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Les vins du mois d’août 2012

Compte rendu des vins dégustés en août 2012 à différentes occasions, dont le légendaire Riesling Sélection de Grains Nobles "S" 2000 de Hugel et Fils

Riesling Grand Cru Frankstein 2000 – Beck-Hartweg : goûter ce vin après avoir dégusté les 2006, 2007 ou 2008 produits par le jeune Florian montre l'écart qualitatif important entre les deux générations. Ce 2000 est discret au nez, avec des notes d'anis, puis léger et aqueux en bouche, probablement à cause d'une récolte précoce permettant de préserver un degré alcoolique raisonnable, garder de la fraîcheur et éviter le sucre résiduel dans un millésime chaud et sec. Le résultat est un vin pas parfaitement abouti qui a évolué rapidement, et qui se montre en bout de course 12 ans plus tard, avec des arômes de fruits cuits à l'aération, et une bouche molle et fuyante. Le chapeau sur les oreilles comme on disait dans le temps. Bof

Nuits Saint Georges 1er Cru les Damodes 1985 – Machard de Gramont : un beau cru pour un producteur pas forcément très réputé. La robe est encore brillante avec des reflets tuilée. Le nez est parfumé, avec des notes de cerise rouge, une pointe fumée et un début de fruits à l'eau de vie. La bouche est souple en attaque, tendre et assez légère avec des tanins bien fondus, mais l'ensemble possède une belle maturité et se déguste parfaitement bien. À boire. Très Bien

Pinot Noir Tradition Rouge de Marlenheim 2005 – Romain Fritsch : la robe est dense pour ce pinot noir originaire du grand cru Steinklotz. Le nez semble encore refermé, avec des arômes de ronce, de cerise noire, mais également des notes fumées et un début de notes de fruits cuits. Très mûr en bouche, le vin montre une belle concentration, mais manque de fraîcheur en fin de bouche. À garder encore quelques années en cave, à l'instar du bon millésime 1999. Bien

Riesling Grand Cru Sommerberg 2009 – Claude Weinzorn : le nez est marqué par des arômes de pêche et d'agrumes confits, la bouche présente un équilibre demi sec, dense et très pure, avec une salinité en retrait à ce stade par rapport à un millésime comme 2008. Un vin délicieux dès à présent sur une tarte aux fruits, ou plus tard sur un foie gras poêlé. Très Bien

Graves 2005 – Château la Fleur Jonquet : un bon Bordeaux Rouge boit facilement après ouverture sur une pièce de boeuf grillée, le fruité et le boisé étant actuellement parfaitement bien intégrés. Sans grande ambition, c'est une cuvée très régulière à boire entre 5 et 10 ans d’âge. Bien

Crémant d'Alsace Chardonnay Extra Brut 2007 – Emile Boeckel : un crémant vineux à souhait, au nez de fleurs blanches et à la bouche compacte, qui dégaze lentement. Le caractère sec de l'absence de dosage est patiné par le temps, en faisant une cuvée délicieuse à l'apéritif. Très Bien

Zind 2009 – Zind-Humbrecht : chardonnay et auxerrois originaire du Clos Windsbuhl ont été vinifiés et élevés dans un tout nouveau foudre de grande capacité en 2009. Le résultat est un vin ample et gras aux arômes de fleurs blanches, profond et tonique en bouche avec une acidité d'une grande finesse qui prolonge la finale. Très Bien

Bourgogne blanc 2009 – Domaine Leflaive : déguster le bourgogne générique d'un domaine réputé de Bourgogne à côté du vin précédent est très instructif. Le nez possède moins d'intensité mais plus de finesse dans l'élevage, la bouche est moins minérale, moins sapide et moins ample que le précédent mais possède une pureté et une finesse exceptionnelle. On rêve de pouvoir combiner les raisins du vin de Zind-Humbrecht avec l'élevage du Domaine Leflaive. Très Bien

Riesling Sélection de Grains Nobles "S" 2000 – Hugel et Fils : un vin de très grande concentration, à l'image des Trie Spéciales de Zind-Humbrecht, à l'équilibre extrême (6,5% alc, 295 gl/ Sr). Si le nez est envoûtant sur des notes de miel, de coing et de safran, la bouche est encore portée par la forte richesse et propose une texture charnue très liquoreuse, la forte acidité n'ayant pas encore refait surface. Magnifique dès à présent sur du vieux comté ou un dessert aux fruits acidulés, mais je garderai mon carton fermé pour 5-10 ans au moins. Ceux qui ont eu la chance de goûter le riesling SGN 1918 du domaine garderont quelques 2000 pour la génération à venir.

Riesling Vieilles Vignes 2008 – Domaine des Rempart : une cuvée de Frankstein déclassée par refus d'agrément, la bouteille se dégustant mal dans sa prime jeunesse à cause d'une réduction trop présente. Avec de la bouteille, le vin se montre magnifique, dans un style demi-sec comme les terroirs granitiques savent les produire. Le nez de fleurs blanches et de fruits à noyau est pur et intense, laissant place à une bouche douce, pure et soyeuse, avec une belle salinité qui se dévoile en milieu de bouche. A boire sur une tarte aux fruits ou un poisson de rivière avec une sauce à la crème. Très Bien

Côtes du Rhône rosé 2010 – E. Guigal : un vin léger et fruité, marquée par une légère note amylique au nez. À servir bien frais sur la terrasse en été. Je goûte cette bouteille moins bien que la précédente. Bof

Pinot Gris Hagel 2005 – André et Lucas Rieffel : un pinot gris sec élevé sur lies, qui évolue rapidement du fait de la maturité du raisin. Le nez est marqué par des notes de coing et de fruits à noyau très murs, évoluant sur une note d'eau-de-vie. La bouche est nette, sèche avec du gras, et se montre encore très plaisante. Bien

Châteauneuf du Pape 2001 – E. Guigal : la robe est encore concentrée, le nez est marqué par des petits fruits rouges cuits, avec une note fumée, mais évolue rapidement sur un caractère liégeux désagréable. La bouche est ample, mais possède une forte amertume ainsi qu'une finale liégeuse. Bouteille défectueuse.

Hermitage rouge 2002 – E. Guigal : le vin est malheureusement également sérieusement bouchonné, tant au nez qu'en bouche. La série noire continue.

Bourgogne Pinot Noir 2009 – Jean-Luc Joillot : on retrouve une belle matière première et un bel élevage sur cette cuvée au nez de cerise fraîche et à la bouche franche, fruitée et d'une grande netteté. Le vin se boit très bien le soir sur un repas froid léger. Très Bien

Pinot Gris Clos Liebenberg 2005 – Valentin Zusslin : le terroir gréseux du clos Liebenberg apporte une touche fumée au nez, qui vient compléter des notes de fruits à noyau très murs. L'ensemble manque légèrement de pureté, du à un botrytis probablement généreux. La bouche est ample en attaque, acidulée et surtout saline, avec une évolution sur le coin et le miel, qui accompagne une finale acidulée de bonne longueur. Une belle cuvée. Très Bien

Riesling Les Princes Abbés 2002 – Domaines Schlumberger : une cuvée générique qui a bien vieilli, dans un millésime ou le riesling peine à franchir les années, lorsque le botrytis qui apportait une touche exotique au vin jeune, fait évoluer le vin rapidement. Le nez est marqué par des arômes d'agrumes murs et de fruits exotiques, la bouche est souple en attaque, légèrement évolué avec du gras, mais reste encore suffisamment acidulé pour donner un vin tonique. Bien

Côtes du Jura en Barberon 2003 – Stéphane Tissot : la réduction typique des vins du domaine se retrouve dans le nez marqué par des arômes de sésame grillé, la bouche est ample, beurré avec une bonne concentration, finissant sur un équilibre net de bonne longueur. Bel élevage sur une belle matière. Très Bien

Côtes du Jura Vin de Paille 2005 – Julien Labet : très beau millésime de vin de paille dans le sud du Jura, avec une cuvée propre à Julien. Le nez est marqué par les fruits secs, miellée et la châtaigne régule la bouche est liquoreuse, onctueuse et épicée, avec une finale nette de grande longueur. Déjà agréable à boire maintenant, c'est un vin qui vieillira bien. Très Bien

Muscat Andlau 2004 – Guy Wach : rescapé d'un fonds de cave discret, voilà un muscat surprenant au nez encore frais marqué par la pêche blanche, bien structuré en bouche avec de la fraîcheur. L'évolution et peu marquée, le caractère végétal du millésime étant très discret. Bien

Côtes du Jura Rosé 2005 – Fruitière Viticole de Voiteur : un poulsard de bonne facture qui montre que le Jura sait produire de beaux vins rosés taillés pour la garde. Le nez présent un fruité discret, la bouche possède de la vinosité, des tanins très fins et une fine acidité en finale. Un vin agréable qui sera la surprise des tables de cet été. Bien

Tavel 2011 – E. Guigal : un vin très convaincant pour ceux qui ne sont pas forcément amateurs de vins rosés, même en été. La robe est brillante sur des tons saumonés plus roses qu’orangés. Le nez est intense, floral et fruité sans trace amylique. La bouche est dense, avec une certaine matière qui accompagne bien des grillades estivales. À boire. Bien

Riesling Grand Cru Pfingstberg Vendanges Tardives 2000 – Valentin Zusslin : un vin délicieux au nez de miel et de mélisse, surmonté d'une note de citronnelle. La bouche est souple, moelleux en attaque puis suave, longiligne et très élégant avec une finale citronnée qui présente un léger conflit. Plus que le caractère sucré, c'est surtout le style abouti de cette cuvée récoltée tardivement qui lui permet aujourd'hui de se présenter de manière parfaite. Délicieux en accompagnement de sushis et de makis avec de la sauce soja sucrée. Très Bien

Mazis Chambertin 1995 – Louis Jadot : un grand cru en mode mineur dans ce millésime difficile. La robe présente déjà des reflets tuilés, le nez se montre peu intense, avec des notes épicées et un fruité en retrait. La bouche est dense, de bonne pureté avec des tanins serrés et secs qui donnent une fin de bouche légèrement étriquée. Les plus optimistes se demandent au bout de combien d’années supplémentaires ce vin finira par s’ouvrir. Bien

Pinot Noir Weid 2006 – Lucien Albrecht : une très bonne réussite dans un millésime difficile pour les pinots. Le nez est ouvert et intense, marqué par un boisé relativement toasté, qui lui donne un air moderne. La bouche est ample, profonde avec un fruité bien présent, l’ensemble possédant un bel équilibre sapide. À boire dès à présent. Très Bien

Pinot Auxerrois 2004 – Pierre et Frédéric Becht : un vin récolté à bonne maturité, qui s’est parfaitement conservé, chose inhabituelle sur un millésime comme 2004. Le nez est élégant avec des notes de fleurs, la bouche est légère, encore fruitée, avec une finale sur des fruits à chair blanche compotés. A finir sans tarder. Bien

Riesling Bouquet de Clémence 2002 – François Bléger : la robe fortement dorée, le nez est marqué par des arômes de surmaturation, le miel et les fruits jaunes laissant malheureusement place à une oxydation qui marque un vieillissement prématuré de cette cuvée. La bouche est riche, mais l’acidité et la structure du vin sont fragilisés à ce stade, et donne un équilibre peu agréable. Cette cuvée montre avec l’âge que l’équilibre flatteur des rieslings 2002 qui sont marqués par une belle fraîcheur mais aussi par de la surmaturité, peine souvent à vieillir harmonieusement. La grande médaille d’or au concours des rieslings du monde est désormais bien loin. Beurk

Pinot Gris Grand Cru Osterberg 2004 – Sipp-Mack : malheureusement bouchonné, ce qui est dommage car l'équilibre quasi sec en bouche laissait entrevoir une belle  bouteille.

Riesling Brandluft Cuvée Prestige 2005 – Domaine Haegi : récolté avec une légère surmaturité, c'est un vin mur et abouti, riche et puissant en bouche avec une légère douceur qui ne gâche pas l'énergie générale de l'équilibre. A boire ou à garder. Très Bien

Côte Rôtie Brune et Blonde 1994 – E. Guigal : dans un millésime généralement moyen, la maison Guigal a réussi un très grand côte rôtie, qui se montre encore à son avantage à près de 20 ans d’âge. Le nez est ouvert et délicat, avec des arômes d’olive noire et de lard fumé. La bouche possède une bonne densité, des tanins un peu fermes mais désormais fondus, et un équilibre encore harmonieux. La finale un peu sèche trahit le caractère inabouti du millésime, contrairement à d’autres années comme 1995. On ne se risquera donc pas à conserver ce vin trop longtemps. Très bien

Pinot Gris Grand Cru Furstentum 1998 – Marc Tempé : un vin de caractère sec patiné par le temps, au nez de fleurs séchées, qui possède encore la profondeur et l’ampleur du cru. Moins abouti et moins net que les derniers millésimes produits par Marc, cette cuvée montre le potentiel de ce cru, ainsi que le bénéfice d’ouvrir cette bouteille après quelques années de garde. Bien

Coteaux du Languedoc Syrah Leone 2002 – Domaine Peyre Rose : une cuvée puissante, à la robe sombre et au nez intense supporté par un niveau d’acidité volatile assez présent. Les notes d’olive et de fumée laisse place à un caractère plus épicé à l’aération. La bouche est dense, équilibrée et acidulée avec des tanins riches qui renforcent la structure. Très grand vin. Excellent

Côte Rôtie La Turque 2002 – E. Guigal : la robe reste est sombre et brillante, malheureusement le nez annonce un vin fortement bouchonné. Dommage, car la qualité des tanins en bouche laissait présager une grande bouteille.

Pauillac 1998 – Château Pontet Canet : une robe brillante, un nez fruité complexe, une bouche intense et fruitée avec des tanins riches qui possèdent du gras. Voilà une grande réussite dans le dans un millésime pas évident. Excellent

Grand Cru Altenberg de Bergheim 2001 – Marcel Deiss : un millésime parfait pour un grand cru d’exception, s’exprimant aujourd’hui avec toute la chaleur et toute intensité du terroir. Le nez est marqué par le citron, les fruits jaunes, miel, ainsi qu’un florilège d’épices. La bouche profonde, acidulée, saline, à la fois envoûtante et suave avec une impressionnante longueur. Un vin de caractère moelleux qui possède une forte énergie. Excellent

Riesling vieilles vignes 2006 – Beck-Hartweg : une belle bouteille de riesling en surmaturité, qui se boit sans peine grâce à un nez de grande pureté aromatique porté par la pêche des vignes et la mangue, et une bouche charnue et salivante marquée par une douceur très agréable en début de repas. Parfait sur du melon accompagné de jambon cru. Très Bien

Riesling Grand Cru Zinnkoepflé Vendanges Tardives 2007 – Cave Bestheim : un vin plaisant et équilibré au nez de fleurs blanches et d'agrumes mûrs, de style léger en bouche avec un très légère minéralité qui souligne le moelleux important. A boire. Bien

Pinot Gris Grand Cru Frankstein 2008 – Schaeffer-Woerly : un bel exemple du style de ce grand cru granitique, qui peine souvent à montrer un quelconque caractère, surement à cause de rendements trop généreux et de maturité insuffisante. Ici, la matière et la maturité sont bonnes, et on perçoit une légère salinité en bouche, qui rend le vin délicieux à table. A l'instar du Brand ou du Sommerberg, les grands crus granitiques se révèlent dans certains millésimes par le pinot gris. Une belle bouteille au nez de silex, de froment et de fleurs blanches, de style demi-sec en bouche avec une fine salinité qui se dévoile en milieu de bouche. Une belle expression naissante du Frankstein, qu'on ne rencontre pas si souvent que cela. Bonne réussite. Très Bien.

Riesling Vendanges Tardives 1998 – Domaine Weinbach : une demi-bouteille de vin demi-sec originaire du Schlossberg, qui a rapidement évolué : la robe est dorée, le nez riche évoluant sur des notes de miel et de pomme cuite avec une pointe fumée. La bouche garde de la fraîcheur et de la chair, avec une finale saline très agréable. A finir. Bien

Muscat Grand Cru Wineck-Schlossberg 2004 – Vincent Spannagel : premier millésime de cette cuvée devenue phare sur le grand cru, et seuls les muscats d'Alsace ont été récoltés cette année. Malgré la douceur des arômes de pêche et de miel, le vin est déstructuré en bouche, manquant de fraîcheur, bref en fin de vie. Un encouragement à aller chercher du 2010 tant qu'il en reste ! Bof

Gewurztraminer Grand Cru Steinert 2004 – Cave de Pfaffenheim : réservé, épicé, pas abouti et donc vieillissant rapidement. A boire. Bien

Thierry Meyer

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