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Zind-Humbrecht 2012 : Les notes du domaine

Chaque année, la dégustation du dernier millésime en bouteille au domaine Zind-Humbrecht donne le ton d'un millésime en Alsace. Parce que le domaine a poussé très haut la qualité des vins d'Alsace, mais également et surtout car le domaine possède des parcelles sur des terroirs à la géologie variée de Hunawihr à Thann, allant des graves au granit, du marnocalcaire au calcaire, en passant par les grès ou les terres volcaniques. Le tout agrémenté de plusieurs cépages sur chaque terroir, permettant de juger de l'adéquation de chaque couple cépage/terroir dans le réalisation des vins les plus aboutis, en fonction de la manière dont le climat a permis d'optimiser le cycle de maturation de la vigne.

En complément d'une production vaste, le domaine se distingue également par des notes écrites par Olivier Humbrecht, qui raconte son millésime, en détaillant chaque cuvée tant d'un point de vue historique qu'analytique, comme personne d'autres en Alsace. Les textes, disponibles depuis 1996 en français et en anglais, sont publiés sur oenoalsace.com depuis leurs débuts, en faisant une mine d'information pour les amateurs des vins du domaine, qui ne se souviendront plus de mémoire du style plus ou moins riche des centaines de vins produits ces 15 dernères années.

Thierry Meyer

Le millésime 2012
(Texte d'Olivier
Humbrecht, Domaine Zind-Humbrecht)

Colmar a été nommé ville la plus sèche de France en 2013, sur la base des moyennes de pluviométrie des 10 dernières années. Cela peut paraître impossible suite aux pluies importantes en Alsace durant certains mois de l’année 2012. En fait, 2012 apparaît comme un millésime très contrasté entre différentes zones et périodes de l’année.
L’hiver était très sec, avec seulement 5mm de pluie en février pour exemple, et termina bien au-dessus des températures normales en mars. Un temps pluvieux et plus froid en avril repoussa le débourrement à la fin du mois, surtout dans les secteurs plus en altitude comme le Rangen à Thann ou le Clos Windsbuhl à Hunawihr. La floraison fut aussi retardée suite à de nombreux épisodes de pluie et quelques orages en mai, pour finalement vraiment s’enclencher mi-juin, même si quelques fleurs éparses étaient déjà visibles fin mai dans les secteurs précoces. Un temps froid et humide perturba la floraison qui ne put finir avant fin juin. Le risque de coulure et millerandage était important, mais en fait il n’y avait plus de crainte que de mal.
Juin et juillet étaient très humides, surtout à Thann (232mm entre juin et juillet), avec une pluviométrie bien supérieure à la moyenne décennale. Les épisodes de pluies étaient très rapprochés et rendait les interventions dans le vignoble très difficiles, surtout pour la lutte contre les maladies fongiques. En culture bio-dynamique, seuls sont utilisés des produits de contact (cuivre, soufre, tisanes, préparations…) qui sont rapidement lessivés en cas de pluies importantes. En année normale, nous enregistrons une utilisation moyenne de
1 à 1,5kg/ha de cuivre métal (pour lutter contre le mildiou) or la campagne de l’année 2012 fut terminée avec une moyenne de 2,5kg/ha, car les traitements étaient souvent renouvelés après les pluies lessivantes. Ce résultat reste quand même honorable dans la mesure où l’objectif est de finir l’année en dessous des 3kg/ha, dose à laquelle le cuivre devient un métal polluant car le métabolisme du sol n’arrive plus à gérer une telle quantité. Début juillet, le Rangen subi une grêle importante qui fit tomber 50% de la récolte.
En août, les vignes retrouvèrent un temps chaud et plus sec, pour finalement atteindre des températures caniculaires à la fin du mois. Par la suite, le temps fut très sec, surtout sur Turckheim et Hunawihr (il y eu quelques petites pluies sur Thann début septembre). Ce changement radical de temps fut une belle surprise et rapidement la nature commença à exprimer des signes de stress hydrique dans les sols plus pauvres.
Les premiers prélèvements de maturité, encourageants, montraient des résultats très similaires à 2005, ce qui laissait entendre un début de vendange assez tôt sur les secteurs précoces. Ce qui se passa par la suite reste encore un mystère. Une météorologie très favorable permis aux raisins d’atteindre une parfaite maturité physiologique en restant très sains, mais la richesse en sucres (maturité technologique) évolua très lentement, à notre grande surprise et peut être satisfaction, si bien sur l’objectif était de produire des vins secs.
Les Vendanges commencèrent au domaine le 17 septembre pour finir, tardivement, le 24 octobre 2012. Les potentiels alcools augmentant très lentement, surtout pour le Riesling, il était nécessaire de parfois attendre plus longtemps que prévu. Un épisode pluvieux mi-octobre interrompit la récolte pour quelques jours et les parcelles récoltées par la suite avaient toutes développé un peu de pourriture, noble ou grise selon les terroirs. Le profil de l’année n’étant pas propice aux vins de grande concentration (VT/SGN), l’ensemble du domaine fut récolté rapidement.

2012 sera caractérisée par des vins purs et élégants, ayant moins d’alcool acquis, de belles acidités bien mûres et beaucoup de vins secs, surtout en riesling. La moyenne de récolte du domaine en 2012 est de 51hl/ha avec une moyenne de 26hl/ha pour les Grands Crus.

Indice: Niveau de sucrosité au palais. Cette note essaye de combiner les sucres résiduels, l’alcool, l’acidité et la structure générale du vin pour mieux en comprendre son style. Il est clair que cette perception peut varier d’une personne à l’autre et cet indice n’est là que pour éviter d’éventuelles erreurs de service du vin. 
Echelle de 1 à 5 :

  • 1 : vin techniquement sec ou se goûtant sec.
  • 2 : pas techniquement sec, mais les sucres ne sont pas apparents de façon évidente au palais. Certains dégustateurs peuvent trouver une légère rondeur en fin de bouche. Ces vins se goûteront sec avec un certain vieillissement en bouteille.
  • 3 : sucrosité moyenne, plus importante dans la jeunesse du vin, qui s’estompera progressivement avec l’âge.
  • 4 : vin moelleux.
  • 5 : Vin moelleux, très proche d’une vendange tardive.

Alc : alcool acquis en fin de fermentation, SR : sucres résiduels. g/l H2SO4 : acidité totale exprimée en acide sulfurique.

Pinot Blanc 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 2/2013, Alcool acquis: 12.9°, SR : <2 g/l, 2.9 g/l H2SO4, pH: 3.5; Rendement 80 hl/ha, Optimum de dégustation: 2013/2017, Age moyen des vignes: 37 ans, Terroir: calcaire oligocène et graves, Indice 1.
Comme beaucoup de millésime précédents, le Pinot-Blanc 2012 est produit  partir d’un assemblage d’Auxerrois (70%) et de Pinot-Blanc (30%) en provenance de nos vignobles du Herrenweg (Turckheim) et du Rotenberg (Wintzenheim). L’assemblage de ces deux cépages est une ancienne tradition qui a fait ses preuves en Alsace. Le Pinot-Blanc, plus tarif et produisant des vins plus stricts a souvent besoin de la richesse de l’Auxerrois et son expression aromatique plus ouverte. De même, le terroir marno-calcaire tardif du Rotenberg apporte à l’ensemble un soutien acide pour une meilleure structure. En 2012, les raisins étaient récoltés parfaitement mûrs et présentaient une maturité de peau exemplaire résultant d’un très beau mois de septembre. Une maturité raisonnée aura aussi permis à ce vin de fermenter sec, assez rapidement, nous autorisant une mise précoce pour la préservation du fruité.
2/2013: encore toujours sur ses lies, ce vin présente déjà de très beaux arômes et fruits blancs ainsi qu’une petite note de grillé. Il bénéficiera encore d’un peu de temps et d’aération. Le palais est techniquement sec mais sans amertume ou acidité excessive. Longueur moyenne et beaucoup de plaisir en finale. Ce sera un vin très facile à utiliser à table !
3/2014 : le nez s’est maintenant raffermi et montre un peu plus sa partie calcaire. La bouche, tout en restant très sèche, se termine sur une petite rondeur liée au gras du vin. C’est un vin qui évolue assez lentement et sera probablement plus intéressant dans quelques années.

Zind 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 2/2014 ; Alcool acquis : 12.6°, SR: 8 g/l, 4.1 g/l H2SO4, pH: 3.2; Rendement : 58 hl/ha, Optimum de dégustation 2014/2027, Age moyen des vignes : 23 ans, Terroir : calcaire muschelkalk, Indice 2.
Nous avions commencé à assembler le Chardonnay (65%) et l’Auxerrois (35%) du Clos Windsbuhl séparément des autres vignobles de Turckheim ou Wintzenheim à partir de 2004. A ce moment nous jugions que le vignoble avait atteint un âge suffisant (15ans) pour que le terroir se manifeste pleinement. La présence du Chardonnay est la raison du déclassement de ce vin en vin de table, et cela bien que le Windsbuhl soit considéré comme l’un de nos grands terroirs. En 2012, ce vignoble avait produit des raisins très sains, ayant atteint une belle maturité et un équilibre acidité idéal. En raison de fissures importantes, nous avions du remplacer notre foudre F51 de 105hl juste avant la vendange 2012 par un foudre neuf, et le Zind 2012 était le candidat idéal pour être vinifié dans ce nouveau foudre. La fermentation fut un peu plus longue et ce vin, à notre grande surprise car très bien masqués, conserva une petite quantité de sucres résiduels.
1/2014: l’influence du foudre neuf est négligeable: le rapport volume de vin/bois est important pour un fut de cette taille, et seul un nez aguerri ou prévenu peut le détecter. Les arômes légèrement toastés ou grillés se combinent avec le fruité (fruits blancs) et il reste surtout l’influence calcaire de ce terroir. Le palais est aujourd’hui très élégant, masque parfaitement la rondeur naturelle de ce vin. Longtemps considéré comme un indice 1, nous n’avions changé notre classement qu’à réception des analyses confirmant le sucre. La finale est longue et crémeuse.

Muscat Grand Cru Goldert 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 2/2014; Alcool acquis : 14.2° ; SR: 6.5 g/l ; 5.1 g/l H2SO4, pH: 3.2; Rendement : 55 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2017-2027+ ; Age moyen des vignes : 25 ans ; Terroir : calcaire oolithique exposé est, 90 % Muscat d’Alsace, 10 % Ottonel. Indice 1.
Ce coteau Grand Cru exposé à l’est sur une douce pente bénéficie d’un climat tardif plus frais. Les sols calcaires profonds se réchauffent lentement, ce qui permet aux raisins de conserver une belle fraicheur. Ces caractéristiques sont favorables au Muscat, et surtout au Muscat d’Alsace (Petits Grains à raisins rouges ou blancs) capable de développer une vraie complexité et de conserver une belle acidité, contrairement à son cousin le Muscat Ottonel, plus fruité et moins structuré. En 2012, la maturité des raisins était surprenante et rapide. L’alternance froide et pluvieuse suivie d’un temps sec en septembre était favorable à ce cru qui a su conserver une très belle acidité. Une fermentation lente a permis d’obtenir un vin puissant et sec.
2/2014: nez fruité profond, encore un peu sur sa réserve, indiquant une belle maturité. Voilà un Goldert très typique qui associe à la fois des arômes de fruits murs, une touche florale très discrète et une belle présence minérale. On est ici loin de l’archétype variétal. Le palais est serré, riche et sec, finissant sur une acidité salivante et vive. C’est un vin intense qui cache une grande puissance sous une expression de pureté. Vin de grande garde.

Pinot Noir Heimbourg Rouge 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille: 2/2014; Alcool acquis : 12.8°; Sucres résiduels <2 g/l; 3.7 g/l H2SO4, pH: 3.6 ; Rendement : 32 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2016-2024; Planté en 1995 ; Terroir : Calcaire oligocène, exposé ouest, pente moyenne.
Dans les années 1990, nous avions progressivement arraché nos vignobles de Pinot noir situés dans le Herrenweg et décidé de planter une petite parcelle dans le Heimbourg. Nous recherchions alors pour ce cépage un terroir plus tardif, capable de préserver une belle acidité mais aussi nous donnant la possibilité de récolter ce cépage capricieux plus tard et sans risques importants de développement précoce de pourriture. Le Heimbourg était un choix idéal : les marnes profondes préservent l’acidité et le caractère de ce cépage. L’exposition ouest et les marnes froides, balayées par des vents venant du nord permettent de récolter tard des raisins encore sains n’ayant pas acquis une richesse en alcool importante. Le vignoble est planté à haute densité (9000 pieds/ha) et est cultivé en taille très basse. La fermentation est réalisée sur raisins entiers en cuve bois ouverte avec des pigeages manuels très doux. Le vin est ensuite élevé en pièces de 2 à 6 vins pendant 18 mois.
2/2013: la couleur est rouge dense et profonde. On remarque un léger voile qui provient de l’absence de collage et filtration pour ce vin. Le nez est intense avec une belle présence de fruits rouges, présageant une belle maturité physiologique. Le palais est souple, velours, avec juste une petite présence tannique, bien nécessaire, sur la finale. Ce vin est déjà très facile à apprécier mais demandera encore quelques années pour vraiment d’exprimer.

Riesling Terroir d’Alsace 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 2/2014 ; Alcool acquis : 12.7° ; Sucres résiduels : 2.6 g/l ; 3.8 g/l H2SO4, pH: 3.3; Rendement: 72 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2022 ; Age moyen des vignes: 29 ans ; Terroir: granite; Indice 1
Nous ne produisons cette cuvée (créée en 2008) que si nous obtenons une fermentation complète produisant un vin sec (<5g/l). Les raisins sont en général issus de nos vignobles de Turckheim, mais en 2012, suite aux sélections pratiquées, seuls les raisins issus de nos parcelles les moins vieilles du Brand ont été utilisées pour produire ce vin. Obtenir un riesling sec sans l’utilisation de levures commerciales et autres artifices facilitateurs, demande une grande précision dans l’estimation de la maturité potentielle et des raisins très sains, car le riesling se plait à conserver des sucres réducteurs en cas de légère sur maturité ou présence de pourriture noble.
2/2014: le nez dévoile une présence minérale et une intensité de fruit rarement atteintes dans ce vin. Nul doute que l’origine granitique noble de ce vin permet d’expliquer la minéralité et le caractère pierreux en bouche, qu’il est beaucoup plus difficile d’obtenir dans des sols plus simples. Ce vin possède encore un aspect très jeune. Il a un besoin d’aération pour dévoiler son fruité. Le milieu de bouche est ample et sec, sans accroches. Très beau Riesling classique avec une finale nette et minérale.

Riesling Calcaire 2012 – Zind-Humbrecht
Mise : 2/2014; Alcool acquis : 12.9° ; Sucres résiduels: 8 g/l ; 4.1 g/l H2SO4, pH: 3.1; Rendement 72 hl/ha ; Optimum dégustation: 2015-2023 ; Age du vignoble : 38 ans ; Terroir: Argilo-Calcaro-Siliceux, exposé est et sud. Indice 1.
Le Riesling Calcaire est produit principalement à partir de nos vignobles de Gueberschwihr. Si nécessaire, il est possible que nous ajoutions une faible quantité de vin issu du Heimbourg pour pouvoir compléter le fut en cas de faible récolte. En 2012, le temps chaud et sec de septembre avait provoqué quelques phénomènes de stress hydrique sur les sols légers de plaine et surtout sur les jeunes vignes. Ceci ne fut pas le cas à Gueberschwihr où les sols argilo-calcaires ont des réserves importantes, leur permettant de poursuivre leur maturation sans problème. Ceci explique la richesse de ce millésime. La vendange fut très saine et une très lente fermentation (de 12 mois) explique en partie une faible présence de sucres résiduels, bien masqués par la structure du vin.
2/2014: la couleur est jaune brillante. Le nez développe des arômes de feuilles sèches, foin, agrumes et, avec un peu de temps, révèle l’origine calcaire par un caractère iodé et pierreux. Le palais possède le gras et la densité typiques des sols argilo-calcaires. Le milieu de bouche est encore rond mais le vin finit sur une structure de vin sec, plus serrée, où l’acidité joue son rôle d’équilibre. Comme ses prédécesseurs, ce vin bénéficiera d’une certaine garde en cave.

Riesling Herrenweg de Turckheim 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 2/2014 ; Alcool acquis : 12.6° ; Sucres résiduels : 4.4 g/l ; 3.8 g/l H2SO4, pH: 3.1; Rendement: 60 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2016-2027 ; Age moyen des vignes : 47 ans ; Terroir : graves du quaternaires ; Indice 1.
Le Vignoble du Herrenweg est situé sur le cône de déjection de la rivière Fecht, à la sortie de la vallée de Munster, sur des sols très chauds et bien drainés. La fin de saison 2012 était chaude et sèche, et c’est pourquoi on trouve une grande différence de style entre les vins issus des vignes les plus jeunes et les plus vieilles (plus de 40 ans). L’enracinement plus profond est l’un des facteurs important qui explique une maturation plus régulière et une présence minérale plus marquée dans les vins. Nous utilisons uniquement les vignes les plus âgées pour produire ce vin, toutes les autres ont été déclassées dans notre Riesling 2012. Un récolte saine et une maturité idéale en sucre auront permis aux levures indigènes de fermenter ce vin sec.
2/2014: couleur jaune brillante légère. Le nez est encore discret pour ce terroir, qui est probablement encore sous l’influence de l’élevage long sur lies totales. Avec le temps et une forte aération, le nez développe un fruité subtil avec des arômes classique d’amande et une belle présence minérale. On retrouve un impact du terroir assez inhabituel car le Herrenweg est un terroir qui s’efface souvent devant le cépage. Cette sensation est confirmée au palais par une belle acidité sapide à l’attaque. Le vin est sec en bouche, tendu et possède une structure délicate. Voilà un Herrenweg à l’aspect très sérieux.
 
Riesling Clos Häuserer 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille: 2/2014, Alcool acquis : 12.6°; Sucres résiduels: 4.5 g/l ; 3.9 g/l H2SO4, pH: 3.1, Rendement: 55 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2032+ ; Vignoble planté en 1973. Terroir : Marnes calcaires de l’oligocène. Coluvium de pente. Exposé est, très faible pente. Indice 1.
Le profil climatique de l’année 2012 n’aurait pas pu être plus favorable au Clos Häuserer. Un début d’année humide avait provoqué une belle pousse végétale où la vigne avait pu s’exprimer pleinement. Un septembre chaud et sec avait empêché le développement de pourriture et grâce à une montée en sucre très lente, il fut possible de récolter tard des raisins ayant une maturité physiologique parfaite, sans excès de maturité technique. De par sa situation au pied du Grand Cru Hengst, on retrouve dans le petit terroir du Häuserer toute la richesse minérale des marnes calcaires. Certes, l’excès de vigueur était le point noir de ce terroir dans sa jeunesse, mais les années passant, les vignes ont trouvé l’équilibre, permettant de récolter des raisins ayant une belle acidité mûre. Comme beaucoup de vins issus de ce cépage en 2012, la fermentation fut complète grâce à une maturité idéale et un parfait état sanitaire.
2/2014: couleur jaune verte intense. Le transmet une sensation minérale vibrante et précise de pierres ciselées avec une grande force de terroir. L’austérité de ce vin est presque rassurante. Il est possible de ressentir au nez, malgré la retenue de ce dernier, le classicisme de ce Riesling. La bouche est délicate, sans excès de poids, et présente une belle énergie à l’attaque. L’acidité n’est pas techniquement très élevée, mais est toutefois bien présente en finale. La structure est élégante et la concentration naturelle de vin procure une sensation de puissance à ce vin qui possède un alcool acquis faible.

Riesling Heimbourg 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille: 2/2014; Alcool acquis : 14°; Sucres résiduels 15 g/l; 3.9 g/l H2SO4, pH: 3.2 ; Rendement : 46 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2032; Planté en 1994 ; Terroir : Calcaire oligocène, exposé sud sud-ouest, forte pente. Indice 2.
Seul le cépage Riesling est planté sur la petite face très pentue orientée au sud, sud-ouest du Heimbourg. L’exposition, associée à une profondeur de sol plus faible (car plus érodé en raison d’une pente moyenne de 50%) confère un caractère précoce à cette partie du terroir, expliquant le choix de ce cépage. La conséquence est aussi que lors des millésimes ayant une belle fin de saison, comme ne 2012, les raisins peuvent atteindre des maturités importantes, avec une petite présence de pourriture noble. Les marnes calcaires dégagent l’humidité nécessaire au développement du botrytis. En raison d’une richesse supérieure, il est normal de constater une fermentation lente qui a conservé au vin quelques sucres résiduels.
2/2014: couleur jaune, voire même or léger. Le nez est intense et complexe, dégageant des arômes puissants de Riesling très mûr, allant crescendo au fur et à mesure de l’oxygénation du vin. La maturité est manifeste : arômes de fruits blancs (pêche, agrumes) et au nez ce vin peut être confondu avec un vin de sur-maturation. La rondeur en bouche n’est pas une surprise, elle est même sublimée par le profil aromatique du vin, mais l’acidité et la richesse minérale prennent éventuellement le dessus pour laisser une finale de bouche très nette où les sucres résiduels perdent de leur importance. Cette finale est très surprenante et inattendue. Il est probable que ce vin va se goûter de plus en plus sec avec l’âge.

Riesling Clos Windsbuhl 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille: ?/2014; Alcool acquis : ?°; Sucre résiduel: ? g/l ; . ? g/l H2SO4, pH: ?; Rendement : 50hl/ha ; Optimum de dégustation: 2016-2037+; Age moyen des vignes : 38 ans ; Terroir : Calcaire Muschelkalk exposé sud, sud-est. Indice ?.
Fidèle à son statut de terroir tardif, le Riesling Clos Windsbuhl était l’un des derniers à être récolté en 2012. La proximité de la forêt, l’altitude (300 -350m) et le sol de calcaire Muschelkalk froid expliquent pourquoi tous les stades physiologiques importants sont toujours deux semaines en retard par rapport à Turckheim. La récolte 2012 était dans l’ensemble saine mais présentait un petit pourcentage de raisin botrytisés (moins de 10%) provoquant une fermentation particulièrement paresseuse. Un profil fermentaire aussi lent peut être cause de problèmes pour des cépages fragiles (Gewurztraminer ou Pinot-Gris), mais cela ne semble pas être le cas pour le Riesling, surtout dans ce type de terroir, car il possède une structure acide qui le protège des attaques bactériennes.
3/2014: ce vin est toujours en train de fermenter, et ne sera probablement pas embouteillé avant septembre 2014 ou plus tard. Le nez est encore toujours très fermentaire, comme s’il avait été récolté il y a quelques semaines. L’intensité minérale est cependant bien présente et la bouche présente une pureté typique de ce terroir, rarement obtenue ailleurs. Presque sec (il reste environ 10g/l de sucres résiduels en mars 2014), nous avons confiance en la poursuite de la fermentation.

Riesling Grand Cru Brand 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bt: 2/2014 ; Alcool acquis : 13°; Sucres résiduels : 11 g/l ; 3,7 g/l H2SO4, pH: 3,2; Rendement : 36hl/ha ; Optimum dégustation: 2015-2032+; Age moyen des vignes : 62 ans ; Terroir: granit biotite (à deux micas) exposé sud, Forte pente. Indice 2.
L’éclatement de nos parcelles sur le Grand Cru Brand ainsi que des âges très différents auront été la cause d’une grande variabilité de la maturité et de la concentration des vins issus de ce terroir en 2012. Il est vrai que les anciens vignerons de Turckheim disaient toujours que le Brand ne peut s’exprimer pleinement que sur des vignes d’au moins 30 ans. Ceci fut le cas en 2012 ! Les sols de granite biotite pauvres et bien drainés du Brand ont produit des vins ayant des maturités très différentes suite au temps très sec de septembre. Les vieilles vignes situées sur les parties Steinglitz et Schnekelsbourg du Brand, ayant un enracinement profond et des rendements plus faibles, ont produit ce vin. Un peu plus de richesse explique aussi une fermentation lente et une petite présence de sucres résiduels très discrets.
2/2014: la couleur jaune intense indique une richesse supérieure des raisins. Le nez est puissant mais encore sur sa réserve, avec une sensation d’emprisonnement dans la roche, ne laissant filtrer quelques arômes fruités après un temps d’ouverture important. Le travail sur lies produit un vin plus strict, mais permet au vin de conserver la richesse minérale de son terroir d’origine. Le palais est souple et ample à l’attaque puis développe une grande puissance. La finale est très salivante et gourmande. La petite rondeur liée à la richesse du vin est très vite oubliée. Une harmonie totale ne sera atteinte qu’après quelques années de vieillissement.

Riesling Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bt: 2/2014; Alcool acquis : 14.1°; Sucres résiduels: 5.8 g/l ; 4.5 g/l H2SO4, pH: 3.3; Rendement: 23 hl/ha ; Optimum dégustation: 2017-2037+; Age moyen des vignes : 50 ans ; Terroir : Volcanique (tufs & grauwackes), exposé sud, très forte pente. ; Indice 1.
Le Rangen est situé à la sortie de la vallée de la rivière Thur, à Thann, et est très proche du massif montagneux des Vosges. Ceci explique une pluviométrie plus importante (que Turckheim par exemple) qui est la bienvenue car le terroir escarpé du Rangen (89% de pente moyenne) et son sol volcanique sombre augmente le besoin en eau des vignes. Les tempêtes sont aussi plus violentes et ceci était le cas en 2012 où, début août, un orage de grêle fit tomber entre 20 et 50% d’une récolte déjà faible au départ. Par chance, car touchant le vignoble avant le début de la maturation, les grêlons firent tomber des raisins ou parties de raisins mais il ne restait plus de raisins endommagés sur les ceps qui auraient pu compromettre la qualité du vin. La réduction du volume explique en partie la richesse de ce vin, mais il était impressionnant de constater la force de ce terroir qui aura su se hisser aussi haut après un tel évènement.
2/2014: couleur jaune intense. La puissance minérale, pierres volcaniques, fumée est si dense qu’on a l’impression que le nez est pourvu de sens tactiles. L’intensité du terroir volcanique est accompagnée d’une énergie du lieu qui provoque une émotion certaine en goutant ce vin. Il faut s’imaginer ce vignoble battu par la tempête, mais une vigne capable de se redresser et de produire un vin d’une grande force. Seul un terroir de la trempe du Rangen aura été capable de cette prouesse. Le palais est long, riche avec une puissante touche de fumée et finit abrupt sur un équilibre très sec et pur. En finale, après dégustation, il reste une sensation de grande délicatesse. Voilà un vin puissant qui ne fatigue pas le palais !

Pinot-Gris Calcaire 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 8/2013 ; Alcool acquis : 13° ; Sucres résiduels: 10.6 g/l ; 3.9 g/l H2SO4, pH: 3.2, Rendement : 57 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2024+ ; Age moyen des vignes : 27 ans ; Terroir : Calcaire Oligocène exposé ouest, Indice 2.
Tous nos terroirs calcaires plantés en Pinot-Gris sont situés sur des lieux-dits de grande qualité (Windsbuhl, Heimbourg, Clos Jebsal, Rotenberg). Ce vin en 2012 provient exclusivement du Heimbourg de Turckheim, qui a fortement influencé le style du vin. Les vignes de Pinot-Gris sont plantées dans la partie haute de ce petit cru de 7.5ha, sur des sols maigres, caillouteux et fortement calcaires, conférant au vin une belle structure. Les raisins étaient récoltés sains et relativement tôt. Le vin fermenta assez vite ne gardant qu’une petite touche de sucres résiduels. Une production inhabituellement généreuse nous a convaincu de présenter ce vin dans la gamme Calcaire et non pas Heimbourg.
2/2012: le nez est encore marqué par une petite réduction, typique d’un élevage sur lies prolongé, augmentant la sensation d’arômes de fumée et de torréfaction. La bouche est élégante et racée, sans lourdeur, et aura besoin d’un peu de temps pour révéler les arômes classique de ce cru (fruits blancs, coing). Le palais n’est pas vraiment marqué par les sucres résiduels grâce à l’influence de l’acidité et de la structure minérale. Les sols calcaires pauvres et une date de récolte bien choisie auront permis la production d’un Pinot-Gris délicat, ayant une structure de bouche proche de celle d’un Riesling.

Pinot-Gris Rotenberg 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 8/2013; Alcool: 13.6°; Sucres résiduels: 4 g/l ; 4.3 g/l H2SO4, pH: 3.2, Rendement: 26 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2016-2028 ; Age moyen vignes : 31 ans ; Terroir : calcaire oligocène exposé ouest/ nord-ouest. Forte pente. Indice 1.
Le terroir du Rotenberg est situé sur le sommet et versant ouest et nord-ouest du Grand Cru Hengst, sur un substrat marno-calcaire rouge pauvre et peu profond. Les raisins y murissent très lentement, et grâce aussi à des rendements très faibles, il n’est pas inhabituel de récolter des raisins en sur-maturité présentant des richesses de VT ou SGN. En 2012, à cause du manque d’eau en fin de saison, les raisins étaient restés très sains et ont pu être récolté avec une maturité permettant l’obtention d’un vin sec.
2/2012: la couleur est jaune pâle brillante. Le nez est encore fermé et annonce une structure serrée et un vin résolument sec. La touche fumée est délicate et typique d’un terroir calcaire tardif sans excès de maturité. Les arômes de fruits blancs mûrs (poires, coings) que l’on retrouve dans beaucoup de millésimes du Rotenberg sont ici absents et demanderont probablement beaucoup de temps pour s’exprimer. Au palais, on retrouve une structure de vin sec, bien soulignée par une acidité mûre. Malgré une présentation austère, on ressent une générosité minérale en finale, signe d’une petite production et de vignes bien ancrées dans leur terroir.

Pinot-Gris Clos Windsbuhl 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 8/2013 ; Alcool acquis : 13.1° ; Sucres résiduels: 36.5 g/l ; 3.4 g/l H2SO4, pH: 3.5, Rendement : 27 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2016-2032 ; Age moyen vignes : 43 ans ; Terroir : Calcaire muschelkalk exposé sud ; sud-est, Indice 4.
Le calcaire ancien du Trias dans le Clos Windsbuhl et son méso-climat tardif provoquent une maturation lente des raisins. Cependant, la faible vigueur des vignes, surtout pour les plus anciennes, et leur faible rendement afférent, aidées par une très belle exposition (pente forte exposée sud-est) permettent l’obtention de fortes maturités. Le Muschelkalk, de par sa nature est riche en oligo-éléments (surtout magnésie) et peut produire, dans un sol vivant, des argiles à hautes surfaces d’échange agissant comme des réservoirs à minéraux. Nous avions réussi à éviter un développement important de pourriture noble en 2012, pour toutes les raisons citées précédemment, mais la richesse naturelle des raisins a quand conduit à la production d’un vin moelleux.
2/2012: comme beaucoup de vins de 2012, le nez est encore austère et marqué par une réduction qualitative liée au bel état sanitaire des raisins et le long élevage sur lies totales. En poussant le vin jusqu’à l’oxydation on peut entre-apercevoir son futur potentiel aromatique très fruité (poire, coings, agrumes…). Il est facile de détecter la maturité des raisins, malgré une robe encore très pâle. La rondeur en bouche est sans lourdeur. La structure saline de ce terroir réveille la finale et fait oublier la richesse de ce vin.

Pinot-Gris Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 8/2013; Alcool: 14.5° ; Sucres résiduels: 38 g/l ; 3.4 g/l H2SO4, pH: 3.7; Rendement: 11 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2018-2037+; Age moyen des vignes: 49 ans ; Terroir : Volcanique (tufs & grauwackes), exposé sud, très forte pente. Indice 4.
2012 était probablement l’un des millésimes les plus difficile et compliqué pour le Rangen. Le printemps froid et humide provoqua une floraison très tardive avec une perte de raisins importante. Les pluies continues et, souvent lessivantes, nous imposaient des cadences de traitements infernales et souvent difficiles à maintenir. A peine sorti du mauvais temps, un orage important début août fit tomber une grosse partie de la récolte ne laissant qu’un rendement infime sur les ceps. Nous avions déjà eu des récoltes microscopiques sur le Rangen, mais sans pourriture noble. L'année 2012 doit constituer un record. Par contre, le terroir volcanique du Rangen possède cette capacité à user de ces rendements faibles pour accentuer la concentration et l’influence du terroir dans le vin.
2/2012: le nez dévoile déjà aujourd’hui une belle intensité de fruit. Il est facile de ressentir le besoin de ce vin de continuer à évoluer, mais le verre déborde littéralement d’arômes propres au Rangen (fumée légère, fruits blancs, tourbe, pierre à fusil…). Ce vin dégage une sensation de sérénité et d’achèvement, confirmé par une bouche ample et délicate. Il est impossible de deviner les tourments subi par ce terroir en 2012. La finale est très longue, et, caractéristique du millésime, il est impossible de deviner la richesse du vin. Ce vin aura besoin de quelques années de vieillissement en bouteille et bénéficiera d’un passage à l’air avant le service.

Gewurztraminer Calcaire 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille: 8/2013; Alcool acquis : 13.3°; Sucres résiduels : 31 g/l ; 3.2 g/l H2SO4, pH: 3.5; Rendement : 55 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2014-2027+; Age moyen des vignes : 31 ans, Terroir : Calcaire Oligocène, forte pente exposée à l’est. Indice 4.
En 2012, ce vin est produit à partir de notre petit vignoble de Gewurztraminer Gueberschwihr (à proximité du Goldert) et de nos deux parcelles les moins vieilles (1978 et 1985) situées dans le Grand Cru Hengst. Il s’agit donc de sols marno-calcaires assez riches et très alcalins. On retrouve les caractéristiques du millésime, à savoir des raisins très sains mais qui auront eu besoin d’une longue période pour parfaire leur maturation physiologique. La situation solaire de ces crus aura donc beaucoup aidé ce cépage gourmand en soleil en fin de saison. La fermentation trouva son équilibre avec une certaine quantité de sucres résiduels.
2/2012: le nez est marqué par des arômes délicats, agrumes et épices, sans excès et beaucoup de complexité. Après une aération longue, l’influence forte des lies s’atténue et le vin s’ouvre progressivement sur un fruité plus exotique. Il est facile de goûter la maturité des raisins en bouche, mais l’ensemble conserve une belle harmonie. La rondeur reste discrète grâce à une belle interaction de l’acidité et des tannins importants de ce cépage. Un indice 4 peut presque paraître exagéré. Ce vin évolue aussi superbement après plusieurs jours d’ouverture, caractéristique d’un grand potentiel de vieillissement.

Gewurztraminer Herrenweg de Turckheim 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 8/2013; Alcool acquis : 14.6°; Sucres résiduels : 5 g/l ; 2.7 g/l H2SO4, pH: 3.7; Rendement: 45 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2014-2027; Age moyen des vignes : 65 ans ; Terroir : graves quaternaires ; Indice 1.
Dans les derniers millésimes, ce terroir alluvial, chaud et sec, nous a montré sa capacité à réagir au climat en produisant des vins de grande richesse souvent liquoreux. Le mois d’août 2012 plus frais et un temps sec en septembre ont certainement retardé la maturation en sucre sur ce terroir. Malgré l’influence forte des vieilles vignes, les raisins étaient récoltés avec une maturité traditionnelle, qui, avec l’aide d’une fermentation vigoureuse, ont produit un vin sec. Ce type de Gewurztraminer, à ce niveau, n’a pas été produit depuis de nombreuses années sur le domaine.
2/2012: on retrouve au nez une combinaison élégante d’arômes d’agrumes, rose et litchi, typique de ce terroir précoce. Le nez induit en erreur car on imagine une bouche douce et probablement sucrée. L’attaque dément rapidement cette sensation. Le palais est sec et finit sur une sensation de puissance. Les tannins sont très souples et on ne retrouve pas dans ce vin les amers souvent présents dans les Gewurztraminer secs, ceci grâce à une belle maturité physiologique et l’absence de trituration à la vendange. C’est un vin de plaisir, qui se tient très bien même après une longue aération.

Gewurztraminer Heimbourg 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille: 8/2013; Alcool: 12.8°; Sucres résiduels : 55 g/l ; 2.7 g/l H2SO4, pH: 3.6; Rendement : 42 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2030; Vignoble planté en 1983;  Terroir : Calcaire Oligocène, exposé ouest, moyenne à forte pente. Indice : 5.
Nous avions pris la décision il y a quelques années d’arracher cette parcelle de Gewurztraminer dans le Heimbourg après la récolte 2012. Les dommages causés par les maladies du bois étaient trop importants et nous obligeaient à replanter beaucoup trop de jeunes plants chaque année. Les raisons sont multiples : clone, mauvaise qualité de greffage, erreurs commises lors de la taille en privilégiant la forme au fonds… Disons que la pauvreté du matériel végétal vendu il y 30 ans aura eu raison de ce magnifique vignoble. Comme un condamné sentant ses derniers jours venus, le Heimbourg Gewurztraminer nous aura au moins donné des vins magnifiques ces dernières années, surtout en 2012 pour son dernier millésime.
2/2012: encore très marqué par une réduction des lies, il faut vraiment donner du temps à ce vin très minéral. Eventuellement on retrouve des arômes de fruits, litchi, écorces agrumes. Encore plus d’ouverture fait apparaître le terroir calcaire : épices et poivre sont au rendez-vous. Le CO2 encore important à l’ouverture peut aussi constituer un élément masquant qu’il sera important d’éliminer avant le service par un simple passage en carafe. Le palais est riche et dense, mais sans pourriture noble, la finale conserve une structure élégante et racée, sans lourdeur, grâce à un alcool pas trop élevé et une belle présence tannique. Les sucres résiduels paraissent presque discrets.

Gewurztraminer Clos Windsbuhl 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bt: 8/2013; Alcool acquis : 13° alc ; Sucres résiduels: 50 g/l ; 3.1 g/l H2SO4, pH: 3.6; Rendement : 35hl/ha ; Optimum de dégustation: 2016-2037+ ; Age moyen des vignes : 42 ans ; Terroir : Calcaire Muschelkalk exposé sud, sud-est ; Indice 5.
De par son caractère tardif, et le retard pris par le cépage Gewurztraminer dans ce millésime, le terroir du Clos Windsbuhl fut le dernier récolté en 2012. La véraison fut particulièrement lente et tardive. Heureusement le climat estival de septembre aura permis à ce cépage capricieux de bien mûrir dans ce terroir, voire même de progresser au point de dépasser en maturité bon nombre d’autres terroirs plus précoces. Cette récolte tardive aura aussi vu le développement d’un petit pourcentage de pourriture noble, mais toujours moins important que sur un cépage plus fragile comme le Pinot-Gris. Le calcaire Muschelkalk, léger et surtout bien drainé, a aussi la faculté de bien préserver l’acidité.
2/2012: le nez est discret et éventuellement développe une intensité minérale très complexe pour ce cépage souvent trop parfumé. Les arômes de fruits et d’agrumes sont masqués par le terroir et l’influence de l’élevage sur lies. Le terroir se manifeste éventuellement après une longue ouverture, surtout en bouche, où l’on retrouve l’amertume noble du Windsbuhl associée à une harmonie basée sur l’acidité et la finesse des tannins. C’est un vin tout en retenue et délicatesse. Seul un grand terroir peut maîtriser ce cépage de la sorte.

Gewurztraminer Grand Cru Goldert 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 8/2013; Alcool acquis : 12.5° alc ; Sucres résiduels : 77 g/l ; 2.7 g/l H2SO4, pH: 3.9; Rendement : 48hl/ha ; Optimum de dégustation: 2017-2037+; Age moyen des vignes : 29 ans ; Terroir : calcaire oolithique exposé est. Indice 5.
Le Grand Cru Goldert est situé au nord du village de Gueberschwihr sur une pente douce exposée à l’est sur un substrat calcaire et marno-calcaire de l’Oolithique (calcaire du Jurassique). Normalement tardif, le Goldert a montré une capacité étonnante à mûrir les raisins rapidement en 2012. La récolte fut fin octobre et présentait un certain pourcentage de pourriture noble (20%) expliquant la richesse de ce vin et une fin de fermentation avec un alcool pas trop élevé. Il est certain que la maturité nous a beaucoup surpris et c’est pourquoi nous n’avions pas entamé un processus de contrôle en VT pour ce vin. Si les prévisions météorologiques de fin octobre 2012 avaient été meilleures, ce vignoble aurait été un excellent candidat pour l’obtention d’une sélection de Grains Nobles.
2/2012: ce millésime confirme la puissance aromatique et l’intensité florale de ce cru. Le nez est très expressif, sur des arômes floraux (rose, géranium sauvage) et agrumes (surtout le pamplemousse) mais reste délicat et sans insistance excessive. Le palais a besoin aujourd’hui d’une bonne aération (passage en carafe) pour à la fois perdre un peu de son gaz carbonique et aussi s’ouvrir. En finale le vin dévoile une structure tout en douceur et grande délicatesse, au point qu’il reste en mémoire une sensation de légèreté. Encore un vin qui aura besoin d’un certain temps d’évolution avant d’atteindre une plénitude de dégustation.

Gewurztraminer Grand Cru Hengst 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 8/2013; Alcool acquis : 14.9° alc ; Sucres résiduels : 41 g/l ; 2.7 g/l H2SO4, pH: 3.9; Rendement : 27 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2017-2042+ ; Age moyen des vignes : 61 ans ; Terroir : Marnes calcaires de l’oligocène, exposé sud sud-est, pente moyenne à forte. Indice 4.
Seules les deux parcelles de Vieilles vignes, plantées en 1957 et avant 1939, sont utilisées pour produire ce vin dans le Grand Cru Hengst. Elles sont aussi situées dans le cœur historique du Grand Cru, à mi coteau, exposé au sud sud-est. Le calcaire Oligocène est un calcaire jeune, recouvert de peu de marnes et très agressif pour la vigne (45% de calcaire actif !). Le Hengst profite aussi d’un méso-climat chaud et sec, idéal pour l’obtention d’une bonne maturité physiologique sur ce cépage. La vendange est souvent tardive, mais le Hengst développe peu de pourriture noble et seulement tardivement, ce qui était le cas en 2012. Les raisins récoltés sur le Hengst ont aussi une aptitude à bien fermenter et à produire des vins puissants, moins marqués par les sucres résiduels.
2/2012: couleur or pale, un peu plus sombre que l’ensemble des vins issus du même cépage. On retrouve au nez des arômes d’agrumes qui peinent à s’exprimer face aux puissants arômes épicés et à l’influence du calcaire (léger goudron, fumée, pierres mouillées). Avec le temps et une bonne aération, le nez s’ouvre et devient plus raffiné alors que l’influence de l’élevage sur lies s’atténue. La montée en puissance est progressive en bouche. La structure massive du vin tapisse toute la bouche, laissant des saveurs onctueuses persistantes. La rondeur disparaît au profit d’un gras, un peu comme un vin rouge ayant des tannins très mûrs.
Il ne fait aucun doute que le Hengst sait dominer ce cépage !
 
Gewurztraminer Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2012 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 8/2013; Alcool: 14.6° ; Sucres résiduels: 33 g/l ; 2.9 g/l H2SO4, pH: 3.9; Rendement: 32 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2017-2042+; Age moyen des vignes: 33 ans ; Terroir : Volcanique (tufs & grauwackes), exposé sud, très forte pente. Indice 3.
Le Gewurztraminer est le cépage le moins représenté dans le Clos-Saint-Urbain et est issu de deux petites parcelles, situées juste au-dessus de la rivière Thur qui longe le bas du Clos. Malgré une apparence de chaleur liée à l’exposition solaire de ce cru et la nature rocheuse sombre du sol, le Rangen est de par son altitude et les vents froids de la vallée, un terroir très tardif. Le Gewurztraminer a donc besoin de toute l’aide du sol, de l’exposition et de la rivière (réflexion de la lumière, volant de chaleur) pour mûrir correctement, et, bien sûr, d’être récolté tardivement. Les sols de prédilection de ce cépage sont probablement les sols marno-calcaires, qui insufflent une structure de garde au vin tout en minimisant l’expression parfumée variétale. Cependant, sur le Rangen, ce cépage est aussi fortement dompté par le terroir volcanique, capable à la fois de donner de la puissance au vin, une structure de garde et une marque reconnaissable du cru. En 2012, le Gewurztraminer était le plus à l’abri et a donc moins souffert des aléas climatiques. Par contre, il était possible de constater une petite présence de pourriture noble.
2/2012: le nez est sans détour: pierres mouillées, pierre à fusil intense et puis quelques arômes d’agrumes à peine distinguables.  Puissant et distingué, le nez est en adéquation avec la marque du terroir volcanique. En bouche on retrouve une forte énergie, mais alors qu’on s’attend peut être à une démonstration de force et de sucrosité, la structure est harmonieuse et racée. Il en résulte une finale charmeuse et élégante qui surprend presque et donne presque envie d’apprécier le vin tout de suite. On retrouve aussi la signature tannique du millésime en finale qui laisse présager d’une belle capacité de vieillissement.

Pinot-Gris Clos Jebsal 2012 Vendange Tardive – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 8/2013; Alcool: 14.9° ; Sucres résiduels: 73g/l ; 3.7 g/l H2SO4, pH: 3.7; Rendement : 32 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2018-2037+; Vignoble planté en 1983; Terroir : Marnes grises et Gypse. Exposé sud, terrasses et forte pente.
Seul le Clos Jebsal aura produit une Vendange Tardive en 2012 (et aucune Sélection de Grains Nobles !). Malheureusement les conditions météorologiques n’étaient pas favorables au développement conséquent de la pourriture noble. Le temps était trop sec en septembre, puis s’est dégradé fin octobre, empêchant la concentration du botrytis. La richesse des marnes de gypse du Jebsal avaient toutefois permis le développement du botrytis. Nos avions vendangé comme à l’habitude en double sélection (VT + SGN), mais après pressurage et il était évident que les deux tries avaient besoin d’être assemblées ensemble car l’écart de maturité n’était pas significatif.
2/2012: couleur or intense. Le nez est encore discret, marqué par un joli botrytis noble, très typique des marnes bleues du Jebsal. On retrouve un pourcentage important de botrytis dans ce vin mais cela n’apparait pas vraiment dans le profil aromatique qui reste très pur (miel, fleur d’acacia, agrumes…). Le palais est onctueux et riche, les sucres résiduels ne dominent pas la structure qui possède une belle énergie. 2012 est un millésime atypique car les acidités sont normales mais en finale on a vraiment une sensation de vivacité. Un certain temps d’aération bénéficiera au vin qui en profitera aussi pour perdre son CO2 de jeunesse.