L'Oenothèque Alsace

Zind-Humbrecht 2011 : Les notes du domaine

Chaque année, la dégustation du dernier millésime en bouteille au domaine Zind-Humbrecht donne le ton d'un millésime en Alsace. Parce que le domaine a poussé très haut la qualité des vins d'Alsace, mais également et surtout car le domaine possède des parcelles sur des terroirs à la géologie variée de Hunawihr à Thann, allant des graves au granit, du marnocalcaire au calcaire, en passant par les grès ou les terres volcaniques. Le tout agrémenté de plusieurs cépages sur chaque terroir, permettant de juger de l'adéquation de chaque couple cépage/terroir dans le réalisation des vins les plus aboutis, en fonction de la manière dont le climat a permis d'optimiser le cycle de maturation de la vigne.

En complément d'une production vaste, le domaine se distingue également par des notes écrites par Olivier Humbrecht, qui raconte son millésime, en détaillant chaque cuvée tant d'un point de vue historique qu'analytique, comme personne d'autres en Alsace. Les textes, disponibles depuis 1996 en français et 2004 en anglais, sont publiés sur oenoalsace.com depuis leurs débuts, en faisant une mine d'informaion pour les amateurs des vins du domaine, qui ne se souviendront plus de mémoire du style plus ou moins riche des centaines de vins produits ces 15 dernères années.

Thierry Meyer

Le millésime 2011 au Domaine Zind-Humbrecht
(Texte Olivier Humbrecht)

En observant les millésimes récents, il est possible de constater que la nature est de plus en plus précoce et 2011 a battu tous les records précédents. L’hiver 2010/2011 était très aride et la période mars-mai 2011 était de surcroît très chaude. Un débourrement précoce, presque un mois en avance à la fin mars, était une conséquence naturelle de cette douceur.

De juin à août, le retour à une météo normale avec des pluies bénéfiques régulières, a pu assurer une alimentation hydrique suffisante aux vignes car l’hiver, très sec, n’avait pas pu permettre de créer beaucoup de réserves en eau. D’octobre 2010 à la fin des vendanges 2011 nous avions enregistré les moyennes suivantes : Thann (627mm), Turckheim (482mm) et Hunawihr (608mm). Ces précipitations sont légèrement inférieures à la normale calculée sur 50 ans, mais correspondent à la moyenne des dix dernières années. 2011 n’est pas une année de stress hydrique car la répartition des pluies était idéale pour la vigne. La période de maturation septembre/octobre était plus sèche, à nouveau très favorable pour l’évolution de la maturité et l’état sanitaire des raisins.

La floraison commença le 20 mai dans nos terroirs les plus précoces, provoquée par des records de température (37°C à Colmar). La plupart de nos vignobles avaient donc fini de fleurir avant juin, à l’exception du Clos Windsbuhl et du Rangen. La floraison fut rapide, laissant présager une maturité homogène, et, suite à la petite récolte 2010, il était facile de prévoir une plus grande fertilité des bourgeons en 2011 et donc un potentiel de récolte plus important.

Durant l’été, la maturation fut rapide, malgré un mois d’août plus frais et pluvieux. Il permit aux vignes de ralentir légèrement leur activité et aussi de garder une certaine acidité. Sans cela, nous aurions probablement dû commencer les vendanges en août. Celles-ci débutèrent le 5 septembre par les pinot-gris et le 12 pour les autres cépages pour finir le 4 octobre, en faisant l’une des plus précoces sur le domaine.

A l’exception de quelques risques de développement de pourriture grise au début des vendanges, surtout sur les pinot-gris de terroirs précoces, 2011 était un millésime facile avec une météorologie favorable pendant la période de cueillette. Tout comme les millésimes chauds et précoces récents (2009, 2007), obtenir une maturité physiologique tôt était crucial afin de pouvoir récolter les raisins avant que l’acidité ne chute de trop, et, que la richesse en sucre ne soit excessive. L’utilisation des préparats bio-dynamiques permet de guider la vigne dans sa croissance et donne des informations importantes à la plante pour qu’elle comprenne bien l’importance d’un arrêt de croissance précoce et d’une floraison et véraison rapide. La nature même de la vigne est de croître et de faire pousser des parties végétales, or ceci s’oppose aux mécanismes de maturation du raisin. Il est primordial pour une bonne maturation du raisin (sucre et surtout physiologique) que la vigne ne soit plus en croissance. Certaines pratiques de travaux en vert (absence de rognage par exemple) facilitent le franchissement de ce cap difficile, mais les préparats bio-dynamique ont aussi pour vocation de faire comprendre à la vigne ce qu’on attend d’elle : mûrir correctement des raisins et non pas pousser jusqu’à la cime des arbres. Cela peut paraître incompréhensible pour le non pratiquant, mais force est de constater qu’aujourd’hui, nous récoltons nos raisins beaucoup plus tôt !

2011 est une grande récolte en Alsace. La moyenne de notre domaine est de 56hl/ha (37hl/ha sur les Grands Crus seuls). 2011 est aussi le premier millésime où les lieux-dits et villages bénéficiaient d’une déclaration à part et donc de rendements maximum plus faibles (68hl/ha pour les lieux-dits et 72hl/ha pour les villages). Malgré des rendements qui peuvent être jugés comme importants, il y eu moins de vins de villages et lieux-dits produits en 2011 en Alsace car la production fut trop importante et beaucoup de vins ont donc été déclassés en AOC Alsace.

Les vins de 2011 sont caractérisés par une acidité normale, légèrement supérieure à 2009 mais bien inférieure à 2010 ou 2008. Les fermentations furent rapides pour les vins de cépage mais très lentes pour les vins de lieux-dits ou Grands Crus. Tous les cépages montrent un potentiel très intéressant et 2011 sera probablement considéré comme un bon à très bon millésime, avec une partie des vins pouvant être appréciée plus tôt que 2010. Dans l’ensemble, les vins de 2011 se caractérisent par une jolie expression aromatique, assez délicate et ceci malgré le caractère solaire de 2011. Ils présentent aussi une résistance à l’évolution une fois la bouteille ouverte qui est assez spectaculaire. Certes, l’acidité est un excellent facteur de conservation car une belle acidité apportera une harmonie entre les éléments du vin (alcool, sucres, tanins, acidité…), mais 2011 se caractérise par une belle maturité physiologique et donc aussi des tanins mûrs importants, qui eux sont de très efficaces antioxydants.

Indice: Niveau de sucrosité au palais. Cette note essaye de combiner les sucres résiduels, l’alcool, l’acidité et la structure générale du vin pour mieux en comprendre son style. Il est clair que cette perception peut varier d’une personne à l’autre et cet indice n’est là que pour éviter d’éventuelles erreurs de service du vin. 
Echelle de 1 à 5 :

  • 1 : vin techniquement sec ou se goûtant sec.
  • 2 : pas techniquement sec, mais les sucres ne sont pas apparents de façon évidente au palais. Certains dégustateurs peuvent trouver une légère rondeur en fin de bouche. Ces vins se goûteront sec avec un certain vieillissement en bouteille.
  • 3 : sucrosité moyenne, plus importante dans la jeunesse du vin, qui s’estompera progressivement avec l’âge.
  • 4 : vin moelleux.
  • 5 : Vin moelleux, très proche d’une vendange tardive.

Alc : alcool acquis en fin de fermentation, SR : sucres résiduels. g/l H2SO4 : acidité totale exprimée en acide sulfurique.

Pinot Blanc 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 3/2012, Alcool acquis: 12.8°, SR : <2 g/l, 3.1 g/l H2SO4, pH: 3.4; Rendement 80 hl/ha, Optimum de dégustation: 2012/2016, Age moyen des vignes: 36 ans, Terroir: calcaire et graves, Indice 1.
Ce vin trouve son origine dans les vignobles du Rotenberg et Herrenweg, composé d’un assemblage d’Auxerrois (70%) et de Pinot-Blanc (30%). Il bénéficie des effets associés du terroir calcaire tardif du Rotenberg, surtout planté en Auxerrois, qui apporte acidité et structure, et du terroir plus chaud et graveleux du Herrenweg qui apporte puissance et maturité. Nous cherchons à récolter ces raisins à un équilibre permettant l’obtention d’un vin élégant et harmonieux, capable de fermenter sec avec des levures indigènes.
2/2012 : nous n’avons vraiment aucun regret d’avoir effectué une mise précoce dans ce millésime. Le nez est déjà aujourd’hui bien développé avec des arômes subtils de fruits et une petite influence des lies. Le palais est sec, sans agressivité, et la finale est moyennement longue, en faisant un vin très facile à utiliser quotidiennement.
2/2013: beaucoup plus ouvert et dévoilant de beaux arômes minéraux. Sensation de puissance plus marquée.

Zind 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 9/2012 ; Alcool acquis : 12.5°, SR: 11 g/l, 4.0 g/l H2SO4, pH: 3.2; Rendement : 75 hl/ha, Optimum de dégustation 2014/2021, Age moyen des vignes : 22 ans, Terroir : calcaire muschelkalk, Indice 2.
Le Zind est produit chaque année depuis 2004 exclusivement à partir de nos raisins de Chardonnay (2/3) et Auxerrois (1/3) situés dans le Clos Windsbuhl de Hunawihr. Le Chardonnay était choisi pour remplacer le Pinot-Blanc, minimiser l’importance de l’Auxerrois et surtout apporter à cet assemblage plus de structure et d’acidité, tout en augmentant la complexité du vin par l’influence d’un beau terroir calcaire tardif. En 2011, ces cépages étaient plus fertiles qu’à l’habitude, probablement une conséquence de la petite récolte 2010, et l’Auxerrois est plus important que d’habitude. La récolte 2011 est très saine, de belle maturité, a fermenté paresseusement et n’a pas réussi à aller jusqu’au bout pour garder une toute petite rondeur.
2/2013 : nez minéral encore discret à l’ouverture, dévoilant à l’aération des fruits blancs et une petite note exotique. Belle présence en bouche, sapide, avec des arômes légèrement grillés et noisette. Il est possible de ressentir une petite rondeur sur la finale, discrètement cachée par une belle nervosité et présence minérale du terroir. Ce Zind se rapproche beaucoup du millésime 2007.

Muscat 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 3/2011, Alcool acquis 12.6°, SR: 12.6 g/l, 3.1 g/l H2SO4, pH: 3.5; Rendement 79 hl/ha, Optimum de dégustation : 2012-2016, Age moyen des vignes : 32 ans, Terroir : Graves du quaternaire, 80% Muscat d’Alsace et 20% Ottonel. Indice 1.
Ce vin est entièrement issu du Herrenweg de Turckheim, maintenant planté en grande majorité avec une sélection massale de nos plants de Muscat d’Alsace, que nous préférons aujourd’hui à l’Ottonel, car il possède une meilleure structure acide et mûrit plus lentement. Les sols du Herrenweg ont été roulés et déposés par les glaciers et la rivière Fecht. On y trouve une proportion importante de galets et sables grossiers qui confèrent un caractère précoce à ce terroir. Cela est d’autant plus marqué en 2011, année chaude et précoce, où les raisins furent vendangés en parfait état sanitaire et relativement tôt pour éviter une richesse inutile dans le vin. Malgré une fermentation qui a duré jusqu’à Noël, le vin se clarifia rapidement tout en conservant une petite rondeur.
2/2012: le nez est intense et floral, sans équivoque Muscat! Malgré un élevage sur lies totales pendant 7 mois, le nez est déjà très ouvert. Le palais est élégant dévoilant une panoplie aromatique de fleurs blanches. Le palais est marqué par une petite rondeur qui équilibre en fait une petite présence d’amers typiques de ce cépage. 
3/2013: le nez s’est maintenant affiné et a gagné en intensité de fruits murs. Le palais est également plus en équilibre avec les sucres résiduels pour en faire un vin très approchable.

Muscat Grand Cru Goldert 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 2/2013; Alcool acquis : 13.2° ; SR: 6.5 g/l ; 4.9 g/l H2SO4, pH: 3.2; Rendement : 53 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2025+ ; Age moyen des vignes : 24 ans ; Terroir : calcaire oolithique exposé est, 90 % Muscat d’Alsace, 10 % Ottonel. Indice 1.
Le millésime 2011 nous a vraiment donné raison dans notre choix de ne planter que le Muscat d’Alsace (petits grains) au détriment de l’Ottonel. Le Muscat d’Alsace est capable de conserver une meilleure acidité et évolue plus lentement en sucre grâce à son caractère plus tardif. Le Goldert fut récolté à parfaite maturité physiologique (et parfait état sanitaire) et est un des rares vins de 2011 à avoir une acidité supérieure à son grand frère de 2010 ! Il n’en faut pas beaucoup pour que les levures indigènes gardent des sucres résiduels, mais le 2011 a pu fermenter quasiment jusqu’à épuisement des sucres au bout d’une année d’activité.
2/2013: le nez est vibrant et intense avec toute la panoplie des arômes typique de ce cépage, mais le caractère du terroir du Goldert prend le dessus. Les arômes fruités et floraux sont bien présents, mais maîtrisés par la force calcaire de ce cru qui apporte une belle présence minérale complexe. Le palais est vivant, racé et possède une finale saline extraordinaire rehaussée par une acidité d’anthologie. Grand vin de garde.

Riesling Terroir d’Alsace 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 2/2013 ; Alcool acquis : 13.5° ; Sucres résiduels : 5 g/l ; 4.0 g/l H2SO4, pH: 3.2; Rendement: 67 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2014-2023 ; Age moyen des vignes: 28 ans ; Terroir: granit, graves, marnes; Indice 1
Au moment des vendanges, nous avions craint de ne pas pouvoir produire ce vin car les maturités atteintes dans le secteur du Herrenweg, terroir d’origine de ce vin, étaient très hautes en 2011 augmentant donc le risque de sucres résiduels. Bien que nous soyons aujourd’hui capables de récolter plus tôt, la culture bio-dynamique nous permet d’obtenir des maturités physiologiques plus précoces, en 2011 les raisins étaient plus sucrés que d’habitude. La fermentation débuta très paresseusement mais pu finir avec un rythme plus soutenu au bout d’une année entière d’activité, à notre grande satisfaction. Comme tous les Riesling en 2011, l’acidité est un peu inférieure à 2010, mais elle compensée par une superbe maturité et un faible niveau d’acide malique, responsable de la verdeur dans les vins.
2/2013: nez très délicat de pierres mouillées et d’agrumes, classique combinaison pour le Riesling bien mûr. Encore un peu fermé (influence des lies totales pendant 18 mois !), il profitera d’une bonne aération. Le palais est un peu une surprise : ample, riche et très salivant, grâce à une acidité bien mûre. La finale est harmonieuse et permet déjà aujourd’hui de bien apprécier le vin.

Riesling Calcaire 2011 – Zind-Humbrecht
Mise : 2/2013; Alcool acquis : 13.7° ; Sucres résiduels: 4.5 g/l ; 3.9 g/l H2SO4, pH: 3.2; Rendement 70 hl/ha ; Optimum dégustation: 2015-2023 ; Age du vignoble : 37 ans ; Terroir: Argilo-Calcaro-Siliceux, exposé est et sud. Indice 1.
Les nouvelles règles de production de vins de village en Alsace sont devenues effectives à partir de la récolte 2011. Aujourd’hui, seulement 13 villages peuvent bénéficier de cette mention. Le village de Gueberschwihr possède le potentiel de qualité et la notoriété pour en faire partie, et nous aurions les vins pour le prouver, mais malheureusement pour que la demande soit acceptée par l’Inao, il faut aussi qu’elle soit faite par un nombre significatif de vignerons qui revendiquent et vendent des vins de Gueberschwihr. A ce jour, nous sommes les seuls à vouloir utiliser le nom de Gueberschwihr et donc devons arrêter d’utiliser cette mention. A partir de la récolte 2011, ce vin est donc rebaptisé ‘Calcaire’, qui correspond à la nature géologique de ce terroir. Les raisins de 2011 étaient sains et avaient atteint une belle maturité, favorisant l’obtention d’un vin sec.
2/2013: le nez exprime des arômes d’agrumes, de fruits et invite déjà aujourd’hui à la dégustation. Le palais, tout en velours, finit sur une acidité mûre qui cache bien la densité du vin. La présence minérale et saline est encore en retrait derrière une bouche vivifiante et il faudra encore attendre un peu pour une expression pleine de ce terroir. Un vrai Gueberschwihr !

Riesling Herrenweg de Turckheim 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 2/2013 ; Alcool acquis : 13.8° ; Sucres résiduels : 5.7 g/l ; 4.0 g/l H2SO4, pH: 3.1; Rendement: 65 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2014-2026 ; Age moyen des vignes : 46 ans ; Terroir : graves du quaternaires ; Indice 1.
Le Herrenweg de Turckheim, ou « chemin des hommes/des soldats » est situé le long de l’ancienne voie romaine qui reliait Colmar aux Vosges. Situé sur un terroir composé de limons, sables fins et galets grossiers, il bénéficie d’un climat chaud, qui associé à un sol drainant, confère un caractère précoce et aromatique aux vins. L’âge de la vigne est très important dans ce type de cru, car des racines plus profonde seront moins soumises aux aléas climatiques et trouveront plus de minéralité, dans un sol qui en est peu pourvu. 2011 était toutefois un millésime favorable à ce cru, car la pluviométrie, facteur limitant dans ces sols, était régulière pendant la période de croissance de la vigne. Le vin a bien fermenté sur une année entière dans un grand foudre de chêne ancien.
2/2013 : jolie intensité aromatique au nez, typique de ce cru avec des arômes d’agrumes frais et en réserve une belle présence minérale qui s’intensifie millésime après millésime, probablement à cause de l’âge grandissant des vignes. La bouche est généreuse dès l’attaque avec une sapidité qui donne un caractère juteux au vin. L’acidité est bien intégrée, sans excès, et apporte une fraicheur en finale qui en fait un vin très harmonieux.

Riesling Heimbourg 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille: 9/2012; Alcool acquis : 12.55°; Sucres résiduels 17 g/l; 4.1 g/l H2SO4, pH: 3.2 ; Rendement : 59 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2014-2026; Planté en 1994 ; Terroir : Calcaire oligocène, exposé sud sud-ouest, forte pente. Indice 2.
Le Heimbourg est un petit terroir de 7,5ha situé sur la commune de Turckheim. Son orientation varie du sud-ouest à l’ouest, sur des fortes pentes bien drainées et une roche mère de calcaire de l’Oligocène. Selon la pente, la couverture en marnes est plus ou moins épaisse. Les Riesling sont plantés sur la face la plus pentue et la plus exposée au soleil. Dans un millésime chaud comme 2011, les Riesling peuvent atteindre des niveaux de maturité importants, rendant l’obtention de vins secs plus difficile. Malgré une belle richesse, ce vin n’avait pas atteint un degré potentiel supérieurs aux autres terroirs sur le domaine, mais les levures, probablement plus paresseuses dans le Heimbourg, se sont arrêtées avant la transformation de tous les sucres.
2/2013 : d’abord fermé et très minéral, le nez s’ouvre progressivement sur des arômes de fruits mûrs tout en restant très délicat. Il est possible de ressentir la fermeté du calcaire au nez. L’attaque en bouche est vivante et marquée par des arômes de pierre et une certaine fermeté. Il faut une aération importante et prolongée pour enfin percevoir le potentiel fruité de ce vin. La bouche est délicate et bien équilibrée par une acidité sapide, ce n’est qu’en finale que les sucres résiduels commencent à faire leur apparition. Tantôt sur un indice 3, tantôt sur 2, nous avons beaucoup hésité mais misons sur le fait qu’avec l’âge ils disparaitront graduellement.

Riesling Clos Häuserer 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille: 2/2013, Alcool acquis : 13,1°; Sucres résiduels: 8 g/l ; 4,4 g/l H2SO4, pH: 3.1, Rendement: 57 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2031+ ; Vignoble planté en 1973. Terroir : Marnes calcaires de l’oligocène. Coluvium de pente. Exposé est, très faible pente. Indice 1.
Le Clos Häuserer est contigu et situé sous le Grand Cru Hengst, dont il partage l’un des noms de lieu-dit : Soedlen. Ce petit clos de 1,2ha est en bordure d’un chemin rural portant le nom de Häusererweg, qui a au final donné le nom de cette parcelle. Les vignes poussent sur un sol profond (1 à 1,5m) et riche en marnes, issues d’un Coluvium de pente, elles-mêmes situées sur une roche mère de calcaire de l’Oligocène. Cette combinaison intéressante accentue le caractère tardif de ce cru et confère au Riesling une belle structure, même dans les années très chaudes. La récolte 2011 fut très saine et le vin, paresseux au départ, a pu finir sa fermentation lentement ne gardant que peu de sucres résiduels.
2/2013: le nez est typique de terroirs calcaires: beaucoup de pierre broyée, presque maritime avec une petite réduction qui est une caractéristique des élevages longs sur lies totales. Le fruité apparait à l’aération. Le palais s’ouvre sur une belle minéralité et il est possible de ressentir une structure ferme et riche, indiquant que ce vin n’est vraiment pas encore prêt. La finale est longue et nette et révèle une belle acidité saline.

Riesling Clos Windsbuhl 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille: 2/2013; Alcool acquis : 13.4°; Sucre résiduel: 4,3 g/l ; .4.4 g/l H2SO4, pH: 3.1; Rendement : 50hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2036+; Age moyen des vignes : 37 ans ; Terroir : Calcaire Muschelkalk exposé sud, sud-est. Indice 1.
Le Clos Windsbuhl était le dernier Vignoble à finir sa floraison en 2011, il est donc normal que ce soit aussi le dernier Riesling à avoir été récolté sur le domaine. Un débourrement et une floraison tardifs sont le résultat d’un méso-climat plus frais (le Windsbuhl est plus en altitude et à proximité du massif Vosgien), une maturité tardive est aussi la conséquence d’un sol plus froid (calcaire muschelkalk). Il est fascinant pour nous de constater à quel point les Riesling conservent un parfait état sanitaire sur le Windsbuhl alors que les autres cépages, lorsque récoltés tardivement, développent beaucoup plus la pourriture noble. La maturité fut parfaite en 2011, mais permis toutefois d’obtenir un vin de type sec.
2/2013: on remarque une grande délicatesse minérale avec une présence d’arômes de torréfaction et grillé (influence des lies), mais le nez s’ouvre sur des arômes d’agrumes et fruits blancs après un temps d’ouverture. Le palais se distingue par une structure minérale délicate, qui se concentre autour d’une acidité fine. Le terroir du Windsbuhl est bien présent dans ce vin ! La finale est saline et joue avec cette acidité bien intégrée. Vin de belle garde.

Riesling Grand Cru Brand 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bt: 2/2013 ; Alcool acquis : 14.2°; Sucres résiduels : 3,6 g/l ; 3,7 g/l H2SO4, pH: 3,3; Rendement : 50hl/ha ; Optimum dégustation: 2015-2031+; Age moyen des vignes : 30 ans ; Terroir: granit biotite exposé sud, Forte pente. Indice 1.
Le Grand Cru Brand, suivi de près par le Herrenweg de Turckheim à ses pieds, est notre vignoble de Riesling le plus précoce (le premier à débourrer, fleurir, vérer…). Les sols de granite se réchauffent très vite, et comme la croissance d’une vigne est plus corrélée à la température racinaire, ceci explique le caractère précoce de ce cru. Dans un millésime aussi précoce que 2011, similaire à 2007, nous ne pensions jamais obtenir un Brand vraiment sec. Malgré une forte maturité, un parfait état sanitaire des raisins et une météorologie favorable durant les vendanges ont permis aux levures indigènes d’être très actives et de travailler jusqu’à épuisement des sucres.
2/2013 : on pourrait supposer qu’un Brand 2011 soit aujourd’hui marqué par un nez très explosif, mais c’est sans compter la force minérale du cru qui apporte une touche d’austérité et une forte minéralité. La bouche est intense et puissante, la finale est longue et persistante. La finale sans sucres est superbe et le caractère rond du millésime apporte une touche de souplesse. Grand vin de garde.

Riesling Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bt: 2/2013; Alcool acquis : 14.2°; Sucres résiduels: 6.4 g/l ; 3.6 g/l H2SO4, pH: 3.3; Rendement: 34 hl/ha ; Optimum dégustation: 2015-2036+; Age moyen des vignes : 49 ans ; Terroir : Volcanique (tufs & grauwackes), exposé sud, très forte pente. ; Indice 1.
Les vignes de Riesling sont éparpillées sur tous les 5.5ha du Clos afin de bénéficier des petites variations de sol entre le haut plus pauvre apportant de la finesse et le bas plus riche amenant plus de puissance. Situé en sortie de vallée froide et plus haut en altitude, le Rangen est un terroir tardif qui rattrape son retard en septembre/octobre, lorsque la forte pente (90%) et la couleur sombre du sol volcanique permettent aux raisins de mûrir rapidement. 2011 était un millésime sans problèmes climatiques sur le Rangen et les raisins étaient donc récoltés très sain. Le beau temps favorable en fin de saison a provoqué une maturation rapide, mais la fermentation lente a pu épuiser les sucres au bout d’un an d’activité.
2/2013 : comme pour la plupart des millésimes, le nez est très caractéristique des vins du Rangen: pierre à fusil, herbes aromatiques associés à une discrète touche exotique, signature des vins de 2011. Un tel nez ne peut que présager une bouche expressive sur les arômes de pierre et un peu de fumée. Le palais est ample et puissant avec une finale longue, mais qui surprend par sa délicatesse et son coté sec.

Riesling Grand Cru Brand Vieilles Vignes 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bt: 2/2013 ; Alcool acquis : 14°; Sucres résiduels : 18 g/l ; 3.8 g/l H2SO4, pH: 3.3; Rendement : 48hl/ha ; Optimum dégustation: 2015-2036+; Age moyen des vignes : 62 ans ; Terroir: granit biotite exposé sud, Forte pente. Indice 2.
Dans beaucoup de millésimes, les vignes situées sur la partie Schnekelsbourg du Grand Cru Brand bénéficient d’un sous-sol plus riche en marnes, sous le granite, associé à une exposition plus solaire et un méso-climat plus chaud, expliquent souvent un développement de pourriture noble plus marqué. Lorsque nous jugeons la différence de maturité trop grande avec les autres parties du Brand, ces raisins sont alors vinifiés séparément. Les levures indigènes sont très sensibles à des facteurs du milieu, tels que la présence de botrytis ou la richesse en sucre, ce qui peut expliquer un style de vin différent. Malgré une fermentation qui a persisté 13 mois, ce vin a trouvé son équilibre avec quelques sucres résiduels.
2/2013: nez intense de fruits mûrs. Malgré une belle présence aromatique complexe, ce vin possède un caractère encore discret, typique de l’évolution lente d’un vin de Grand Cru. Il faut encore attendre pour pouvoir juger le plein potentiel de ce vin. Le palais est onctueux et finit sur une structure harmonieuse souple. Le milieu de bouche est encore rond mais la finale est nette et délicate. Ce vin cherchera encore son équilibre un certain temps pour se stabiliser sur un indice 2, alors qu’on pourrait peut-être envisager 3 aujourd’hui.

Pinot-Gris Calcaire 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 9/2012 ; Alcool acquis : 14.4° ; Sucres résiduels: 17.5 g/l ; 4.1 g/l H2SO4, pH: 3.3, Rendement : 39 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2026+ ; Age moyen des vignes : 26 ans ; Terroir : Calcaire Oligocène exposé ouest, Indice 2.
Tous les terroirs calcaires sur le domaine sont situés dans des lieux-dits de grande qualité. Ce Calcaire 2011 provient exclusivement d’une partie de la récolte du Heimbourg, qui a su imprimer sa force et structure à ce vin. Les Pinot-Gris sont plantés sur la partie la plus haute (300-350m) du Heimbourg et également celle qui est la plus pauvre en marnes, et donc contenant beaucoup plus de cailloux calcaire, en faisant un terroir assez agressif (pH très alcalin pouvant atteindre 9.5 à 1m de profondeur). Malgré l’absence de pourriture noble et une date de vendange normale, ce vin a conservé quelques sucres résiduels.
2/2013 : le nez dévoile des arômes subtils de fruits (pêche, abricot) ainsi que de miel et de la sève brute. Ni la couleur jaune pâle ni le nez encore discret ne permettent de deviner la richesse du vin en bouche. Comme beaucoup de 2011, il faut attendre un certain temps pour que le vin s’ouvre complètement. L’attaque est suave et légèrement ronde, mais la structure prends le dessus et confère une belle tonicité au vin, grâce à une jolie acidité bien mûre. La finale est légèrement ronde, bien rehaussée par de jolis amers noble. Vin de garde.

Pinot-Gris Rotenberg 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 2/2013; Alcool: 15.5°; Sucres résiduels: 4 g/l ; 3.4 g/l H2SO4, pH: 3.4, Rendement: 25 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2031 ; Age moyen vignes : 30 ans ; Terroir : calcaire oligocène exposé ouest/ nord-ouest. Forte pente. Indice 1.
La colline du Rotenberg surplombe le Grand Cru Hengst et s’oriente de l’ouest vers le nord. Sur la petite partie exposée ouest-nord-ouest, les sols sont de couleur rouge sombre (riches en fer) et bénéficient d’un climat frais de par le voisinage de la forêt proche, l’altitude (300m) et bien sûr l’exposition moins solaire. La famille des Pinot est la plus adaptée et c’est pourquoi nous avons choisi de planter l’Auxerrois (descendant du Pinot-Blanc) et le Pinot-Gris dans ce terroir calcaire pauvre. Moins de précocité ne signifie pas forcément moins de richesse ! Le Rotenberg produit des rendements faibles de raisins concentrés, qui peuvent aussi développer la pourriture noble. En 2011, nous avons cherché à éviter le botrytis à tout prix, ce qui explique une fermentation lente mais persistante jusqu’à épuisement des sucres.
2/2013: le nez est pour le moment encore un peu sur sa réserve, mais une petite aération exprime de beaux arômes de fruits blancs et des agrumes. L’influence des lies de fermentation et une forte autolyse confèrent des arômes de torréfaction à la bouche. C’est un vin puissant et dense, encore un peu refermé sur lui-même, caractéristique typique des sols calcaires, rehaussée par la finale très sèche. La finale reste harmonieuse et est relevée par une note salée.

Pinot-Gris Clos Windsbuhl 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 9/2012 ; Alcool acquis : 14.4° ; Sucres résiduels: 28 g/l ; 4.3 g/l H2SO4, pH: 3.5, Rendement : 34 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2036 ; Age moyen vignes : 42 ans ; Terroir : Calcaire muschelkalk exposé sud ; sud-est, Indice 3.
Le terroir calcaire tardif du Clos Windsbuhl est souvent favorable au développement de la pourriture noble. Cependant, nous avions jugé préférable de ne pas trop pousser la maturité du Pinot-Gris dans un millésime très solaire et précoce comme 2011. Une partie des raisins issus des vignes les plus jeunes fut déjà récoltée plus tôt et déclassée. Seules les vignes les plus anciennes sur le clos ont donc produit ce vin, récolté fin septembre et avec relativement très peu de pourriture noble. Ce terroir a la capacité de conférer au vin une grande richesse de structure de par son sol très minéralisé et de son faible potentiel de récolte, même dans un millésime généreux comme 2011.
2/2013 : on retrouve toute la délicatesse et subtilité du Windsbuhl dans ce nez finement fruité et minéral (pierres mouillées, iode). La grande maturité des raisins est quasiment indétectable au nez. La bouche se caractérise par une fine rondeur, équilibrée par une délicate acidité en faisant un vin sapide très facile à déguster. Grande tenue à l’aération qui dévoile aussi des arômes légèrement  fumés et une petite touche de torréfaction. Le calcaire du Windsbuhl aura su apporter une belle harmonie à ce vin.

Pinot-Gris Thann 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 9/2012; Alcool acquis : 16.6°; Sucres résiduels 17.1 g/l ; 4.0 g/l H2SO4 ; pH: 3.7; Rendement: 30 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2031 ; Age moyen des vignes : 30 ans; Terroir : Volcanique (tufs & grauwackes), exposé sud, très forte pente. Indice 2.
Tout comme le Riesling, le Pinot-Gris est dispersé sur l’ensemble du Clos-Saint-Urbain. Une partie a été plantée en 1963 et le reste entre 1978 et 1989. Ces dernières parcelles sont souvent assemblées pour tout ou partie avec les plus vieilles vignes, sauf les années où une différence importante les séparent. Le terroir volcanique du Rangen est souvent propice au développement de la pourriture noble, grâce à l’influence de la rivière et des brouillards issus de la vallée de la Thur. Les vieilles vignes sont cependant plus résistantes au botrytis car souvent moins vigoureuses. Ceci fut particulièrement marqué en 2011. Le Pinot-Gris Thann est donc produit uniquement à partir des vignes un peu plus jeunes et plus marqué par la pourriture noble, ce qui explique aussi quelques sucres résiduels malgré une fermentation puissante.
2/2013: jolie couleur or. Le nez est puissant et dévoile sans équivoque l’origine de ce vin : fumée, pierre à fusil, abricots secs et les marqueurs classiques de la pourriture noble comme le miel, les fruits secs et le cacao. L’attaque est puissante et massive. On ressent un duel intéressant entre le terroir et la sur-maturité des raisins. L’acidité et surtout les amers nobles contribuent à faire disparaitre les sucres résiduels, surtout en fin de bouche, de façon spectaculaire.

Pinot-Gris Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 9/2013 ; Alcool: 15.6° ; Sucres résiduels: 5 g/l ; 3.4 g/l H2SO4, pH: 3.7; Rendement: 25 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2036; Age moyen: 48 ans ; Terroir : Volcanique (tufs & grauwackes), exposé sud, très forte pente. Indice 1.
Seules les vieilles vignes de Pinot-Gris du Rangen, plantées en 1963, ont été utilisées pour produire le Grand Cru du Rangen en 2011. Moins sujettes au développement de pourriture noble, elles ont produit un vin beaucoup plus sec. Nous avons pris la décision de séparer ces vieux plants, à la fois pour respecter un style très différent (sec versus demi-sec) mais surtout aussi pour conserver leur complexité intacte. Produire un grand Pinot-Gris sec est rare et très difficile, mais le terroir volcanique du Rangen arrive à magnifier le caractère parfois trop rond de ce cépage. La fermentation fut très rapide (4 semaines), mais un séjour sur lies totales fut nécessaire pour assouplir ce vin très puissant.
2/2013 : couleur or jaune clair. Le nez est très classique du Rangen avec toute son intensité minérale et des arômes de fumée. Beaucoup plus en réserve et sans influence variétale aucune, la bouche montre d’emblée une grande subtilité de terroir et une force tranquille. Plus en réserve mais plus persistant,  tout est encore en devenir. Ce vin est quasiment inaltérable, même ouvert pendant des semaines ! Le caractère du terroir est subtil et très pur dans ce vin sec où la maturité des raisins n’influence pas sa composition. Ce vin me rappelle beaucoup le magistral 1990 !

Gewurztraminer 2011 (Lot 170) – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 3/2012; Alcool acquis : 14.1°; Sucres résiduels : 9 g/l ; 3.2 g/l H2SO4, pH: 3.6; Rendement: 80 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2012-2018; Age moyen des vignes : 33 ans ; Terroir : graves quaternaires, calcaire ; Indice 1.
Ce vin est produit à partir d’un assemblage de beaucoup de parcelles sur le domaine, avec une grande partie située sur le Herrenweg de Turckheim. Nous recherchons une bonne maturité physiologique pour éviter une expression trop parfumée simpliste du cépage, mais sans trop de richesse pour que les levures puissent fermenter le plus loin possible sans atteindre un niveau d’alcool trop élevé. Ceci est bien sûr plus facile à réaliser dans un millésime tardif. Malgré tout, les efforts faits en 2011 pour contrôler l’évolution de la maturité nous ont permis de récolter ce vin juste au bon niveau. Le climat de 2011 a aussi permis d’éviter des tanins trop marqués, permettant une mise en bouteille plus précoce.
2/2012: le nez est marqué par des arômes classiques de rose et fleurs, sans les excès souvent rencontrés sur ce cépage, grâce à des notes plus épicées et poivrées, caractéristiques d’une bonne maturité. Un séjour sur lies totales permet aussi de réduire les arômes variétaux. Le palais est long, élégant, est ressenti comme quasiment sec et permet des accompagnements de plats un peu relevés.
3/2013: le nez est maintenant bien développé, dévoilant une belle intensité et persistance. La bouche est en place avec un joli équilibre sans lourdeur.

Gewurztraminer Gueberschwihr 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille: 9/2012 ; Alcool acquis : 14.3° ; Sucre résiduel: 14 g/l ; 3.1 g/l H2SO4, pH: 3.5; Rendement: 43 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2013-2023 ; Age du vignoble: 28 ans ; Terroir : Argilo-silico-calcaire, pente faible Est ; Indice 2.
Voici le dernier Gewurztraminer Gueberschwihr produit sur le domaine. Tout comme pour le riesling, cette petite parcelle sera incorporée dans notre Gewurztraminer Calcaire à partir du millésime 2012. Etant le seul domaine à revendiquer la mention village à Gueberschwihr, il ne nous est pas possible de présenter un dossier suffisamment important et représentatif au vu de la faible quantité produite. Nous aurions déjà dû effectuer cet assemblage en 2011, mais la qualité des raisins nous a poussé à reporter cette décision d’une année !
2/2013 : joli nez délicat d’agrumes (pamplemousse rose) et fruits exotiques. La bouche quitte très vite le registre variétal pour dévoiler des arômes poivrés et d’épices. Les quelques sucres résiduels sont très bien intégrés et la finale se construit autour d’une structure délicate rehaussée par des jolis tanins qui confèrent un caractère bien plus sec que les sucres résiduels ne le laisserait présager.

Gewurztraminer Calcaire 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille: 9/2012; Alcool acquis : 13.8°; Sucres résiduels : 36 g/l ; 3.4 g/l H2SO4, pH: 3.6; Rendement : 58 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2013-2026+; Age moyen des vignes : 30 ans, Terroir : Calcaire Oligocène. Indice 4.
A partir du millésime 2011, il n’y aura plus de production de Gewurztraminer Wintzenheim, et tout comme Gueberschwihr et pour les même raisons, ce vin sera dorénavant appelé ‘Calcaire’. Il faut croire que les rares vignerons subsistants dans le « Village des Vignerons » (traduction française de Wintzenheim) ne veulent pas conserver ce joli nom dans leur patrimoine viticole, car en effet, pour le préserver, il aurait fallu une action groupée des producteurs. Ce village abrite pourtant des crus très intéressants ! Ce vin fut récolté à maturité mais avec des raisins sains et relativement tôt, afin d’éviter toute lourdeur inutile. Malgré une fermentation soutenue, on retrouvera des sucres résiduels dans ce vin.
2/2013 : couleur jaune pâle. Ce vin est aujourd’hui marqué par un nez de grande finesse et persistance aromatique. Malgré une maturité importante, le nez dégage une sensation de fraicheur et d’élégance typique de ce type de terroir, où se mélangent des arômes de rose ancienne et des épices musqués, voire même un peu de cuir. La bouche combine élégance et fermeté. Les sucres résiduels n’apportent aucune lourdeur, bien au contraire, ils permettent l’intégration de la structure tannique. Grande résistance à l’aération.

Gewurztraminer Turckheim 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 9/2012; Alcool acquis : 12.5°; Sucres résiduels : 76.5 g/l ; 3.7 g/l H2SO4, pH: 3.6; Rendement: 57 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2014-2026; Age moyen des vignes : 38 ans ; Terroir : graves quaternaires ; Indice 5.
Le terroir graveleux du Herrenweg de Turckheim a de tout temps été reconnu pour ses Gewurztraminer très aromatiques et fruités. C’est un cépage qui a besoin d’une parfaite maturité physiologique mais aussi d’un peu plus de chaleur pour pouvoir mûrir correctement les raisins. 2011 était une année propice à des fortes maturités en sucre, mais pour éviter les excès, la maîtrise des rendements et de la date de vendange étaient importants. Seules les vieilles vignes ont été récoltées avec une présence importante de botrytis (VT), toutes les autres ont été vendangées bien plus tôt. Ce vin est issu des parcelles d’âge moyen du Herrenweg mais présentée sous la mention village Turckheim. A Turckheim, contrairement à Wintzenheim ou Gueberschwihr, il reste quelques vignerons qui veulent préserver le patrimoine que constitue le nom de la commune et nous pouvons donc continuer à utiliser cette mention.
2/2013 : la robe est jaune pâle malgré une forte maturité des raisins. Le nez ne laisse point deviner une telle richesse et est même encore un peu fermé, ne laissant transparaitre que quelques arômes d’agrumes et de fleurs (rose, géranium). La bouche déroule une jolie suavité et onctuosité tout le long de la dégustation, mais sans lourdeur ou fatigue, grâce à une structure toute en finesse. Comme beaucoup de 2011, la tenue de ce vin dans le temps est exemplaire.

Gewurztraminer Heimbourg 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille: 9/2012; Alcool: 13.8°; Sucres résiduels : 57 g/l ; 3.6 g/l H2SO4, pH: 3.6; Rendement : 29 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2014-2029; Vignoble planté en 1983;  Terroir : Calcaire Oligocène, exposé ouest, moyenne à forte pente. Indice : 5.
Le Gewurztraminer est situé sur la partie la plus tardive du Heimbourg, exposée à l’ouest, là où les sols marno-calcaires sont les plus profonds et où l’exposition est la moins solaire. Ces caractéristiques ont été mises à profit par ce terroir en 2011, car les raisins ont parfaitement mûris pour finalement produire un vin moelleux d’une grande harmonie et élégance.
2/2013 : couleur jaune pâle, ne laissant pas présager de la richesse de ce vin ! Le nez à l’ouverture est encore une peu timide, mais très rapidement il s’ouvre sur des arômes profonds de fleurs, rose ancienne, lys et dégage une agréable sensation de douceur. L’attaque est délicate et progressivement la puissance du vin s’affirme en bouche. Au palais il est alors possible de retrouver les épices caractéristiques des sols calcaires et une certaine fermeté de la structure. Les tanins et l’acidité mûre indiquent un joli potentiel de garde. La structure du terroir domine les sucres résiduels.

Gewurztraminer Clos Windsbuhl 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bt: 9/2012; Alcool acquis : 13.8° alc ; Sucres résiduels: 52 g/l ; 3.2 g/l H2SO4, pH: 3.7; Rendement : 48hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2031+ ; Age moyen des vignes : 41 ans ; Terroir : Calcaire Muschelkalk exposé sud, sud-est ; Indice 5.
A la reprise de ce grand terroir en 1987, nous n’aurions jamais imaginé à quel point le Gewurztraminer allait être aussi adapté à ce cru et être capable d’en tirer toute sa finesse. A l’heure où l’Alsace réalise un plan d’encépagement (quel cépage sera autorisé ou interdit dans chaque lieu), cet exemple montre à quel point il faut se méfier des idées préconçues. Certes, le Gewurztraminer a besoin de chaleur pour mûrir, mais le Windsbuhl compense son climat plus frais par une capacité à récolter beaucoup plus tard, donnant aux raisins une meilleure maturité physiologique. Ceci, bien sûr, ne peut se réaliser que si la production est modeste.
2/2013 : le tout premier nez à l’ouverture est encore un peu fermé, dominé par des arômes de torréfaction et fumée d’une belle complexité. C’est un Windsbuhl très ‘terroir’ qui met du temps à s’ouvrir, mais lorsque le vin est correctement aéré, il se dégage alors des arômes d’agrumes et fruits exotiques très mûrs (ananas, litchi) et les épices s’affirment (coriandre, clou de girofle). La bouche est d’une grande délicatesse et intègre parfaitement les sucres résiduels qui paraissent presque légers en finale. De même, la richesse tannique est intégrée et apporte une sensation saline. C’est un vin qui n’évolue quasiment pas après une ouverture prolongée, ce qui augure d’un énorme potentiel de garde.

Gewurztraminer Grand Cru Goldert 2011 – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 9/2012; Alcool acquis : 13.6° alc ; Sucres résiduels : 62 g/l ; 3.0 g/l H2SO4, pH: 3.7; Rendement : 39hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2026+; Age moyen des vignes : 28 ans ; Terroir : calcaire oolithique exposé est. Indice 5.
Le Goldert est un Grand Cru d’aspect très discret. Sa douce pente exposée à l’est se fonds dans le vignoble, et l’œil non averti pourrait ne pas se laisser impressionner par la qualité de son sol et sous-sol calcaire. L’association avec un climat un peu plus tardif fait que le Goldert est souvent, avec le Rangen et le Clos Windsbuhl, l’un des tout derniers à être récolté. C’est un terroir qui possède un sol très riche et profond, capable d’exprimer une forte vigueur et donc un potentiel de récolte trop élevé qu’il faut savoir maîtriser. Les conditions de l’année 2011 étaient idéales pour ce cru, qui a pu produire un vin moelleux de grande classe.
2/2013 : fidèle à lui-même, le Goldert dégage des arômes délicats et persistants de rose ancienne et lys ainsi qu’une sensation de douceur et maturité plus accentuée. L’influence du terroir est dans la finesse de l’expression aromatique rendant ces arômes floraux très complexes. Après ouverture prolongée, on peut enfin voir apparaître des arômes de pierres mouillées. La bouche est généreuse et très expressive. La sucrosité est présente dès l’attaque, sans lourdeur. Une légère amertume noble permet aussi d’équilibrer le vin et lui confèrera aussi un joli potentiel de garde.

Pinot-Gris Clos Jebsal 2011 Vendange Tardive – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 9/2012; Alcool: 13.6° ; Sucres résiduels: 71g/l ; 3.5 g/l H2SO4, pH: 3.7; Rendement : 39 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2036; Vignoble planté en 1983; Terroir : Marnes grises et Gypse. Exposé sud, terrasses et forte pente.
Fidèle à lui-même, ce petit cru de 1,3ha situé sur une faille de gypse et de marnes, au pied du Brand, a trouvé toutes les conditions requises pour développer de la pourriture noble. Le Jebsal était le seul terroir sur le domaine où nous avons procédé à une trie de baies pour y produire aussi une sélection de grains nobles en plus de cette vendange tardive. Les conditions chaudes et solaires de 2011 n’étaient pas favorables à la préservation d’une très forte acidité, aussi nous n’avons pas recherché la concentration la plus haute possible, mais un juste équilibre entre les éléments du vin. La fermentation se termina sur un équilibre alcool/sucre classique.
2/2013 : au nez, ce vin exprime une grande délicatesse et est encore discret, sans ces notes typiques du botrytis. De même, la robe jaune pâle ne laisse pas présager de la richesse importante de ce vin. En se concentrant sur le vin, on y découvre des arômes subtils de fleurs blanches, lys et une superbe minéralité sous la forme d’argile mouillée. Le cépage est presque méconnaissable. De l’attaque jusqu’à la finale, la bouche exprime une belle rondeur et un botrytis d’une grande discrétion, présent seulement par quelques notes torréfiées. L’acidité est modérée, mais ce vin dégage une sérénité et aisance probablement liée à une forte maturité phénolique, et donc une présence tannique en finale qui structure le vin. Grande résistance à l’oxydation et donc bon potentiel de garde.

Gewurztraminer Herrenweg de Turckheim Vieilles Vignes 2011 Vendange Tardive – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 9/2012; Alcool acquis : 13°; Sucres résiduels : 98 g/l ; 3.4 g/l H2SO4, pH: 3.7; Rendement: 38 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2014-2031+; Age moyen des vignes : 65 ans ; Terroir : graves quaternaires.
Une grande partie du Herrenweg est plantée en Gewurztraminer, cépage aimant bien le soleil et un peu plus de chaleur. Bien que les terroirs calcaires soient préférés pour l’obtention de Gewurztraminer de grande structure de garde, il faut reconnaître que ces vieilles vignes doivent plonger profondément dans les galets du Herrenweg pour y trouver cette structure et minéralité assez surprenante. L’application des principes bio-dynamiques doivent faciliter et augmenter cette influence. Comment expliquer autrement la tenue et la complexité de ce vin ? Récoltés très mûrs, avec une grande proportion de raisins botrytisés (50%), la fermentation fut assez courte (1 mois) pour se stabiliser sur un équilibre liquoreux.
2/2013 : jolie couleur jaune, sans dévoiler la présence de botrytis. Le nez dégage une belle intensité aromatique marquée par la présence de fruits exotiques (litchi), zestes d’agrumes et une grande fraicheur. La bouche est dans la continuation du nez. Tout comme au nez, le botrytis est très discret, accentuant le caractère expressif de ce cru. La liqueur est bien présente jusqu’en finale ; équilibrée par une acidité mûre et une grande fraicheur.

Gewurztraminer Grand Cru Hengst 2011 Vendange Tardive – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 9/2012; Alcool acquis : 12.7° alc ; Sucres résiduels : 102 g/l ; 3.2 g/l H2SO4, pH: 3.8; Rendement : 25 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2016-2041+ ; Age moyen des vignes : 60 ans ; Terroir : Marnes calcaires de l’oligocène, exposé sud sud-est, pente moyenne à forte.
Le Hengst est situé dans une zone climatique chaude et précoce, proche de Colmar, protégé par le massif Vosgien qui surplombe sa partie la plus haute. Son exposition sud-est en fait aussi un terroir relativement sec. Cela ne cause pas de problème à la vigne qui trouve dans le sol marno-calcaire des réserves suffisantes, mais empêche un développement de botrytis trop précoce, qui n’est jamais de bon augure. Souvent récolté très mûr, le Hengst n’est par contre pas souvent déclaré en Vendange Tardive, à cause de la résistance accrue des très vieilles vignes  au botrytis et de ce climat plus sec. Par contre, lorsque la pourriture noble s’installe dans le Hengst, comme en 2011 où l’humidité était suffisante, cela permet de produire des vendanges tardives de grande classe.
2/2013 : le nez dévoile déjà aujourd’hui toute la complexité de ce grand terroir à Gewurztraminer: épices, cuir, pierres, cire/miel, litchi, mangue… la liste est trop longue, et cela s’intensifie après une longue ouverture du vin. Le profil aromatique est proche de celui d’une SGN, aussi bien au nez qu’en bouche. Le botrytis reste très discret et s’efface devant le terroir. La bouche exprime une belle liqueur, persistante, finissant sur une touche minérale surprenante et à nouveau une forte influence du Hengst. La sucrosité est importante, mais nécessaire pour enrober la force de ce vin. Très grande garde.

Pinot-Gris Clos Jebsal 2011 Sélection de Grains Nobles – Zind-Humbrecht
Mise en bouteille : 9/2013 (sauf changement de décision); Alcool acquis : 12.5° ; Sucres résiduels: 185 g/l; 5.0 g/l H2SO4, pH: 3.6; Rendement : 22 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2016-41+ ; Vignoble planté en 1983; Terroir: Marnes (Trias) et  Gypse. Exposé sud, terrasses et forte pente.
Issu d’une trie effectuée début octobre, ce vin est la seule Sélection de Grains Nobles produite sur le domaine en 2011, pourtant considérée comme une année record de production de VT et SGN en Alsace. Certes le climat était favorable (chaleur, soleil et humidité), mais nous avons préféré limité la production de ce type de vin aux seuls terroirs capable de conserver une structure intéressante. Les marnes riches et profondes du Jebsal permettent de conserver une belle fraicheur au sol et donc aussi une jolie structure. Issu de la troisième trie (la première fut déclassée en Pinot-Gris classique), ce vin possède une richesse classique de 167° Oechslés, soit environ (23.5° potentiels). Ayant une acidité moins marquée, la fermentation fut un peu plus rapide pour atteindre un alcool un peu plus élevé (pour une SGN).
2/2013: le nez est classiquement marqué par la pourriture noble (miel d’acacia, cire…) mais possède aussi un joli fruité (nectar de pêche, abricot, fruits secs…). La bouche est marquée par une grande liqueur et une texture presque suave, le rendant très accessible. En finale, il possible de retrouver l’acidité et une jolie amertume rappelant des zestes d’agrumes. Grande garde.