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Horizontale de Rieslings 1996

Dégustation horizontale des rieslings du millésime 1996
30 octobre 2004, dans le cadre des 24 heures du riesling 2004

La dégustation a eu lieu à table, avec des verres Spiegelau Authentis. Chaque dégustateur disposait de 4 verres devant lui, ainsi que d’un verre pour l’eau. Crachoirs et pichet pour vider les verres étaient disposés sur la table. Les vins étaient goûtés par séries de 3-4 flacons, servis à environ 10 degrés ils avaient le temps de monter en température dans les 5-10 minutes qui suivaient. Plusieurs séries étaient associées à un thème, et la dernière série accompagnait généralement le plat. Cette dernière série comportait généralement 3 vins, pour permettre aux dégustateurs de conserver un vin de la série précédente.


Pour chaque vin j’ai indiqué mes notes de dégustation, en indiquant ma perception entre parenthèses. Dans le cas des dégustations à l’aveugle, le texte en italique est un commentaire que j’ai ajouté une fois les bouteilles connues. Les détails techniques sur chacun des vins ainsi que les statistiques des appréciations de chacun sont détaillés dans le compte rendu technique.



Première série

Riesling Kaefferkopf 1996 – Meyer-Fonné : Le nez est fumé, floral (tilleul), avec des notes de poivre blanc. La bouche est riche, citronnée, mûre et très concentrée. (Très Bien)  Un style vif et agréable avec une belle richesse typique des vins de Meyer-Fonné


Riesling Réserve 1996 – Léon Beyer : Le nez est fumé, minéral, grillé, avec un léger pétrole. La bouche est sèche avec une légère amertume en finale (Très Bien). Un vin sec et droit, sans trop de complexité mais bien équilibré. Très représentatif des bons rieslings à moins de 10 euros.


Riesling Grand Cru Wineck-Schlossberg 1996 – Jean-Marc Bernhard : Le nez est initialement étrange, réduit, lacté, avec des notes animales pas très agréables qui rappellent le poulailler. Après aération, le nez devient plus net, sur les agrumes. La bouche est riche, épicée et acidulée. La surmaturité est présente même si le vin est sec. (Bien) Un style qui rappelle le Wineck-Schlossberg de Meyer-Fonné.


Riesling Grand Cru Pfersigberg 1996 – Bruno Sorg : La bouteille est malheureusement bouchonnée, nous sortons donc une autre bouteille pour cette série de 4. (non noté)


Riesling Grand Cru Wiebelsberg  1996 – Pierre Koch : Le nez est minéral et un peu évolué, avec des arômes de cire et de camphre. La bouche est finement acidulée avec une belle amertume que vient compléter des arômes de biscuit, de réglisse et d’anis. Un vin minéral et austère. (Bien) Le forte minéralité devrait être  essayée à table.


Cette première série débute agréablement avec deux beaux vins murs, et termine difficilement avec un vin plus austère. Le riesling mûr, sur des agrumes laisse la place à deux vins plus minéraux. L’ordre de service n’est du coup pas favorable aux derniers vins.


Deuxième série

Riesling Prestige 1996 – Germain Brucker : Le nez est un peu acétique, avec des notes de houblon et d’anis. La bouche est riche, sur les agrumes (citron en particulier), mûre avec une sensation tactile crayeuse en milieu de bouche. (Bof) La sensation du nez gâche trop la bouche pour être plaisant. La bouteille est-elle oxydée, y a-t-il un problème de bouchon?


Riesling Grand Cru Mambourg 1996 – Pierre Sparr : Le vin se montre légèrement bouchonné malheureusement. Plus de bouteille de remplacement  (non noté).


Riesling Grand Cru Saering 1996 – Domaine Schlumberger : Le nez est minéral, plaisant, sur des notes de menthe poivrée et d’anis. La bouche est fortement acidulée, sèche et vraiment vive, avec beaucoup de densité et une belle amertume. La sensation de pureté est très grande. (Bof) Trop acide dans le lot pour être perçu comme agréable. J’avais noté une sensation de «lames de rasoir en bouche » il y a 2 ans, le vieillissement ne change rien à ce constat.


Riesling Heissenberg 1996 – André Ostertag : Le nez est très mur avec des arômes de cire et de champignon. On sent une acidité volatile élevée. En bouche le vin est gras et sec, avec une belle amertume, et beaucoup de vivacité (Bien) Un style également austère mais plus rond que le précédent.


Cette deuxième série suscite moins d’enthousiasme à cause de la forte acidité des cuvées. Le temps consacré à la dégustation de chacun des vins est un peu court pour les apprécier pleinement, mais les deux derniers vins montrent le riesling dans sa version riche et acidulée, toujours sous le couvert d’une amertume assez marquée.


Troisième série

Riesling Pflaenzerreben 1996 – Rolly-Gassmann : Le nez est marqué par de la cire et des arômes de houblon. La bouche est citronnée, mûre et finement acidulée, ronde avec une légère amertume en finale. Un style plaisant (Bien)


Riesling Grand Cru Hengst 1996 – Josmeyer : Le nez est parfumé, avec de la cire, du coing. La bouche est dense, grasse et sèche, acidulée et légèrement évoluée. (Bien) Un vin qui en relisant les notes semble très bien, je me demande pourquoi il a été si moyennement  perçu.


Riesling Burgreben 1996 – Marc Tempé : Le nez se montre minéral et fumé. La bouche recèle du gaz carbonique, une certaine amertume qui rappelle le pamplemousse. L’ensemble est moyennement corsé et élégant. (Bien) Le premier riesling de la série avec du gaz.


Riesling Clos Windsbuhl 1996 – Zind-Humbrecht : La robe est dorée, tranche nettement avec les vins précédents. Le nez est mur, mielleux, grillé, pain grillé. La bouche est sèche et grasse, finalement acidulée, reprend les arômes de pain grillé du nez. (Très Bien) Quelques personnes ont reconnu le style du domaine.


Cette troisième série est homogène et montre un niveau qualitatif élevé. L’équilibre entre l’acidité et la maturité du riesling dans ce millésime est très bon, et les degrés d’évolutions différents semblent trahir des différences dans la conservation des vins.  Guy Wach émet l’hypothèse d’un dosage en soufre parfois insuffisant pour que le vin vieillisse bien sans s’oxyder.


Dernière série 

Riesling Grand Cru Schlossberg Ste Catherine 1996 – Domaine Weinbach : Le nez est minéral, complexe et fondu, avec des agrumes. La bouche est riche et dense, avec des arômes de foin coupé et de citron vert. L’équilibre est sec et équilibré, avec beaucoup de finesse dans un style acidulé. Un tour de force (Excellent, et même au delà). Les variations de bouteilles constatées dans le passé montrent qu’il s’agit là d’un beau flacon, qui reflète ce que doit être ce vin aujourd’hui.


Riesling Grand Cru Mambourg 1996 – Marc Tempé : Le nez est un peu plus discret, initialement un peu réduit, marqué par des agrumes à l’aération. La bouche est fondue, acidulée avec un équilibre entre le gras et une belle amertume qui magnifie le vin. (Excellent, voire plus).


Riesling Clos St Landelin 1996 – René Muré : Le nez est très parfumé, sur des notes de coing et de cire. La bouche est équilibrée, avec un fondu et une complexité du même niveau que les deux précédents. L’équilibre acide/gras est proche de la perfection (Excellent)


Trois cuvées haut de gamme terminent cette dégustation horizontale, et montrent l’équilibre que le riesling atteint lorsqu’il est de noble origine. La tension entre l’acidité et le gras, mêlée à la complexité aromatique et au fondu en bouche donne une impression d’équilibre presque parfait. Au delà des arômes variétaux, les différences dans l’expression de l’acidité et de l’amertume expriment le terroir d’origine de chacun des vins, même s’il est difficile d’être plus précis à ce moment de la dégustation. Plus généralement, cette dégustation horizontale du millésime 1996 montre la diversité des styles de riesling, même sans faire varier le paramètre millésime. S’il fallait identifier un point commun entre tous ces vins, on peut peut-être signaler leur acidité relativement marquée, ainsi que les arômes d’agrumes murs sur de nombreux vins.


Thierry Meyer