L'Oenothèque Alsace

OENOALSACE.COM

Les vins du mois de décembre 2012

Compte rendu des vins dégustés en décembre 2012 à diverses occasions y compris les fêtes de fin d'année, dont un superlatif Riesling Grand Cru Rosacker 2008 du Domaine Agapé

Sylvaner Tradition 2007 – Léon Boesch : La robe est dorée, le nez est oxydé, et noie les quelques arômes de fruit résiduels. La bouche est passée, oxydée et molle, sans aucune saveur. Un vin mort, mais je suis content pour lui car je sais qu'il est mort de mort naturelle et n'a pas probablement pas connu la « soufrance ». L'évier fut sa dernière demeure.

Sylvaner Duttenberg 2004 – Guy Wach : frais et peu évolué, dense en bouche avec du fond. Un sylvaner de terroir marno-calcaire naturellement taillé pour la garde, à l’instar du très bon 1988 dégusté il y a quelques années. Bien

Pinot Gris Réserve Personnelle 1990 – Kuentz-Bas : délicieusement patiné par le temps, voilà un grand pinot gris produit sur un beau terroir argilo-calcaire qui lui apporte de l'ampleur et du gras. Faiblement botrytisé mais très mûr au nez, le vin prend des arômes de vanille, d'épices douces et de fruits compotés à l’aération. La bouche est ample, profonde avec un moelleux fondu, évoluant sur un équilibre tendre et savoureux. A boire sur une volaille rôtie, ou sur des fromages à pâte pressée cuite. Ou tout simplement à déguster pour lui seul, au coin du feu. Excellent

Gewurztraminer Altenbourg 2007 – Paul Blanck : un vin encore très jeune mais qui révèle tout son équilibre. Le nez est aromatique et très épicé, la bouche est dense, légèrement douce avec une acidité bien présente qui donne un caractère demi-sec au vin. Longue finale sur la noisette. Très Bien

Gevrey Chambertin Clos Prieur 2007 – Harmand-Geoffroy : la robe est brillante, jeune et soutenue. Le nez est ouvert et de bonne intensité, avec des arômes de cerise fraîche, une note de cassis et une pointe fumée. La bouche possède une densité moyenne, mais beaucoup de fraîcheur en attaque, des tanins de bonne maturité, et une finesse exceptionnelle qui signe comme bien souvent la qualité de l’élevage en Bourgogne. Une très bonne réussite dans un millésime difficile pour ce vin à boire des à présent. Très Bien

Bourgogne Pinot Noir 2009 – Jean-Luc Joillot : la robe est profonde et brillante, avec des reflets violacés. Le nez est parfumé et plaisant, sur la cerise noire avec une pointe légèrement toasté. La bouche est fruitée, ample avec des tanins gras. Une cuvée générique très plaisante, et un rapport qualité prix apte à ridiculiser certaines cuvées de rouge alsacien. Bien

Riesling Cuvée Frédéric Emile 2002 – Trimbach : la robe est jaune dorée avec une intensité particulière. Le nez est parfumé, mélange d’agrumes, de fruits exotiques avec une pointe plus minérale. La bouche est équilibrée, fraîche en attaque, puis fruitée avec cette combinaison d’acidité un peu sèche et de surmaturation qui rend les vins du millésime 2002 si agréable à boire jeunes. Contrairement au millésime 2001 plus abouti et apte à une très grande garde, je pense qu’il vaut mieux boire ce millésime 2002 sans trop tarder. Très Bien

Volnay Caillerets 1953 – Poulet Père et Fils : l'étiquette la souffert de l'humidité de la cave d'origine, mais cela a été favorable à la conservation du vin puisque le niveau est très haut (3cm sous le bouchon) et le bouchon est encore en bon état, humide et élastique. La robe se montrait sous un jour très favorable dans la bouteille, d'un beau rubis profond ; elle se montre encore plus brillante dans le verre, avec des nuances légèrement tuilées sur les bords. Le nez est très agréable, initialement assez discret avec des arômes de rose fanée, de framboise et de cerise confite, puis prenant de l'ampleur avec l'aération et développant des notes fumées agréables. La bouche est ample, de bonne densité, avec de la profondeur, des tanins gras bien intégrés, et une belle élégance. Le vin s'est amélioré au nez et en bouche après 30 min d'aération, et n'a pas fléchi en fin de soirée, les fonds de verre ne bougeant pas aromatiquement. Malgré ses presque 60 ans, voilà un vin qui confirme la grandeur du terroir des Caillerets, un des tous meilleurs premiers crus de Volnay (qui n'a pas revendiqué de Grand Cru). Toutes les bouteilles de cet âge ne sont pas dans un tel état de conservation, on comprend donc notre grande satisfaction d'être tombé sur une bonne quille. Exceptionnel

Pinot Gris Clos Windsbuhl Sélection de Grains Nobles Trie Spéciale 2007 – Zind-Humbrecht ; un vin extrême dans la catégorie des Alsace récoltés à très forte maturité, qui titre seulement 6 degrés d'alcool et près de 400g/l de sucre résiduel malgré deux années d'élevage en demi-muids neufs. La robe est ambre, brillante et visqueuse. Le nez possède la marque des pinots gris surmuris du domaine, subtil mélange de miel, de fruits jaunes et de fruits confits, avec une touche de bois neuf et de vanille encore assez présente. La bouche est liquoreuse, limite sirupeuse, mais conserve de la fraîcheur et un fruité charnu. A boire par petites gorgées pour lui seul ou sur une torche aux marrons, dessert roboratif par excellence pour amateurs du genre – votre serviteur en particulier ! Encore très jeune, il faudra attendre une bonne dizaine d'année pour voir ressortir l'acidité du Windsbuhl de manière dominante. Très Bien

Meursault Charmes 1989 – François Jobard : des attentes très élevées pour ce vin d’exception, et au final une grande déception avec une bouteille qui s’est montrée initialement fanée, mais également bouchonnée après un peu d’aération. Le vin se montre prématurément oxydé, espérons que d’autres bouteilles de la même cuvée se montrent encore du niveau exceptionnel dans la cuvée est capable.
 
Pauillac 1990 – Château Grand Puy Lacoste : excellente combinaison du caractère puissant et velouté que les vins de Pauillac savent produire dans des grands millésimes comme 1990. Arômes de fumée, de tabac, de boite à cigare, avec une trame fruitée marquée par la mûre qui se développe et se dévoile à l’aération. Le tanin est mûr, la bouche dense, voilà du grand bordeaux. Excellent

Muscat Réserve 2009 – Domaine Weinbach : la robe est pâle, le nez très pur avec des arômes de fleur d'oranger, de raisin frais et de pêche blanche. La bouche est sèche, légère et fruitée, avec du croquant. Un muscat mûr mais sec comme 2009 a su en produire de très bons, et une grande réussite pour un domaine pas forcément réputé pour son muscat. Très Bien

Vin de Pays des Cévennes Cuvée Saint Ambroise 2008 – Monastère de Solan : issu d’un assemblage de Cabernet franc, Syrah et Cinsault, c'est un vin rouge complet, légèrement réduit à l'ouverture, qui prend des notes fruitées intenses à l'aération. Doté d'une bouche de bonne concentration, mais sans grand fond pour se comparer à des appellations plus prestigieuses, c'est un vin agréable à boire. Bien

Meursault 1er Cru Charmes 1989 – François Jobard : après la dégustation décevante de la semaine dernière, je retente une nouvelle fois cette cuvée. La robe est dorée, le nez est cette fois net, avec des arômes de noisette, de paille, une note mentholée, le tout avec de la complexité et une bonne intensité. La bouche est sèche en attaque, puis dense avec du gras, une fine salinité et une sacré longueur. Une bouteille plus conforme au cru, au producteur, et au millésime, même s’il reste une pointe d’oxydation. Très Bien

Marin Clos du Pont 2009 – Domaine Delalex : une cuvée de chasselas au nez de fleurs blanches, qui montre une très faible évolution. La bouche est sèche, ample, le vin possède de suffisamment de fraîcheur pour être servi à l’apéritif ou sur des fruits de mer, surtout compte tenu de son terroir calcaire. Très Bien

Riesling Clos de la Folie Marco 2010 – Hering : le riesling se montre toujours aussi droit et frais, mais la légère évolution le place dans une situation à mi-chemin entre le caractère cristallin des premiers mois après la mise en bouteille, et la complexité d’une cuvée légèrement plus âgée. Je vais garder quelques mois supplémentaires les bouteilles qu’il me reste. Bien

Côte Rôtie Brune et Blonde 2001 – E. Guigal : j’aime beaucoup le millésime 2001 dans la vallée du Rhône, à la fois mûr mais gardant de l’austérité. Ce Côte Rôtie possède des arômes de fumée, de suie et une note fruitée très discrète. La bouche se montre dense, mur avec des tanins gras, dans un style qui rappelle plus le Médoc que la vallée du Rhône. Très Bien

Nuits Saint Georges 1er Cru Clos de la Maréchale 1980 – Domaine Faiveley : issu d’une bouteille tastevinée, cette cuvée montre encore un bel équilibre : une un nez fruité sur la cerise confite et la fumée, une bouche de demi-corps, fruitée et acidulée, et des tanins fondus. La même bouteille dégustée il y a plus de 10 ans m’avait laissé sur ma faim, avec une évolution marquée et des arômes de fruits à l’eau de vie. S’agit-il de plusieurs mises ? Très Bien

Gewurztraminer Vendanges Tardives 2005 – Maurice Schoech : je bois toujours cette cuvée avec autant de plaisir, tant elle représente l’idéal d’un gewurztraminer vendange tardives : une robe dorée éclatante, un nez ouvert et très parfumé, mélangeant les agrumes confits, l’abricot sec, le miel avec une légère pointe épicée. Puis, en bouche un mélange de fraîcheur, le moelleux et d’onctuosité qui forme un équilibre proche de la perfection, rendant chaque gorgée tellement plaisante qu’elle en appelle une suivante. Excellent

Côtes du Jura Cuvée de Garde 2005 – Jean-François Ganevat : une cuvée de savagnin élevé sous voile, qui fait apparaître un caractère oxydatif relativement discret, laissant place au caractère plus épicé du terroir et du cépage. La bouche possède la pureté des vins du domaine, mais malgré tout la cave est encore un peu jeune pour produire de grands vins de voile. Bien

Chignin Bergeron La Cigale 2005 – Les Fils de René Quenard : une cuvée récoltée en surmaturité, qui possède le style ancien des Chignin-Bergeron. Une robe dorée, un nez toasté marquée par l’abricot, une bouche dense et tendre avec une finale qui rappelle le caractère surmuri. Le vin se déguste sec, et possède suffisamment de corps pour être un très bon compagnon de table. Très bien

Loupiac 1949 – Château du Cros : Une bouteille à la conservation parfaite, bouchon exceptionnel, niveau haute épaule. La robe est ambre avec des reflets rouges.  Le nez est net, avec des arômes très purs de marmelade d'orange, de miel et de mandarine, des notes de noisette et de vanille, évoluant sur de légères notes fumées. La bouche est liquoreuse, fondue et pure, avec une note crémeuse. Très belle conservation pour un vin de millésime exceptionnel. Excellent

Riesling Tradition 2007 en Magnum – Cave de Ribeauvillé : un riesling à parfaite maturité, dans un millésime 2007 parfait pour la région de Ribeauvillé : des arômes très francs d’agrumes avec une pointe minérale, une bouche fruitée, charnue et fraîche, une finale nette de longueur moyenne. Un très beau riesling à partager autour d’une grande table. Très bien

Gewurztraminer Grand Cru Zinnkoepflé 2007 en Magnum – Paul Kubler : une cuvée qui arrive doucement à maturité, combinant les arômes de litchi, de vanille et d’épices, et de fruits à noyau sans excès de surmaturité. La bouche est ample en attaque, moelleuse et onctueuse, sans que le sucre domine. L’équilibre à la fois tendre et puissant rend le vin parfait à table. A essayer sur un tajine d’autruche. Très Bien

Chablis 1er Cru les Vaillons 2007 – Domaine Faiveley : très pur et net au nez, avec des arômes de fleurs blanches, de petits fruits acidulés, et une note fumée à l’aération. La bouche est pure en attaque, ample avec du gras, puis tendue et légèrement saline, avec une longue finale. Un très beau Chablis déjà prêt à boire. Très bien

Coteaux du Layon Saint Aubin les Varennes 1997 – Domaine Cady : parfumé et rôti au nez, avec des notes d’abricot sec, de miel et de pralin. La bouche possède une liqueur fine et fondue, accompagnée par une acidité très présente   l’attaque à la finale. Une belle cuvée idéale sur un foie gras avec du citron confit. Très Bien

Clos Saint Denis 2006 – Domaine Castagnier : le nez possède encore une belle jeunesse, avec des notes de fruits très intenses, accompagnant un boisé toasté encore présent. On ne retrouve heureusement pas le boisé en bouche, le fruit prenant le dessus, ainsi que cette texture délicatement charnue que les vins de Chambolle savent offrir. Une très belle bouteille. Excellent

Chambertin 1999 – Rossignol-Trapet : grand seigneur qui arrive doucement à maturité, avec au nez ses arômes de fumée, de terre, avec une pointe de fruit très discrète. La bouche dévoile un corps profond, concentré, épicée et sauvage, comme le chambertin sait l’exprimer lorsqu’il est de noble origine. Exceptionnel

Sylvaner Réserve 2010 – Domaine Weinbach : frais au nez avec une note de noisette et de mousseron au nez,  sec et vif en bouche avec un équilibre léger et vibrant, c'est un sylvaner de soif de haute couture. A boire avant le 2009. Très Bien.

Pinot Blanc Croix du Sud 2007 – Domaine François Schmitt : une cuvée de cépage pinot blanc élevé en barrique, qui se montrait légèrement trop boisée il y a quelques années encore. La garde lui fait beaucoup de bien, puisque désormais l’ensemble est fondu, on retrouve surtout le caractère fruité au nez, l’élevage se traduisant par une note toastée discrète et une pointe de froment. La bouche est ample, aboutie comme un 2007 sait l’être, avec une finale fruitée tirant sur la pêche. Très Bien

Riesling Grand Cru Rosacker 2008 – Domaine Agapé : la capacité des grands crus à produire de très grande bouteille varie fortement d’une en fonction du millésime, et compte tenu de la diversité de terroirs rencontrés en Alsace, les mêmes millésimes ne produisent pas les plus grands vins sur les mêmes grands crus. Pour ce qui est du Rosacker, 2008 sera avec 2001, 2005 et 2010 parmi les très grandes réussites sur ce cru. Vincent Sipp a produit son premier très grand vin avec le Domaine Agapé : un nez pur marqué par des notes minérales, et une trame fruitée très discrète. Une bouche ample, concentrée, façonné tel un rock par une acidité pointue et mûre à la fois, qui lui donne une tension extraordinaire. On appréciera certainement encore ce vin dans une vingtaine d’années, mais force est de constater qu’il se présente déjà très très bien jeune. Probablement le plus grand Rosacker produit en 2008. Excellent

Thierry Meyer

Pour connaître la signification des appréciations (Bien, Très Bien…) et des notes chiffrées, cliquer ici