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Dîner Thaï et vins d’Alsace

Dîner Thaïlandais et vins d’Alsace
14 février 2004 

Le thème de la soirée était clairement l’Asie. Mes amis ont concocté un fabuleux menu avec des plats thaïlandais : lap de porc et crevettes poêlées à la citronnelle. Outre les ingrédients principaux, les herbes et les petits piments ont donné toute leur saveur aux plats : citronnelle, menthe, basilic chinois. Des légumes poêlés à vif, de la compote d’oignon aux lardons ont accompagné ces plats. En dessert, une soupe de fruits exotiques dans un jus de fruit de la passion devait compléter ce tableau asiatique.



Chargé d’emmener quelques bouteilles, j’ai pensé au gewurztraminer mais aussi à du riesling Vendange Tardive, capable de trancher dans la richesse des plats avec une bonne acidité, tout en conservant un moelleux pour accompagner les herbes et les légumes.


Par précaution, je prends aussi un vin sec. Le Riesling Gueberschwihr 1996 de Zind-Humbrecht  possède des arômes citronnés au nez ainsi qu’une légère minéralité. La bouche est sèche et vive avec une belle amertume. Le vin arrive tout doucement à maturité, et a constitué un très bon vin d’apéritif et de dessert. Mais sur les plats, le coté vif et sec ne passait pas trop. Bien


Pour éviter les notes pétrolées que je voyais mal avec les plats, j’ai pensé à un riesling jeune et puissant. Le Riesling Grand Cru Brand 2000 de Zind-Humbrecht était un candidat idéal avec ses 20g/l de sucre. Le vin est fleuri au nez avec des notes de fruits jaunes et de miel. La bouche est souple, florale et dense. Ce qui est amusant c’est qu’initialement le vin parait bon sans plus, mais c’est au fil des minutes, en revenant sur lui après avoir goûté tous les autres, qu’on se rend compte de son incroyable puissance et de sa grande longueur en bouche. Le vin passait merveilleusement bien sur les deux plats à cause de sa puissance. Très Bien


Il fallait quand même essayer un riesling VT, et dans un millésime un peu âgé. Le Riesling Grand Cru Muenchberg Vendanges Tardives 1990 d’André Ostertag  était tout trouvé !  Le nez est très minéral avec ces arômes caractéristiques des grands rieslings moelleux allemands : fumé hydrocarbures, citron, poire, miel. La bouche est finement acidulée, avec une sensation de citron-miel et de moelleux très intense. La fin de bouche est également longue. Les notes pétrolées n’étaient finalement pas si gênantes que cela, et le vin passait très bien avec la menthe et la citronnelle qui accompagnait le lap de porc. C’est surtout un vin qui se déguste pour lui avec beaucoup de bonheur ! Excellent


Enfin, pour respecter la tradition, j’avais aussi emmené un gewurztraminer dont on dit qu’il passe très bien avec la cuisine exotique. Le Gewurztraminer Grand Cru Goldert « La Chapelle » 1994 de E. Burn s’est montré extraordinaire par son équilibre : une robe jaune brillante légèrement dorée, un nez de pierre à fusil, de grillé avec du liche et des épices donnent le ton : c’est du sérieux ! La bouche est très fine, minérale avec un moelleux bien fondu. On a l’impression d’avoir de la dentelle en bouche, pourtant le vin est puissant et a une grande longueur en finale. Le coté plaisant et parfumé s’est attaqué sans scrupules aux épices et aux herbes des différentes plats, et si l’acidité en retrait par rapport aux riesling donnait un accord différent en bouche, les participants les plus habitués à la cuisines Thaï trouvaient que l’accord était meilleur qu’avec les riesling. Sans doute parce qu’ils ajoutaient plus de piment que nous 🙂 Très Bien


Sur le dessert j’ai pensé aux fruits exotiques typique des vins moelleux du millésime 96 en Alsace. Le Pinot Gris Zellenberg Vendange Tardive 1996 de Marc Tempé a rempli toutes nos attentes, avec des notes de mangue, d’abricot et d’ananas, le tout dans une bouche plus acidulée qu’un gewurztraminer traditionnel. Après la puissance des plats, un vin acidulé donnait de la fraîcheur en bouche. Très Bien


Enfin pour accompagner le dessert, notre hôte constatant le vide des verres sort un:


Pinot Gris Grand Cru Wineck-Schlossberg Sélection de Grains Nobles 1998 de Vincent Spannagel. La robe reste claire, le nez est parfumé avec des fruits confits et du miel. La bouche est liquoreuse tout en restant très fine. On boit avec ou sans le dessert, l’équilibre est proche de la perfection. Excellent


Et le rouge ? A tout hasard j’avais ramené une bouteille en pensant à quelque chose de fruité. Le Cairanne 1996 de Vidal-Fleury  est assez dense et souple, mais la syrah donne un coté minéral et dense qui ne passe pas trop bien avec les herbes du lap ou avec les crevettes. Un peu plus de grenache aurait apporté du fruit rouge et de la souplesse. Un jeune Chateauneuf du pape ou un Gigondas aurait peut-être convenu mieux. La bouteille sera terminée plus tard sur d’autres plats… Bien


Thierry Meyer