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Weinbach et Zind-Humbrecht 2004 en photo et dans les verres

10 juin 2006


La journée consacrée à deux des domaines les plus réputés d’Alsace a débuté par une dégustation comparative des vins du millésime 2004,  avec des photos pour montrer et commenter les terroirs de chaque domaine. Elle s’est poursuivie par un fabuleux dîner autour des vins plus anciens et des vins moelleux. Compte rendu de la première partie, en image et avec les commentaires des deux domaines.



Avant de monter sur la première marche des vins des deux domaines, nous faisons une mise en bouche avec deux vins plus simples mais de bonne qualité. Le Sylvaner 2004 de Guy Wach à Andlau se montre mûr, sec et désaltérant, dans l’esprit de ce qu’on attend d’un sylvaner gouleyant. Netteté du nez sur des arômes d’amande verte et de mousseron, et belle salinité en bouche avec une acidité mesurée qui donne de la précision à la finale, sans trop tirer en longueur comme un riesling. Le Pinot Blanc Windmuehl 2004 de François Bléger à Saint-Hippolyte est plus aromatique au nez, avec des notes florales plus marquées. La bouche montre le gars du pinot blanc avec une certaine fraîcheur et une bonne concentration. Les deux vins sont francs et très faciles à boire. Vendus autour de 6 euros, ce sont de bons vins.


Les vins suivants sont dégustés par paire. Les tarifs départ cave sont indiqués.



Vue sur la vallée de la Weiss depuis le bas du Grand Cru Schlossberg, avec au fond le Clos des Capucins


Série 1 : les « entrées de gamme »


Entrée de gamme est un mot relatif, mais dans le cas des deux domaine, peut-on vraiment y associer le coté parfois péjoratif du terme « bas de gamme » ? Le Sylvaner Réserve 2004 du Domaine Weinbach (11€) possède un nez ouvert, avec des arômes de fruits à chair blanche, d’agrumes et fruits murs. La bouche est fruitée en attaque avec une pointe de gaz, puis confirme un équilibre riche et sec possédant une bonne concentration. La sensation minérale confirme le statut de grand vin, à faire pâlir d’envie de nombreux riesling Grand Cru 2004. Le Zind 2004 de Zind-Humbrecht (16.1€) est un vin plus pointu, de par son terroir calcaire combiné à la vivacité du chardonnay. Vin d’assemblage du Clos Windsbuhl, le nez est marqué par l’élevage avec des notes de fleurs blanches. La bouche est grasse en attaque, puis vive avec beaucoup de tonus. La longue finale avec l’acidité typique du clos Windsbuhl signe l’origine de ce vin qui supporterait la comparaison avec un bourgogne blanc. Si le Sylvaner se boit facilement, le Zind nécessite quelques années de garde. Deux vins de haut niveau, c’est peut-être parfois regrettable que les clients qui dégustent au domaine passent rapidement sur ces vins.


Les notes des domaines


Sylvaner Réserve 2004 – Domaine Weinbach : Origine : Clos des Capucins. Le clos historique s’étend sur 5 hectares, protégés par les murs d’enceinte de l’ancien couvent des Capucins. Il est cité dès 890, année où l’impératrice Richarde en fit don à l’Abbaye d’Etival, qui à son tour en détacha une partie au profit des moines Capucins. Le Clos est situé en bas de pente, bien protégé des vents par les collines environnantes. Ses sols sont sablo-limoneux sur graviers et galets de granite. Ce terroir bénéficie d’un réchauffement de sol rapide grâce aux cailloux de sa surface. Il donne des vins joliment fruités, de maturité légèrement plus précoce que les autres terroirs. Frais, fruité, vin modeste certes, le Sylvaner Réserve présente du relief et un corps étonnant. Il aime les charcuteries, les huîtres, la petite pêche…C’est aussi le vin de la petite soif…


Zind 2004 – Zind-Humbrecht : Mise en bouteille : février 2006, 13.1° alc, SR 4.7 g/l, 70 hl/ha, Optimum de dégustation 2006/2012, Âge moyen des vignes : 23 ans, Surface : 2 ha, terroir : calcaire muschelkalk, Indice 1
Dans le passé, nous étions souvent tentés par le fait de vinifier les auxerrois (30%) et chardonnays (70%) du Clos Windsbuhl à part. En 2004, c’est chose faite. Le Zind 2004 provient exclusivement de nos vignes situées sur le terroir calcaire du Windsbuhl à Hunawihr. Cette décision était possible car tous les pinots en 2004 possédaient une acidité suffisante. La pureté du calcaire de ce terroir se traduit par un vin qui est particulièrement bien structuré. Ce vin a fermenté pendant plus de 12 mois dans un foudre de chêne ancien pour achever tous les sucres.
1/2006: le nez dévoile des arômes mûrs de chardonnay, une forte minéralité, dans un style très épuré, typique des terroirs calcaires. Le vin prend un aspect très sec, presque austère, avec des arômes de pierres et de fruits blancs. Certes, le chardonnay peut être identifié au nez (surtout lorsque l’on connaît la composition de ce vin !) par des arômes beurrés, d’amande, mais sans le caractère toasté souvent associé à ce cépage. L’influence d’un élevage long sur lies et lies fines se ressent encore. La finale est nette et droite.



Photo : Vue vers le Nord-Ouest. Le Clos Windsbuhl sur le coté sud de Hunawihr, partie basse et partie haute.


Série 2 : deux rieslings de caractère


Deux rieslings de gamme intermédiaire, ne revendiquant pas l’AOC Alsace Grand Cru, dans un style propre à chaque maison. Le Riesling Sainte Catherine 2004 du Domaine Weinbach (28€) est net et intense au nez, avec des arômes d’agrumes confits et une pointe d’acidité volatile. La bouche est riche et acidulée en attaque, évoluant sur un équilibre concentré, sec et pur avec une bonne longueur. Un style mûr qui rappelle le riesling Sommerberg d’Albert Boxler, qui se boit déjà très bien. Le Riesling Clos Häuserer 2004 de Zind-Humbrecht (30.8€) possède un nez très net, dominé par des notes d’agrumes, pamplemousse et citron mûr. L’attaque en bouche est sèche avec une pointe de gaz, puis développe une grosse puissance avec une acidité mûre très présente. La finale prend des beaux amers façon écorce de pamplemousse. Un vin racé de grande garde. Deux rieslings de terroirs différents, tous les deux très mûrs avec des expressions acides différentes en début et fin de bouche. A noter qu’alcool et sucres résiduels sont identiques, pourtant on a deux vins très différents.


Les notes des domaines


Riesling Sainte Catherine 2004 – Domaine Weinbach : Alcool acquis : 14° ; Sucres résiduels: 5.5 g/l. Origine : partie basse du grand cru Schlossberg. Les Riesling Cuvée Sainte Catherine, récoltés plus tardivement, présentent davantage de richesse et de gras. Ils se marient particulièrement bien avec les poissons en sauce, les poissons à chair plus grasse tel le saumon, et, dans le registre de la tradition alsacienne, le coq au Riesling.


Riesling Clos Häuserer 2004 – Zind-Humbrecht : Mise en bouteille: février2006, Alcool acquis : 13.9° ; Sucres résiduels: 6 g/l ; Rendement: 49 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2008-2020+ ; Vignoble planté en 1973. 100% Riesling ; Surface : 1.2 ha ; Terroir : Marnes calcaires de l’oligocène. Coluvium de pente. Exposé est. Très faible pente. Indice 1.
Le Clos Häuserer est situé au pied du grand cru Hengst sur la commune de Wintzenheim. Le sol de ce terroir est composé d’une succession de couches de sédiments provenant de l’érosion de la colline située en amont (calcaires, marnes), avec en profondeur (entre 1m et 1.5m) la roche de calcaire oligocène. Avec le temps et une culture adaptée du sol, les racines ont maintenant atteint les couches plus profondes, beaucoup plus calcaires et pauvres en éléments fertilisants. Il en résulte un vin ayant une forte minéralité associée à une belle acidité. Les rangs de vignes sont plantés nord-sud, et sont situés dans une légère dépression, ce qui protège ce clos des vents froids. La vendange est souvent assez précoce, dans la mesure où nous ne cherchons pas le botrytis de façon systématique. En 2004, la fermentation était lente (12 mois) jusqu’à épuisement des sucres.
1/2006: ce riesling est peut être aujourd’hui le plus austère de tous les 2004. Le nez est marqué par une belle minéralité de pierre, qui laisse présager une évolution vers un pétrole très raffiné. Le palais est puissant, intense, long avec une finale nette et sec. L’acidité semble beaucoup plus mûre et donc moins agressive que sur les vins précédents. Grand classique.


 



Photo : Vue vers l’Est. Le Clos Häuserer au bas du Grand Cru Hengst. Au fond, la Forêt Noire


Série 3 : les fleurons de la région


Cette série de rieslings était très attendue, car les cuvées de riesling des deux domaines font partie de cette poignée de grands rieslings qui portent haut les grands blancs d’Alsace. D’un coté, un Riesling Schlossberg Cuvée Sainte Catherine 2004 du Domaine Weinbach (39€) en toute plénitude. Le nez est, mur, plus discret que le précédent mais plus minéral, avec une intensité moyenne. La bouche est fine et dense, l’acidité est fine et fondue, avec une persistance discrète qui donne une belle fraîcheur et une grande longueur. Les arômes d’agrumes mûrs couplés à une minéralité forte sur la langue donnent beaucoup d’élégance à ce vin. Le terroir est expressif mais le cépage est ici aussi magnifié. Loin d’une injure au terroir, c’est ici le couple cépage-climat qui est mis en valeur. Un vin peut-être tellement accessible que certains pourraient le trouver simple s’il n’y avait pas d’autres vins autour pour lui pour le comparer. Comme à chaque fois devant de grands vins dont c’est une marque qui ne trompe pas, on boit, on avale, et on se dit que c’est là du bon riesling. En comparaison, le Riesling Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2004 de Zind-Humbrecht (52.8€)  réalise un contraste saisissant. Le nez exprime une forte typicité avec des arômes fumés et tourbés. La bouche est complexe, à la fois fine et grasse tout en ayant cette forte impression de mâcher du caillou que les vins du Rangen possèdent lorsque le terroir s’exprime. Un vin déjà très expressif, mais qui ne tombe pas dans le style parfois rustique des vins trop minéraux. Le gras et la matière, soutenus par une acidité fine, donnent un équilibre d’une précision exemplaire. Face au Schlossberg, c’est une véritable le goût personnel qui va décider de la préférence de chacun. Les niveaux d’alcool et de sucre résiduels sont une fois de plus similaires. Une série impressionnante au niveau qualitatif. On est en face des deux rieslings secs les plus chers en Alsace après le Clos Sainte Hune de Trimbach, et franchement, ce trio de tête n’a rien à envier aux plus grands blancs de bourgogne dont les prix sont deux à trois fois plus élevés.


 



Photo : Vue vers le Nord. Le cœur du Grand Cru Schlossberg, orienté plein Sud.


Les notes des domaines


Riesling Schlossberg Sainte Catherine 2004 – Domaine Weinbach (39€): Alcool acquis : 14 °; Sucres résiduels: 7 g/l. Origine : nos plus vieilles parcelles de Riesling, situées à mi-coteau du Schlossberg. Sur une roche mère granitique, les sols sont sableux, riches en éléments minéraux, de faible profondeur en haut de coteau (400 m d’altitude), plus profonds en bas (230 m). Avec ses fortes pentes exposées plein sud, le Schlossberg nécessite une culture en terrasses. Lieu-dit très réputé, sa qualité est reconnue dès le XVe siècle. C’est le premier terroir d’Alsace classé Grand Cru par le décret de 1975. Le Riesling Schlossberg Cuvée Sainte Catherine est le plus riche de nos Riesling secs il présente des arômes complexes de grande maturité, beaucoup de charpente, de gras, tout en préservant l’indicible élégance du Riesling. Cette cuvée est superbe sur les poissons en sauce, le homard, et certaines préparations de volailles.


Riesling Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2004 – Zind-Humbrecht (52.8€) : Mise: septembre 2005 ; Alcool acquis : 14.2 °; Sucres résiduels: 6.2 g/l ; Rendement: 36 hl/ha ; Optimum dégustation: 2008-2020+ ; Age moyen des vignes : 42 ans ; Surface : 2.1 ha ; Terroir : Volcanique (tufs & grauwackes), exposé sud, très forte pente. ; Indice 1
Le vignoble du Clos-Saint-Urbain est situé sur la commune de Thann, à l’extrémité sud de la route des vins d’Alsace. Le climat y est en fait plus tempéré et frais que dans la région de Colmar, grâce à la proximité du massif Vosgien et d’une altitude plus élevée (le Rangen était le dernier de nos terroirs à finir de fleurir en 2004). La très forte pente (plus de 90%) et la couleur sombre des sédiments volcaniques participent au réchauffement du sol et favorisent donc une maturation tardive des raisins. Ce vignoble est donc capable de rattraper en septembre/octobre le retard pris au débourrement et à la floraison, voire même de dépasser les autres vignobles. Les rendements faibles (par ha et par cep), même en 2004, expliquent aussi les niveaux de concentration atteints. Le Rangen fut récolté très mur, mais contrairement à beaucoup d’autres rieslings, il fermenta très vite tous ses sucres.
1/2006: le nez est une signature évidente de la roche volcanique: pierre à fusil, fumée, minéral, voire même tourbé. Il est impossible de le confondre avec un autre vin ! Le palais est long et intense, dégageant une certaine chaleur et sensation de richesse, tout en conservant ce très bel équilibre propre aux vins de 2004. Finale longue, finissant sec.




Photo : Vue vers le Nord-Ouest. La partie du Schlossberg proche du château est plus étroite


Série 4 : deux pinots gris (presque) secs


Le choix des pinots gris a été difficile, car nous voulions conserver des équilibres similaires mais en 2004 les pinots gris du domaine Zind-Humbrecht se montrent très secs en comparaison de ceux du domaine Weinbach. Le Pinot Gris Cuvée Sainte Catherine 2004 – Domaine Weinbach (30€) est classique dans son expression. Initialement légèrement réduit au nez, il a besoin d‘aération pour dévoiler des notes grillées et des arômes de fruits jaunes. La bouche est grasse, légèrement moelleuse en attaque, puis ample avec une grande pureté. L’acidité est intégrée et bien présente pour soutenir un équilibre gras qui ne manque pas de puissance. Un véritable pinot gris de gastronomie à l’équilibre sec, très facile à boire. Le Pinot Gris Rotenberg 2004 de Zind-Humbrecht (26.7€) est issu d’un terroir riche en fer, ce qui lui confère une touche tannique en finale. Le vin se montre plus fermé, grillé au nez et sec en bouche avec une grosse matière. Le vin se montre encore fermé mais possède beaucoup de race, et se goûte également dans un style sec avec une finale qui manque encore de netteté. Un style qui tranche beaucoup avec les pinots gris moelleux et acidulés des années 90, et qui peut surprendre les clients de longue date. Dans les deux cas, on est en face de vins qui se présenteront parfaitement bien à table dans quelques années.


Les notes des domaines


Pinot Gris Cuvée Sainte Catherine 2004 – Domaine Weinbach : Alcool acquis : 14.3 °; Sucres résiduels: 11 g/l. Origine : vieilles vignes du Clos des Capucins plus une parcelle en bas du Schlossberg. Le Pinot Gris Cuvée Sainte Catherine présente une belle puissance et une rondeur discrète, bien équilibrée par une acidité mûre. Il apparaît comme essentiellement sec à la dégustation et invite à de belles unions avec les viandes blanches en sauce crémée, les risottos, les volailles à chair riche telles l’oie, la poularde, le canard, …



Photo : Vue vers l’Ouest/Nord-Ouest. Le Rotenberg tire son nom de la teinte rouge du sol (les vignes ne sont pas celles du domaine Zind-Humbrecht)


Pinot Gris Rotenberg 2004 – Zind-Humbrecht : Mise: sept 2005 ; Alcool acquis : 14.7°; Sucres résiduels: 14.6 g/l ; Rendement: 45 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2006-2016 ; Age moyen des vignes : 23 ans ; Surface : 0.9 ha ; Terroir : calcaire oligocène exposé ouest ; nord-ouest. Forte pente. Indice 2
La colline du Rotenberg est légèrement détachée du massif Vosgien, ce qui offre une petite exposition vers l’ouest. Le Hengst est situé de l’autre coté de la colline, face au sud et sud-est. Le climat est plus frais et tardif dans le Rotenberg (300m-350m d’altitude), mais ce terroir profite d’un excellent ensoleillement dans l’après-midi et le soir. Le sol est rocailleux (calcaire), de couleur rouge (riche en fer) et est très maigre. Les racines ont beaucoup de mal à s’implanter et trouver un passage dans cette roche. De ce fait, les vignes poussent lentement et ont une vigueur faible, ce qui explique des rendements qui sont aussi souvent faibles. En 2004, la récolte de cette parcelle était saine, ce qui est assez inhabituel pour le Rotenberg qui est souvent récolté avec beaucoup de pourriture noble.
1/2006: le nez dévoile des arômes intenses de pain grillé, noisettes grillées, fruits blancs, ainsi que quelques arômes de sous bois. Le fruité si caractéristique de ce terroir est encore dominé par les arômes d’élevage en ce moment. Le palais est riche et puissant, dévoilant une petite rondeur agréable, bien vite reprise par une excellente acidité et une finale longue. Ce vin devrait s’ouvrir dans un futur proche et dévoiler de beaux arômes fruités.


Série 5 : Deux Gewurztraminers de terroir


Impossible de trouver des gewurztraminers à l’équilibre en alcool et sucre sensiblement égal, donc nous nous sommes tournés vers des expressions de terroir. Le Gewurztraminer Furstentum Cuvée Laurence 2004 du Domaine Weinbach (40€) est une merveille de finesse et de puissance. Le nez est fruité, floral et très intense, encore jeune. La bouche est moelleuse en attaque, puis minérale et très ronde avec une pureté incroyable. L’acidité est intégrée complètement et l’équilibre exceptionnel combine une profondeur énorme due au terroir du Furstentum avec une finesse incroyable qui lui donne un aspect aérien. Un vin complet, très pur, sans aucune aspérité, qui se présente déjà très bien. En Riesling ou en Gewurztraminer, le Furstentum est un grand terroir lorsqu’il est révélé de cette manière. En face, le Gewurztraminer Clos Windsbuhl 2004 de Zind-Humbrecht (37.7€) révèle un style très différent. Floral et minéral au nez, la sensation moelleuse en attaque laisse rapidement la place à une forte minéralité et à une vivacité que nous avions déjà trouvée dans le ZIND 2004.  Plus qu’un gewurztraminer, c’est le Clos Windsbuhl qui s’exprime avec à nouveau cette acidité fine qui tire la finale en longueur. De nouveau deux vins de terroirs d’une pureté et d’une précision remarquable, avec une petite domination du terroir chez Zind-Humbrecht et une belle harmonie cépage-climat au domaine Weinbach.




Photo : Vue vers le Nord. Le Grand Cru Furstentum dans la partie supérieure droite de la colline, l’Altenbourg étant situé en contrebas après la cassure de pente. A gauche, la faille Vosgienne avec l’extrémité Est du Schlossberg


Les notes des domaines


Gewurztraminer Furstentum Cuvée Laurence 2004 – Domaine Weinbach : Sucres résiduels : 35g/l. Origine : grand cru Furstentum. Le calcaire forme l’assise des sols du Furstentum, mêlé de marnes et de grès (terroir marno-calcaro-gréseux du Dogger inférieur). La marne apporte puissance et charpente, le grès apporte élégance, nervosité et complexité. Les sols sont peu profonds, la roche mère affleure parfois. Le Furstentum est déjà cité en 1330 dans l’inventaire des vignes appartenant au couvent de Bâle. Pentu, exposé plein sud, le Furstentum favorise de superbes maturations dans les Gewurztraminer du Weinbach. Ils y puisent une complexité aromatique exceptionnelle, et une expression alliant puissance et finesse.


Gewurztraminer Clos Windsbuhl 2004 – Zind-Humbrecht : Mise en bouteille: 9/2005 ; Alcool acquis : 14.7° alc ; Sucres résiduels: 14.5 g/l ; Rendement : 36hl/ha ; Optimum de dégustation: 2006-2025 ; Age moyen des vignes : 34 ans ; Surface : 0.9 ha ; Terroir : Calcaire Muschelkalk exposé sud, sud-est ; Indice 2
Le Clos Windsbuhl est situé sur un terroir plus tardif que Turckheim. La floraison et la récolte sont en général 10 à 15 jours plus tard que nos vignobles les plus précoces (Herrenweg de Turckheim). Ce phénomène est accentué par le sol calcaire ancien et très caillouteux. Il en résulte un vin élégant, finement équilibré par une belle acidité qui masque toujours une structure de garde. Le gewurztraminer est un cépage qui nécessite un certain apport de chaleur sur une longue période, surtout fin août/début septembre, pour aider la vigne à accomplir sa véraison et vraiment rentrer dans un processus de maturation physiologique. Il n’y a rien de pire qu’un gewurztraminer marqué par des arômes pharmaceutiques et des tanins verts résultant d’un manque de maturité. En 2004, beaucoup de vignerons auraient souhaité avoir le droit de vendanger ce cépage avant le 11 octobre (date officielle de l’ouverture des vendanges de ce cépage), or l’attente était nécessaire pour bien mûrir les raisins et surtout obtenir des arômes complexes.
1/2006: le nez du Clos Windsbuhl est peut être le plus intense et développé à ce jour (rose, mandarine, litchi, épices…). La fermentation s’est arrêtée sur un équilibre très légèrement moelleux. La bouche est délicate et très aérienne, malgré une maturité élevée. A nouveau l’acidité des 2004 donne une sensation d’harmonie, surtout en finale.


Série 6 : pour finir, deux vins moelleux


Pour finir, deux vendanges tardives pour tester le style des vins moelleux. Le millésime 2004 n’étant pas encore en vente ni agréé, nous faisons un écart avec deux vins de 2002. Le Gewurztraminer Vendange Tardive 2002 du Domaine Weinbach (46€) est très mûr : après une légère pointe d’acidité volatile, on retrouve un nez de miel et de pralin très classique des cuvées fortement botrytisées, évoluant sur des notes d’écorce d’agrumes. La bouche est grasse, moelleuse avec une belle liqueur, dans un style très rond qui possède beaucoup de finesse. Les arômes de fruits acidulés, fruits exotiques et agrumes confits signent un millésime qui a conservé beaucoup de fraîcheur, donnant une cuvée déjà agréable à boire mais qui devra être conservée quelques années pour que tous les éléments se fondent un peu. A l’inverse, le Gewurztraminer Heimbourg Vendange Tardive  2002 de Zind-Humbrecht (54€) se montre plus floral au nez, avec à l’aération des épices et des fruits jaunes qui n’annoncent pas un vin particulièrement moelleux.  Le vin est onctueux avec une liqueur puissante en attaque, puis prend un coté velouté très agréable avant qu’une fine acidité ne viennent relever l’équilibre et lui éviter la lourdeur de justesse. La finale prend un coté citronné agréable, mais ce vin devra encore vieillir pour gagner en minéralité et en finesse. Deux vins à la pureté remarquable pour



Photo : Vue vers l’Est depuis le Brand. Le Heimbourg est la face Ouest de la colline du Letzenberg au dessus du village d’Ingersheim


Les notes des domaines


Gewurztraminer Vendange Tardive 2002 – Domaine Weinbach : Alcool acquis : 12.8° ; Sucres résiduels : 82 g/l.


Gewurztraminer Heimbourg Vendange Tardive  2002– Zind-Humbrecht : Mise en bouteille: 9/2003 ; Alcool acquis : 13.4° ; Sucres résiduels : 71 g/l ; Rendement : 19 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2005-2022+ ; Vignoble planté en 1983 ; Surface : 1 ha ; Terroir : Calcaire Oligocène, exposé ouest, moyenne à forte pente.
Le gewurztraminer a été planté dans la partie basse du Heimbourg, exposé à l’ouest, qui est la plus riche en marne. Ceci ne signifie pas que le gewurztraminer est nécessairement le plus vigoureux dans ce terroir, bien au contraire. La floraison était en fait difficile en 2002, provoquant une certaine coulure et du millerandage, mais aussi une très belle maturité et finesse dans le vin. La fermentation était très lente, ce qui permet de conserver une richesse en sucre importante et surtout d’augmenter la sensation de rondeur.
Le nez est intense et très développé, marqué par des arômes de rose, litchi, et quelques épices. Ce vin évoluera certainement vers un style beaucoup plus minéral avec l’âge, mais aujourd’hui, les arômes  floraux dominent délicatement au nez et en bouche. La saveur sucrée est bien présente en bouche, donnant un caractère très rond au vin et une finale onctueuse. C’est un vin qui, derrière une structure élégante, masque bien sa puissance. (1/2004)


 


Cette dégustation a permis a chacun de comprendre le style des deux domaines. La pureté, la richesse et la finesse des vins du domaine Weinbach leur donnent un coté très consensuel. Difficile de ne pas aimer, et les vins sont unanimement appréciés. De l’autre coté, la diversité des terroirs du Domaine Zind-Humbrecht produit des vins à la typicité marquée, et le millésime 2004 a produit des vins souvent très secs. Avec une plus grande diversité des styles, les vins sont peut-être moins consensuels tout en ayant une personnalité plus typée. Les vingt participants à cette dégustation  sont peut-être sortis avec cette différence en tête, en ayant approché deux grandes maisons.


Si Olivier Humbrecht a eu un empêchement de dernière minute, Laurence Faller nous a fait l’honneur de participer à cette dégustation et a longuement commenté les nombreuses photos projetées sur écran géant. Sa présence a également permis des échanges très intéressants avec les amateurs parfois venus de loin (Suisse et Luxembourg) et les quelques vignerons alsaciens présents. Merci à elle.


La dégustation s’est suivie par une dîner dont le compte rendu est ici…


Thierry Meyer




  • Domaine Weinbach


  • Clos des Capucins


  • 25, Route du Vin


  • 68240 Kaysersberg


  • Tél : 33.(0)3.89.47.13.21


  • Fax : 33.(0)3.89.47.38.18



 




  • Domaine Zind-Humbrecht


  • 4 Route de Colmar


  • 68230 Turckheim


  • Tel : 03 89 27 02 05


  • Fax : 03 89 27 22 58

Pour connaître la signification des appréciations (Bien, Très Bien…), cliquer ici


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