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Dîner autour de rieslings de grands terroirs

Dîner autour de rieslings de grands terroirs
12 novembre 2005, dans le cadre des 24 heures du riesling alsacien

Après les exercices sur les terroirs en dégustation pure, ce fut l’exercice pratique à table. Mise en bouche et amuse-bouches avec des rieslings du millésime 2002, avant plonger dans le vif du sujet avec les vins stars : Clos Sainte Hune, Zinnkoepflé, Mambourg, Hengst, Schlossberg, avant de terminer le repas sur deux VT 90 et deux SGN.








 


Avec le Mille-feuille de Blinis aux Crevettes Marinées, sur une Purée de Petits Pois à la Menthe, quelques vins du millésime 2002




Riesling Andlau 2002 – Domaine des Marronniers : Après une série de 99, le nez de ce vin se fait plus variétal, muscaté, fruité avec de la fraîcheur. En bouche l’attaque est franche, avec un équilibre dense est sec qui soutient le fruité jeune du vin dans un style très cristallin. Un léger sucre résiduel est perceptible, bien rapidement compensé par l’acidité du vin, en particulier dans la fin de bouche. Une bonne mise en bouche qui place la barre haut pour la suite. Bien


Riesling Grand Cru Saering 2002 – Domaines Schlumberger : la robe est pâle. Le nez est parfumé, mûr avec des notes d’agrumes (orange amère, citron vert). La bouche est dense, sèche, très sapide grâce à une belle acidité qui l’accompagne du début à la fin. Le vin est encore très jeune mais propose déjà une belle pureté. La vivacité un peu agressive ressentie lors de la première dégustation de ce vin en Novembre 2003 a laissé place à un superbe équilibre. Grand potentiel. Très Bien


Riesling Grand Cru Saering 2002 – Dirler-Cadé : Le nez est marqué par des fruits exotiques et du beurre, très intense. La bouche est très minérale, pure avec une acidité fondue un peu moins présente que dans le vin précédent. La bouche procure une belle salinité sur la langue, avec un équilibre un peu plus fondu que le vin de Schlumberger. Une cuvée qui n’a pas la pureté et la tension du précédent, mais plus facile d’accès, grasse et riche. Au top quoi. Ma main a inconsciemment écrit l’appréciation sur mon carnet de note. Excellent.


Riesling Pflaenzerreben 2002 – Rolly-Gassmann : Le nez est assez parfumé, minéral, avec des notes d’encaustique et de buis. La bouche est vive, riche avec un peu de gaz, très minérale, l’acidité masquant quasiment complètement un léger sucre résiduel. Un vin qui demande généralement du temps pour atteindre son apogée, mis qui dans le millésime 2002 est déjà très équilibré. Très Bien


Riesling Grand Cru Pfersigberg 2002 – Paul Ginglinger : Le nez est frais et mûr, avec des notes de miel. La bouche est pierreuse, très riche avec une acidité puissante en finale. Très Bien



Une telle série de 2002 donne une idée du style du millésime, avec des vins francs, mûrs sans être trop fortement botrytisés, soutenus par de belles acidités. La crevette marinée à tout ce qu’il fait pour s’accorder à merveille avec ces 2002, avec pour mon goût une légère préférence pur le gras du Saering de Dirler et la pureté du Pfersigberg de Ginglinger.


Avec le Blanc de Cabillaud sur un Lit de Trompettes de la Mort, Sauce à l’Oseille et Purée de Potimarron, une série de grands vins du millésime 2000



Riesling Grand Cru Steingrübler 2000 – Wolfberger : le nez est assez discret, un peu fumé, marqué par des notes d’encaustique. La bouche est fruitée, sèche, assez vive en attaque, mais reste assez simple avec une finale courte. Un vin de bonne facture. Bien


Riesling Grand Cru Steingrübler 2000 – Barmès-Buecher : Le nez est complexe, floral avec des fleurs blanches et du bouillon blanc. La bouche possède du gras en attaque, puis développe une belle acidité tout en puissance sur la langue avec une belle minéralité. Le vin est déjà très équilibré pour son âge et possède beaucoup de fond. Un vin qu’on goûte et regoûte sans se lasser. Excellent


Riesling Cuvée Frédéric-Emile 2000 – Trimbach : Le nez est fin avec des aromes de fleurs d’acacia, et de discrètes notes d’encaustique. La bouche est sèche et grasse en attaque, mûre avec beaucoup de matière, l’acidité se développant progressivement en bouche. Un vin très concentré qui reste droit, archétype du grand riesling dans une année mûre. Excellent.


Riesling Grand Cru Hengst 2000 – Josmeyer : le nez et puisant, complexe avec des notes de fleurs blanches et de fumée. La bouche est riche, grasse avec une belle acidité qui persiste sur la langue, donnant un caractère sec assez marqué. Le vin est très sapide et possède une longue finale. Un vin déjà à maturité, proche de la perfection. Excellent.


Riesling Rorschwihr Cuvée Yves 2000 – Rolly-Gassmann : Le nez est minéral et mûr, avec beaucoup d’ampleur. La bouche est riche, légèrement moelleuse avec une acidité qui parait un peu crayeuse sur la langue. La fin de bouche est encore un peu marquée par la sucrosité, ce qui alourdit un peu le vin, surtout en comparaison des vins précédents. Très Bien.


Riesling Grand Cru Hengst SAMAIN 2000 – Josmeyer : Le nez et assez discret, surmûri avec des notes de nougat. La bouche est dense et riche, minérale avec un léger moelleux perceptible. La récolte plus tardive a donné un vin plus riche que le Hengst 2000 mais qui n’est pas encore fondu à ce stade. Attendre encore un peu avant de l’apprécier pleinement. Très Bien



La série des vins du millésime 2000 est de très haut vol. Dans un millésime solaire où l’équilibre a parfois été difficile à trouver dans le riesling, ces vins restent droits et purs. Les terroirs sont assez marqués, et le caractère bio/non-bio n’apparaît pas tellement. Les vins de Barmès-Buecher et Josmeyer ont peut-être un supplément de gras en bouche, mais ce n’est pas confirmé à l’aveugle par rapport aux vins de Trimbach et Rolly-Gassmann. La question fut posée au groupe de savoir quels vins étaient bios, et les réponses furent variées. Le plat est riche et minéral avec  l’association de champignons et de potimarron. Les rieslings denses passent très bien (Frédéric Emile de Trimbach, Steingrübler de Barmès-Buecher, Cuvée Yves de Rolly-Gassmann), avec des harmonie de textures variables en fonction de l’origine du vin. Ce soir là, s’il faut vider un verre j’ai une petit préférence pour le Frédéric-Emile.


Avec la Lotte Rôtie et Saint-Jacques, Sauce au Riesling et Panais, une sélection de grandes cuvées du millésime 1999


Riesling Grand Cru Zinnkoepflé en Magnum 1999 – Seppi Landmann : Le nez est assez discret avec des notes d’agrumes. La bouche est vive, grasse avec beaucoup de finesse. L’acidité prend un coté crayeux sur la langue, et la finale est très longue. Voilà un vin sec et mûr, qui garde de la finesse. Très Bien.


Riesling Clos Sainte Hune 1999 – Trimbach : Le nez est assez discret, avec des notes de fleur d’acacia. La bouche est assez sèche en attaque, puis développe une forte densité avec une forte concentration et du gras, laissant une très bonne impression de pureté. Le vin est très riche mais garde une certaine retenue au niveau aromatique, se révélant surtout en bouche. Un grand vin qui se montre déjà très plaisant à boire. Excellent.


Riesling Grand Cru Mambourg 1999 – Marc Tempé : Le nez est très parfumé, surmûri avec des arômes de rose, de jasmin et des notes grillées. La bouche est grasse, très mûre avec beaucoup de finesse, et reprend les notes florales du nez en ajoutant des petits fruits rouges. La sensation de finesse et de sapidité rend le vin très plaisant à boire. Le style n’est plus tellement variétal mais devient fortement marqué par le terroir, avec des notes qui semblent moins inhabituelles lorsqu’elles sont associées au gewurztraminer. Excellent.


Riesling Grand Cru Hengst SAMAIN 1999 – Josmeyer : Le nez est assez discret, très mûr avec des notes de caramel. La bouche est fondue, minérale avec acidité très marquée en fin de bouche. Plus que sur le millésime 2000 cette bouteille est déjà bien fondue, et propose un équilibre très tendu (10g/l de sucre, 7g/l d’acidité exprimée en tartrique). A attendre encore un peu. Très Bien.



Une autre série extraordinaire de rieslings 1999 dont la densité les réservent à la table. La richesse des raisins donne des équilibres aromatiques et gustatifs différents, indépendamment du niveau de sucre résiduel qui reste assez bas dans toutes les cuvées. Le Clos Sainte Hune est étonnement ouvert pour son âge, et confirme avec les autres vins du millésimes 1999 bus ce soir que les terroirs sont déjà très expressifs. Coté accord, la Saint-Jacques ramène du minéral et le Zinnkoepflé ou le Sainte Hune lui donnent le change sans problème. Dès que le panais et la sauce au riesling s’en mêlent, Les vins plus riches de Tempé, Josmeyer, ou le Schlossberg l’Inédit 99 de Faller que nous regoûtons à l’occasion se montrent plus à leur avantage.


Avec la Sélection de Fromages Affinés, deux Vendanges Tardives 1990


Riesling Vendanges Tardives 1990 – Domaine Weinbach : Un vin issu du GC Schlossberg. Le nez est très mur, avec des agrumes confits, une légère évolution et des notes d’écorce d’orange. La bouche est moelleuse, vive avec une forte salinité sur la langue qui le rend presque piquant. Un vin à gros potentiel, encore très jeune, qui parait un peu dissocié. Il faudrait le carafer aujourd’hui ou l’attendre encore 5 ans. Très Bien


Riesling Grand Cru Sommerberg Vendanges Tardives 1990 – Albert Boxler : Le nez est fin et parfumé, avec des notes de citronnelle et de miel  associée à une légère évolution. La bouche est  moelleuse avec une acidité très présente et bien fondue, qui donne beaucoup de finesse à l’ensemble. Le vin est de tout beauté, à son apogée, mais l’évolution rapide à l’aération montre que si cette bouteille est représentative de la cuvée, il vaudrait mieux ne pas trop tarder avant de les boire pour ne pas casser cet équilibre parfait mais fragile. Excellent.



Deux vendanges tardives issues de terroirs granitiques, dont on retrouve la fine acidité à chaque fois. Les deux cuvées sont à des degrés d’évolution très différents même si les deux vins sont encore très fruités. La sélection de fromages laisse la part belle au vieux comté qui s’accorde à merveille tant au niveau des arômes que de la texture avec ces vieux vins moelleux, même si les fromages frais forment un bel accord au niveau aromatique.


En Dessert, Poire en Papillote, Citron Confit et Sauce Vanille, accompagnée par deux sélections de grains nobles


Riesling Sélection de Grains Nobles 1988 – Hugel et Fils : Le nez est très mûr, avec des notes fumées et des arômes de figue, de miel et de citron confit. La bouche est très liquoreuse, puissante avec des notes épicées, bien structurée par une forte acidité. La finale est longue et portée par la forte liqueur. Un riesling SGN massif, dans la ligne du SGN 1985 bu il y a quelques mois. A boire sur la liqueur maintenant ou attendre un peu que le vin s’assagisse et que le terroir se montre plus. Très Bien


Riesling Grand Cru Kastelberg Sélection de Grains Nobles 1996 – Domaine des Marronniers : le nez est très parfumé, avec des notes de coing, kumquat, abricot sec, figue. La bouche est riche et très moelleuse, dense avec une forte minéralité qui tapisse littéralement la langue. L’équilibre est très bon malgré une liqueur assez présente, le vin se montre plus ouvert que le précédent. Excellent


Les sélections de grains nobles de riesling peuvent se permettre des fortes liqueur car l’acidité les soutient bien. La bouche est un peu fatiguée en fin de repas, mais l’acidité de ces vins liquoreux vient réveiller une dernière fois les papilles. Le citron confit est un support idéal pour accompagner la fraîcheur de la poire, et la sauce à la vanille s’associe bine avec les notes de fruits confits des vins, même si elle aurait supporté un vin élevé sous bois comme un Sauternes.


Conclusion sur le repas


Encore un repas majestueux rassemblant des grands vins et des grands plats. Au niveau de l’organisation, la décroissance du nombre de cuvées est une bonne chose. Mettre les 15 vins de 1999 en apéritif, avant de commencer le repas a permis de limiter le nombre de vins servis sur chaque plat. Finir avec deux séries de deux vins a été largement suffisant, après les efforts consacrés aux vins de terroir du millésime 1999 et 2000. Contrairement aux années précédentes, les millésimes ont été limités à deux grandes années, ce qui a permis de se concentrer sur les vins et les terroirs. Je crois que la fatigue de fin de repas était autant due à la quantité de choses ingurgitées qu’à l’attention portée à ces vins dégustés à l’aveugle. Si les grands rieslings sont des vins de garde, nous avons pu constater que dans des millésimes comme 1999 ou 2000 ils se montraient déjà bien équilibrés et ouverts après 5-6 ans. A signaler aussi la présence de trois vignerons : Seppi Landmann, Michel Ginglinger (du domaine Paul Ginglinger) et Christophe Ehrart chef de culture du domaine Josmeyer. Leur participation a bien entendu aidé à appréhender sous plusieurs points de vue la complexité et la diversité des vins dégustés ce soir.


Thierry Meyer