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Jean-Louis Schoepfer (Wettolsheim)

Visite au Domaine Jean-Louis Schoepfer – Wettolsheim
7 Septembre 2005

Difficile de se faire une place dans les média quand on est vigneron metteur en marché à Wettolsheim (26 producteurs référencés) et qu’on s’appelle Schoepfer (4 domaines dans le village, tous issus du même ancêtre Louis Schoepfer au 17e siècle). Jean-Louis Schoepfer et ses fils Christophe et Gilles dirigent aujourd’hui un domaine de 10 hectares produisant environ 800 hl chaque année. La clientèle est constituée d’un noyau de particuliers fidèles qui viennent chaque année s’approvisionner, d’Alsace et du reste de l’Europe.





Tous les cépages alsaciens sont cultivés, répartis en deux gamme AOC Alsace, vin de cépage et « Réserve ». Les deux gammes sont sélectionnées et assemblées millésime par millésime, il ne s’agit donc pas d’une répartition rigide de parcelles. Le tarif ne mentionne pas toujours les millésimes pour ces cuvées, la rotation des stocks étant souvent rapide pour l’un ou l’autre cépage. Cette absence ne gêne pas la clientèle habituelle.


Des parcelles sur le Hengst permettent de produire du Riesling, Gewurztraminer et Pinot Gris en AOC Alsace Grand Cru. Malheureusement les parcelles sont très petites et ne permettent pas de produire plus d’un millier de bouteilles de chaque cépage (13 ares de riesling, 14 de gewurztraminer, 17 de pinot gris). Les millésimes sont alors indiqués sur le tarif, leur rotation étant moindre dans cette tranche de prix. Outres les rares VT et SGN, parmi les curiosités, deux cuvées élevées sous bois, un riesling et un gewurztraminer. Le gewurztraminer « fût de chêne » 1996 goûté en 2002 s’était montré surprenant. Les tarifs indiqués sont les tarifs départ cave pour la saison 2004/2005.



Dégustation en deux sessions. Première dégustation le 10 Août :

Crémant d’Alsace – Jean-Louis Schoepfer (6€) : une cuvée Brut réalisée à partir de Pinot Blanc du millésime 2002, parfumée et avec beaucoup de fraîcheur. La bulle est vivace et la fin de bouche assez sèche. Un bon crémant d’apéritif. Bien


Pinot Blanc 2003 – Jean-Louis Schoepfer (4.1€) : Assemblage de pinot blanc et pinot auxerrois, le nez de ce vin est assez parfumé, floral avec une sensation alcoolique. La bouche est souple, assez fraîche avec un léger moelleux, parfumée mais termine de manière un peu courte sur des notes chaude. Bof


Muscat 2002 – Jean-Louis Schoepfer (4.5€) : un muscat composé pour  un tiers de muscat d’Alsace et deux tiers de muscat Ottonel. La robe est très pâle. Le nez est parfumé, avec de la réglisse et du raisin frais très agréable qui se développe sur de la menthe fraîche. La bouche est fondue, mentholée avec des notes d’encaustique qui traduisent une légère évolution. Un très beau muscat provenant d’un sol sur une veine gréseuse donnant ce coté complexe au nez. Très Bien


Muscat 2003 – Jean-Louis Schoepfer (4.5€) : la robe est toujours pâle. Le nez de cette bouteille n’est pas très convaincant, avec des arômes qui rappellent le savon. La bouche est grasse, ronde, avec une acidité un peu masquée, mais le vin reste frais et très croquant. Le vin est probablement un peu fermé, mais montre une belle minéralité en bouche. Bien


Riesling 2003 – Jean-Louis Schoepfer (4.5€) : un assemblage de plusieurs parcelles autour de Wettolsheim, Wintzenheim et Ingersheim. La robe est jaune citron pâle. Le nez est parfumé, légèrement évolué, avec des notes d’agrumes et d’encaustique. La bouche est dense, assez riche avec une bonne acidité, des agrumes en milieu de bouche et une belle minéralité en finale. Un vin bien équilibré pour un 2003, à maturité, qui se boit facilement. Bien


Riesling Grand Cru Hengst 2000 – Jean-Louis Schoepfer (7.1€) : Le nez est assez intense, complexe et très « terroir » avec des notes de pamplemousse et de poivre blanc. La bouche est sèche complexe, assez minérale, avec un coté crayeux qu’exprime une acidité assez présente. Les arômes sont complexes avec une petite évolution, et la finale est moyennement longue. Un joli vin qui rappelle par le style les autres rieslings Hengst de vignerons plus médiatisés. Très Bien.


Pinot Gris 2003 – Jean-Louis Schoepfer (5.1€) : Le nez est encore marqué par des notes de fermentation (levure, asperge, pain grillé), mais aussi par des notes de pierre à fusil. La bouche est ronde, un peu fumée, avec une belle acidité et un léger moelleux. Un pinot gris qui s’ouvre doucement, qui atteint progressivement un bel équilibre. A maturité dans une ou deux années. Bien


Pinot Gris Grand Cru Hengst 2001 – Jean-Louis Schoepfer (7.7€) : la robe est jaune pâle, limpide avec un disque épais. Le nez est parfumé, assez complexe et fumé, avec des notes de fruits jaunes, de miel, pain grillé et pierre à fusil. La bouche est assez moelleuse, parfumée et puissante, mais reste encore dominée par le cépage très mur plus que par le terroir. Un vin assez minéral qui n’a pas encore atteint son équilibre, à attendre. Le simple Pinot Gris 2003 sera un bon remplaçant pendant les 2-3 prochaines années. Bien


Dégustation du 7 Septembre 2005 :

Pinot Noir 2004 – Jean-Louis Schoepfer (5.0€) : la robe est rouge sang, avec un bel éclat. Le nez est très parfumé, sur des arômes de fruits rouges, cerise, framboise, avec des notes d’amande à l’agitation. La bouche est assez légère, fruitée avec des tanins sensibles. L’acidité est assez présente, ce qui donne de la sapidité. Un pinot noir plaisant à boire, issu de sols argileux sur des graves. Bien


Pinot Noir Réserve 2003 – Jean-Louis Schoepfer (6.0€) : La robe est plus dense, avec des reflets violets. Le nez est plus mûr que le précédent, fruité, épicé, avec des notes de pruneau, dans un style plus rhodanien que bourguignon. La bouche est fine, grasse avec une acidité mûre, dans un style riche. Des notes plus végétales en finale font penser à de la rafle, souvent très typique des pinots noirs mûrs et corsés produits en 2003. Ce pinot noir élevé en foudre a eu une médaille d’Or à Macon. Bien


Pinot Noir « Vieilli en fût de chêne » 2001 – Jean-Louis Schoepfer (8.50€) : Une cuvée élevée en pièce bourguignonne de deux à quatre vins, à dominante de chêne vosgien. La robe est rubis assez foncé. Le nez est assez discret, initialement un peu réduit. La bouche est souple, riche et grasse, avec une acidité fine et une finale plus alcooleuse. Les notes boisées accompagnent la bouche de ce vin un peu plus fondu que les deux autres pinots noirs, mais à l’équilibre fragile. Un vin à surveiller régulièrement si on veut le laisser vieillir. Bien


Sylvaner 2003 – Jean-Louis Schoepfer (3.7€) : la robe est pâle. Le nez est aromatique, avec des notes d’amande douce. La bouche est sèche, assez dense, avec une impression crayeuse sur la langue. Un sylvaner de caractère, facile à boire. Bien


Edelzwicker – Jean-Louis Schoepfer (3.7€) : assemblage de pinot blanc, pinot gris, riesling, muscat et chasselas des millésimes 2002 et 2003, le vin se présente avec un nez parfumé évoquant la frangipane. La bouche est grasse, assez ronde, mais est déjà marquée par une certaine évolution. Un vin de soif à boire rapidement. Bof.


Riesling 2004 – Jean-Louis Schoepfer (4.5€) : Le 2004 a désormais remplacé le 2003. La robe est jaune pâle. Le nez est assez discret, floral avec des notes de raisin frais, très agréable. La bouche est un peu perlante, vive et assez légère, avec des notes citronnées. L’acidité est assez tranchante, mais le vin se tient très bien et possède un bel équilibre. Bien


Riesling Réserve 2003 – Jean-Louis Schoepfer (5.1€) : Le nez est parfumé, avec des notes de bergamote, fleur d’acacia, et miel. La bouche est assez souple, dense, assez parfumée en finale mais plus discret en milieu de bouche. L‘acidité est mesurée pour ce vin dans un style très différent du précédent. L’ordre de service après un 2004 ne joue pas en sa faveur. Bof


Muscat 2004 – Jean-Louis Schoepfer (4.5€) : Le 2004 a désormais remplacé le 2003. La robe est pâle. Le ne est aromatique, avec des notes de raisin, miel, citronnelle. La bouche est dense, moyennement acide, avec une belle maturité. La finale est assez longue, et très parfumé sur des notes forales et un peu musquées. Les sols autour de Wettolsheim donnent au Muscat pas mal de caractère. Bien


Muscat Réserve 2003 – Jean-Louis Schoepfer (5.0€) : Mélange de muscat d’Alsace et muscat Ottonel présents dans la même parcelle. La robe possède un bel éclat. Le nez est assez discret, foral et pierreux, avec des notes un peu alcooliques à l’aération. La bouche est grasse, puissante, mais faiblement parfumée et un peu chaude en finale. Un vin un peu fermé, à regoûter dans quelques mois. Bof.


Tokay Pinot Gris Réserve 2004 – Jean-Louis Schoepfer (6.0€) : Un vin issu du terroir du lieu-dit Rosenberg. Le nez est parfumé, épicé avec des notes de fleurs séchées et de pain grillé. La bouche est légèrement moelleuse, assez minérale, dotée d’une belle acidité, et termine sur des notes d’agrumes et de pierre à fusil. Un vin très élégant, agréable à boire. Très Bien


Gewurztraminer 2004 – Jean-Louis Schoepfer (5.6€) : Le nez est assez parfumé, floral avec des arômes dominants de rose. La bouche est grasse, ronde tout en restant sèche, avec une acidité moyenne mais perceptible, continuant sur des notes florales. Un vin simple, assez court en finale, à boire maintenant. Bof


Gewurztraminer Réserve 2003 – Jean-Louis Schoepfer (6.1€) : Le nez est intense, avec des notes de raisin sec et de grillé. La bouche est florale, légèrement moelleuse, avec des notes d’élevage un peu perceptibles. La finale est assez longue, sur des arômes de rose. Un beau vin en 2003, bien équilibré, à boire sur un repas. Bien


Gewurztraminer Grand Cru Hengst 2000 – Jean-Louis Schoepfer (8.4€) : La robe est jaune citron, assez dense. Le nez est parfumé, complexe avec des notes de bergamote, de miel de fleurs, de pralin et d’abricot. La bouche est assez riche, dense et dotée d’une bonne acidité avec un léger moelleux qui se développe en bouche. La fin de bouche est assez courte, et un peu chaude. Un vin jeune qui mérite quelques années de garde supplémentaires pour se dévoiler complètement. Bien


Gewurztraminer Grand Cru Hengst 1994 – Jean-Louis Schoepfer : petite dégustation d‘un vieux millésime pour tester la conclusion précédente.  Le nez est parfumé, avec du miel et des fruits jaunes, mi aussi des notes de cuir traduisant une légère évolution. La bouche est plus évoluée, avec une bonne acidité et un bouquet complexe de cire, d’encaustique et de cuir. La patine du temps et la puissance du terroir en font un bon vin pour accompagner des plats rehaussés de gingembre. Bien


Riesling « Vendanges Tardives » 1997 – Jean-Louis Schoepfer (12.5€ en 50cl) : Le nez est initialement encore un peu marqué par les lies, avec des notes d’églantine et de citron à l’aération. La bouche est assez moelleuse, cristalline et très parfumée. Un vin avec beaucoup d’élégance, produit sur un terroir sablonneux. Bien


Riesling Sélection de Grains Nobles 2001 – Jean-Louis Schoepfer. Une trie spéciale en 2001 a donné une centaine de bouteilles de riesling grains nobles, qui a obtenu une médaille d’or au Concours des Rieslings du Monde, au même titre que le Riesling GC Kastelberg SGN 2001 de Guy Wach. Le nez est parfumé, jeune avec des notes de miel et de citron confit. La bouche est fine, assez vive, avec une belle liqueur pas trop envahissante (60g/l de SR). On retrouve des notes d’ananas dans la longue finale. Un vin qui ne sera pas mis en vente, à regoûter dans quelques années, s’il en reste ! Très Bien.


Gewurztraminer « Cuvée du Loup Blanc » 2000 – Jean-Louis Schoepfer (9.6€ en 50cl) : La robe est jaune dorée. Le nez est parfumé, surmaturé avec du pralin, de la rose et du muguet. La bouche est riche, grasse et ronde, assez moelleuse.  Les 37 g/l de sucre résiduel sont bien fondus et donnent un équilibre floral très agréable. La finale est assez courte et dans un style assez sec. Demandez au domaine l’origine du nom de cette cuvée, qui porte bien son nom. Bien


Gewurztraminer « Sélection de Grains Nobles » 1997 – Jean-Louis Schoepfer (20.0€ en 50cl) : Le nez est assez discret avec des notes d’asperge et un peu de cire. La bouche est moelleuse, fondue avec des notes de miel et de pralin qui équilibrent bien la liqueur. Une sélection de grains nobles qui évolue lentement. Bien


Nous finissons avec les fameux riesling et gewurztraminers élevés en fût de chêne. Les cuvées sont élevées un an sous bois avec bâtonnage tous les mois. Les fûts neufs de 2000 ont un vin en 2001, offrant un boisé moins marqué.


Riesling « Vieilli en fût de Chêne » Le Délice des Papilles 2001 – Jean-Louis Schoepfer (15.0€) : le nez est parfumé, boisé avec des notes d’agrumes, assez complexe. La bouche est finement acidulée, assez grasse, le bois étant bien fondu. Au risque de choquer les puristes ; voilà un essai concluant, montrant que lorsqu’il est bien travaillé, le riesling supporte une dose de bois. Bien


Gewurztraminer « Vieilli en fût de Chêne » Le Velours du Palais 2001 – Jean-Louis Schoepfer (15.0€) : Le nez est parfumé, complexe avec des notes de miel et de pain grillé. Le boisé est très discret. La bouche est riche et fondue, mais de caractère assez sec, les tanins du bois se combinant à l’amertume habituelle du cépage pour faire ressortir les notes d’épices. La complexité du vin est remarquable. Un vin à essayer à table. Très Bien


Gewurztraminer « Vieilli en fût de Chêne » Le Velours du Palais 2000 – Jean-Louis Schoepfer : Le nez se montre plus boisé, normal avec un fût neuf, mais le bois marque un peu et manque de fondu avec les notes épicées. La bouche est ronde, moelleuse, avec une acidité faible. Le bois neuf bien chauffé donne une forme de sucrosité supplémentaire, mais qui peine à se fondre avec le sucre résiduel. Le vin parait plus évolué, épicé, avec une finale très parfumée sur des fruits secs (abricot) et des épices.  Bien


En définitive

Voilà un domaine comme il en existe beaucoup d’autres, produisant une large gamme de vins bien faits, et à boire rapidement. L’absence de défauts et des prix très sages en font un domaine recherché par tous ceux qui veulent du vin d’Alsace à boire régulièrement sans se prendre la tête et sans se ruiner. Un domaine attachant, la réputation bâtie par les anciennes générations est consolidée par les dernières, assurant une bonne continuité. Les rieslings grand cru, SGN et en élevage bois montrent toutefois une ambition peut-être un peu nouvelle, et il y a fort à parier qu’une voie nouvelle est en train de s’ouvrir. Si le domaine possède tout le savoir-faire nécessaire pour passer dans la catégorie supérieure, il faudra attendre une opportunité de marché et y aller progressivement pour ne pas déstabiliser la clientèle existante. Un exemple évident de domaine à suivre.


Thierry Meyer


 


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