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Les Vins du mois de Mars 2005

Compte rendus des vins dégustés au mois de mars 2005 à diverses occasions.



Riesling Ahner Palmberg 2003 – Domaine du Clos des Rochers (Luxembourg) : Le Palmberg du village de Ahn est un des plus beaux terroirs du Grand Duché de Luxembourg. Sol calcaire coquillé, marne irisées. 2003 a produit des vins murs, très murs, trop murs parfois au point que les déviations sur le bonbon anglais ont souvent remplacés les arômes variétaux. Cette cuvée dégustée en Novembre dernier étonnait par sa minéralité, qui contrastait avec tant de vins qui n’évoquaient que la fraise Tagada. Quelques mois plus tard, le vin n’a pas beaucoup évolué. La robe est jaune pâle très clair. Le nez est assez parfumé, avec du fruit et des arômes d’élevage encore un eu présents. La bouche est très pure, assez grasse avec un joli fruité rehaussé par du CO2 encore perceptible. La minéralité en bouche se développe avec l’aération et le réchauffement du verre. La fin de bouche est longue avec une bonne persistance sur la langue.  La fiche jointe au carton indique une acidité de 7.3 g/l exprimée en tartrique, et un SR de 8.6 g/l, pour un alcool total de 13%. Voilà un équilibre très alsacien pour ce riesling 2003 qui ressemble à certains vins du millésime 2000 en Alsace. 4316 bouteilles produites, histoire de rappeler la petite taille du vignoble luxembourgeois (1300 hectares au total, 11 fois moins que l’Alsace). Très Bien.




Gewurztraminer Cuvée des Seigneurs de Ribeaupierre 1981 – Trimbach : Ah les grands vins secs d’Alsace, vins de garde à la minéralité si séduisante. Une remarque qu’on entend souvent, même si ces vins ne plaisent pas forcément à ceux qui les encensent avant de les boire. Archétype du vin de garde sec, cette Cuvée des Seigneurs de Ribeaupierre se trouve assez facilement dans le commerce dans des millésimes des années 80. La robe est jaune pâle avec quelques reflets verts. Le nez est assez fermé au début, et il faut attendre que la température dépasse les 10 degrés pour que les arômes se dévoilent : camphre, cire, rose fanée, raisin de Corinthe, épices, fumée, la panoplie du vieux gewurztraminer dévoile à la fois les arômes propres du cépage, sans les fruits jaunes et le miel des cuvées plus surmuries, ainsi que la patine du temps. La bouche est sèche et assez dense, avec une acidité encore présente et un coté fort épicé et assez puissant en finale. L’ensemble tient encore bien la route dans un équilibre sec malgré un petit manque de complexité général. Le vin passe très bien à table en partie grâce à sa forte tenue en bouche. Sur le plateau de fromage, le vieux comté a sa préférence (familiarité traminer-savagnin oblige !) plus que les fromages à pâte molle. Je prends le pari que le Gewurztraminer GC Kessler 2001 de Schlumberger se montrera un peu mieux dans 20 ans ! Bien.


Pinot Noir 2003 Cuvée des Hospices de Strasbourg – Eugène Klipfel : Une étiquette qui semble intéressante, les pinots noirs 2003 étant assez réussis d’une manière générale. La robe est rubis profond, avec peu d’éclat. Le nez est fermé, initialement un peu poussiéreux, et il faut beaucoup d’aération pour voir apparaître des petits fruits rouges et du kirsch. La bouche est assez souple mais banale, sans relief autre qu’un boisé discret pas trop agréable. La fin de bouche est bien évidemment courte. La première journée le vin se buvait mal au point qu’on avait envie de vider son verre ailleurs que dans le gosier, le lendemain l’ensemble s’était un peu assoupli et devenait indifférent au lieu de déplaisant. J’ai goûté les Grands Crus 2003 chez Vincent Spannagel il y a deux semaines, et les vins se montrent très fermés en ce moment, moins parfumés qu’il y a 6 mois. La sortie de l’hiver est souvent une période difficile pour goûter les vins jeunes, que ce soit en Alsace, en Bourgogne ou ailleurs. Sachant que les cuvées des Hospices de Strasbourg sont dégustées avant sélection, je suis prêt à retenter une deuxième expérience avec ce vin un peu plus tard cette année. Mais force est de constater que la première impression n’est pas très bonne. Le vin est actuellement très en retrait avec le pinot noir luxembourgeois 2003 bu il y a 2 semaines…  Bof


Riesling Réserve Millésime 1998 – Rolly-Gassmann : une robe jaune pâle très claire. Le nez est parfumé, typique du cépage et de la région de Ribeauvillé/Rorschwihr avec une touche minérale, des agrumes, un léger pétrole. La bouche est fine, acidulée, avec une petite rondeur qui adoucit le tout. Un équilibre plutôt sec et vif avec juste ce qu’il faut de sucre résiduel (10g/l ?) pour éviter une trop grande aridité/amertume. Un riesling 1998 comme je les aime, mûr, nerveux, minéral, et facile à boire. Très Bien.


Graves de Vayres 2001 – Maison Noble du Petit Puch : la robe est profonde, brillante, avec un beau jambage. Le nez est parfumé, avec des petits fruits rouges, des notes de torréfaction et de chocolat, et un peu de cuir. La bouche est grasse et fine, avec des tanins fins qui enrobent la bouche. L’ensemble est fruité avec des notes de poivron, assez concentré et avec beaucoup de souplesse. A cause des tanins la fin de bouche est un peu farineuse sans être sèche, et garde une petite amertume. Un vin très très bon pour une fin de semaine, à 11.30 € c’est de plus un très bon rapport Q/P. Très Bien


Pinot Blanc Fleur de Printemps 2002 – Vincent Spannagel : le nez est marqué par des arômes de poire et de fleurs blanches avec des herbes fraîches. La bouche est acidulée, assez dense, sèche, bien équilibrée par un peu de gras. La fin de bouche est assez longue et très nette. Une mise en bouteille au printemps 2003 qui donne normalement des vins à boire rapidement. L’acidité et la maturité du millésime 2002 donnent ici un vin de bonne garde, qui se boira encore très bien dans les 2-3 prochaines années. Un vin très agréable. Bien.




Saint Emilion Grand Cru Classé Château l’Angélus 1975 (en demi-bouteille) : Bu au célèbre restaurant « Ultieme Halucinatie » à Bruxelles, une bonne manière de dîner un lundi soir. Le niveau est encore bon, au dessus de l’épaule. Le bouchon est à moitié mouillé, cassant. La bouteille possède un peu de dépôt qui a cristallisé sur la bouteille, et un peu de fond. La robe est profonde, rouge foncé, avec de légers reflets tuilés sur les bords. Une demi-bouteille de 30 ans d’âge ? J’ai bu des demis de 89-90 qui tuilaient plus. Le nez est initialement un peu fermé, terreux, avec des notes de ronce. Il faut attendre 30-45 minutes, durée courante avec les vieux bordeaux de ce restaurant, pour que le profil aromatique prenne de l’ampleur : prunelle, groseille, cerise noire, mure, ronce, fumée, cuir, la palette aromatique est complète, sans pour autant être très intense. La bouche est une caresse, souple à souhait avec des tanins sensibles mais très fins et fondus. Le vin a une belle patine, et une longueur appréciable. Peut-être pas le plus grand Bordeaux bu de tous les temps, mais en sachant ce beau vin issu d’une demi-bouteille de 30 ans d’âge, on est impressionné. Très Bien.


La bouteille fait 36cl seulement, et vendue 38 euros, cela nous fait à peine plus d’un euro le cl pour un bon bordeaux trentenaire. Le patron nous indique qu’il a enregistré des variations importantes d’une bouteille à l’autre et que nous sommes visiblement tombés sur un beau flacon, tant mieux ! La bouteille de 75cl est vendue 90 euros, faudra revenir la goûter prochainement pour comparer !



Riesling Cuvée St Marc 2000 – Vincent Spannagel : robe paille foncée, avec des reflets dorée. Le nez est très mur, marqué par la pêche jaune, du miel et des notes de citron confit. La bouche est un peu moelleuse, jeune et fruitée avec une structure acide suffisante encore pour équilibrer le vin. Un vin en pleine forme, dont le sucre est bien intégré. Un peu doux pour certains plats, mais assez passe-partout. Bien.


Thierry Meyer