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Les Rieslings Grand Cru 1996 à la Maison du Vin

21 mars 2006  


Suite à la dégustation du millésime 1995 il y a un an, c’est le millésime 1996 qui était à l’honneur de cette soirée dégustation organisée en mars dernier par la Maison du Vin à Mulhouse. Les rieslings se sont montrés en grande forme avec des équilibres et des potentiels de garde variant fortement selon le cru et le vinificateur. Stars de la dégustation, le riesling Clos Sainte Hune de Trimbach est magnifique, et le riesling Rangen de Bruno Hertz la découverte de la soirée.



1996 est un millésime frais et tardif sauvé par une fin de saison ensoleillée, mais qui conserve un niveau d’acidité assez élevé sur les cépages récoltés en premier (sylvaner, pinot blanc, pinot noir, riesling, muscat). Ces vins présentent souvent pour les blancs des notes d’agrume verts assez prononcées, et proposent une forte vivacité en bouche. Les cuvées récoltées en surmaturité gagnent en équilibre, même si certains rieslings conservent des niveaux de sucre résiduels non négligeables. Les gewurztraminers et pinot gris qui ont pu être attendus un peu plus longtemps grâce au temps sec ont développé de beaux équilibres avec une surmaturité combinée à une acidité un peu plus mûre. Les arômes de fruits exotiques et de coing dominent souvent ces derniers vins au point de ne plus pouvoir distinguer gewurztraminer et pinot gris. Au vieillissement, tous les cépages ont progressivement développé des arômes de truffe parfois très intenses. Truffe, coing et fruits exotiques combinés à une bonne vivacité permettent de reconnaître le millésime avec relativement plus de chance qu’une autre année.


La dégustation a eu lieu à l’aveugle, les vins étant servis par paire. Pour chaque vin j’ai indiqué mes notes de dégustation étiquette cachée, et j’ai mis en italique le commentaire que j’ai ajouté une fois les bouteilles connues.


Pinot Auxerrois 1996 – Albert Mann : la robe est jaune clair avec des reflets orangés. Le nez est moyennement intense, simple et marqué par des notes de citron vert et de truffe. La bouche est vive en attaque, évoluant sur un équilibre sec et léger, avec une finale courte et plus amère. Un pinot sec construit sur son acidité qui lui a permis de bien vieillir. Un vin qui devait se goûter difficilement dans sa jeunesse, à l’instar du Pinot Blanc 1996 de Zind-Humbrecht. Bien


Riesling Grand Cru Zotzenberg 1996 – E. Boeckel : La robe est jaune citron avec des reflets dorés. Le nez est minéral, fin et légèrement évolué, prenant des notes de camphre et de fumée à l’aération. La bouche est franche en attaque, sèche et assez vive, prenant progressivement du gras avec une belle salinité sur la langue, évoluant avec beaucoup de finesse vers une finale plus grasse. Un vin en pleine forme, qui ma rappelle un grand cru Wiebelsberg. Belle réussite pour ce vin harmonieux taillé pour la garde. Très Bien


Riesling Grand Cru Vorbourg 1996 – René Muré : la robe est jaune dorée, très brillante. Le nez est oxydé, avec des notes de cire, évoluant sur de l’encaustique et des notes patinées qui rappellent le cognac. La bouche est grasse en attaque, riche et évoluée, gagnant en gras et en vivacité avec l’apparition d’un léger moelleux. La fin de bouche est grasse avec des notes d’agrumes confits et d’hydrocarbures. Le riesling Clos Saint Landelin 1996  bu en octobre 2004 était magnifique, à mon avis cette bouteille s’est oxydée prématurément car la matière est très belle. Je ne suis pas sûr qu’elle soit représentative de la cuvée. A regoûter. Flacon Défectueux non noté


Riesling Grand Cru Saering 1996 – Domaines Schlumberger : la robe est de teinte or blanc, assez pâle, avec des reflets verts. Le premier nez est marqué par des notes d’anis, prenant des arômes de fleurs blanches, d’encaustique et de réglisse à l’aération. La bouche est très vive en attaque, évoluant sur un équilibre dominé par une acidité tranchante qui assèche la bouche en finale. Des notes de fumée et de camphre apparaissent en rétro-olfaction. Un vin dominé par l’acidité, qui s’est un peu adouci depuis 4 ans, mais qui reste déséquilibré. A réserver sur des huîtres ou  des poisons grillés. Bof


Riesling Grand Cru Wineck-Schlossberg 1996 – Henri Klee : la robe st jaune citron avec des reflets dorés. Le premier nez est discret, minéral et fumé avec des notes végétales qui rappellent l’ail des ours, puis gagne en intensité et en complexité à l’aération avec des arômes de truffe et de coing. La bouche est grasse en attaque, immédiatement suivie par une acidité fine et discrète, évoluant avec un peu de douceur vers une finale sèche et légèrement amère. Un vin mûr qui a bien évolué, l’acidité restant dominée par une matière riche. Une belle découverte pour ce vin qui évolue plus harmonieusement que la même cuvée chez Vincent Spannagel ou Jean-Marc Bernhard. La surmaturité du vin a ici joué en faveur de sa grande garde.  Très Bien


Riesling Grand Cru Furstentum 1996 – Paul Blanck : La robe est jaune doré, dense avec un disque épais. Le nez est complexe, fumé et grillé avec des notes d’écorce d’agrume, évoluant lentement à l’aération sur des notes légèrement oxydées. La bouche est moelleuse en attaque, grasse avec des fruits exotiques, puis gagne progressivement en puissance avec une acidité qui se déroule sur la langue et qui donne du relief au fruit très présent. La fin de bouche est grasse et plus sèche, avec des arômes de grillé en rétro-olfaction. Un vin en surmaturité qui  a conservé des sucres résiduels désormais bien fondus, donnant un équilibre très harmonieux. Le vin titre 11.5 degrés d’alcool et probablement 20-25g/l de sucre résiduel, un équilibre très intéressant  pour supporter la bonne acidité du millésime.  Très Bien


Riesling Grand Cru Furstentum 1996 – Albert Mann : la robe est jaune profond avec des reflets dorés. Le premier est nez frais, avec des arômes d’agrumes verts, évoluant avec de l‘intensité sur des arômes d’encaustique, de suie, et des notes animales volatiles un peu étrange. La bouche est grasse en attaque, riche avec une acidité qui apparaît progressivement avec un léger moelleux. La fin de bouche revient sur la sensation acidulée avec une persistance de la vivacité et des arômes d’agrumes mûrs. Un vin qui serait parfait s’il n’y avait pas ce petit manque de netteté au nez (problème de flacon ?). L’équilibre acide est similaire au vin de Blanck mais le vin est légèrement moins surmûri que le précédent (12.5% d’alcool).  Bien


Riesling Grand Cru Rangen 1996 de Bruno Hertz : La robes est brillante, de nuance or blanc, assez profonde avec de légers reflets dorés, dense avec des jambes épaisses. Le premier nez est assez discret, un peu pétrolé avec des notes de fleurs blanches, et prend de l’ampleur à l’aération avec des arômes de coing et de mangue. En bouche l’attaque est grasse et minérale avec beaucoup de pureté, évoluant sur un équilibre sec avec une acidité mûre et fondue qui accompagne une légère amertume. La finale reste grasse, un peu beurrée et légèrement acide, avec une persistance aromatique longue sur des arômes d’écorce d’agrumes, de fleurs blanches et d’hydrocarbures. Un vin encore très jeune, à maturité avec un gros potentiel de vieillissement. A l’aveugle j’ai initialement pensé au Clos Sainte Hune pour sa fraîcheur et sa minéralité sans agressivité ! Le terroir du Rangen n’est pas trop marqué à ce stade au niveau aromatique,  et ce vin très harmonieux donne une impression d’équilibre et de pureté très loin des dominantes acides qu’on trouve généralement dans les rieslings du millésime 1996. Au niveau équilibre, on est à seulement 11 degrés d’alcool et 13g/l de sucre résiduel, le sucre n’étant en pratique pas perceptible. Vendu actuellement 14.5€ par la Maison du vin, c’est un coup de cœur. Excellent


Riesling Grand Cru Zinnkoepflé 1996 – Eric Rominger : la robe est jaune dorée, très dense avec des larmes généreuses. Le premier nez est parfumé, grillé avec des arômes de bouillon blanc, évoluant sur des notes de pétrole. La bouche est assez vive en attaque, évoluant sur un équilibre riche et gras avec un peu de douceur, l’acidité revient en fin de bouche avec un caractère asséchant. Un vin mûr, à maturité, bien équilibré et qui supportera une garde supplémentaire importante. La salinité du Zinnkoepflé est moins marquée que celle du Zotzenberg du début de dégustation, mais la matière est une des plus concentrées de la dégustation et ce vin ira loin. Très Bien


Riesling Clos Sainte Hune 1996 – Trimbach : La robe est jaune doré, très brillante. Le premier nez est discret, un peu grillé et pétrolé, et gagne en intensité à l’aération avec des arôme de fleurs blanches, de poivre blanc et de fumée. La bouche est grasse et sèche en attaque, très dense avec une acidité progressive et puissante qui reste confinée par un fruit très concentré. L’équilibre en bouche évolue sur le gras avec une salinité qui tapisse la langue, annonçant une longue finale pus grasse et marquée par des arôme de fleurs blanches. Un grand vin très droit, long et puissant, dans lequel le terroir domine l’acidité du millésime. On retrouve le caractère intemporel et rectiligne du célèbre vin, à la longévité assurée. Excellent


Riesling Grand Cru Goldert 1986 – Cave Coopérative de Pfaffenheim : La robe est jaune dorée, avec des reflets ambre. Le nez est rapidement très ouvert, puissant avec des notes de pierre cassée, de pain grillé, évoluant sur des arômes plus évolués de menthe poivrée et de bois sec. La bouche est grasse en attaque, puis acidulée et légère avec de prendre un caractère plus gras voire moelleux. Le vin est plus vieux que les 96 goûtés mais a conservé un bel équilibre. Superbe à boire aujourd’hui. Un vin plus évolué pour finir la dégustation, très en forme mais qui évoluera vite dans le verre. Très Bien


Une belle dégustation qui en dit beaucoup sur le vieillissement des vins dominés dans leur jeunesse par l’acidité. Les meilleurs vins ont été récoltés très mûrs, gardant parfois un peu de sucre résiduel, et ont gagné en gras au vieillissement. Contrairement à ce qu’on peut penser, l’acidité ne se fond pas autant que le sucre dans ces vins, et les différences de maturité et d’alcool ont beaucoup joué dans l’équilibre des vins après dix ans. En particulier les acidités issues d’un léger manque de maturité se distinguent de plus en plus de la salinité des meilleurs terroirs. Le style des vins influence aussi beaucoup leur garde future. Les vins qui ont du gras ont encore un grand potentiel de bonification au vieillissement, alors que ceux construit majoritairement sur leur acidité ne gagneront pas un meilleur équilibre et devraient être bus. Le Clos Sainte Hune 96 souvent délicat à goûter ces dernières années commence à émerger de sa phase ingrate et gagne doucement son plateau de maturité. Une bouteille taillée pour la grande garde.


Thierry Meyer


 


Lire le compte rendu de dégustation des rieslings 1995 en 2005


Lire le compte rendu de la dégustation des rieslings 1996 en octobre 2004


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