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Zind-Humbrecht 2004 – les notes du domaine

En attendant le compte rendu de la dégustation du 14 mars dernier, retrouvez les notes du domaine Zind-Humbrecht sur le millésime 2004 : caractéristiques du millésime et des vins, notes de dégustation, apogées etc…  Toujours un bel exemple de l’information que possède un domaine et que les clients ne connaissent pas forcément s’ils ne s’arrêtent pas au domaine.


Thierry Meyer



LE MILLESIME 2004


Le monde entier se rappelle certainement des conditions climatiques extrêmes de l’année 2003, mais peu de personnes se rendent compte qu’à peine les vendanges terminées, il y eut un déluge de pluies salvatrices pour les sols. En Alsace, la récolte des raisins se termine bien souvent en Novembre, laissant peu de temps au vigneron pour épandre les composts, labourer les sols et remplacer les ceps morts avant l’hiver. Les vignes elles mêmes disposent de peu de temps pour créer des réserves et les stocker dans le cep et racines, car souvent la récolte s’effectue au moment ou le feuillage est déjà jaune ou tombé. Dans ce cas, le raisin continue à épuiser le plant jusqu’au moment où il est coupé. Les vendanges tardives sont plus stressantes pour le pied de vigne et contribuent à limiter la vigueur. En 2003, ce fut le contraire : les vignes sont restées vertes deux mois après la récolte, stockant des réserves en abondance dans le cep et racines. 2003 était aussi une année stressante pour la vigne à cause des chaleurs intenses et des périodes de sècheresse. La vigne réagit de façon naturelle à ces stress en augmentant la fertilité de ses bourgeons. Le nombre et la taille des raisins sont donc accrus l’année suivante. Comme la vigne disposait de réserves importantes, il en résultait un potentiel de récolte en rapport. Les vignerons proches de leurs vignes, comprenant ces mécanismes, ont pu anticiper ces phénomènes en jouant sur la taille et la fertilisation des vignes. 2004 est effectivement la récolte la plus importante faite en Alsace depuis 1992.


Le débourrement eut lieu normalement vers la mi-avril, après un hiver assez pluvieux et froid. Un printemps propice aux plantes provoqua une floraison moyennement précoce et rapide (9 juin dans le vignoble du Herrenweg et 20 juin dans le vignoble du Rangen). Le climat de juin était parfait, la floraison se déroula sans heurts, et les baies de raisins grossissaient régulièrement, sans coulure ou millerandage. L’été 2004 était très similaire à 2002 : le mois de juillet très chaud était suivi d’un début août froid et pluvieux. De la fin du mois d’août jusqu’à mi-octobre, le temps était ensoleillé, sec et parfois chaud. Dans ces conditions idéales de maturation, les raisins ont pu conserver une forte acidité tout en accumulant une belle richesse en sucres et un parfait état sanitaire.


Les vendanges ont démarré début Octobre 2004. La récolte s’annonçait beaucoup plus grande que les millésimes précédents, mais les raisins étaient parfaitement mûrs tout en ayant des excellentes acidités. A partir de mi-octobre, la pluie s’installa sur notre région, nous obligeant à récolter les dernières parcelles. La production de vins issus de raisins botrytisés est donc faible en 2004. Seul le riesling, dans le Brand et le Clos Windsbuhl, et le pinot-gris du Clos Jebsal étaient capables de développer suffisamment de pourriture noble début octobre pour nous permettre de récolter des superbes vendanges tardives. Nous n’avons par contre produit aucune SGN.


En 2004, les efforts faits dans le vignoble pour éviter les enracinements superficiels étaient payants. Le labour, en détruisant les racines superficielles et l’engazonnement (en laissant pousser les plantes naturelles du lieu) à partir du mois d’août, ont certainement contribué à éviter une assimilation excessive d’eau durant octobre qui aurait pu être responsable d’une dilution marquée des baies et d’un départ de botrytis trop précoce. A l’exception des rares vins en surmaturité, les fermentations étaient soutenues et vigoureuses, même si parfois très lentes. La plupart des vins ont ainsi pu transformer la quasi-totalité de leurs sucres, dans tous les cépages. Tous les vins ont un excellent équilibre acide/maturité, la moyenne de rendement du domaine se situe à 49hl/ha, et aucun vin n’a reçu d’adjuvants (chaptalisation, levures, vitamines, acides…) à l’exception d’une faible quantité de sulfites. L’ensemble du vignoble est cultivé en biodynamie, certifié sous le label Biodyvin.


Indice: Niveau de sucrosité au palais. Cette note essaye de combiner les sucres résiduels, l’alcool, l’acidité et la structure générale du vin pour mieux en comprendre son style. Il est clair que cette perception peut varier d’une personne à une autre et cet indice n’est là que pour éviter d’éventuelles erreurs de service du vin. Echelle de 1 à 5 :


1 : vin techniquement sec (<2 à 6g/l) ; 2 : pas techniquement sec, mais les sucres ne sont pas apparents de façon évidente au palais. Certains dégustateurs peuvent trouver une légère rondeur en fin de bouche. 3 : sucrosité moyenne, plus importante dans la jeunesse du vin, qui s’estompera progressivement avec l’âge. 4 : vin moelleux. 5 : Vin moelleux, très proche d’une vendange tardive.


Alc : alcool acquis en fin de fermentation, SR : sucres résiduels.


 


Zind 2004


Mise en bouteille : février 2006, 13.1° alc, SR 4.7 g/l, 70 hl/ha, Optimum de dégustation 2006/2012, Âge moyen des vignes : 23 ans, Surface : 2 ha, terroir : calcaire muschelkalk, Indice 1


Dans le passé, nous étions souvent tentés par le fait de vinifier les auxerrois (30%) et chardonnays (70%) du Clos Windsbuhl à part. En 2004, c’est chose faite. Le Zind 2004 provient exclusivement de nos vignes situées sur le terroir calcaire du Windsbuhl à Hunawihr. Cette décision était possible car tous les pinots en 2004 possédaient une acidité suffisante. La pureté du calcaire de ce terroir se traduit par un vin qui est particulièrement bien structuré. Ce vin a fermenté pendant plus de 12 mois dans un foudre de chêne ancien pour achever tous les sucres.


1/2006: le nez dévoile des arômes mûrs de chardonnay, une forte minéralité, dans un style très épuré, typique des terroirs calcaires. Le vin prend un aspect très sec, presque austère, avec des arômes de pierres et de fruits blancs. Certes, le chardonnay peut être identifié au nez (surtout lorsque l’on connaît la composition de ce vin !) par des arômes beurrés, d’amande, mais sans le caractère toasté souvent associé à ce cépage. L’influence d’un élevage long sur lies et lies fines se ressent encore. La finale est nette et droite.


Muscat Herrenweg de Turckheim 2004


Mise en bouteille : septembre 2005, Alcool acquis 13.2°alc, Sucres résiduels: 3 g/l, Rendement 75 hl/ha, Optimum de dégustation : 2006-2010, Age moyen des vignes : 49 ans, Surface : 0.36 ha, Terroir : Graves du quaternaire, 30% Muscat d’Alsace et  70% Ottonel. Indice 1.


2004 est un millésime idéal pour les cépages muscat Ottonel et muscat d’Alsace. Ces cépages ont pu conserver une bonne acidité, et surtout, un excellent potentiel aromatique, grâce à un été relativement frais. Septembre, beaucoup plus chaud, a finalement favorisé une bonne maturation en sucre des raisins, sans altérer le potentiel acide. La récolte, plus abondante que d’habitude, a permis de façonner un vin élégant, sans trop de richesse alcoolique. La fermentation fut complète, le vin est sec, et ne présente aucune trace d’amertume souvent associée à ce type de vin.


1/2006: le nez est déjà très expressif du cépage, dévoilant tout le potentiel aromatique du sol graveleux du Herrenweg. La bouche est élégante, voire parfumée, et équilibrée par une acidité fine, assez inhabituelle à ce cépage, mais caractéristique du millésime 2004. Ce vin finit sec, mais cela ne l’empêche pas d’être très agréable en bouche.


Muscat Goldert 2004


Mise en bouteille : septembre 2005; Alcool acquis : 12.9° alc ; Sucres résiduels : 10 g/l ; Rendement : 55hl/ha ; Optimum de dégustation: 2008-2016 ; Age moyen des vignes : 26 ans ; Surface : 0.23 ha, Terroir : calcaire oolithique exposé est, 90 % Muscat d’Alsace, 10 % Ottonel. Indice 2


Aussi loin que remonte nos recherches, il semblerait que le muscat faisait toujours partie de l’histoire du Goldert. Le terroir de calcaire oolithique du Goldert -un calcaire très pur- est exposé est sur une pente assez douce. Le climat plus tardif de Gueberschwihr, accentué par des sols marneux riches, favorise une maturation lente des raisins et un équilibre basé sur une acidité très fine. Le muscat du Goldert était en fait récolté à la même maturité que le Herrenweg, mais avec une acidité supérieure. Les levures indigènes sont en général plus sensibles à l’acidité, ce qui explique pourquoi la fermentation s’est arrêtée en conservant une petite quantité de sucres résiduels.


1/2006: le nez est encore fermé, sur une réserve très minérale, presque austère, proche d’un riesling. Une aération modérée (un passage en carafe est fortement recommandé sur ce vin lorsque goûté jeune) révèlera toute la richesse en arômes de fruits. La bouche dévoile un joli équilibre entre une rondeur discrète et une finale longue marquée par une acidité fine. Ce muscat bénéficiera d’une garde de quelques années avant d’être pleinement apprécié.


Riesling Gueberschwihr 2004


Mise : février 2006; Alcool acquis : 14 ° alc ; Sucres résiduels: 8.6 g/l ; Rendement 70 hl/ha ; Optimum dégustation: 2007-2016 ; Age du vignoble : 30 ans ; Surface : 1.17 ha ; Terroir : Argilo-calcaro-siliceux, exposé est et sud. Faible pente ; Indice 1


Le Riesling était peut être le cépage qui a le mieux su tirer profit du profil climatique de l’année 2004. Une maturation lente liée à un mois d’août frais, suivi d’une période ensoleillée et sèche en septembre, a permis une adéquation parfaite entre la maturité en sucre et la maturité physiologique des raisins, le tout, avant les pluies de mi-octobre ! Ce vin est composé d’un assemblage de huit petites parcelles distinctes, éparpillées sur le ban viticole de Gueberschwihr, exposées soit au sud ou vers l’est. Toutes ont un point commun : des sols argilo-calcaires assez profonds et riches, permettant l’obtention de rieslings marqués par la minéralité et une belle acidité.


1/2006: ce vin fermentait encore pendant les vendanges 2005, et nous nous demandions quand il allait finir. Maintenant la fermentation est bien finie. Le résultat est un vin puissant, ayant une belle complexité et minéralité. Au palais, ce vin se goûte vraiment sec. Il ressemble, en un peu plus puissant, au 2001.


Riesling Turckheim 2004


Mise en bouteille : sept 2005 ; Alcool acquis : 14° alc; Sucres résiduels : 8.4 g/l ; Rendement: 70 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2006-2016 ; Age moyen des vignes : 21 ans ; Surface : 1 ha de riesling ; Terroir : granite, marnes et graves ; Indice 1


Le Riesling Turckheim était traditionnellement produit à partir des ‘jeunes’ vignes du Brand, sur un terroir granitique. En 2004, nous avons ajouté à ce vin la production d’une petite parcelle, située au pied du Clos Jebsal, sur un substrat marno-graveleux légèrement calcaire. Malgré le jeune âge de ces vignes, le riesling Turckheim a gagné en structure et longueur, sans pour autant perdre la finesse caractéristique du granite. Le 2004 riesling Turckheim est un vin récolté à forte maturité, ayant fermenté vigoureusement en deux mois, laissant très peu de sucres résiduels.


1/2006: le nez exprime déjà une très forte minéralité (herbes sèches, pierres…). Il peut encore paraître austère, mais une simple aération dans le verre révèlera le fruit classique de ce terroir. La bouche est riche, longue, marquée par une forte maturité mais aussi une très grande élégance et une acidité bien présente en finale, laissant paraître un vin sec.


Riesling Herrenweg de Turckheim 2004


Mise en bouteille : février 2006 ; Alcool acquis : 13.3 ° ; Sucres résiduels : 9 g/l ; Rendement: 64 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2006-2016 ; Age moyen des vignes : 29 ans ; Surface : 2.12 ha de riesling ; Terroir : graves du quaternaire ; Indice 1


Une grande partie des Rieslings plantés dans le Herrenweg est située dans le secteur le plus riche, où les sols sont un peu plus profonds et où la fraction de sables très fins et limons domine la fraction graveleuse (par contraste, les Gewurztraminers sont plus situés dans la partie plus graveleuse et plus pauvre du Herrenweg). Ce type de sol réussit particulièrement bien dans une année équilibrée comme 2004 et souffre peut être un peu plus en année d’extrême chaleur et sécheresse. En 2004, les vignes n’ont pas souffert de stress, les acidités sont élevées, mais équilibrées et mûres, et, grâce à un climat très favorable en septembre, les maturités sont élevées. L’âge moyen des vignes est en fait un peu plus élevé, car une grande partie de ce vignoble fut déclassée.


1/2006: la fermentation fut achevée en septembre 2005 et le vin soutiré en octobre. L’influence de l’élevage sur lie est encore importante, mais nécessaire pour atténuer la puissance de l’acidité de ce vin et permettre une vinification avec moins de SO2, plus de protection contre l’oxydation et surtout favoriser le développement d’arômes complexes. Le nez est caractéristique de ce terroir : plus fuité et ouvert, mais peut être plus minéral qu’un autre millésime. Ce vin se goûte sec en bouche, grâce à une acidité vibrante et une belle finale.


Riesling Clos Häuserer 2004


Mise en bouteille: février2006, Alcool acquis : 13.9° ; Sucres résiduels: 6 g/l ; Rendement: 49 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2008-2020+ ; Vignoble planté en 1973. 100% Riesling ; Surface : 1.2 ha ; Terroir : Marnes calcaires de l’oligocène. Coluvium de pente. Exposé est. Très faible pente. Indice 1.


Le Clos Häuserer est situé au pied du grand cru Hengst sur la commune de Wintzenheim. Le sol de ce terroir est composé d’une succession de couches de sédiments provenant de l’érosion de la colline située en amont (calcaires, marnes), avec en profondeur (entre 1m et 1.5m) la roche de calcaire oligocène. Avec le temps et une culture adaptée du sol, les racines ont maintenant atteint les couches plus profondes, beaucoup plus calcaires et pauvres en éléments fertilisants. Il en résulte un vin ayant une forte minéralité associée à une belle acidité. Les rangs de vignes sont plantés nord-sud, et sont situés dans une légère dépression, ce qui protège ce clos des vents froids. La vendange est souvent assez précoce, dans la mesure où nous ne cherchons pas le botrytis de façon systématique. En 2004, la fermentation était lente (12 mois) jusqu’à épuisement des sucres.


1/2006: ce riesling est peut être aujourd’hui le plus austère de tous les 2004. Le nez est marqué par une belle minéralité de pierre, qui laisse présager une évolution vers un pétrole très raffiné. Le palais est puissant, intense, long avec une finale nette et sec. L’acidité semble beaucoup plus mûre et donc moins agressive que sur les vins précédents. Grand classique.


Riesling Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2004


Mise: septembre 2005 ; Alcool acquis : 14.2 °; Sucres résiduels: 6.2 g/l ; Rendement: 36 hl/ha ; Optimum dégustation: 2008-2020+ ; Age moyen des vignes : 42 ans ; Surface : 2.1 ha ; Terroir : Volcanique (tufs & grauwackes), exposé sud, très forte pente. ; Indice 1


Le vignoble du Clos-Saint-Urbain est situé sur la commune de Thann, à l’extrémité sud de la route des vins d’Alsace. Le climat y est en fait plus tempéré et frais que dans la région de Colmar, grâce à la proximité du massif Vosgien et d’une altitude plus élevée (le Rangen était le dernier de nos terroirs à finir de fleurir en 2004). La très forte pente (plus de 90%) et la couleur sombre des sédiments volcaniques participent au réchauffement du sol et favorisent donc une maturation tardive des raisins. Ce vignoble est donc capable de rattraper en septembre/octobre le retard pris au débourrement et à la floraison, voire même de dépasser les autres vignobles. Les rendements faibles (par ha et par cep), même en 2004, expliquent aussi les niveaux de concentration atteints. Le Rangen fut récolté très mur, mais contrairement à beaucoup d’autres rieslings, il fermenta très vite tous ses sucres.


1/2006: le nez est une signature évidente de la roche volcanique: pierre à fusil, fumée, minéral, voire même tourbé. Il est impossible de le confondre avec un autre vin ! Le palais est long et intense, dégageant une certaine chaleur et sensation de richesse, tout en conservant ce très bel équilibre propre aux vins de 2004. Finale longue, finissant sec.


Riesling Heimbourg 2004


Mise : fév 2006 ; Alcool acquis : 13.35 ° ; Sucres résiduels 19.4 g/l ; Rendement : 46 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2009-2019 ; Vignoble planté en 1994 ; Surface : 1.06 ha ; Terroir : Calcaire oligocène, exposé sud. Sud-ouest, très forte pente. ; Indice 2


Le Riesling est uniquement planté sur la partie la plus raide et exposée sud sud-ouest du Heimbourg. Cette exposition plus chaude et précoce permet une excellente maturation des raisins, sur un terroir marno-calcaire qui est à priori tardif. Des vents réguliers provenant de la vallée de Munster balayent les raisins, empêchant le développement des maladies et surtout du botrytis. Le riesling Heimbourg est fréquemment récolté à une haute maturité, mais avec peu ou pas du tout de pourriture noble. Le 2004 est notre riesling ayant le plus de sucres résiduels dans ce millésime, avant la gamme des VT. La fermentation était très lente, et ce vin fut le dernier à être soutiré en novembre 2005.


1/2006: même en étant soutiré tardivement, ce vin dévoile déjà très tôt toute une palette de composés aromatiques intenses, fruités, avec en fond une minéralité typique de ce terroir, qui laisse supposer que ce vin développera un joli pétrole avec l’âge. Le palais est riche, mais délicat, avec une légère rondeur parfaitement maîtrisée par une forte acidité.


Pinot-Gris 2004 (L157)


Mise en bouteille : fév 2006 ; Alcool acquis : 14.4° ; Sucres résiduels 9 g/l ; Rendement: 59 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2007-2012 ; Age moyen des vignes : 19 ans ; Terroir : marno calcaire ; Indice 2


Depuis 15 ans, l’ensemble des vignes du domaine représente une superficie totale de 40ha. Nous avons cependant acheté puis échangés environ 5ha durant cette même période, pour ‘améliorer’ la qualité de nos lieux-dits et souvent profiter de la disponibilité d’une vieille vigne ou d’une parcelle mieux située. Pour produire des vins génériques, nous devons trouver les raisins à quelque part ! Dans le cas du lot 157, il s’agit en fait de raisins provenant du Heimbourg. La fermentation de ce vin était très lente, comme le riesling du même terroir, et il était aussi soutiré en novembre 2005. Il est facile de reconnaître la structure calcaire dans ce vin, mais nous avons pensé que sa richesse globale ne représentait pas forcément tout ce que ce terroir est capable de produire, d’où notre décision de le déclasser en pinot-gris classique.


1/2006: les raisins étaient partiellement botrytisés, mais pas assez pour pousser la maturité jusqu’au stade de vendange tardive. Ceci explique le nez qui est marqué par des arômes grillés, de café, humus, toastés et une pointe de botrytis. Le palais est surprenant, l’alcool et les sucres résiduels sont complètement masqués par une acidité mordante. La finale parait vraiment sec.


Pinot-Gris Herrenweg de Turckheim 2004


Mise en bouteille : sept 2005 ; Alcool acquis : 15° ; Sucres résiduels 7.3 g/l ; Rendement: 65 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2006-2012 ; Age moyen des vignes : 13 ans ; Surface : 1.2 ha ; Terroir : graves du quaternaire ; Indice 1


Le vignoble du Herrenweg profite d’un long ensoleillement (ouvert sur la vallée de Munster) et possède un terroir de graves se réchauffant rapidement grâce à un excellent drainage. Ce type de terroir a quand même un inconvénient. Des périodes prolongées de stress hydrique seront beaucoup plus marquées sur les vignes plantées dans des graves, provoquant un ralentissement de la maturation. 2004 était une année équilibrée, sans problèmes de stress, permettant une maturité parfaite et surtout la conservation d’un bel équilibre d’acidité. La récolte eut lieu tôt, bien avant les pluies (un autre avantage des vignobles précoces), et les raisins étaient très sains. Les levures ont pu fermenter en deux mois la quasi-totalité des sucres.


1/2006: le nez est très minéral pour un vin du Herrenweg (d’habitude beaucoup plus confit, grillé). Il apparaît presque austère, mais le premier contact en bouche dévoile un vin vraiment très puissant, très bien structuré, long et très pur, assez inhabituel pour ce terroir. L’acidité permet à nouveau d’équilibrer une grande puissance et rend la finale très élégante et fraîche.


Pinot-Gris Rotenberg 2004


Mise: sept 2005 ; Alcool acquis : 14.7°; Sucres résiduels: 14.6 g/l ; Rendement: 45 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2006-2016 ; Age moyen des vignes : 23 ans ; Surface : 0.9 ha ; Terroir : calcaire oligocène exposé ouest ; nord-ouest. Forte pente. Indice 2


La colline du Rotenberg est légèrement détachée du massif Vosgien, ce qui offre une petite exposition vers l’ouest. Le Hengst est situé de l’autre coté de la colline, face au sud et sud-est. Le climat est plus frais et tardif dans le Rotenberg (300m-350m d’altitude), mais ce terroir profite d’un excellent ensoleillement dans l’après-midi et le soir. Le sol est rocailleux (calcaire), de couleur rouge (riche en fer) et est très maigre. Les racines ont beaucoup de mal à s’implanter et trouver un passage dans cette roche. De ce fait, les vignes poussent lentement et ont une vigueur faible, ce qui explique des rendements qui sont aussi souvent faibles. En 2004, la récolte de cette parcelle était saine, ce qui est assez inhabituel pour le Rotenberg qui est souvent récolté avec beaucoup de pourriture noble.


1/2006: le nez dévoile des arômes intenses de pain grillé, noisettes grillées, fruits blancs, ainsi que quelques arômes de sous bois. Le fruité si caractéristique de ce terroir est encore dominé par les arômes d’élevage en ce moment. Le palais est riche et puissant, dévoilant une petite rondeur agréable, bien vite reprise par une excellente acidité et une finale longue. Ce vin devrait s’ouvrir dans un futur proche et dévoiler de beaux arômes fruités.


Pinot-Gris Clos Windsbuhl 2004


Mise en bouteille : fév 2006 ; Alcool acquis : 14.1° ; Sucres résiduels: 28 g/l ; Rendement : 35hl/ha ; Optimum de dégustation: 2008-2020+ ; Age moyen des vignes : 27 ans ; Surface : 1.6 ha ; Terroir : Calcaire muschelkalk exposé sud ; sud-est, Indice 2


En 2004, seulement les plus vieilles vignes de pinot-gris du Clos Windsbuhl ont été utilisées pour produire ce vin. Le sol de ce clos est composé de calcaire muschelkalk (vieux calcaire coquillier du Jurassique). Contrairement à la plupart des sols calcaires, celui-ci est très fin, bien drainé et surtout, n’est pas un calcaire froid. Ceci est important, car le Windsbuhl est situé en altitude et profite d’un climat tardif. Le haut du clos est beaucoup plus pauvre, la roche affleure par endroits et est surtout propice au riesling et pinot-gris. Le bas du clos est beaucoup plus riche et vigoureux, le gewurztraminer y pousse à merveille, mais aussi le pinot-gris. Le bas du clos a plus tendance à produire des vins atteints de pourriture noble. La maturation fut idéale en 2004, et ce avec très peu de pourriture noble. Ce vin fermenta très lentement pendant plus de 12 mois et fut soutiré seulement durant les vendanges 2005 !


1/2006: le nez développe de très beaux arômes complexes de cacao, noix, amandes, pain grillé et en finale possède une très belle minéralité. Même s’il parait déjà très ouvert, ce vin devrait encore intensifier ses arômes avec le vieillissement. La bouche est ronde (ce vin est le plus doux des pinot-gris produit en 2004 avant les VT), mais cette rondeur se fond dans une structure où l’alcool, l’acidité et l’extrait sec de vin garantissent un parfait équilibre.


Pinot-Gris Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2004


Mise : sept 2005 ; Alcool acquis : 15.9° ; Sucres résiduels: 7.8 g/l ; Rendement: 31 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2008-2025+ ; Age moyen des vignes : 35 ans ; Surface : 2.91 ha ; Terroir : Volcanique (tufs & grauwackes), exposé sud, très forte pente. Indice 1


Le Rangen de Thann est un vignoble qui semble aller d’un extrême à l’autre. Les vins issus de ce terroir peuvent être une année parmi les plus moelleux et l’autre année parmi les plus secs. Ceci peut être expliqué par la présence de botrytis et aussi, par des levures exceptionnellement résistantes et performantes. La pente volcanique très raide et la couleur du sol sombre, associés à la présence de la rivière Thur qui coule au pied des vignes, contribuent  au développement de la pourriture noble lorsque l’arrière saison est favorable. Comme pour tous les autres vins de 2004, vendanger tardivement n’était pas une option dans ce millésime, devenu pluvieux à partir de la mi-octobre. Le pinot-gris du Rangen fut récolté au tout début du développement de la pourriture noble. La maturité de ce vin est élevée, mais grâce à l’action de levures vigoureuses, la fermentation fut régulière et permis de transformer quasiment tous les sucres. Ce type de vin est rare, car souvent la présence de botrytis, d’une acidité élevée et d’une forte maturité conditionnent un vin moelleux, alors que ce vin est typé sec en bouche.


1/2006: le nez est très caractéristique de la roche volcanique, il dévoile de puissants arômes de pierre à fusil, de fumée, presque tourbés. Il n’y a aucun doute sur l’origine de ce vin ! Pour le moment, les arômes de maturation et la puissance du terroir empêchent tout développement d’arômes de fruits ou du cépage pinot-gris. Le palais est puissant et riche, marqué par la pierre et la minéralité. Ce vin cache sa puissance derrière une bouche équilibrée par une belle acidité, finissant sec. Ce vin est un miroir du Rangen !


Gewurztraminer 2004


Mise en bouteille : 9/2005 ; Alcool acquis : 14.5° ; Sucres résiduels : 5.4 g/l ; Rendement: 61 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2004-2010 ; Age moyen des vignes : 25 ans ; Terroir : graves du quaternaire et marno-calcaire ; Indice 1


Comme tous les autres vins de cépages produits en 2004, ce vin est produit à partir de raisins provenant de divers vignobles, mais plus particulièrement de vignes de moins de 35 ans du Herrenweg de Turckheim. Pour ajouter un caractère plus épicé, nous y avons assemblé une partie des jeunes vignes du Hengst et littéralement la moitié de notre production de gewurztraminer Heimbourg. La fermentation était assez rapide (6 semaines) et pratiquement complète jusqu’à aboutissement de la plupart des sucres. Le cépage gewurztraminer avait pris plus de temps pour mûrir en 2004 que tous les autres cépages. Cette attente était payante, malgré une météo capricieuse, afin d’obtenir cette maturation des peaux jusqu’à une couleur rouge orangée si caractéristique de ce cépage. Le gewurztraminer est le cépage d’Alsace qui souffre le plus d’un manque de maturité physiologique, car il développe alors une panoplie aromatique trop variétale et non complexe.


9/2005: le nez développe d’ores et déjà des arômes d’épices et de rose ancienne. Comme toujours, le terroir de graves du Herrenweg domine pour le moment au nez. Ce vin se présente comme étant sec, les faibles sucres résiduels sont bien éclipsés par l’acidité et la fraîcheur de ce vin. Comme beaucoup de 2004, c’est un vin de plaisir et très facile à apprécier. 1/2006: ce vin est maintenant ouvert. Le palais est très agréable et finit sec et net.


Gewurztraminer Gueberschwihr 2004


Mise en bouteille: 9/2005 ; Alcool acquis : 14.3° ; Sucre résiduel: 3.5 g/l ; Rendement: 60 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2006-2012 ; Age moyen des vignes : 21 ans ; Surface : 0.2 ha ; Terroir : Argilo-silico-calcaire, pente faible Est ; Indice 1


Depuis 2002, il ne nous reste qu’une seule petite parcelle de gewurztraminer à Gueberschwihr, plantée en dehors du grand cru du Goldert. Cette modification de notre parcellaire provient du fait que nous avons échangé ces parcelles contre une petite parcelle située dans le Goldert, que nous avons planté en muscat en 2005. La plupart des années, le vin issu de cette petite parcelle est destiné à ouiller nos fûts ou est assemblé dans un vin de cépage. En 2004, le style sec, minéral et élégant de ce vin nous a convaincu de le vinifier et à l’embouteiller à part. Ces vignes sont situées à proximité du Goldert, sur un sol argilo-calcaire plus profond. La fermentation était rapide et régulière, jusqu’au bout de tous les sucres.


1/2006: le nez est encore discret, voire délicatement parfumé. Le palais est vraiment sec, seul le Hengst peut rivaliser avec ce vin sur ce registre en 2004. La finale est harmonieuse, sans amertume ou tanins. Ce vin à beaucoup de caractère, se cachant derrière une certaine austérité.


Gewurztraminer Wintzenheim 2004


Mise en bouteille: 9/2005; Alcool acquis : 14.2° alc ; Sucres résiduels: 10 g/l ; Rendement: 60 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2006-2012 ; Age moyen des vignes : 47 ans ; Surface : 2.15 ha ; Terroir : graves du quaternaire et marnes calcaires ; Indice 2


Ce vin est produit à partir de notre assemblage maintenant habituel de parcelles de jeunes vignes situées dans le Hengst (plantées en 1978 et 1985) et d’une grande parcelle de vieilles vignes (plantées en 1953) située près du village de Wintzenheim, sur un sol graveleux léger. Les vignes de calcaires apportent la structure et les arômes épicés, alors que la vieille vigne contribue à la régularité du style et de la maturation ainsi qu’un profil aromatique plus floral et variétal. Ces deux terroirs se sont toujours très bien complétés ensemble. La fermentation, pourtant assez rapide, n’a pas pu transformer tous les sucres. Il reste une petite quantité de sucres résiduels.


1/2006: il est facile de deviner l’influence de la petite fraction calcaire dans ce vin, surtout lorsqu’il est comparé à un vin de graves ou avec le Herrenweg. Le nez est beaucoup plus épicé et un peu moins floral. Le palais est élégant, presque délicat, bien que très riche, avec une rondeur bienvenue, sans pour autant que l’on puisse parler de vin moelleux. L’acidité typique de 2004 joue son rôle d’équilibre et permet une finale fraîche et énergique.


Gewurztraminer Herrenweg de Turckheim 2004


Mise en bouteille : 9/2005 ; Alcool acquis : 15.25° ; Sucres résiduels : 7.6 g/l ; Rendement: 44 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2006-2015 ; Age moyen des vignes : 51 ans ; Surface : 3.35 ha ; Terroir : graves du quaternaire ; Indice 1


Nous exploitons presque 6ha de gewurztraminer dans ce terroir, mais seulement les plus vieilles parcelles sont revendiquées en Herrenweg. (photo : vigne plantée en 1953, juste avant la récolte 2004). Les vignes plus jeunes (en dessous de 35ans) sont utilisées dans notre gewurztraminer Turckheim ou générique selon l’année. Le gewurztraminer est planté dans la partie la plus graveleuse et sèche du Herrenweg, car c’est un cépage qui à besoin d’une certaine chaleur pour mûrir correctement. Les sols de graves sont bien drainés, précoces et normalement légers, mais manquent souvent de matière organique et de minéralité (car faibles en argiles). Il en résulte souvent des vins très aromatiques, où le cépage s’exprime fortement, au détriment d’une expression minérale du terroir. En 2004, une faible proportion de raisins était atteinte de pourriture noble. Tous possédaient une excellente acidité et une très bonne maturité physiologique.


1/2006: le nez est typique gewurztraminer: rose ancienne, litchi, sans excès ou écoeurement, grâce à l’action de la vieille vigne. Le vin est puissant en bouche, donne la sensation de finir assez sec, en harmonie, avec des arômes de fruits mûrs.


Gewurztraminer Hengst 2004


Mise en bouteille : 9/2005 ; Alcool acquis : 16.2° alc ; Sucres résiduels : 3.9 g/l ; Rendement : 33 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2009-2025+ ; Age moyen des vignes : 53 ans ; Surface : 1.42 ha ; Terroir : Marnes calcaires de l’oligocène, exposé sud sud-est, pente moyenne à forte. Indice 1


Le grand cru du Hengst est situé sur la face sud sud-est de la colline du Rotenberg à Wintzenheim. Seules les deux plus vieilles parcelles (une plantée en 1957 et l’autre avant 1940) sont utilisées pour produire le gewurztraminer Hengst. Le sol est composé d’un substrat de calcaire oligocène du tertiaire. Il s’agit d’un sol jeune, ayant un pH élevé (au dessus de 8,5) et recouvert de fines couches de marnes. Ce terroir possède une grande minéralité, et, bien que situé dans un mésoclimat chaud et sec, confère aux racines un climat relativement tardif. Ceci permet au gewurztraminer de mûrir parfaitement  en atteignant des degrés élevés, mais aussi de conserver une structure de garde grâce à une forte acidité. Le Hengst est toujours dominé par de fabuleux arômes épicés, ayant toujours très peu de pourriture noble. La fermentation était l’une des plus vigoureuse de la cave, allant jusqu’au bout de ses sucres.


1/2006: le nez développe de puissants arômes épicés, cuir, poivre. Le palais est austère, riche et intense, fortement marqué par la rigueur de ce terroir de garde. L’extrait sec et l’acidité de ce vin procurent une sensation d’équilibre tout en laissant apparaître une finale très seche. Une légère aération permettra aux arômes de gewurztraminer de se développer. Un vin de garde !


Gewurztraminer Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2004


Mise: 9/2005 ; Alcool acquis : 15.6° ; Sucre résiduel: 4.3 g/l ; Rendement: 32 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2009-2025+ ; Age moyen des vignes : 41 ans ; Surface : 0.5 ha ; Terroir : Volcanique (tufs & grauwackes), exposé sud, très forte pente. Indice 1


Il y a très peu de gewurztraminer planté sur le Rangen de Thann, car ce cépage peine à fleurir à partir d’une certaine altitude. (le Rangen est situé entre 350m et 450m). Nous ne pouvons que remercier la famille Jung, propriétaires précédents du Clos Saint Urbain, d’avoir osé planter ce cépage au Rangen, avec une forte densité de plantation, et surtout d’avoir choisi une parcelle juste au-dessus de la rivière Thur. Cette situation empêche tout problème de floraison (la rivière tempère les températures) et permet une maturité élevée des raisins. En 2004, les raisins étaient récoltés très sains, et la fermentation fut spectaculairement vigoureuse, transformant tous les sucres, pour finir avec un vin très puissant.


1/2006: comme tous les Rangen en 2004, ce vin est une infusion de roche volcanique. Le nez est très épicé, pierre à fusil, toasté, caramel grillé, beurre et épices. Il n’y a pratiquement pas d’influence variétale dans ce vin extrême. Le palais est riche, puissant, envahissant même, avec des tanins caractéristiques de ce cépage. Comme beaucoup de gewurztraminers secs, il y a une sensation de rondeur en finale, grâce à la structure et la richesse liée à ce cépage. Nous produisons très rarement un Rangen aussi sec, à manier donc avec précaution !


Gewurztraminer Goldert 2004


Mise en bouteille : 9/2005 ; Alcool acquis : 15.9° alc ; Sucres résiduels : 10.6 g/l ; Rendement : 47hl/ha ; Optimum de dégustation: 2007-2019+; Age moyen des vignes : 21 ans ; Surface : 0.6 ha ; Terroir : calcaire oolithique exposé est, faible pente. Indice 1


Le Goldert est exposé plein est sur une pente douce. Le voyageur qui se promène dans le vignoble peut se demander pourquoi ce terroir, d’aspect moins spectaculaire que bon nombre d’autres grands crus, est classé grand cru ! La réponse réside certainement dans le sol et sous-sol de calcaire oolithique, qui confère une structure et un équilibre aux muscat et gewurztraminer, qui sont les deux cépages traditionnels de ce cru. L’association entre un climat plus tardif et un sol aux caractéristiques plus froides oblige la vigne à mûrir ses raisins plus lentement, produisant ainsi des vins très aromatiques mais aussi avec une belle richesse minérale. La maturité du 2004 était transformée en un vin puissant, presque sec, à la suite d’une fermentation vigoureuse.


1/2006: habituellement très floral, le Goldert 2004 développe un nez très minéral et épicé. Le palais est riche, concentré, avec un profil presque terreux. La présence de sucres résiduels est presque souhaitée, afin d’équilibrer la grande richesse de ce vin. La finale exprime une légère rondeur, plutôt riche que douce et laisse une sensation de grande puissance.


Gewurztraminer Heimbourg 2004


Mise en bouteille: 9/2005 ; Alcool acquis : 14.3° ; Sucres résiduels : 16 g/l ; Rendement : 48 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2006-2019+ ; Vignoble planté en 1983 ; Surface : 1 ha ; Terroir : Calcaire Oligocène, exposé ouest, moyenne à forte pente. Indice 2


La colline du Heimbourg est divisée en trois parties distinctes. Le haut du terroir situé sur le versant ouest est plus fin, caillouteux et est destiné à la plantation du pinot-gris. Le versant sud sud-ouest, le plus chaud, est adapté au riesling, alors que le bas du versant ouest, qui est le plus riche, tardif et profond, est parfaitement adapté au gewurztraminer. Cette différenciation n’est pas faite pour compliquer notre offre de vin, mais bien pour trouver la meilleure adaptation cépage/terroir sur une même colline. En 2004, les raisins étaient récoltés très sains, sans la pourriture noble souvent habituellement associée à ce terroir. La récolte était aussi plus importante que d’habitude, ce qui explique pourquoi nous avons utilisé une partie de ce vin dans notre vin de cépage gewurztraminer.


1/2006: l’absence de pourriture noble apporte tout un lot d’arômes floraux, rose, géranium… à ce vin. Le palais est délicat, souligné par une rondeur fine et une finale très fraîche. L’acidité bien présente apporte une finesse et harmonie à ce gewurztraminer. Pas franchement moelleux, juste délicat!


Gewurztraminer Clos Windsbuhl 2004


Mise en bouteille: 9/2005 ; Alcool acquis : 14.7° alc ; Sucres résiduels: 14.5 g/l ; Rendement : 36hl/ha ; Optimum de dégustation: 2006-2025 ; Age moyen des vignes : 34 ans ; Surface : 0.9 ha ; Terroir : Calcaire Muschelkalk exposé sud, sud-est ; Indice 2


Le Clos Windsbuhl est situé sur un terroir plus tardif que Turckheim. La floraison et la récolte sont en général 10 à 15 jours plus tard que nos vignobles les plus précoces (Herrenweg de Turckheim). Ce phénomène est accentué par le sol calcaire ancien et très caillouteux. Il en résulte un vin élégant, finement équilibré par une belle acidité qui masque toujours une structure de garde. Le gewurztraminer est un cépage qui nécessite un certain apport de chaleur sur une longue période, surtout fin août/début septembre, pour aider la vigne à accomplir sa véraison et vraiment rentrer dans un processus de maturation physiologique. Il n’y a rien de pire qu’un gewurztraminer marqué par des arômes pharmaceutiques et des tanins verts résultant d’un manque de maturité. En 2004, beaucoup de vignerons auraient souhaité avoir le droit de vendanger ce cépage avant le 11 octobre (date officielle de l’ouverture des vendanges de ce cépage), or l’attente était nécessaire pour bien mûrir les raisins et surtout obtenir des arômes complexes.


1/2006: le nez du Clos Windsbuhl est peut être le plus intense et développé à ce jour (rose, mandarine, litchi, épices…). La fermentation s’est arrêtée sur un équilibre très légèrement moelleux. La bouche est délicate et très aérienne, malgré une maturité élevée. A nouveau l’acidité des 2004 donne une sensation d’harmonie, surtout en finale.


Riesling Clos Windsbuhl 2004 Vendange Tardive


Mise en bouteille: sept 2005 ; Alcool acquis : 9 ° ; Sucre résiduel: 93 g/l ; Rendement : 35hl/ha ; Optimum de dégustation: 2010-2030+ ; Age moyen des vignes : 30 ans ; Surface : 0.9 ha ; Terroir : Calcaire Muschelkalk exposé sud, sud-est.


Le riesling peut vraiment s’approprier le titre de « roi » des cépages en Alsace, surtout lorsqu’il est planté sur le bon terroir et qu’en plus il bénéficie d’un climat idéal. Ceci a peut être été le cas sur le Clos Windsbuhl en 2004. Il est facile de comprendre que ce cépage a vraiment profité de conditions idéales dans ce millésime (août frais : fortes acidités et septembre chaud et sec : fortes maturités), mais je n’aurais jamais osé imaginer un tel résultat dans ce terroir. Ceci est potentiellement l’acidité la plus élevée jamais obtenue dans un riesling sur notre domaine (surtout à cette maturité). Tous les raisins étaient atteints de pourriture noble à un stade de développement très précoce (pourris pleins) au moment de la récolte, qui fut faite juste avant les pluies de mi-octobre. La fermentation était très lente et les levures, fortement inhibées par le botrytis et une acidité élevée, ont stoppé toute activité à un degré alcoolique faible. Il va de soit que ce vin aura besoin d’un élevage long pour se dévoiler.


1/2006: le nez est une pure décoction de Riesling et de minéralité. En fait le botrytis et tous les arômes associés (cire d’abeille, miel) sont très peu présents pour le moment, ou alors sont encore complètement dominés par une très forte minéralité et des arômes de pierres mouillées. Le caractère du calcaire est prépondérant dans ce vin. La bouche est riche, les sucres résiduels sont élevés, mais le tout est encadré par une structure incroyable, basée sur une acidité cinglante, qui confère à ce vin une structure de très longue garde. Il s’agit d’un équilibre rarement rencontré sur un vin d’Alsace, et j’espère que ce vin sera encore goûté dans de nombreuses années, lorsque tous les arômes seront enfin dévoilés.


Riesling Brand 2004 Vendange Tardive


Mise: sept 2005 ; Alcool acquis : 11.3 ° ; Sucres résiduels : 74 g/l ; Rendement : 30hl/ha ; Optimum dégustation: 2008-2030+ ; Age moyen des vignes : 54 ans ; Surface : 1.5 ha, 100% Riesling ; Terroir: granite biotite exposé sud, sud-est. Forte pente.


Seules les deux plus vieilles parcelles (1,5ha sur 2,42ha) sont utilisées pour produire ce vin. En 2004, tout comme dans le Clos Windsbuhl, les raisins étaient récoltés complètement botrytisés et ceci juste à la veille des pluies. Le terroir du Brand est composé d‘un vieux granite biotite, capable de produire une minéralité intéressante et complexe dans le sol, grâce à l’action des micro-organismes. Malheureusement les phénomènes de lessivages, accrus dans les sols bien drainés comme celui-ci, entraînent une accumulation de ces minéraux dans les failles profondes de la roche granitique, où ils se lient avec des argiles complexes. Seules les vignes âgées possèdent un enracinement suffisamment profond pour atteindre ces couches et en utiliser la minéralité qui se transmet au vin. Le Brand était aussi récolté très mûr, avec toutefois une acidité un peu moins mordante que celle du Windsbuhl. La fermentation était un peu plus accomplie, et l’équilibre final est légèrement différent. (alcool un peu plus élevé et un peu moins de sucres résiduels).


1/2006: le terroir granitique du Brand permet l’obtention de vins très aromatiques tous les ans, mais ceci dit, je n’aurai jamais imaginé une telle explosion aromatique sur un vin aussi jeune. Le nez est fortement marqué par d’intenses arômes de fruits, de fleurs, miel, cire… ainsi qu’une minéralité très complexe. Totalement différent du Windsbuhl, mais toujours dans la lignée du Brand. Ce vin est tout aussi expressif en bouche. La rondeur finale est parfaitement équilibrée par une belle acidité mûre. Vive le riesling !


Pinot-Gris Clos Jebsal 2004 Vendange Tardive


Mise : 9/2005; Alcool acquis : 14° ; Sucres résiduels: 68g/l ; Rendement : 38 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2009-2025; Age moyen des vignes : 21 ans ; Surface : 1.3 ha ; Terroir : Marnes grises et Gypse. Exposé sud, terrasses et forte pente.


Le Clos Jebsal est potentiellement (sûrement peut être) situé dans le climat le plus chaud et précoce que nous possédons. Ces raisins sont toujours les premiers à fleurir et à changer de couleur (véraison), mais ce sont aussi parmi les derniers à être récoltés. Ceci peut paraître bizarre, mais l’explication réside dans le sol et sous sol du Jebsal. Celui-ci est composé d’une succession de couches de marnes grises et bleues et de gypse, formant un sol profond, riche, mal drainé s’il n’y avait pas une pente très forte, d’une très forte minéralité, et de caractère froid affirmé, agissant comme un climatiseur sur les racines des vignes. Ceci ralentit la phase de maturation, permet aux raisins de conserver une forte acidité, et surtout, favorise le développement de pourriture noble en arrière saison. Malheureusement, en 2004, il fut impossible d’obtenir un dessèchement de baies et donc de sélectionner les grains nobles. Nous avions préféré récolter ces raisins en vendange tardive, plutôt que de forcer le destin à travers des pluies imprévisibles.


1/2006: ce vin est le seul en 2004 à développer des arômes marqués par la pourriture noble: cacao, musc, miel,… En bouche, les sucres résiduels, bien présents, sont finement allégés par une forte minéralité et une acidité marquée. Ce vin dévoile une bonne concentration, mais fidèle au Jebsal, aussi associée à une certaine austérité. L’équilibre est celui d’une VT classique, qui demande encore un certain temps pour s’ouvrir.


 


Domaine Zind-Humbrecht