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Les coups de cœur de l’été – 1 Septembre 2007

Une nouvelle série de 14 vignerons ont été mis sur le devant de la scène à l’occasion de la dégustation des coups de coeur de l’été. Cuvées prestiges et bons plans à boire tous les jours, c’était parfois le grand écart entre le sommet de la région et les autres cuvées, mais tous les flacons avaient quelque chose d'intéressant à raconter. Par delà la qualité de chaque cuvée, le plaisir ressenti par les participants et le prix des cuvées a donné lieu à d’intéressants échanges. Lire le détail

fLes vins ont été réunis de manière à donner un panachage de styles et de gamme qui permette d’explorer la diversité des vins de la région. La notion de coup de cœur est personnelle, mais je l’associe au désir de partager au plus grand nombre un flacon pour faire découvrir un style. Chaque producteur cité a une histoire, et s’il a fallu sélectionner une seule cuvée, le reste de la gamme est tout aussi intéressant à découvrir.  Lorsque le vin est en vente au domaine, le prix a été indiqué.

Voir les compte rendus des sessions de mars et de juin

Série 1 : deux pinots noirs F 2004

La dégustation débute par deux pinots noirs issu de grands crus. Le vin de Becker surprend par sa concentration et sa puissance nettement plus élevées que sa robe ne laisse présager. Son style également mûr et concentré mais moins boisés et plus acide que le suivant lui donne un touche plus alsacienne. Le vin de Blanck possède toutes les qualités d’un grand vin de pinot noir : un terroir à idéal, une bonne concentration, de beaux tanins extraits et un élevage qui donne un beau potentiel. Le groupe est partagé dans ses préférences entre les deux styles. Les deux vins sont du millésime 2004, situé entre l’atypique 2003 et le concentré 2005. 2004 a produit de très belles choses en pinot noir si on évite la dilution et le manque de maturité qui signent malheureusement trop de cuvées en Alsace.

Rouge « F » de Zellenberg 2004 – Jean-François et Jean-Philippe Becker (Zellenberg, 11.45€) : Originaire du Froehn et élevé sous bois (une barrique neuve sur les cinq), le vin possède une robe bigarreau, un nez mur sur la cerise et une bouche souple, pure et profonde, avec une belle acidité. Les tanins sont fins et la finale longue. Un beau vin de terroir. Très Bien
Avis du Groupe : Excellent-0 Très Bien-3 Bien-7 Bof-0

Pinot Noir « F » 2004 – Paul Blanck (Kientzheim, 23.2€) : Originaire du Furstentum, le vin possède encore un nez marqué par le toasté, mais propose un style très bourguignon en bouche avec une texture riche enveloppée par des tanins gras. Un vin gourmand, à boire ou à garder. Très Bien
Avis du Groupe : Excellent-0 Très Bien-5 Bien-5 Bof-0

Série 2 : trois pinots blancs 2005

Cette série de trois pinots rassemble trois vins de style très différents. Chacun dans son style a un intérêt, mais la comparaison  est instructive. Sec ou moelleux, le pinot blanc se déguste en différentes occasions. L’évolution du vin de Boeckel semble tir son équilibre vers un moelleux très marqué. C’est un vin d’apéritif délicieux, mais peu adapté à une choucroute. Le vin de Rapp en revanche se goûte difficilement par rapport à son voisin, mais se montre plus apte à accompagner un repas. L’arrivée dans les verres du Hengst de Josmeyer montre un écart important, renforcé lorsqu’on revient sur les deux vins précédents après y avoir goûté. On entre dans un autre monde avec un vin de terroir parfaitement vinifié, de très haut niveau et de très grande garde. Servi à l’aveugle après les deux premiers vins, le vin a fait l’unanimité.

Pinot Auxerrois  2005 – Jean et Guillaume Rapp (Dorlisheim, 4€) : un vin marqué par une pointe d’acidité volatile au nez, mais qui offre une bouche de bonne densité, sèche et équilibré. En dégustation simple le vin parait un peu dur en comparaison avec le suivant, mais à la troisième gorgée on comprend son style. Un vin idéal à table, qui souffre de passer après deux pinots noirs de grands calibre coté terroir. Bien
Avis du Groupe : Excellent-0 Très Bien-1 Bien-8 Bof-1

Pinot Blanc Réserve 2005 – Emile Boeckel (Mittelbergheim, 4.7€): le nez est ouvert, sur des notes de fleurs et de fruits murs. L’attaque en bouche est marquée par un moelleux prononcé, puis le vin se montre souple et d’assez bonne concentration. Possible présence d’un vrai-faux goût de bouchon, car la finale parait sèche par rapport aux autres bouteilles bues.  Bien
Avis du Groupe : Excellent-0 Très Bien-0 Bien-7 Bof-3

Pinot Auxerrois « H » Vieilles Vignes 2005 – Josmeyer (Wintzenheim, environ 15€) : originaire du grand cru Hengst voilà un grand vin de terroir qui s’ouvre doucement mais s’impose sans problème : finesse des arômes du nez, élégance, minéralité et concentration en bouche sur un équilibre sec et gras avec très longue en finale. Excellent
Avis du Groupe : Excellent-4 Très Bien-6 Bien-0 Bof-0

Série 3 : deux Gewurztraminers 2005

Une autre série intéressante pour comparer les styles des vins et comprendre où se situe son goût personnel. Le gewurztraminer de Trimbach est un exemple parfait du savoir faire exemplaire de la maison en matière de cuvées génériques. C’est une bonne diée de le faire goûter à l’aveugle pour enlever tout préjugé. Sec, droit, dense et parfaitement vinifié, voilà un gewurztraminer de table disponible en grande quantité (plus de 250 000 bouteilles produites). Si le prix départ cave vous décourage, vous serez ravi de rencontrer ce vin au restaurant un peu partout dans le monde. Le gewurztraminer d’Odile Weber propose un style plus délicat, moins adapté à la cuisine épicée rustique, mais qui fera merveille sur des plats plus délicats, par exemple un poisson avec une sauce safranée. Le groupe partage sa préférence entre les deux cuvées, montrant un fois de plus la diversité des goûts.

Gewurztraminer 2005 – Trimbach (Ribeauvillé, 12.45€) : un gewurztraminer au nez d’épices et de fruits exotiques, qui se montre droit et dense en bouche avec une belle matière et un équilibre sec. La fin de bouche très épicée le destine à une gastronomie épicée, colombo, sans aller trop vers le sucré. Très Bien
Avis du Groupe : Excellent-0 Très Bien-5 Bien-4 Bof-1

Gewurztraminer 2005 – Odile Weber (Eguisheim, 7.6€) : Un gewurztraminer bio qui possède la touche de pureté et le caractère évanescent des cuvées produites par Odile Weber. Le nez est encore discret mais d’une grande finesse avec des notes délicates d’eau de rose et de jasmin au nez. La bouche affiche un léger moelleux bien enrobé dans une texture souple d’une grande pureté, soutenu par une bonne acidité.  Un gewurztraminer délicat, (je n’ose pas dire féminin) qui conviendrait à un dessert ou à une préparation à base de foie gras d’oie, pour accorder les textures. Très Bien
Avis du Groupe : Excellent-1 Très Bien-7 Bien-1 Bof-1

Série 4 : Deux Rieslings 2005

Pour commencer la belle série de rieslings 2005, un riesling générique apporté par Stéphane, puis une cuvée plus structurée. Bien frais, le riesling de Ruhlmann est très plaisant. Si on trouvait ce genre de vin plus souvent en restauration l’Alsace serait comblée.  Issu d’un terroir calcaire, le Riesling Leimenthal se montre plus fermé et plus difficile à comprendre. Comme avec le millésime 2001, il faut aérer le vin pour qu’il exprime sa puissance de manière assagie. Une manière de constater qu’il y a un riesling adapté à chaque situation.

Riesling Cuvée Particulière 2005 – Gilbert Ruhlmann (Scherwiller) : ce riesling titulaire d’une des 71 médailles d’Or accordées lors du concours 2007 des rieslings du monde donne dans  un style conventionnel mais très plaisant : agrumes et fleurs au nez, équilibre sympathique en bouche avec une acidité présente rehaussée d’une pointe de sucre résiduel, et doté d’unefinale sur l’ananas. C’est un vin fruité prêt à boire. Bien
Avis du Groupe : Excellent-0 Très Bien-2 Bien-6 Bof-2

Riesling Leimenthal 2005 – Barmès-Buecher (Wettolsheim,  17.1€) : Le nez d’agrumes est marqué par le citron, ne faisant aucune concession à des notes de surmaturité. Le vin se montre initialement sec et vif en bouche, et il faut de l’aération pour qu’il développe une belle pureté et une forte salinité. La structure acide est belle et il faudra carafer ce vin pour en profiter immédiatement. Très Bien
Avis du Groupe : Excellent-0 Très Bien-9 Bien-1 Bof-0

Série 5 : Trois Riesling Grand Cru 2005

Apothéose des dégustations coups de cœur, les séries de rieslings grand cru 2005 n’ont jamais déçu. La sélection de l’été présente trois terroirs d’exception, avec des styles très différents. Schlossberg et Muenchberg sont éclatant et mettent au grand jour des différences de terroir que nul ne peut ignorer tellement elles sont marquées. La verticalité de l’acidité du Schlossberg d’un coté et la finesse de l’acidité du Muenchberg de l’autre emportent les participants sur les sommets de l’appellation Alsace Grand Cru. Au milieu, le Mandelberg se montre fermé au nez avec une grande puissance sous-jacente, mais sans avoir pour le moment l’éclat des deux autres vins.  Patience et longueur de temps…

Riesling Grand Cru Schlossberg Cuvée Sainte Catherine 2005 – Domaine Weinbach (Kaysersberg, 43€) : Produit à partir des vieilles vignes du milieu de coteau, le vin claque littéralement en bouche dès l’attaque avec une acidité fraîche à la fois très présente et pas agressive du tout. Puis le vin se montre cristallin en bouche avec une finale plus délicate. Les amateurs extrêmes de Schlossberg le dégusteront seul pour lui-même, les autres prendront leur plus beau poisson (sandre, sole, saint-pierre) pour un moment inoubliable à table. Excellent, voire beaucoup plus.
Avis du Groupe : Excellent-3 Très Bien-7 Bien-0 Bof-0

Riesling Grand Cru Mandelberg 2005 – Bott-Geyl (Beblenheim, 16.6€) : Un Mandelberg profond et très pur avec sa minéralité et son gras caractéristique, mais qui se montre aujourd’hui discret au nez. Derrière le gras de l’attaque, l’acidité vient percuter ne palais en finale. Un grand vin à attendre ou à carafer. Les poissons de mer n’ont qu’à bien se tenir. Excellent
Avis du Groupe : Excellent-0 Très Bien-8 Bien-2 Bof-0

Riesling Grand Cru Muenchberg 2005 – André Ostertag (Epfig, 33€) : Le Riesling Muenchberg c’est d’abord un Muenchberg au nez fumé très caractéristiques. La bouche est pure, minérale, presque suave avec de beaux amers en finale. Le cépage s’efface tout en offrant un beau support acide à un vin qui possède une personnalité très affirmée, et qui se déguste admirablement bien jeune. Excellent, voire beaucoup plus
Avis du Groupe : Excellent-7 Très Bien-3 Bien-0 Bof-0

Série 6 : Un Pinot Gris Grand Cru et Deux Gewurztraminer Grand Cru

Pour terminer, retour sur un pinot gris grand cru pour faire la transition vers les gewurztraminers grands crus.  Le Geisberg si connu pour son rare riesling produit un pinot gris encore plus rare. Ris de veau, cailles farcie, mais aussi champignon, homard, Saint-Jacques, attendez vous à un grand moment. Les gewurztraminers grand cru qui ferment la dégustation montrent une incroyable précision dans l’expression du terroir, preuve qu’il n’y a pas le riesling comme révélateur de la géologie et du climat alsacien. Le Brand de Josmeyer est le gewurztraminer alsacien sec le mieux noté dans le nouveau guide Bettane&Desseauve 2008. Un équilibre minéral incroyable qui rappelle un peu celui du Schlossberg, décliné sur un cépage rarement connu pour son coté aérien. Le Steingrübler est plus consensuel, marqué par la surmaturité du millésime 2005, mais possédant aussi la pureté et l’équilibre quasi parfait des vins de ce terroir malheureusement moins connu que son voisin le Hengst. Foie gras, cuisine asiatique à l’aigre doux ou préparations épicées plus consistantes seront de parfaits compagnons.

Pinot Gris Grand Cru Geisberg 2002 – André Kientzler (Ribeauvillé, 22€) : André Kientzler a produit un vin sec mais très gras qui magnifie la minéralité du cru dans un équilibre moins vif que sur le riesling. Le nez encore discret ne manque pas de charme, et si la bouche est très précise, l’ensemble est moins flamboyant en dégustation qu’à table. Un vin qui n’attend que le bon moment… Très Bien
Avis du Groupe : Excellent-1 Très Bien-7 Bien-2 Bof-0

Gewurztraminer Grand Cru Brand 2004 – Josmeyer (Wintzenheim, 26.6€) : Image quasi parfaite de l’harmonie qu’offre ce cépage sur un grand terroir, le vin combine un nez aérien très élégant sur les fleurs et les fruits exotiques avec une bouche concentrée à la pureté cristalline, offrant une longue finale sur la rose et les fruits à noyau.  Pas la peine d’en rajouter sur le commentaire. C’est Excellent, voire beaucoup plus
Avis du Groupe : Excellent-6 Très Bien-3 Bien-1 Bof-0

Gewurztraminer Grand Cru Steingrübler 2005 – Albert Mann (Wettolsheim, 18€) : Le nez est marqué par la richesse du millésime, avec des notes de miel vite remplacées par un caractère plus minéral et épicé. La bouche est profonde, très pure et en même temps d’une grande concentration. Moins sauvage et peut-être plus passe-partout que le Hengst,  le Steingrübler se montre ici sous son meilleur jour (rappelons que c’est la parcelle du domaine qui est en cultivée en bio depuis le plus longtemps, depuis 1997). Le millésime 2004 de cette cuvée  était déjà excellent, 2005 le suit sans problème. Excellent
Avis du Groupe : Excellent-5 Très Bien-4 Bien-1 Bof-0

Une nouvelle séance qui loin d’être assimilable à un quelconque « cours de dégustation », est plutôt une séance pour réapprendre le plaisir de boire du bon vin. Chaque cuvée a procuré des émotions et des réactions différentes, et si les participants sont ressortis avec une nouvelle idée de l’Alsace, l’animateur rédacteur de ce compte rendu a également beaucoup appris sur l’appréhension des vins par un groupe hétérogène d’amateurs alsaciens.

Vivement la prochaine séance, et aussi les exercices de rentrée à table au restaurant !

Thierry Meyer

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