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Les Vins du mois d’Octobre 2004

Compte rendu des vins dégustés en octobre 2004 à différentes occasions.

Saint-Emilion Grand Cru 1998 – Château Raby-Jean Voisin : le robe est rouge sombre, avec des bords un peu plus clairs. Les larmes sont très grosses sur et le disque épais. Le nez est parfumé, avec de légères notes toastées du bois neuf mélangées à des fleurs séchées, des épices et du pruneau. La bouche est riche avec des tanins murs, un joli fruité en milieu de bouche tout en restant sec en finale. La fin de bouche prend des arômes de chocolat amer, de réglisse et de fruits rouges. Un vin qui arrive doucement à maturité, très plaisant à boire. Un château que j’ai découvert par le millésime 95, et qui se montre très bien en 1998.



Cotes du Rhône 1996 – E. Guigal : Toujours un plaisir de goûter ce millésime. La robe est dense et soutenue, foncée avec des bords un peu plus clairs sans trop devenir orangés. Le nez est assez discret à l’ouverture de la bouteille puis prend des notes de fruits rouges et d’épices (laurier, poivre) assez intense. La bouche est riche et corsée, avec des tanins présents et un fruité un peu en retrait. C’est peut-être les deux heures de voiture qui ont précédé cette dégustation qui ont rendu le vin un peu moins souple que d’habitude. Néanmoins, la densité est là, le vin est à peine évolué et supportera encore quelques années de garde. Mon carton de 12 arrive tout doucement à sa fin malheureusement… un bon Cotes du Rhône du vendredi soir, sympathique compagnon d’une tarte fine aux tomates et à la mozzarelle.


Riesling Clos Saint Landelin SGN 1990 – René Muré 1/2: le foie gras de la Taverne Alsacienne appelle un vin à la hauteur de sa finesse et de sa complexité. La robe est jaune dorée, profonde et brillante. Le nez est remarquable de complexité, mélangeant des notes de pêche des vignes, de mangue et d’ananas rôti avec une minéralité très marquée et des notes légères d’hydrocarbure. La bouche est moelleuse sans paraître trop sucrée  (on parie plus sur 30-40 g/l de SR alors que le vin doit en avoir plus), avec une fine acidité typique des rieslings SGN qui lui donne beaucoup de finesse. Le bouquet du nez se développe en fin de bouche avec cette combinaison idéale entre la pureté des arômes de pêche et la minéralité mélangée à l’évolution qui donne de la complexité. Du même niveau que le riesling Grand Cru Muenchberg SGN 90 d’Ostertag. Bu en demi-bouteille cette fois (54 euros à la Tavrne Alsacienne), on goûtera le même vin en grande bouteille lors des 24h du riesling 2004 à la fin du mois.


Riesling Jubilée 1985 – Hugel et Fils : Issu du Grand Cru Schoenenbourg, et bu après le riesling SGN 90 de Muré, le changement de style est brutal. La robe est jaune pâle avec des reflets verts. Le nez est initialement discret à cause de la température fraîche du vin. En dépassant les 11 degrés, le bouquet très parfumé, avec des notes d’hydrocarbure, de foin coupé et de suie. La bouche est sèche, moyennement corsée, et développe un certain gras lorsque le vin monte en température. L’acidité est sensible mais pas exagérée. La finale est longue et minérale, on sent le terroir dans cette bouteille. L’archétype du grand riesling sec à associer avec de beaux plats de poisson (ragoût de lotte et st-jacques aux girolles, de chez qui–vous-savez !).



Zind 2001 – Zind-Humbrecht : une robe jaune citron assez soutenue. Le nez est très parfumé, avec des notes de pain grillé, houblon, fruits blancs, très Zind. La bouche est acidulée en attaque, riche et mure, avec une acidité un peu tranchante qui rappelle le pamplemousse. On sent une petite amertume en finale. Un vin très concentré qui étonne par le mélange maturité/vivacité. Préparez un plat copieux pour accompagner ce vin.



SylvaneR 1999 – Zind-Humbrecht : robe jaune dorée, mure, du gaz visible dans le verre. Le nez est parfumé, minéral et un peu iodé. La bouche est riche et mure, florale, acidulée avec une certaine amertume. Un sylvaner de terroir comme c’est sympathique d’en boire de temps en temps. Plus un bel exercice de style qu’un grand vin à mon avis, le riesling Rangen 99 a plus de complexité. Mais c’est vrai que ce dernier coûte 4 fois plus cher…



Nuits Saint-Georges Les Argillats 1997 – Faiveley : La robe est rubis, brillante sans trop d’opacité. Le nez est parfumé, fruité avec des arômes de fraise et de cassis, derrière des notes de sous bois. La bouche est assez souple pour le millésime, avec une acidité assez sensible et des tanins gras. La fin de bouche oscille entre le fruit et l’acide. Cette bouteille se présente moins bine que celle bue ce printemps, mais elle a voyagé deux jours en voiture avant d’être ouverte, je me demande si cela n’a pas secoué le vin un peu trop.  J’avais opté pour 97 et non un millésime plus vieux en pensant aux deux jours de voiture, ce n’est peut-être pas suffisamment jeune. A regoûter une bouteille fraîche sortie de la cave.


Meursault 1999 – Domaine Buisson Charles : Un Meursault 1999, simple village, qui possède une robe jaune assez dense avec des reflets verts. Le nez est minéral mais possède également des notes de noisette très agréables. Le coté floral de ses jeunes années s’estompe doucement et le bouquet gagne en complexité avec le vieillissement. La bouche est sèche, dense et moyennement grasse. Plutôt une bonne densité qui s’attache sur la langue, avec une acidité pas du tout agressive mais bien présente. Le poulet au colombo en était presque écrasé, et dire que j’avais peur que ce soit l’inverse !


Jurançon Sec Chant des Vignes 2002 – Domaine Cauhapé : Robe jaune citron, assez soutenue avec un disque épais. Le nez est parfumé, sur des arômes de citron vert et de fruit de la passion, avec un coté un peu végétal. La bouche est vive en attaque, assez dense avec une amertume pas désagréable qui accompagne les sensations acidulées. La finale est assez longue mais un peu simple. Un vin qui a beaucoup de fraîcheur.


Champagne BSA Grande Cuvée – Krug : La robe est jaune paille assez foncé, avec des bulles très fines qui forment une collerette persistante. Le nez est très parfumé, avec des arômes de fruits secs et de noisette, et des notes de champignon. La bouche est corsée et sèche, avec une persistance aromatique intense et des arômes de noisette qui accompagnent la finale. Un champagne qui se déguste à l’apéritif, puis qui s’apprécie à table : Saumon cru mariné, filet de saumon en tournedos aux champignons, saint jacques poêlées aux morilles et jus de truffe, les accords sont à chaque fois presque parfaits !


Pinot Gris Sélection de Grains Nobles 1989 – Gustave Lorentz : une « cuvée exceptionnelle » probablement issu de l’Altenberg de Bergheim, qui m’avait séduite lors d’une dégustation, au oint d’en acheter une demi-douzaine de bouteille en ce début d’année. La robe est dorée, assez dense et brillante. Le nez est parfumé, complexe, avec des arômes de miel, pêche et d’épices, avec une touche de champignon. La bouche est mielleuse et liquoreuse, tout en conservant beaucoup de finesse, on sent encore une bonne acidité. Le milieu de bouche devient un peu alcooleux, et prend une légère amertume. La fin de bouche est longue et sucrée, tout en conservant cette légère amertume.


Je suis très enthousiasmé par cette cuvée qui ma rappelle les meilleurs pinot gris SGN 89 du domaine Zind-Humbrecht. Pour prouver on point devant mes amis, je sors une demi-bouteille pour comparer :


Pinot Gris Heimbourg SGN 1989 – Zind- Humbrecht : la robe est beaucoup plus soutenue, encore plus brillante. Le nez est littéralement explosif, avec des arômes d’abricot très purs, du pralin, le grain rôti révèle la perfection des grands liquoreux, les 15 ans d’âge magnifient le millésime 1989 qui n’a pas pris une ride. En bouche, c’est l’assaut final : la concentration ne s’exprime pas uniquement sur le miel mais devient plus proche du nectar d’abricot et de pêche, la concentration est très forte, et l’acidité est plus sensible que dans le premier vin, ce qui donne beaucoup de légèreté. La fin de bouche est très persistante, sur les arômes de fruits et de surmaturité avec un fondu exceptionnel.


La comparaison met en évidence l’écart important entre ces deux cuvées. Au point que le retour sur le premier vin se montre sévère. Après le fruité du Heimbourg, le premier nez sur le vin de Lorentz laisse apparaître des notes de radis noir, peut-être l’expression d’une pourriture pas noble à 100%. Un comparatif sévère pour le premier vin qui semble extraordinaire en dégustation simple, mais qui ne souffre pas de la comparaison avec le second. Il me reste les deux cuvées en cave, je me réjouis de les faire goûter à d’autres personnes tellement une telle dégustation comparative est enrichissante.


 


Thierry Meyer