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Rieslings 1999 de grands terroirs

Rieslings 1999 de grands terroirs
12 novembre 2005, dans le cadre des 24 heures du riesling alsacien

Prélude au dîner à la Taverne Alsacienne, nous avons choisi cette année de ne pas garder trop de vins sur chaque plat lors du repas en organisant une dégustation dès 18h30. Le millésime 1999 est intéressant car c’est un millésime sec qui marque bien les terroirs. De plus, de nombreux rieslings sont déjà équilibrés et expriment déjà leur terroir, contrairement à des millésimes comme 1998, 2000, 2001 ou 2002. Enfin, comme de nombreux domaines phares étaient en conversion bio à la fin des années 90, cela nous permet déjà de nous faire une première idée sur un éventuel style particulier des vins revendiquant cette distinction. Les séries de vins étaient servies par grand cru ou par famille de terroir, ce qui a permis de vérifier s’il y avait une typicité propre indépendante du producteur. Les vins sont servis à l’aveugle dans chaque série.



 




 


1.     Série de Schlossberg


Contrairement aux idées reçues, tous les terroirs granitiques ne produisent pas des vins légers, à boire jeune. Chacun possède une salinité propre en bouche et procure des sensations différentes.



 


Riesling Grand Cru Schlossberg 1999 – Paul Blanck : Le nez est parfumé, mur avec des notes d’agrumes et d’ananas. La bouche est sèche, dense sur la langue, assez sapide, avec une jolie salinité en bouche qui se termine par une belle amertume. Un style droit et sec, bien équilibré, à attendre encore quelques années pour qu’il soit à son optimum. Le premier vin de la série est de très haut niveau. Très Bien.


Riesling Grand Cru Schlossberg 1999 – Cave Vinicole de Kientzheim-Kaysersberg : Le nez est discret, peu convaincant et résineux avec des notes de cèdre et de pomme blette. La bouche est légèrement moelleuse avec une texture crayeuse sur la langue. Un vin acheté en grande surface, da caractère faible, ayant peut-être un problème de bouchon. A regoûter. Bof.


Riesling Grand Cru Schlossberg Cuvée Sainte Catherine « l’Inédit » en Magnum 1999 – Domaine Weinbach : Le nez est intense, complexe avec des notes de surmaturation et de grillé. La bouche est légèrement moelleuse, souple avec une bonne matière, et termine sur des notes de caramel. Le vin est concentré mais ne donne pas encore toute sa mesure. Regoûté lors du repas à coté des autres 99, la sensation de chaire en bouche s’amplifie, et l’aération le bonifie. Une bouteille à attendre. Très Bien


2.     Série de GC Schoenenbourg


L’austérité semble caractériser les vins du Schoenenbourg à ce stade. Nous n’avons pas pu goûter le Riesling Jubilée 99 de Hugel, qui nous aurait servi d’étalon, mais je pense que son style aurait été également austère et très sec.



 


Riesling Grand Cru Schoenenbourg 1999 – Bott-Geyl : Le nez est parfumé, avec des notes de fleurs blanches, de poivre blanc et de caramel au lait. La bouche est riche, assez sèche avec une acidité bien marquée, faiblement minérale avec une sensation un peu agressive sur la langue. Un vin assez austère et fermé. Bien


Riesling Grand Cru Schoenenbourg 1999 – Dopf et Irion : Le nez est également parfumé avec des arômes de camphre, de fleur d’acacia et de coquille d’huître. La bouche est riche avec un léger moelleux en attaque, puis une acidité tranchante qui accompagne la fin de bouche, donnant un équilibre peu satisfaisant à ce stade. Le vin a du potentiel mais est un peu brut de fonderie à ce stade. Bien


3.     Série de terroirs sur des mélanges à dominante calcaire


Les vins de cette série proviennent de grands crus différents mais à la géologie assez similaire. Ce sont des sols à dominante argilo-calcaire, certains contenant plus de marnes ou de grès que d’autres. Une série intéressante à l’aveugle car les trois vins proposent des équilibres assez différents mais très bien dans leur style. Le point commun des trois vins semble être une acidité en milieu de bouche provenant certainement de a part calcaire du sol, qui leur donne à tous beaucoup de profondeur. Dommage pour la bouteille de SIPP qui semblait délicate. Les deux bouteilles achetées en grande surface se montrent défectueuses, ce n’est pas bon pour la réputation des rayons vin.




Riesling Cuvée Frédéric-Emile 1999 – Trimbach : Le nez est parfumé, avec des fruits jaunes, des fruit exotiques, mais aussi à l’aération des notes de fleurs blanches et de camphre. La bouche est très dense sur la langue tout en gardant beaucoup de finesse avec une acidité soutenue qui parait légèrement dure à ce stade. Le vin est moyennement sapide mais très fin, il faut l’attendre encore quelques années. En découvrant l’étiquette, on se dit qu’il s’agit là d’un grand Frédéric-Emile. Très Bien


Riesling Grand Cru Hengst 1999 – Josmeyer : Le nez est assez discret dans un registre floral. La bouche est très enveloppante, débutant par une attaque souple et douce, très minérale, puis développant une acidité assez puissante et mûre qui va supporter la bouche jusqu’à la longue finale. Tout en restant dans un équilibre sec, le vin présente beaucoup de gras avec une bonne maturité. Des notes anisées reviennent en retro-olfaction. Déjà un beau fondu pour ce vin encore très jeune. Très Bien


Riesling Grand Cru Kirchberg de Ribeauvillé 1999 – Louis SIPP : la robe est jaune beurre, assez profonde.  Le nez est marqué par un caractère oxydatif assez dérangeant, marque probable d’un problème de bouchon. La bouche est grasse, minérale et assez longue, proposant une belle matière mure dans un équilibre sec. Le nez gâche un peu la fête, malheureusement. Bien


4.     Série de terroirs calcaires de type Muschelkalk


Pour continuer dans les calcaires, une série de vins issus de terroir de Muschelkalk, calcaire coquillé bien connu en Alsace dont on trouve des veines du Nord au Sud de la région. Les vins issus de terroir muschelkalk ont une douceur encore plus accentuée en attaque, la puissance de l’acidité revenant progressivement en milieu de bouche. L’acidité n’est jamais agressive et si le vin est concentré, donne une bonne impression de gras.




Riesling Clos Windsbuhl 1999 – Zind-Humbrecht : Le nez est parfumé, très plaisant avec des notes de pierre à fusil, de miel et de fruits jaunes. La bouche est marquée par le gaz en attaque, puis reste sèche avec une acidité assez marquée. Malgré une bonne minéralité gustative, la fin de bouche est un peu courte. Un vin aux antipodes de la bouteille bue il y a deux mois, pas au mieux de sa forme. Ce vin avait été le plus apprécié des 73 rieslings bus lors de l’édition 2004 des 24h du riesling, ici le flacon n’est pas représentatif de la cuvée, marquée par le gras et la puissance. Grosse déception. Bien


Riesling Muschelkalk 1999 – Etienne Loew : Le nez est parfumé, complexe avec des arômes floraux (fleurs blanches, fleur d’acacia), de l’anis et de la réglisse, évoluant vers des notes de camphre à l’aération. La bouche est riche, minérale avec une belle acidité qui apparaît en milieu de bouche, donnant une belle tension à l’équilibre. La précision gustative et la netteté de la longue fin de bouche en font un riesling haut de gamme très marqué par son terroir. Une cuvée qui n’est peut-être pas encore réputée à son juste niveau. Très Bien.


Riesling Pflaenzerreben 1999 – Rolly-Gassmann : Le nez est discret avec des notes de pierre. La bouche est marquée par du gaz en attaque, puis dévoile une richesse et un moelleux assez prononcés, avec une acidité qui procure un bon équilibre presque sec. Le vin garde une belle tension. Très Bien


5.     Série de terroirs gréso-volcanique et schisteux


Les vins sur des terroirs volcaniques sont l’occasion d’introduire un pirate allemand, qui fera douter nombre de participants. La Cuvée Vieilles Vignes de Kitterlé est produite à partir des parcelles situées sur la veine de grauwackes (grès à résidus volcaniques) dans le Kitterlé. A nouveau la finesse de l’acidité signe l’origine noble de ces vins, plus que les notes de fruits dans ce millésime qui reste encore jeune.




Riesling Vom Blauen Schifer 1999 – Heymann Löwenstein (Allemagne, Moselle) : la robe est jaune paillé foncé, avec des reflets dorés. Le nez est parfumé, herbacé, beurré avec des notes de citron vert. La bouche est sèche, dense avec une acidité très fine qui prend le dessus. On perçoit un léger moelleux en finale seulement. Un vin ciselé et puissant. Très Bien


Riesling Grand Cru Kastelberg 1999 – Domaine des Marronniers : La robe est jaune citron pâle. Le nez est mûr, un peu alcoolique, et marqué par de la citronnelle. La bouche est assez riche, légèrement moelleuse, avec une salinité très fine sur la langue. Le vin est très équilibré en bouche, mais développe un peu d’acidité volatile dans a finale qui reste un peu chaude. Un vin qui aurait du être idéalement carafé. Très Bien


Riesling Grand Cru Kitterlé Vieilles Vignes 1999 – Domaines Schlumberger : Le nez est fumé avec des notes de poivre blanc, assez discret. La bouche est sèche en attaque sans être acerbe, et développe une importante salinité sur la langue tout en gardant beaucoup de finesse. La fin de bouche dévoile une amertume très plaisante. Le vin a atteint un équilibre remarquable. La puissance maîtrisée en quelque sorte. Excellent.


Remarques sur la dégustation des 1999


Plus qu’une dégustation de rieslings, ce fut surtout une dégustation de terroirs. Le millésime 1999 a permis une belle expression de chaque origine, les vins n’étant pas marqués par des notes de surmaturité. Globalement, l’origine des sols se ressent en bouche, et ce n’est pas par hasard que 1999 était le millésime étalon choisi par Serge Dubs dans son livre sur les Grands Crus d’Alsace. Comme nous l’avions déjà remarqué l’année passée, l’acidité et la salinité du vin se mesure sur la langue, et à quantité d’aide équivalente il y a de fortes variations de style. Cette année, la distinction bio et non bio a été introduite, mais les différences de sapidité sont plus fonction du terroir d’origine que du style de vinification. Un sujet qui mérite d’être creusé un peu plus. Quelle est l’influence de cette acidité sur les accords mets et vins ? L’étape suivante va nous permettre de tester quelques accords.



Thierry Meyer