L'Oenothèque Alsace

Première visite Domaine Guigal (Ampuis)

16 juin 2002


Première visite dans ce domaine très connu, en plein soleil par une chaleur épouvantable pour un Alsacien. Heureusement les 35 degrés de dehors vont vite se transformer en un agréable 12 degrés dans la cave ! La dégustation débute par des vins en bouteille, avant de goûter quelques cuvées en fût dont la fameuse trilogie des LaLaLa (La Mouline, La Landonne, La Turque) dans l’excellent millésime 1999.



Arrivé au domaine, Marcel et Philippe GUIGAL nous reçoivent, puis Philippe nous emmène faire un tour des installations, depuis les cuves thermo régulées autopigeantes à l’impressionnante chaîne de mise en bouteille. Tout est automatisé depuis la mise en bouteille jusque dans le remplissage automatique des casiers, puis depuis le vidage des casiers à l’étiquetage et à la mise en cartons. Une machine plie les cartons automatiquement, y place les intercalaires à bouteille et y dépose délicatement les flacons avec autant de soin qu’un ouvrier. Un système moderne qui contraste avec les chais où les pièces bourguignonnes sont alignées dans un ensemble traditionnel.


Après le tour de cave passage au chais, où nous dégustons quelques blancs et rouges après avoir longuement disserté de l’origine des pierres qui jonchent le sol (pierre de Comblanchien ou Corton ou Chassagne).


Quelques impressions sur les vins goûtés :




  • Condrieu 2001 – E. Guigal : un viognier frais et gras, sec en finale. Le vin ne se montre pas trop lourd et possède même une bonne acidité.


  • Condrieu la Doriane 2001 – E. Guigal : Le nez est sur des fruits très murs, exotique avec un boise encore marque. En bouche on sent une bonne richesse, un peu de sucre résiduel et un degré d’alcool qui chauffe la bouche en finale.


  • Hermitage les Murets 2001 – E. Guigal (en cuve, produira la cuvée ex-Voto) : 95% marsanne. 5% roussanne : encore en élevage, des arômes de pamplemousse au nez et une bonne densité en bouche


  • Crozes-Hermitage 2000 – E. Guigal : premier rouge, sur les fruits rouges frais, avec des tanins un peu secs mais beaucoup de corps.


  • Saint-Joseph Vignes de l’Hospice 1999 – E. Guigal : beaucoup de maturité et d’extraction : du café, des fruits noirs mûrs, du chocolat amer en bouche, avec un boisé un peu présent. Une cuvée à attendre


  • Saint-Joseph Vignes de l’Hospice 2001 – E. Guigal : dégusté sur fût, beaucoup plus corsé que le 1999, le bois est plus présent et plus fondu à la fois. Grand vin en devenir.


  • Hermitage rouge parcellaire 2001 – E. Guigal sur fût : trame très fine, du fruit en grand concentration et une finesse exemplaire. Superbe. Ce sont les parcelles des Greffieux rachetées avec le domaine de Vallouit. Philippe pense l’assembler avec l’Hermitage rouge, mais la tentation est grande d’en faire une cuvée parcellaire tellement le vin est profond et charmeur.  Ce sera la cuvée ex-Voto.

Les trois cuvées mythiques qui viennent par dessus ne nous enlèveront pas cette impression de qualité : les 1999 finissent doucement leurs 42 mois d’élevage en bois neuf, et ont déjà largement digéré le coté boisé qu’on ne sent même pas.




  • Côte Rôtie la Mouline 1999 – E. Guigal : un vin tout en rondeur : légèrement oxydatif a cause du fût qui est utilise. La syrah est mure, souple.


  • Côte Rôtie La Turque 1999  – E. Guigal: les épices dominent eu nez et en bouche, le safran et la cannelle donnent un caractère exotique au vin. Les tanins sont très fins


  • Côte Rôtie La Landonne 1999 – E. Guigal : un nez d’encre, de fumée et de mine de crayon qui rappelle un grand Pauillac, témoigne du style mur et extrait. En bouche les tanins sont très fins, le vin est droit et corsé.


Une superbe première visite qui me laisse deux impressions :


La première est que l’automatisation a été faite sur ce qui bénéficiait de la technologie : le travail aux chais reste traditionnel, la technique venant en aide à ce travail qu’elle ne remplace pas. Ensuite des essais sont systématiquement réalisés pour tester les nouvelles techniques. Par exemple pour comparer la cave voûtée historique servant à entreposer des fûts pendant l’élevage avec la nouvelle cave climatisée, des fûts identiques ont été placés dans les deux caves puis les vins ont été comparés, pour vérifier qu’il n’y avait pas de différence.


La deuxième est que Philippe Guigal est bien parti pour assurer la relève du domaine. Encore jeune, il analyse déjà avec beaucoup de discernement les secrets de la vigne, comprend les enjeux des relations avec ses partenaires ou encore les problèmes de commercialisation sur un marché mondial en croissance. En résumé, les deux pieds sur terre, prêt à affronter les cinquante prochaines années.


Vivement les prochaines visites !



Thierry Meyer