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Domaine Josmeyer (Wintzenheim)

Visite au domaine Josmeyer à Wintzenheim
15 mars 2005


Par un beau soleil de printemps, il fait presque trop beau pour entrer dans la cave goûter du vin, j’ai envie de rester à l’extérieur dans la cour baignée de soleil. En compagnie de Céline Meyer qui a rejoint le domaine familial il y a presque deux ans (Jean Meyer et ses filles, ça sonne bien !), je fais un tour d’horizon des vins actuellement en vente au domaine. La politique de commercialisation permet de mettre en vente aux particuliers des vins à maturité.


Si certaines références sont à la vente depuis 2002, à l’opposé certaines références proposées aux importateurs étrangers et restaurants ne sont pas encore à la vente au domaine pour les particuliers (ex : Auxerrois « H » 2001 goûté à la Taverne Alsacienne l’an dernier). Un fonctionnement similaire à la politique des Domaines Schlumberger à Gueberschwihr.



Mais venons-en aux vins et aux impressions de dégustation. Les prix viennent du tarif particuliers départ cave.


Pinot Blanc Mise du Printemps 2004 – Josmeyer (8.80€) : Le premier vin mis en bouteille au domaine est un assemblage de pinot blanc et de pinot auxerrois. Le nez est assez intense, avec des arômes de fleurs et d’agrumes. La bouche est franche, assez vive, mure avec une belle acidité. Incroyable de percevoir une si belle pureté un mois après la mise. Très plaisant à boire maintenant (les bouteilles vides s’accumulent déjà à la Taverne Alsacienne). Très Bien


Fleur de Lotus 2003 – Josmeyer (9.50 €) : Assemblage de pinot blanc, muscat, pinot gris et gewurztraminer), Fleur de Lotus est un vin destiné à accompagner la cuisine asiatique. La sœur de Céline vit à Singapour et travaille dans l’importation de vin, on voit l’intérêt d’une telle cuvée 🙂 Le nez est parfumé, floral et marqué par des fruits blancs. La bouche se fait plus grasse, très aromatique avec une acidité assez présente. La fin de bouche est épicée. Bien


Sylvaner 2004 – Josmeyer : Déjà en bouteille mais pas encore à la vente, on goûte quand même, histoire de se remettre dans la belle acidité de 2004, qui manque tant à 2003. Le nez est assez discret avec des notes de craie et de pistache. La bouche est acidulée, gouleyante, avec des notes d’amande verte et de pistache. Un vin frais très agréable. Bien


Pinot Blanc les Lutins 2001 – Josmeyer (12€) : Le nez est aromatique, marqué par des fleurs blanches et de la pêche blanche. La bouche est acidulée, minérale, avec une fin de bouche un peu crayeuse sur la langue. Beaucoup de peps et de densité pour ce vin qui arrive doucement à maturité et qu’il faudrait encore attendre un peu à mon avis (Note : nous allons goûter quelques jours plus tard des 2001 d’autres maisons qui déclinent déjà). Bof


Pinot Blanc les Lutins 2000 – Josmeyer (11€) : Celui là est à maturité en revanche. Le nez est très floral avec des notes précises de muguet, un parfum que j’adore dans les vins blancs. La bouche est riche, mure, et finement acidulée. La fin de bouche possède beaucoup de gras, ce qui rend le vin très plaisant, on a envie de le boire. Très Bien


Auxerrois « H » Vieilles Vignes 2000 – Josmeyer (13.10€) : Issu du célèbre Grand Cru de Wintzenheim, cet Auxerrois est intéressant car il combine un cépage généralement fruité et aromatique avec un terroir assez calcaire qui met du temps à se révéler. Le nez est parfumé, marqué par des fleurs blanches, de l’herbe séchée et une légère touche d’évolution avec des notes un peu camphrées. La bouche est corsée, concentrée, grasse et sèche, avec une pointe minérale qui commence sur le bout de la langue et qui donne beaucoup de longueur. Encore très fermé lors de la dégustation de 2002, le vin est à maturité et se montre très bien… pour ceux qui recherchent un terroir plus qu’un cépage. Très Bien


Muscat 2004 – Josmeyer : les rumeurs vont bon train, et ce muscat est déjà célèbre avant même d’être à la vente. Une bonne raison pour le déguster. Le nez est parfumé, fruité, avec des notes de raisin frais, de menthe fraîche et de citronnelle, ce qui lui donne beaucoup d’élégance. La bouche est vive, herbacée, sèche et assez tranchante sur des notes citronnées et muscatées. Un vrai régal de boire ce vin friand et parfumé, dans un style différent et moins floral que les muscats 2003 goûtés à ce jour. Très Bien.


Muscat Herrenweg 2002 – Josmeyer (11.70€) : Retour sur le terroir du Herrenweg après cette escapade en 2004. Le nez est floral et encore discret, avec des notes poivrées. La bouche est acidulée, riche et vive sans être aussi sauvage que le 2004, avec surtout une belle maturité perceptible en milieu de bouche. Un style très classique, à maturité. Bien


Riesling Le Kottabe 2003 – Josmeyer (11.40€) : Le nez est discret, floral avec un peu de fraise. La bouche est un peu crayeuse en bouche, avec une acidité fondue dans un ensemble assez terne pour le moment. Entouré de 2002 à maturité et de 2004 encore en pleine jeunesse, ce millésime 2003 ne se montre pas sous on meilleur jour. Une bouteille dégustée en janvier dernier au restaurant se goûtait de la même manière. Les amateurs de Rhône blancs aimeront ce style, ceux qui recherchent un riesling fringant risquent (comme moi) d’être déroutés. Peut-être est-ce le souvenir encore présent de cette soirée passée en tête-à-tête avec un Kottabe 2002 l’an dernier qui m’empêche d’apprécier ce 2003 ? Bof.


Riesling Les Pierrets 2000 – Josmeyer (16.50€) : avec Les Pierrets 2000 on revient sur un style plus riche. Le nez est mûr, minéral, avec des notes de fruits exotiques. La bouche est sèche, fruitée et acidulée, avec des agrumes. Une légère évolution est perceptible en fin de bouche, qui lui donne un peu plus de complexité. Tout le savoir-faire du domaine dans cette cuvée à boire dès maintenant. Très Bien.


On termine les rieslings par une série de grands crus qui sont un peu la marque de fabrique du domaine.


Riesling Grand Cru Brand 2000 – Josmeyer (23.50€) : le nez est parfumé, légèrement évolué, avec des notes de fruits blancs et d’encaustique. La bouche est sèche, minérale, avec une amertume assez marquée en milieu de bouche, et une finale puissante. Même s’il est granitique, le Brand est un terroir puissant, qui donne ce style de vin lorsqu’il est correctement vinifié. La densité et la puissance rappellent le riesling Brand du domaine Zind-Humbrecht, avec un peu moins de surmaturité sur ce millésime. Très Bien


Riesling Grand Cru Hengst 2001 – Josmeyer (25.10€) : Le nez est parfumé, mûr avec des notes de miel. La bouche est acidulée, mûre, souple, avec cette finale un peu crayeuse sur la langue qui signe le Hengst. Le vin est très ouvert à ce stade. Les dégustations à Kientzheim ont souvent montré que le Hengst se goûtait plus facilement que le Brand chez Josmeyer, ce vin ne contredit pas l’impression générale. Très Bien


Riesling Grand Cru Hengst Samain 1997 – Josmeyer (27.50€) : la récolte de la Saint Martin, en légère surmaturité, signe le nom de cette cuvée. Le nez est marqué par des notes fumées et des traces de goudron. La bouche est minérale, sèche, riche dans un style assez sec malgré un léger moelleux perceptible en fin de bouche. Superbe, à essayer à table un de ces jours. Très Bien


Riesling Grand Cru Hengst Vendanges Tardives 1995 – Josmeyer (38€) : dommage que nous n’ayons pas pu goûter ce vin lors de la dégustation des rieslings 95 en début de ce mois. C’est un peu un concentré de beaucoup d’impressions, avec un nez épicé marqué par des notes de surmaturité, et une bouche acidulée et minérale, dans un style «surmaturé sec » qui signe bien le millésime. Les 29g/l de SR sont à peine sensibles, noyés au fond du terroir. C’est un vin qui s’apprécie à mon avis sur sa texture plus que sur ses arômes. Si on trouve le bon plat en accompagnement, il y a de quoi provoquer de grandes émotions. Il va falloir faire des essais, encore des essais, avec patience et acharnement ! Excellent.


Difficile de continuer sur le pinot gris après une telle série, mais il y a d’autres cépages à explorer.


Pinot Gris Le Fromenteau 2003 – Josmeyer (13.50€) : Le nez est parfumé, mais encore un peu marqué par des notes d’élevages, en particulier des notes de levure et de houblon. La bouche est assez parfumée, grasse avec une bonne finesse, mais est encore très jeune et un peu plate. Le style rappelle un peu un bourgogne blanc, un peu à l’image des pinots gris secs 2003 de Zind-Humbrecht  goûtés la veille. Bien


Pinot Gris « 1854 Fondation »  2000 – Josmeyer (20.40€) : Le nez se fait plus épicé, avec des notes de fruits secs. La bouche est moelleuse, citronnée, assez épicée. Un style plus classique typique du millésime 2000 en pinot gris. Bien


Pinot Gris Grand Cru Brand 1999 – Josmeyer (23€) : Le nez est très mûr, avec des notes de fruits secs et de caramel. La bouche est sèche, parfumée, grasse  avec beaucoup de puissance et un peu d’alcool perceptible en fin de bouche. Le cépage se fait tout petit devant le terroir, avec l’expression mûre du millésime 1999. Pour amateurs du genre, voilà un vin qui en raconte sur son origine. Très Bien.


Gewurztraminer Les Folastries 2003 – Josmeyer (13.50€) : Le nez est parfumé, délicat avec des arômes de rose. La bouche est sèche, épicée, assez dense, avec des parfums floraux qui envahissent la bouche en finale. Un équilibre subtil dont il faut profiter aujourd’hui et cet été, je me demande comment ce style va évoluer avec le temps. Bien


Gewurztraminer Les Archenets 2000 – Josmeyer (20.40€) : Le nez est cette fois minéral et épicé, avec des arômes de pierre à fusil. La bouche est minérale, épicée et puissante, avec une impression sèche qui réserve ce vin à la table plus qu’en apéritif facile. Bien


Gewurztraminer Grand Cru Brand 2001 – Josmeyer : il n’y aura pas de riesling GC Brand 2001 au domaine, les raisins ont été assemblés avec une autre cuvée. Seul témoin, du millésime, le gewurztraminer. Le nez est élégant et complexe avec des notes de rose et de lichee. La bouche est grasse et sèche, avec des arômes d’agrumes qui lui donnent beaucoup d’élégance. Un vin qui semble moelleux au nez mais qui se montre très dense et sec, avec beaucoup de puissance en fin de bouche. Très Bien.


Gewurztraminer Grand Cru Hengst 1995 – Josmeyer (25.10€) : à nouveau un vin de terroir qui a atteint sa maturité. Le nez est parfumé, complexe, avec des notes de cuir et d’épices qui rappellent le Gewurztraminer Heimbourg 95 de Zind-Humbrecht bu en janvier. La bouche est légèrement moelleuse, ce qui lui donne moins de puissance alcoolique que le Heimbourg, et un équilibre un peu meilleur, surtout que la minéralité reprend le dessus en milieu de bouche. Du beau gewurztraminer de terroir dans un millésime difficile pour le gewurztraminer. Très Bien


Les vins du domaine sont très souvent secs, et nos expériences passées à table montrent que les terroirs se révèlent avec le temps pour donner de beaux vins à table. Hengst et Brand se donnent un peu la réplique, avec le Herrenweg au milieu pour faire l’arbitre. La gamme est complète avec des tarifs assez raisonnables dans les grands crus. J’ai particulièrement apprécié la lisibilité des vins, tant au niveau des terroirs que pour les millésimes, et les vins vieillissent harmonieusement. En revanche, je suis moins sur de la lisibilité de la gamme des vins. Classés dans les séries «Classique», «Artistes», «Herrenweg »,  «Prestige», « Grands Crus » et «Vins Exceptionnels», c’est parfois difficile de s’y retrouver car il n’y a pas forcément d’échelle qualitative absolue  dans la dénomination. Heureusement que le domaine possède un site web bilingue réalisé par les pros de Vinternet. Complet, à jour, riche en informations sur les vins, chacun y trouver les renseignements sur les différentes cuvées, en particulier les notes de dégustation de Jean-Marie Stoeckel, un sommelier très sympathique qui fut meilleur sommelier de France à une époque ou mes seules dégustations se faisaient au travers d’une tétine…


Thierry Meyer


 


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