la présence du riesling et le dégorgement récent, mais à nouveau ce caractère légèrement oxydatif en finale me dérange un peu. Avec plus de netteté et de fruit, on aurait été proche de la perfection. A quand le retour d‘une cuvée 100% chardonnay ? Merci au domaine de m’en avoir fait parvenir un échantillon. Bien

Pinot Gris Grand Cru Muenchberg 2009 – Domaine Ostertag : une cuvée dans sa prime jeunesse, parfumée au nez avec des notes de fruits à noyau, et une très discrète trace de bois. La bouche est ample, sapide en attaque avec du gras, puis dense et légèrement douce, avec une salinité discrète présente en finale. A carafer et à garder pour en profiter un maximum, même si les premières bouteilles du carton sont déjà délicieuses. Excellent

Côte Rôtie Les Jumelles 1983 – Paul Jaboulet : moins prestigieux et spéculatif que son grand frère l’Hermitage la Chapelle, ce Côte Rôtie Les Jumelles n’en n’est pas moins de grande qualité, et montre souvent une belle régularité. La robe est tuilée, assez claire avec des larmes qui dessinent un jambage épais. Le nez est très mûr, dans un style classique qui évoque la suie, le lard fumé, avec une touche d’olive noire. La bouche est souple et élégante avec des tanins fins, restant sur une dominante aromatique fumée en bouche avec une finale de bonne longueur. Une belle cuvée d’une belle année, qui se conservera encore plusieurs années. Très Bien

Pomerol 1981 – Château Nenin : Le millésime est effacé de l’étiquette, et il a fallu soulever la capsule pour le voir imprimé sur le bouchon. La robe est étonnamment profonde, rouge sombre avec des bords légèrement tuilés. Le nez est très élégant avec des épices douces, des fleurs séchées, une touche de mûre et une pointe de truffe noire. La bouche est dense, souple en attaque puis dense et complexe avec une présence remarquable au palais. Bonne longueur de complexité moyenne. Un vin qui a bien vieilli, dans un millésime peu connu qui a pourtant produit des vins de longue garde. Qui se souvient des critiques désormais disparus qui annonçaient que 82 ne tiendrait pas la distance face à 81 ? Très Bien

Pinot Gris Sélection de Grains Nobles 2007 – Pierre Frick : Une cuvée récoltée à environ 23 degrés potentiels. Une robe claire qui évoque un botrytis de qualité. Le nez est intense, très mûr avec des arômes de fruits confits, d’abricot sec et de pomme au four. La bouche est liquoreuse, dense et acidulée, apportant un équilibre sapide facile à déguster. La demi-bouteille est un petit format quand on est quatre au dessert… Très Bien

Pinot Blanc Mise de Printemps 2012 – Josmeyer : élégante et facile à boire, la mise de printemps retrouve en 2012 son caractère frais et croquant, avec du gras. Très agréable à table. Très Bien

Saint-Estèphe 2005 – Château Capbern-Gasqueton : un vin équilibré, au nez mur et intense, concentré en bouche avec un fruit é mûr et des tanins gras. Bel équilibre pour un vin facile à boire même jeune. Très Bien

Pinot Gris Sélection de Grains Nobles Réserve Exceptionnelle du Domaine 1989 – Gustave Lorentz : la robe se montre or profond, brillante et cristalline. Le nez est ouvert, d’intensité moyenne avec des arômes de fruits à noyau, de noisette et une note de bois sec qui traduit un botrytis de qualité moyenne ? La bouche se montre franche, moelleuse avec un liqueur discrète qui manque un peu de consistance. La finale est sèche, assez courte, et portée par a noisette. Une cuvée un peu décevant au regard à son pédigrée, qui même si elle n’est pas très liquoreuse (on doit être à environ 60g/l de sucre restant) manque de pureté et de profondeur pour être vraiment enchanteresse. Le vin se goûtait en tout cas légèrement mieux il y dix ans. Bien

Pinot Gris Heimbourg Sélection de Grains Nobles 1989 – Zind-Humbrecht : la robe est or foncé, limite topaze voire ambre, avec une belle brillance. Le nez est rôti, confit et intense avec un mélange de notes de thé noir, de cuir, de fruits confits, de miel et d’abricot sec. La bouche est liquoreuse, puissante et pure avec de la profondeur, évoluant sur le caractère thé noir des arômes, avec une légère amertume en finale. Le vin tapisse la langue (on doit dépasser les 130g/l de sucre résiduel) et se déguste par petites gorgées. Belle évolution en demi-bouteille, et exemplaire des grandes SGN produites en 1989. Excellent

Riesling Saint Hippolyte 2003 – Marcel Deiss : que n’a-t-on écrit sur les rieslings de 2003, manquant de fraîcheur et dotés d’arômes particuliers, tirant sur la résine de pin, la camomille ou les fleurs séchées. Pour la plupart des vins récoltés en avance pour soi-disant conserver de la fraîcheur, c’est effectivement le cas, et ces vins auraient dû être consommés très rapidement car ils évoluent mal. Le caractère végétal se durcit avec le temps, et devient désagréable. Lorsque le vigne n’a pas trop souffert de stress hydrique et que les raisins ont été récoltés à maturité physiologique, les vins se dégustaient assez souples dans leur jeunesse, avec quelque fois des sucres résiduels perceptibles. L’âge leur a donné raison, puisque leur équilibre physiologique naturel leur permet aujourd’hui se montrer une belle pureté et une certaine fraîcheur, comme ce riesling de JM Deiss, originaire des pentes granitiques autour du village. Les arômes d’agrumes mûrs sont complétés par de discrètes notes fumées, et en bouche le vin possède de la chair, une bonne fraîcheur et un caractère acidulé plaisant en finale. Un vin qui a bien tenu la distance, à boire assez frais. Et ce n’est pas le seul en Alsace. Bien

Pinot Blanc Rosenberg 2002 – Barmès-Buecher : vinifié sec et élevé sur lies en demi-muids, ce Rosenberg version pinot blanc a toujours été un de mes préférés ces dernières années, par son équilibre à la Bourguignonne qui lui donnait un style gras et franc très agréable à table. Si cette bouteille est représentative de l’évolution de la cuvée, le vin commence à perdre un peu de sa superbe, avec des arômes prenant des notes fumées vire légèrement oxydatives, et une bouche plus molle que par le passé. Les 2007 et 2009 doivent se boire très bien en ce moment. Bien

Tavel 2012 – E. Guigal : un vin de bonne densité, intense au nez sur le fruit avec une légère touche amylique au nez, mais se montrant fringant en bouche avec du fruit et une belle fraîcheur, comme souvent en 2012. Un rosé parfait pour le 14 Juillet en terrasse, en particulier sur un gazpacho maison. Bien

Pinot Gris Schimberg 2006 – Dirler-Cadé : Situé très haut sur le coteau, dans le prolongement Ouest du Kitterlé en sortie de vallée, voilà un terroir qui a forcément mieux résisté que les autres à la pourriture galopante du millésime 2006, surtout lorsqu’elle s’en est prise à la peau fragile du pinot gris. Le nez est net sur des arômes de fruits à noyau mûrs, la bouche est pure, souple et saline avec un moelleux discret et bien intégré. Une belle bouteille dégustée à l’apéritif, qui a mis les papilles en forme. Bien

Pessac-Léognan rouge 1989 – Château de Fieuzal : une demi-bouteille agréable, au nez de fumée, de petits fruits noirs, avec une pointe de tomate mure et d’épices, et une trace de réglisse à l’aération. La bouche est souple, mûre, mais légère et peu concentrée. Même ma femme me dit en dégustant le vin à l’aveugle « il est léger pour un grand Bordeaux ». Un flacon qui se déguste justement agréablement bien, sans prétention, le demi-format permettant de se faire un petit plaisir à deux dès que la viande rouge fait son apparition le soir. Bien

Gewurztraminer 2010 – Armand Gilg : un vin doux qui se présente fruité et frais, dans le style punchy du millésime. Parfait à l’apéritif servi frais pour ouvrir les papilles, le moelleux n’étant pas gênant pour la suite du repas puisque le vin n’a pas de profondeur ou de salinité particulière. Bien

Pouilly Fumé Cuvée Majorum 1996 – Michel Redde : une grande cuvée marquée au nez par la truffe noire et le buis, tendre et pure en bouche avec de la fraîcheur qui évoque le bonbon au cassis. Belle densité, longue finale pour ce vin légèrement évolué qui possède une belle harmonie. Parfait sur une salade estivale rehaussée d’un peu d’huile de truffe. Très Bien

Vin de Savoie Jacquère 2007 – Domaine Dupasquier : un fond de cave dégoté derrière une pile de vins, je pensais avoir terminé mon carton il y a bien longtemps. Dans un millésime léger, voilà un vin qui tient bien la distance, et conserve bien la fraîcheur du cépage avec son caractère acidulé friands, sans aucune évolution vers le miel de bruyère ou les végétaux. Belle conservation. Bien

Côte Rôtie Colline de Couzou 2009 – Bonnefond : J’adore les Côte Rôties à maturité, mais apprécie également en boire quelques-uns dans leur prime jeunesse, lorsque le fruit est encore enrobant, que les tanins gras mais encore légèrement fermes sont pris dans ce fruité exubérant, et que légèrement rafraîchis, ce sont des vins puissants qui se boivent magnifiquement bien. Ce 2009 est rond et fruité, avec des arômes de petits fruits noirs très murs. Il propose une belle enveloppe en bouche avec tanins gras encore présents. Merci Pierre ! Très Bien

Grand Cru Kaefferkopf 2009 – Marcel Freyburger : un assemblage moelleux (37g/l SR), qui se montre à la fois pur et ample, avec un fruité présent et des arômes de fruits à noyau relayés en bouche par de la chair. Une des belles cuvées d’un domaine qui gagnerait à être plus connu. Bien

Saint Joseph Vignes de l’Hospice 2005 – E. Guigal : des notes fumées très présentes, et un jus concentré en bouche, pur avec des tanins gras. Une structure souple et gourmande qui termine sur une belle tension. 2010 est encore à la vente, c’est un vin de grande classe caché derrière une appellation encore peu connue pour ses grands vins, ce qui permet de conserver des prix sages. Très Bien

Côte Rôtie Les Jumelles 1985 – Paul Jaboulet : Une belle bouteille à maturité, délicieuse en ces temps de diners sur la terrasse. Robe tuilée brillante, arômes fondus d’olive boire, de lard fumé et de suie, complexes et patinés. La bouche est tendre, fraîche avec des tanins fondus. Le vin possède une jolie acidité qui rend le vin digeste. Parfait sur une tranche de filet de bœuf grillée. Très Bien

Gewurztraminer Grand Cru Zotzenberg 2008 – Fernand Seltz : des fruits à noyau au nez, avec une pointe épicée légère, une bouche acidulée et profonde qui possède une rondeur bien fondue, voilà un vin à l’équilibre très pur, comme souvent avec les vins du domaine Fernand Seltz vinifiés par Michel Seltz, et dégustés ces dernières années. Un domaine à découvrir si vous ne le connaissez pas encore. Très Bien

Pinot Gris Cuvée Spéciale 2004 – Jean-Louis Schoepfer : frais et acidulé, vinifié dans un style sec sur base d’une vendange de bonne maturité, c’est un vin léger et droit qui a bien supporté presque 10 ans de vieillissement. Pas grand mais bien fait, traduisant une belle maitrise de la vinification. Bien

Saint-Emilion Grand Cru Cuvée Prestige 2000 – Château Raby-Jean Voisin : Qui a dit qu’on ne trouvait rien de bon à Bordeaux en dessous de 20€ la bouteille ? La cuvée à forte proportion de merlot se déguste bien, et en 2000 une cuvée prestige au boisé un peu appuyé a été créée. C’est un très bon Saint Emilion au boisé désormais fondu, qui se déguste sur son fruit mûr qui a à peine bougé après plus de 10 ans de garde. Robe dense et profonde, bouche de bonne densité, assez fine, avec des tanins gras et bien intégrés. La longueur n’est pas phénoménale mais le vin est très plaisant sur une grillade estivale. Très Bien

Mosel 2011 Eitelsbacher Kartäuserhofberg GG Riesling Trocken – Weingut Kartäuserhof : un des plus beaux rieslings produit par la belle maison de Trèves. Robe pâle, or blanc/argenté, avec une belle brillance. Arômes jeunes et frais très délicats, d’agrumes, de fleur d’oranger, d’abricot frais, de muscat avec une pointe de pierre à fusil. Bouche élégante, cristalline, avec une belle acidité mûre, un équilibre sec et une fine salinité qui allonge la finale. L’équilibre de ce grand cru allemand est proche d’un Alsace (13% d’alcool, sec), mais les schistes de ce cru proposent un caractère aérien et donnent au riesling ses lettres de noblesse comme rarement vin d’Alsace sait faire. Comparaison n’est pas raison, voilà donc un encouragement à tous les alsaciens à aller voir ce qui se passe dans le monde du vin de l’autre côté de la frontière… Excellent

Riesling Grand Cru Altenberg de Bergbieten Cuvée Henriette 1989 en Magnum – Frédéric Mochel : léger, fin, mur, marqué par des arômes de bourgeon de cassis, légère salinité qui est désormais plus présente dans les millésimes récents, belle conservation pour ce Grand Cru Altenberg de Bergbieten de style très classique. Très Bien

Corton Renardes 1972 – Michel Gaunoux : en l’absence d’étiquette originale, il faut se fier aux indications de remplacement, ainsi qu’au bouchon et à la capsule. La robe est claire, de teinte rouge acajou avec une belle brillance. Le nez montre une belle maturité, intense sur des notes de cerise mure, de rosé fanée et de fraise écrasée, il évolue à l’aération sur des arômes plus austères de suie et de caroube. La bouche est tendre, souple en attaque puis délicatement fruitée, sans cette acidité souvent assez marquée qu’on trouve dans le millésime 1972. La final possède une belle longueur, sur le fruité du milieu de bouche. Un équilibre subtil et fragile, même si le vin ne se casse pas la figure dans l’heure qui suit il est plus que temps de le boire. Excellent

Riesling le Délice des Papilles 2001 – Jean-Louis Schoepfer : un vin inhabituel car élevé en barriques. Le riesling se prête généralement peu à un passage sous bois, je me souviens de quelques cuvées des Hospices de Strasbourg de 1997 élevées dans des foudres neufs fraichement installés, qui possédaient un équilibre désagréable car le tanin du bois venait casser la pureté cristalline du riesling. Ici on est sur une vendange mûre dans le grand millésime 2001, et le vin a parfaitement digéré son bois. Les arômes sont riches avec du miel mais aussi une note oxydative. La bouche est ample, sèche, riche avec du gras, et possède un équilibre agréable à défaut d’être typique. Un essai intéressant à découvrir, mais compte tenu de l’évolution rapide du vin pour un 2001, et du fait qu’il ne se dégustait pas idéalement jeune, la plage de maturité de consommation est finalement très étroite. Bien

Muscat « d » 2002 – René Muré : La cuvée 2002 de muscat du Clos Saint Landelin a été « d »-classée en muscat générique, même si bouteille, bouchons et étiquette sont sans équivoque. Le nez est parfumé, muscaté, mais aussi riche avec des notes de fruits à noyau mûrs, une trace légère de champignon et un caractère lacté qui apparait à l’aération. La bouche est profonde, riche avec un moelleux encore présent, mais évolue de manière fraîche en bouche avec une finale sapide. Raison d’un tel déclassement ? Probablement l’apparition rapide de botrytis a entrainé une hausse des degrés potentiels et engendré une récolte précoce. La fermentation malolactique a transformé une partie de l’acide malique, donnant un style plus gras. L’équilibre du vin est malgré tout assez proche d’un Clos Saint Landelin, seul le caractère aromatique pouvant surprendre par son manque de netteté. Mais après 10 années de garde, l’ensemble apparaît plus fondu. Grande garde prévisible malgré tout. Bien

Le Wineck Schlossberg fait partie de ces terroirs qui émergent doucement de la longue liste des 51 Grands crus alsacien, grâce au travail des producteurs qui ont su faire ressortir par leur travail la fine salinité qui trahit le granit fortement désagrégé de ce terroir, avec des sols presque sableux par endroit. Deux cuvées dégustées côte à côte montrent qu’indépendamment du cépage ou du niveau de maturité, on retrouve cette même bouche finement acidulée, délicate et aérienne comme le cru sait en produire. Avec les domaines Meyer-Fonné, Vincent Spannagel, Jean-Marc Bernhard, Klur, Paul Spannagel ou Paul Blanck qui approchent chacun à leur manière la typicité de ce cru, l’avenir est brillant pour qui sait attentivement observer

– Pinot Gris Grand Cru Wineck-Schlossberg 2002 – Vincent Spannagel : robe dorée, nez très mur de miel et de fruits confits avec une pointe de noisette et une note de sous bois. La bouche est moelleuse, acidulée avec une salinité renforcée par une pointe de gaz carbonique encore présente. Toute l’élégance du granit de Katzenthal dans une cuvée au moelleux bien intégré, qu’on réservera à l’apéritif, au foie gras ou au dessert. Très Bien
– Riesling Grand Cru Wineck-Schlossberg 2009 – Meyer-Fonné : Robe pâle, nez parfumé, ouvert avec des notes d’agrumes murs et de pêche blanche, avec une pointe de silex à l’aération. La bouche est ample, sèche avec du gras, dense au palais avec une fine salinité qui se dévoile progressivement en allongeant la finale. Belle cuvée sèche, à l’acidité portée par le terroir, en faisant une belle réussite dans un millésime souvent décrié par anticipation par ceux qui apprécient souvent plus la verdeur comme marqueur qualitatif. Servi sur des filets de truite fumée avec de l’oignon et des toasts beurrés. Très Bien

Pinot Noir 2005 – Frédéric Mochel : A la question « quand faut-il boire les rouges d’Alsace », la réponse est invariablement similaire à celle sur les blancs : – ça dépend du millésime et du terroir. Originaire d’un terroir marno-calcaire dans la partie Nord de la région, ce pinot noir murit convenablement dans les années fraîches et ensoleillées, avec un bel équilibre entre maturité du fruit et maturité physiologique. 2001 ou 2008 sont des exemples de beaux rouge frais aux tanins mûrs, harmonieux. Dans le cas d’une année plus chaude comme 2005, la maturation en sucre progresse rapidement, d’autant plus que les rendements sont modérés comme chez les Mochel. Trouver le bon jour de vendanges est alors un exercice difficile, pour combiner à la fois un fruité pas trop mur (et conserver un niveau d’alcool raisonnable) et des tanins mûrs. En 2005 on trouve ce léger déséquilibre assez typique du millésime, avec des arômes de fruits noirs très murs voire cuits, des notes de pruneau et de cerise noire compotés, et en même temps une belle densité en bouche portée par des tanins encore fermes. L’ensemble manque de la légèreté et de ce fruité alsacien inimitable qui caractérise les cuvées légères mais en même temps les tanins sont encore légèrement secs pour une cuvée ample. Idéalement, il aurait fallu déguster ce vin il y a 4-5 ans lorsque le fruits était encore frais, ou alors il faut désormais l’attendre 3-4 ans pour que les tanins fondent, le fruité étant suffisant à mon avis pour que le vin ne sèche pas. En attendant, que faire de la bouteille ouverte ? Tout simplement lui donner matière à réflexion. Quelques beaux morceaux d’onglet de bœuf grillés et un peu de moutarde à l’ancienne lui ont apporté le change, les tanins se mariant à merveille à cette viande gouteuse, et le fruit enveloppant le tout pour donner une belle harmonie. Un fond de verre dégusté sur le dessert (mélange de groseilles, myrtilles et mûres fraîches avec une chantilly) montre qu’il y a encore d’autres accords intéressants avec ce vin. Bien

Tavel 2012 – E. Guigal : un rosé profond et de bonne densité, qui possède la fraîcheur de son jeune millésime avec encore malgré tout une pointe amylique. Gouleyant en été. Bien

Riesling Grand Cru Rangen 1996 – Bruno Hertz : découvert à l’occasion d’une grande horizontale de riesling alsaciens 1996 en 2006, ce vin m’avait bluffé par son équilibre gras et puissant. Puis quelques bouteilles plus ou moins oxydées m’avaient fait penser à possible une évolution rapide. Cette bouteille est restée fraîche, le nez montrant de légères notes pétrolées signe d’une évolution normale à 17 ans d’âge. La bouche est restée ample, d’équilibre sec car portée par une forte acidité qui équilibre les 13g/l de sucre résiduel (qui expliquent aussi les seulement 11% d’alcool affichés sur l’étiquette). La magie des premiers jours n’opère plus mais le vin se déguste encore agréablement. Bien

Pinot Noir Old Oak 2005 – Stentz-Buecher : les nombreuses cuvées originaires du Hengst produites par les vignerons de Wettolsheim feraient presque oublier qu’il y a deux grands crus sur la commune. Stentz-Buecher propose un pinot noir issu du Steingrübler voisin, dans la partie basse du cru qui est plus argileuse. Sur ce grand 2005, la vinification et l’élevage en barrique sont maîtrisés et on retrouve la densité, la chair et le fruité du Steingrübler dans une version rouge très agréable à boire grâce à sa souplesse, à l’instar des gewurztraminers produits sur ce terroir. Les arômes sont nets, fruités sans excès de maturité, avec de la cerise noire, quelques épices douces et une pointe fumée. La bouche se montre souple en attaque, puis dense et charnue avec des tanins délicats et gras. Une longue finale longiligne renforce la sensation de finesse. Un vin élégant, parfait à boire aujourd’hui. Une cuvée qui mérite d’être plus connue. Très Bien

Saint Emilion Grand Cru 2010 – Château la Fleur Picon : belle pureté et bonne densité pour ce vin droit qui se déguste très bien malgré son jeune âge. Un assemblage à majorité de merlot complété par 15% de cabernet franc et seulement 5% de cabernet sauvignon donne un équilibre suave, fruité sans lourdeur. Les tanins sont fins, mûrs et donnent une belle enveloppe. Bien

Sainte Croix du Mont 1959 – Château Lafüe : la robe couleur ambre laisse un instant penser à un vin oxydé, mais le premier nez rassure, c’est le passerillage qui a donné une telle robe au vin. Les arômes sont intenses et nets, avec du caramel au beurre, de la noisette et des fruits secs, ainsi qu’une belle patine due au temps qui apporte de légères notes fumées. La bouche est moelleuse en attaque, dense et confite avec une liqueur encore très présente, conservant un bel équilibre avec de la fraîcheur. Un vin remarquable qui a sublimé un fromage d’Epoisses fermier à parfaite maturité. Excellent

Pinot Gris Grand Cru Zotzenberg 2010 – E. Boeckel : un vin riche et de bonne pureté, à la chair soulignée par une fine acidité typique du millésime. Les arômes de fruits à noyau sont agréables, la bouche est moelleuse mais équilibrée. Il ne manque qu’un peu de caractère pour en faire un grand cru, car ce pinot gris Zotzenberg n’est pas aussi salin que le sylvaner. Le temps apportera de la complexité aux arômes fruités du bouquet, mais ne rendra pas la bouche plus complexe. Avec ce millésime 2010 on gagne en concentration et en finesse sur les millésimes précédents, mais le pinot gris est un cépage difficile pour révéler le caractère du Zotzenberg. Bien

Vin de Savoie Gamay 2009 – Domaine de Vens le Haut : Si la mondeuse du domaine est un exemple typique de grand vin rouge minéral de Savoie, ce gamay étonne par sa maturité, sa concentration et sa pureté, même si l’élevage en barrique lui donne un boisé inhabituel sur un vin de cépage gamay. Le nez est marqué par le toasté, avec des notes de fruits noirs très mûrs à l’aération. La bouche est dense, harmonieuse avec des tanins fins mais bien présents. Complètement à part dans le style des gamays fluets et presque rosés qu’on trouve généralement en Savoie, mais superbement bien fait. Une version légèrement moins boisées serait intéressante à comparer avec les ténors du Beaujolais. Bien

Riesling Grand Cru Saering 2002 – Domaines Schlumberger : une demi-bouteille en bon état, à parfaite maturité, qui combine l’élégance du Saering avec la patine du temps pour donner un équilibre franc et frais. Le nez est marqué par des arômes de citronnelle, avec des nuances fumées très agréables. La bouche est fraîche, légèrement saline, avec une note beurrée en finale. A boire légèrement frais. Bien

Meursault 1er Cru Les Bouchères 2010 – Buisson-Charles : un cru ouvert même jeune, qui possède une profondeur et une finesse de grande qualité. Le nez est délicat, parfumé, marqué par des arômes de fleurs blanches, de beurre et un pointe toastée. L’aération apporte un supplément d’élégance, avec des notes de tilleul. La bouche est ample en attaque, pure et de bonne concentration, avec un équilibre porté par la fraîcheur. L’ensemble est très harmonieux et long, avec une pointe de sésame grillé en finale qui souligne une fine réduction. Un grand vin élevé aux petits oignons, qui révèle déjà jeune sa complexité et sa finesse. Bravo Patrick ! Excellent

Riesling Clos Windsbuhl 2010 – Zind-Humbrecht : parmi mes obscurs objets du désir vinique, les lecteurs de longue date savent l’attachement que je porte au Clos Windsbuhl, ce terroir de calcaire Muschelkalk situé à près de 400m d’altitude à Hunawihr, comprenant différentes parcelles orientées de l’Est au Sud. Les 6 cépages plantés par le domaine Zind Humbrecht permettent d’y produire chaque année une grande quantité de vins secs, demi-secs, moelleux, voire liquoreux et même ultra-liquoreux. Une dégustation attentive chaque année permet toutefois de comprendre que le millésime a une influence forte sur le style des vins, et sur le cépage qui magnifiera le mieux le terroir. Si au Windsbuhl le millésime 2005 a produit un gewurztraminer VT d’anthologie, 2007 a produit un riesling mythique, auquel j’ai immédiatement pensé en dégustant juste après la mise le riesling 2010. Deux ans plus tard, j’avais hâte de le regouter. Le premier nez est fermé, le vin présente un gaz carbonique bien présent, qu’il convient de retirer par un passage en carafe. Se dévoile alors un nez ouvert et intense, marqué par les agrumes frais, les fruits exotiques, la pierre à fusil, avec une légère réduction qui disparait à l’aération. La bouche se dévoile par paliers, avec une attaque franche, vive, mais aussi dense et mûre, qui laisse la place à un équilibre dense et puissant, complètement sec, avec une longue finale saline soulignée par une fine amertume. Déjà abordable jeune, voilà un pur sang de noble origine à faire pâlir nombre de grands blancs des terres calcaires de Bourgogne. Certainement bien parti pour égaler, voire surpasser le très grand 2007, voilà pour moi le plus grand vin blanc sec de l’AOC Alsace dans le millésime 2010. Excellent, voire plus

Côte Rôtie La Turque 2002 – E. Guigal : en dégustant les grandes cuvées 2002 chez Guigal, en fut et en bouteille, j’ai toujours eu une petite préférence pour la Turque dans ce millésime, ce qui est rare puisque je reste souvent plus enthousiaste pour la Mouline. 6 ans plus tard, le vin se présente à son apogée. La robe est profonde, sombre avec des bords légèrement plus clairs. Le nez est ouvert, fumé et lardé avec une note épicée, sur un registre assez sauvage et peu fruité. L’attaque en bouche est souple, puissante puis acidulée, avec un tanin qui reste discret mais termine légèrement sec. Un cran en dessous des très grands 89, 91, 95 ou autres 99, voilà une Turque qui se montre bien malgré un millésime difficile. Un tour de force. Excellent

Côte Rôtie La Mouline 2002 – E. Guigal : La robe est profonde, brillante et sur des nuances noir/pourpre, avec une faible évolution. Les arômes sont nets, fumés et lardés avec une pointe d’olive noire très agréable. La bouche est ample en attaque, dense et charnue avec des tanins fins mais très présents, pour ne pas dire massifs. Contrairement à la Turque, et malgré la présente de viognier dans l’assemblage c’est ici la main de fer dans le gants de velours, mais ce gant doit sortir de la machine à laver et se montre encore rêche. Une journée d’aération en bouteille améliore l’équilibre mais il faudra certainement encore attendre 5 ans pour profiter au mieux de cette cuvée dans le délicat millésime 2002. Sans les tanins on pourrait presque se rapprocher des légendaires 88, 90, 91 ou 95, ce qui montre que les vieilles vignes de syrah sur la Côte Blonde ont bien résisté aux intempéries du millésime. Grande réussite. Excellent

Gewurztraminer Sigillé 1964 – Domaine Baumann : le bouchon d’origine possède encore de l’élasticité, c’est un bon signe. La robe se monte encore très claire, jaune citron avec des reflets dorés, sans trace d’oxydation. Le nez est envoûtant, mélangeant les épices douces, le papier d’Arménie, la mélisse, le citron confit, le miel, avec des notes fumées et des traces de fleurs séchées qui trahissent les presque 50 ans de ce vin. La bouche est sèche, ample avec du gras, une acidité moyenne qui ne nuit pas à l’harmonie d’ensemble. La fin de bouche est de bonne longueur, avec une note anisée et des traces de menthe sèche. Une cuvée sans indication d’origine, dont la profondeur et le Sigille de la Confrérie Saint Etienne permettent de penser qu’il s’agit d’un vin de noble origine, Sporen certainement. Un vin parfait sur des fromages affinés, Munster et Epoisses, mais qui aurait également supporté des gambas flambés ou un curry. Les gewurztraminers de terroir des grands millésimes des années 60 (61, 62, 64, 66, 67, 69) sont mon péché mignon, et une fois de plus on s’est régalé, après un premier échec sur un Clos Zisser 1967 malheureusement bouchonné. Excellent

Gewurztraminer Grand Cru Altenberg de Bergheim 2008 – Domaine Halbeisen : j’ai eu la chance de déguster ce vin lors d’une dégustation de grands crus à l’aveugle il y a quelques années, et sa puissance et sa minéralité l’avaient d’emblée placé au-dessus des autres vins du cru, faisant presque jeu égal avec le magistral Altenberg de la maison Deiss. Le nez possède ce mélange typé de miel, de fruits à noyau mûrs et d’agrumes confits, la bouche est riche, moelleuse mais profonde et portée par une structure acide qui renforce la salinité du vin. La bonne longueur de ce vin confirme son statut de grand vin de terroir. Produit par une très vieille vigne soumise à la rude épreuve de la vie (arrachée depuis malheureusement), qui a produit des rendements probablement très faibles, voilà un grand vin qui sublime sa noble origine, issu d’un domaine pas vraiment sous les feux de la rampe, puisqu’une grande partie de la production est écoulée au restaurant de l’hôtel du Domaine, La Cour du Bailli à Bergheim. Etre un grand dégustateur ne demande pas uniquement de savoir s’extasier devant les belles étiquettes, ni de crier au scandale devant les mauvaises cuvées. Savoir reconnaître un grand vin sans que l’étiquette ne donne un indice probant permet assurément de distinguer les buveurs d’étiquettes des vrais dégustateurs. Excellent

Riesling Herrenreben Cuvée Aurélie Sélection de Grains Nobles 2005 – Domaine Schoenheitz : certains trésors d’Alsace restent décidément bien cachés malgré l’insistance avec laquelle leurs adorateurs tentent de les mettre sur le devant de la scène. Ainsi le terroir granitique du Herrenreben, situé assez haut dans le vallée de Munster, permet au riesling de mûrir lentement et de développer une acidité franche sans jamais être malique, offrant des vins d’une grande densité, pointus et toujours élégants. Conséquence de l’altitude, la récolte forcément tardive permet lorsque le millésime le permet le développement d’un botrytis de qualité. Le Domaine Schoenheitz produit alors des vendanges tardives d’anthologie comme en 1998 ou plus récemment en 2007, et une rare sélection de grains nobles, comme en 1998 ou en 2005. Ce 2005 offre une robe citron claire, signe d‘une grande pureté de botrytis. Le nez est ouvert et intense et dévoile un florilège d’agrumes frais et confits dominés par la mandarine. La bouche est à la fois liquoreuse mais aérienne et soutenu par une acidité intense, résultat de la concentration d’une sélection de grains nobles qui a flétri rapidement. La finale est longue, saline, appelant une nouvelle gorgée. Vin de dessert par excellence, c’est le partenaire idéal de la tarte au citron ou dans notre cas de la tarte aux myrtilles. Un style proche des meilleurs TBA allemands, puissants mais sans aucune lourdeur. Excellent

Muscat Late Harvested 2004 – Brown Brothers (Victoria, Australia) : déguster un tel vin quand on vit en Alsace revient un peu à visionner un diaporama lors d’une soirée « Connaissances du Monde ». Brown Brothers est certes une grosse maison Australienne dont on retrouve les vins partout dans le monde (si ce n’est en France…), et parmi les cuvées de petite taille qu’elle produit on trouve ce muscat récolté tardivement, supposé avoir un style moelleux. Le vin possède une orbe or d’intensité moyenne, encore bien brillante. Le nez est aromatique, plus marqué par des fruits à noyau mûrs que par un vrai botrytis. L’évolution lui apporte des notes de verveine et de raisin de Corinthe. La bouche est moelleuse, légère et charnue, avec une sucrosité modérée. La finale se montre plus exotique, avec des arômes de mangue et de papaye et une note de menthe. Très aérien mais non dénué d’élégance, c’est un vin qu’il aurait fallu boire il y a 4-6 ans de préférence, mais qui s’est bien tenu, signe de la bonne qualité de sa matière. Très Bien

Arbois Savagnin Cuvée l’Oubliée 1999 – Jacques Puffeney : une cuvée de savagnin qui a connu un long élevage jusqu’en 2005, sans que le voile ne se forme suffisamment longtemps pour en faire un vin jaune digne de ce nom. Il en reste une cuvée de savagnin mûre qui a pris une note oxydative délicate au nez, à la façon des vieux savagnins gardés en fût chez Pierre Overnoy. Les arômes de fruits secs, d’épices et de morille sèche forment un nez complexe et élégant. La bouche est dense, fine avec du gras, moins de puissance qu’un jaune mais une touche oxydative marquée en finale. Une belle cuvée très élégante. Très Bien

Sylvaner Finkenberg 2008 – Maurice Heckmann : frais et floral au nez, à peine évolué, sec et de bonne densité en bouche avec une fine salinité, c’est un vin de noble origine, issu d’une vieille vigne malheureusement arrachée depuis. Le style de sylvaner qui devrait être complètement vendu avant la mise en bouteille à 8€ la bouteille départ cave, et qui se vendait péniblement à 5€. A qui la faute ? Un vin exemplaire qui trace la voie de ce que devrait être un vin de soif en AOC Alsace : frais, net, pur, avec du caractère. Très Bien

Pinot Gris Réserve 1993 – Trimbach : Hier encore j’avais vingt ans… Cette chanson me trotte dans la tête en tentant ce fond de cave sur un jambon en croûte et ses crudités. La robe est dorée, sur des nuances or blanc sans excès de jaune. Le premier nez est évolué, il sent les herbes séchées, les fruits secs, la noisette avec une pointe fumée. L’aération lui donne heureusement plus de netteté. Contre toute attente, l’attaque en bouche est assez douce, puis le vin se montre charnu, légèrement salin avec toujours cette légère douceur persistante qui apporte un gras bienvenu. L’étiquette indique 13%, ce qui signifie que le raisin a été récolté bien mur, voir en surmaturité. L’origine de cette cuvée issu de raisins d’achats est certainement variée, mais l’ensemble est encore alerte à vingt ans, avec une bonne tenue à table. Bien

Muscat Grand Cru Goldert 2009 – E. Burn : le bouteille en verre blanc laisse déjà transparaître une robe or blanc, très brillante. Le nez est ouvert, intense et porté par le muscat avec ses arômes de raisin frais, mais aussi une touche de fleurs blanches et de miel d’acacia. La bouche est ronde en attaque, puis fraîche, ample avec une belle minéralité qui contient bien le moelleux. La fin de bouche se montre légèrement amère, avec des arômes de pêche blanche. Un vin de garde qui se boit aujourd’hui sans complexe très jeune sur son fruit (parfait sur du melon accompagné de jambon cru). Moins abouti que le grand millésime 2007, c’est une cuvée qui devrait supporter 10 ans de garde pour devenir un vin de terroir apte à accompagner les produits de la mer à table. Très Bien

Rheingau Riesling Kabinett Trocken 2011 – Weingut Robert Weil (Allemagne) : une robe pâle, un nez ouvert sur les agrumes frais, avec une pointe de silex. La bouche est sèche, acidulée, aérienne et légèrement amère en finale. Un Riesling sec simple mais bien fait, produit en volume par le Trimbach allemand, pour le rendre disponible un peu partout en Allemagne. Facile à boire à l’apéritif avec quelques fines tranches de jambon San Daniele. Bien

Saint Emilion Grand Cru Classé Château Cap de Mourlin 2000 : un Saint Emilion de grande année, ouvert au nez avec des notes épicées et un boisé encore assez présent. Puissant en bouche avec des tanins gras, très présents, porté par le boisé sur cette bouteille malgré le carafage, avec une belle longueur. Très Bien

Pinot Gris Réserve Personnelle 1990 – Kuentz-Bas : une très belle bouteille bien conservée, au bouchon parfait. Robe dorée, brillante, nez ouvert, complexe, avec du miel, de la noisette, du foin, des herbes séchées, des fruits secs, une pointe fumée et une trace de citron à l’aération qui apporte une fraîcheur bienvenue. La bouche est ample, légèrement douce, profonde avec une belle fraîcheur, finissant ample et onctueux dans une longue finale légèrement vanillée. Un grand vin issu des grands terroirs autour de Husseren, parfaitement vinifié, qui serait aujourd’hui le compagnon idéal d’une volaille grillée voire de gibier à plume. Du grand Kuentz-Bas. Excellent.

Vin de Savoie Cru Marestel 2007 – Domaine Dupasquier : une belle robe brillante, légèrement dorée, avec un disque épais annonce un vin qui possède du gras. Le nez est ouvert, parfumé avec des arômes de verveine, de miel de bruyère et de fleurs jaunes, à la fois complexe et patinée. La bouche est ample, dense avec du gras, très pure avec une finale nette de bonne longueur. 2007 est une petite année en Savoie, la fraîcheur de l’année a rendu délicate la maturation des raisins et l’humidité de l’automne a encouragé des récoltes assez précoces pour éviter la pourriture. Néanmoins, quiconque a gravi le coteau de Marestel à pied et observé cette roche calcaire blanche, avant de rendre visites aux ceps centenaire de la plus vieille vigne qui compose le cru chez les Dupasquier, aura compris que même dans un tel millésime le cru Marestel aura produit un grand vin, taillé pour la garde. Très Bien

Côtes du Rhône rouge 2010 – E. Guigal : encore jeune mais déjà dompté, la robe sombre aux reflets violacés laisse place à un nez ouvert de petits fruits très mûrs, fumé et légèrement épicé. La bouche est assez souple, de bonne densité avec des tanins gras pas trop dominants. Un vin simple et plaisant, à garder un an ou deux pour qu’il s’affine. Bien

Pinot Blanc Les Lutins 1996 – Josmeyer : robe pâle aux reflets or vert, le nez est parfumé, strict, marqué par les agrumes frais, des fleurs et une pointe de truffe noire. La bouche est sèche en attaque, puis pus dense avec du gras, une acidité présente mais bien intégrée, donnant un ensemble encore très jeune. Chez Josmeyer on peut ouvrir en confiance toutes les cuvées produites ces 50 dernières années, les cuvées se conservent très bien, voire se bonifient sur les grands terroirs. Voilà un 96 sans acidité malique exagérée, ni note oxydative marquée. Produit par des vignes du Herrenweg et du Rotenberg derrière le Hengst, c’est un vin qui possède de la tenue et qui se boit encore magnifiquement bien. De fines tranches de chorizo sur du pain toasté et beurré ont procuré un superbe accord. Bien

Pinot Gris Grand Cru Steinert 2007 – Cave de Pfaffenheim : Un cru de belle personnalité, puissant avec un moelleux bien intégré, parfait sur des cèpes poêlés. Ce millésime 2007 montre beaucoup de caractère, et une belle maturité avec des arômes de fruits à noyau, de miel et de vanille. La bouche est ample, moelleuse en attaque puis portée par la puissance du cru, avec une finale acidulée de bonne longueur. Très Bien
La cave de Pfaffenheim a connu son heure de gloire dans les années 80, quand sous l’égide de l’œnologue et directeur technique Michel Kueny le chais avait complètement été transformé, en faisant une des caves les plus modernes d’Alsace. 30 ans plus tard, si la qualité n’a pas beaucoup évolué depuis ces années glorieuses, cela signifie que relativement aux progrès réalisés par les autres domaines la cave est désormais un peu derrières celles qui ont fait leur évolution technologique plus récemment (Bestheim, Wolfberger, Traenheim, Ribeauvillé pour n’en citer que quatre). La bonne communication et quelques vins de marque assemblant les cépages et les crus ont permis de conserver une bonne visibilité sur le marché, mais il est temps de passer au 20e siècle. Ces dernières années, un changement notable a été remarqué sur le tarif de la cave, comprenant plusieurs dizaines de références. Le classement historique par cépage est désormais remplacé par un classement par gamme, les lieux dits et grands crus étant présentés dans une section à part, classés par terroir plus que par cépage. Si l’effort traduit une volonté de revenir sur une exploitation plus qualitative des terroirs, alors le fer de lance du renouveau de la gamme est sans conteste le pinot gris du Grand Cru Steinert, en particulier le millésime 2007 qui se montre exemplaire.

Nuits Saint Georges 1er Cru Les Damodes 1985 – Domaine Machard de Gramont : une bouteille mûre et complexe qui s’accorde parfaitement bien avec les premiers frimas de l’automne. La robe est dense, profonde avec des bords tuilés. Le nez est parfumé, déjà évolué, avec des arômes de caroube, de suie, de champignon sec, évoluant à l’aération sur des notes plus fruitée, de cerise noire et de groseille. La bouche est pure, ample avec des tanins fondus mais encore fermes, donnant une belle structure à l’ensemble. Un vin à maturité, complexe et légèrement austère, parfait sur des boulettes de renne en sauce servies sur des pâtes à l’épeautre. Vive les premiers frimas, les brouillards matinaux, les feux de cheminées et la cuisine de saison qui s’amorce ! Très Bien

Riesling Grand Cru Zinnkoepflé 2005 – Léon Boesch : La robe très dorée n’annonce pas grand chose de bon, et le premier nez est effectivement oxydé, marqué par les fruits cuits, la cire avec des notes fumées. Un carafage énergétique vient à la rescousse de ce vin et lui redonne du peps : les pommes se font plus nettes, façon tarte tatin, et on retrouve des notes de noisette et de fleurs séchées qu’on retrouve assez souvent dans la majorité des vins sans soufre, quel que soit la région, le cépage ou le terroir. La bouche est ample, riche avec un caractère souple qui adoucit l’acidité mais diminue aussi la fraîcheur. Toujours cette impression de manger de pommes cuites, et surtout je ne retrouve pas le terroir du Zinnkoepflé, sa pureté et sa salinité. J’avais très bien noté ce vin à sa sortie, mal m’en a pris, car l’évolution lui fait prendre un caractère très différent de ce que j’avais anticipé. Il faudrait indiquer clairement « vin sans soufre » sur la bouteille pour que le consommateur sache à quoi s’en tenir, et surtout le stocker en chambre froide dès la sortie du domaine. A réserver aux amateurs de ce style de vin de fruit. Bof

Riesling Cuvée Particulière 1982 – Léon Beyer : La robe est légèrement dorée mais montre une belle brillance et possède des reflets verts. Le nez est parfumé, net et évolué, avec des notes de pain grillé, de menthe sèche, puis d’agrumes frais, de cire et une pointe d’hydrocarbure. La bouche est franche, de bonne densité pour un millésime réputé pour ses hauts rendements, et a conservé une belle énergie. Un vin encore plein de peps, qui se boit facilement à 30 ans passés. Une cuvée ancêtre des cuvées des Comtes d’Eguisheim, originaire probablement des vignes propres du domaine. Bien

Gewurztraminer Gaensbrönnel 1976 – Domaine Hering : nez complexe, citronné avec des épices, de l’encaustique, du miel sec. La bouche est ample, de bonne pureté, profonde avec de la longueur. Une belle bouteille bien conservée. Très Bien

Riesling Grand Cru Brand 2001 – Zind-Humbrecht : une demi-bouteille franche et stricte en même temps, de robe soutenue avec un nez à la fois fruité et minéral, dans un style moins surmuri que sur la précédente bouteille bue. La bouche est dense, de style sec avec du gras et une pointe de silex, portant la minéralité du cru très loin dans la longue finale. Le Brand possède son côté granitique mais également une zone plus marno-calcaire du côté du Schneckelsbourg, c’est certainement cette partie des vieilles vignes du domaine qui ressort le plus en ce moment dans le millésime 2001. A essayer sur un filet de bar. Très Bien

Riesling Clos de la Folie Marco 2010 – Domain Hering : je reste emballé par ce terroir qui produit un bon sylvaner et un bon riesling de caractère chaque année, l’un des deux cépages produisant un vin plus abouti en fonction du millésime. Si le Sylvaner sort gagnant en 2009 comme souvent dans les millésimes chauds, en 2010, le Riesling est la star de ce Clos de la Folie Marco, avec une robe pâle, un nez très fruité marqué par les agrumes, la fleur d’oranger, une pointe de silex, sur un équilibre simple mais ouvert et très pur. La bouche possède un caractère pur et cristallin savoureux, une acidité franche mais mûre, et une bonne densité qui produit une finale de bonne longueur. Peut-être pas le plus grand vin produit en Alsace dans ce millésime, mais quand on cherche un riesling de caractère, le genre dont on a envie de boire plus qu’un verre, voilà probablement une des plus belles réalisations alsaciennes du millésime. Et à 6,40€ la bouteille TTC départ cave, c’est forcément une des plus belles affaires de la région, et donc un énorme coup de cœur de l’année. Cela commence à se savoir… Très Bien

Gewurztraminer Vieilles Vignes 2007 – Domaine Landmann : une bouteille que je me suis empressé de chercher au domaine, avant que les étiquettes finales ne soient imprimées, tellement j’avais été emballé par le caractère aérien, frais et fruité de ce gewurztraminer de Nothalten. Quelques années plus tard, le charme opère toujours, avec une robe or blanc, des arômes de fruits à noyau, de vanille avec une pointe de banane, et une bouche franche, acidulée, au moelleux bien fondu. Le caractère gras et onctueux du millésime 2007 se combine à merveille avec l’acidité du terroir en majorité gréseux pour donner un vin fruité au moelleux bien fondu. Parfait sur un Kougelof maison. Très Bien

A la Vignette : Pinot Gris Grand Cru Muenchberg A360P 2009 – André Ostertag : une belle bouteille de Muenchberg qui s’ouvre doucement après aération. L’élevage en barrique est discret et apporte une fine touche toastée au nez de froment et de fruits à noyau. La bouche est saline en attaque, dense et sèche avec du gras, évoluant sur un équilibre pur et ample. La chair se dévoile lentement, la finale se montre à nouveau plus acidulée. Encore jeune mais déjà accessible grâce à un bouche bien ouverte, c’est un vin excellent sur une terrine de foie gras, un saumon mariné voire des gambas au risotto comme dégusté ce soir au restaurant La Vignette à Strasbourg. Excellent

Chasselas 2012 – Paul Blanck : fruité et frais, charnu et acidulé comme un riesling, voilà un vin de fruit croquant et frais qui se boit facilement. Parfait accompagnement d’un buffet froid. Très Bien

Gigondas 2007 – Château du Trignon : une bouteille bue dans le restaurant Lapon de Helsinki, qui possède une belle carte des vins sobre et adaptée aux plats régionaux. Belle maturité, arômes de fruits rouges compotés avec une note de cerise noire, bouche ample aux tanins soyeux, fruitée sans excès d’alcool. Beaucoup d’élégance, et suffisamment charpenté pour accompagner un beau filet de renne grillé accompagné de chanterelles et de purée aux airelles. Très Bien

Riesling Grand Cru Wiebelsberg 2008 – Guy Wach : une version récoltée en surmaturité, encore marquée par le fruit.
Pur au nez avec des arômes de fumée et de fruits à noyau, gras et dense en bouche avec une salinité assez discrète masquée par la douceur. L’ensemble reste frais mais à ce stade de son évolution, c’est plus un vin à réserver sur une terrine de foie gras d‘oie un à un dessert qu’à un poisson de rivière. A garder 3-4 ans encore. Bien

Riesling Grand Cru Wiebelsberg 2008 – Pierre Koch et Fils : un riesling plus classique qui exprime un peu de son origine. Le nez est pur, marqué par les terpènes, donnant une association d’agrumes et de léger pétrole très riesling. La bouche est sèche et fraîche en attaque, puis de bonne densité avec du gras, fruitée et légèrement amère avec le caractère agrume qui se prolonge dans la finale. Une légère salinité se détache en finale rappelant le terroir gréseux du Wiebelsberg. Mais l’ensemble sans aucune surmaturité est marqué par le cépage, on boit un bon riesling sec et franc. Un vin à maturité, qui va certainement pétroler dans 3-4 ans. A boire bien avant le Wiebelsberg 2008 de Guy Wach, sur un filet et de truite fumée par exemple. Bien

Gevrey-Chambertin 1er Cru Lavaux St-Jacques 2008 – Harmand-Geoffroy : Un beau vin encore dans sa prime jeunesse. Robe encore jeune, brillante et opaque. Le premier nez est épicé, légèrement fruité avec une intensité moyenne, se dévoilant plus amplement à l’aération. La bouche est dense, parfumée avec des tanins encore serrés qui donnent une légère austérité. L’ensemble possède du fond et convient parfaitement bien à la chair filandreuse d’un morceau d’onglet poêlé. Très Bien

Pinot Gris Clos Jebsal 2001 – Zind-Humbrecht : une demi-bouteille à apprécier pour elle-même… . Insondable Clos Jebsal… La robe est dorée comme une VT 2000, le nez est très mur, avec des notes de prune, de pêche, de miel, et une agréable note de noisette qui vient alléger le bouquet. La bouche est riche, ample, plus corsée à ce stade que moelleuse, avec du gras et une empreinte légèrement amère en finale. Le caractère du Clos Jebsal finit par s’affirmer avec le temps, et on est loin d’un simple vin de dessert à boire sur une tarte aux fruits. Derrière l’apparente facilité de dégustation des VT et SGN produites depuis 1983 sur ce terroir de marnes à Gypse situé en contrebas du Grand Cru Brand, le style réel du vin s’exprime après dix ans et le vin prend un complexité ainsi qu’une austérité qui peut surprendre. Je pense qu’on n’a pas encore réussi à trouver le met idéal qui révélera cette face sombre du caractère du vin, faute de millésimes anciens en nombre suffisant sans doute, pourtant il y a fort à penser que ce Clos a plus à dire que son positionnement dans la gamme des vins du domaine ne le suggère… Très Bien

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