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Diner Bourguignon

Dîner Bourguignon
10 décembre 2005

Profitant d’un passage dans la région, nous avons passé une superbe soirée en bonne compagnie chez notre ami Filduf. Patessa et madame n’ont pas tardé à nous rejoindre pour apprécier la cuisine raffinée d’un Filduf en grande forme, et la sélection de vins qu’il avait préparé. Nous avons redégusté les vins le lendemain midi après bouchage et conservation à température de cave.


 



Champagne Fleur de Mareuil BSA – Roger Pouillon : la robe est assez foncée, dense sur des nuances paille.  Le nez est parfumé, avec du biscuit, des fruits secs et un léger rancio qui fait penser à un brut 1988. La bouche est sèche, peu dosée, avec une bonne concentration et un peu d’amertume en finale. Voilà un champagne sec qui se déguste bien en apéritif, mais qui plaira plus aux amateurs du genre qu’au tout-venant. Très Bien


Riesling Vent d’Est 2002 – Domaines Schlumberger : la robe est pâle avec des reflets verts, brillante. Le nez est fruité, très riesling avec des arômes muscatés et des notes de coquille d’huître. La bouche est fruitée, assez grasse et très minérale. Le vin est très sapide, un verre en appelant un autre. Un vin qui parait simple en apparence, mais qu’on ne peut s’empêcher de boire. Se tient encore très bien le lendemain. Très joli vin. Très Bien


Riesling Grand Cru Kitterlé 2001 – Domaines Schlumberger : la robe est jaune paille assez foncé. Le nez est minéral avec des notes de miel. La bouche est très, puissante, avec une forte minéralité, une acidité un peu masquée par la forte matière, et beaucoup de gras. Le vin parait un peu déséquilibré à ce stade, même si sa forte concentration le rend déjà très plaisant à boire.  Attendons 3-4 ans et parions qu’il sera un des plus grands rieslings de l’année ! Très Bien


Meursault Vieilles Vignes 2004 – Buisson-Charles : Le nez est très parfumé, floral et légèrement boisé. La bouche est grasse, pure avec une acidité assez marquée. Difficile de passer après deux rieslings. Ce soir ce sera « Bien ». Le lendemain, le Meursault sera goûté en premier et sa finesse et ses charmes le rendront « Très Bien ».


Roussette de Savoie Altesse 2000 – Prieuré Saint-Christophe (Michel Grisard) : Le nez est parfumé, légèrement évolué avec des arômes de pierre à fusil, d’anis, un léger boisé et des notes iodées. La bouche est sèche, dense et grasse, avec une acidité présente qui donne beaucoup de finesse tout en tapissant la langue. Le vin est net, pur, sec et assez vif. On pense à un bourgogne blanc, je reste dubitatif. Le lendemain le caractère savoyard se révélera beaucoup plus. Un vin à gros potentiel de vieillissement. Bien


Hermitage 1994 – E. Guigal : le nez est très mûr, légèrement oxydatif, avec des arômes de fleurs séchées et des notes mentholées. La bouche est sèche, assez vive avec une acidité malique qui rappelle de la pomme verte, puis développe beaucoup de gras et beaucoup de densité. La fin de bouche est longue. Un vin de beaucoup de caractère, typé hermitage. Superbe équilibre, qui ne bougera pas le lendemain, gagnant même encore en précision. Très Bien


Puligny-Montrachet les Champs Gains 1992 – Olivier Leflaive : Le nez est complexe, mûr comme un vieux chardonnay, avec des arômes de cire, de beurre, de pierre à fusil, encore soutenu par un boisé discret. La bouche est corsée, beurrée, avec un caractère presque huileux qu’on retrouve dans de nombreux bourgognes en 1992. La longue finale prend des notes de caramel. Un bourgogne à maturité, plus marqué par le millésime que par son village d’origine. Bonne tenue à l’oxydation, le lendemain cet équilibre gras et fin se trouve même une nouvelle fois renforcé. Très Bien


 


Photo : Puligny-Montrachet, un vin en dentelle – l’étiquette aussi


Givry Champ Lalot 2003 – Faiveley : passage au rouge avec ce premier vin jeune. La robe est rouge grenat, brillante et profonde. Le nez est parfumé, fruité sur des notes de cerise, de violette et de fleur de sureau, légèrement réduit à l’ouverture. La bouche est jeune, tannique, un peu sèche avec une  bonne acidité. La finale est très mure avec des notes de vernis, mais un peu courte. Un vin un peu ferme dans son jeune âge, qui deviendra plus souple le lendemain avec une journée d’aération. Bien


Griotte Chambertin 1999 – René Leclerc : la robe est rouge rubis, très éclatante. Le nez est parfumé, très pinot, doux avec une bonne maturité. La bouche est pure, fondue, encore jeune avec une acidité assez présente. Les tanins sont un peu secs en finale et le vin parait moyennement complexe pour un grand cru. Il faudra attendre à nouveau le lendemain pour que le vin s’assouplisse en bouche, devienne très dense et franc, et retrouve son caractère de Grand Cru. Très Bien


Volnay 1er Cru les Caillerets 1999 – Lucien Boillot : la robe est très profonde, colorée et éclatante. Le nez est parfumé, évoque le chocolat, la cerise à l’eau de vie et la suie. La bouche est sèche, puissante avec une acidité assez marquée. Les tanins sont jeunes frais et très fins, donnant une impression de grand vin encore jeune et doté d’un gros potentiel. On pense à un grand cru de la cote de Nuits, et on est sur un des plus beaux terroirs de la Côte de Beaune. Le lendemain le vin s’ouvre un peu mais reste encore sur la réserve. Gros potentiel, même si le vin se boit actuellement moins bien que le Volnay les Angles 1999 du même domaine. Très Bien


Cornas 1990 – Thierry Allemand : la robe est rouge-noir, avec des nuances café. Le nez est très parfumé, ouvert et complexe, avec des notes d’olive noire, de cassis, d’épices, de truffe blanche, de cacao et de lard fumé. La bouche est souple, mûre, dense avec un coté épicé marqué. La fin de bouche est très fine. A l’aveugle je le rapproche du Crozes-Harmitage Thalabert 1990 de Jaboulet bu ce printemps. Le millésime donne beaucoup de maturité au vin, qui reste sec et un peu vif. Une superbe bouteille. Excellent


Beaune 1er Cru Grève 1970 – Domaine Moillard : La robe était jolie, le bouchon intact, et puis patatras : le vin est sérieusement bouchonné, au nez et encore plus en bouche. On sent quand même une texture riche et très souple, presque sucrée en bouche. Le vin était très loin d’être décharné, et certainement encore en très grande forme. Non Noté


Pauillac 1989 –Château D’Armailhac : La robe est noire, légèrement acajou sur les bords. Le nez est assez parfumé, mûr, mais aussi animal avec des notes d’encre, pas trop convaincant. La bouche est sèche, grasse et puissante, avec des tanins gras. Le vin ne s’exprime pas très bien, on hésite entre bordeaux et bandol. Noté Bien samedi soir. Il faudra attendre le lendemain pour que le nez devienne très net, très pur, avec des notes de mines de crayon, et que la bouche devienne plus souple, dense et grasse avec une jolie expression de Pauillac qui irait très bien sur une épaule d’agneau rôtie. Très Bien


Hermitage 1990 – Jean-Louis Chave : le nez est discret, avec des notes de fruits rouges et de cuir. La bouche est mure, souple et fondue, avec une bonne acidité. Progressivement le vin dévoile une grande finesse, mas on a du al à le situer : Bordeaux, Bourgogne, Rhône ? Par rapport au Cornas il est moins typé Syrah, et derrière le Pauillac il parait même très fruité. Je garde l’impression d’être passé à coté de ce qui devrait être un monument. Ce soir là la bouteille était belle mais pas extraordinaire. Malgré tout, le lendemain nous ne pourrons rien faire d’autre que de sentir la bouteille vide ! Très Bien



Photo : Quand Filduf tient une bonne bouteille, il ne la lâche plus ! Briduf voulait la lui prendre ?


Au petit jeu des dégustations à l’aveugle, les vins de Bourgogne ont encore une fois montré que l’aération jouait un rôle important dans l’appréciation des vins jeunes. Les vins rhodaniens étonnent toujours par leur finesse, a fortiori lorsqu’on les boit le même soir à coté de bordeaux et bourgognes.


Thierry Meyer