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Les Vins du mois d’Août 2004

Compte rendu des vins dégustés en août 2004 à différentes occasions.

Riesling Cuvée Saint-Marc 2000 – Vincent Spannagel : la robe est dorée, le nez est marqué par du miel, du raisin frais et des agrumes confits. La bouche vient confirmer le style de ce vin riche et surmaturé, assez simple mais plaisant à l’apéritif. Un style à éviter avec une choucroute et des huîtres, mais qui passe très bien sur une viande blanche ou un poisson en crème. S’il en reste encore dans la bouteille après l’apéritif bien entendu 🙂


Cabernet Sauvignon Gold Reserve 1995 – Vina Carmen (Chili) : La robe est dense, foncée avec des reflets violacés, et des bords très foncés. Le nez est parfumé, sur des fruits noirs, cassis, myrtille, pruneau, soutenu par un boisé toasté bien intégré au fruit. La bouche est souple et très fine avec des tanins fondus qui ne laissent aucune aspérité. Les arômes très murs se développent en bouche sur une trame assez alcoolique. Le vin tient bien l’aération et au bout de 5 jours prend des notes de porto sans aucune trace oxydative. A carafer impérativement pour une dégustation le soir même.



Saumur-Champigny 1998 – Domaine des Roches Neuves (Thierry Germain) : le festival des Saumur Champigny continue, je crois que je n’ai jamais bu autant de rouges de Loire en si peu de temps. La robe est foncée, jeune avec des reflets violets. Le nez est épicé avec des notes de poivron vert et de fruits rouges. La bouche est assez corsée, souple malgré des tanins encore sensibles, fortement issus d’un boisé qui se fond doucement et agréablement. La complexité perçue de l’ensemble est moyenne, pas de quoi y voir un grand vin. Il y a deux ans le vin ne se buvait pas trop bien, li semble atteindre un certain équilibre, preuve que le bois finit par s’intégrer si le vin a suffisamment de matière. A noter le bouchon impeccable.


Tokay Pinot Gris Grand Cru Wineck-Schlossberg 2002 – Vincent Spannagel : Robe jaune paille, avec des reflets dorés. Le nez est parfumé, mur, avec de la bergamote, du miel, des fruits jaunes. La bouche est acidulée, moelleuse, fine avec un léger gaz encore perceptible. A l’aération, les notes florales prennent le dessus (rose, jasmin) et le Wineck-Schlossberg s’exprime dans toute sa splendeur. Un pinot gris riche et élégant, à attendre 3-4 ans qu’il atteigne son apogée et que la maturité se fonde un peu.


Riesling Millenium 2000 – Vincent Spannagel : Robe jaune pâle, très claire. Le nez est parfumé, sur des notes florales avec un peu de surmaturité. Une légère pointe d’évolution lui enlève un peu de fraîcheur. La bouche est souple et assez vivace avec une petite pointe de sucre qui vient adoucir l’ensemble. Loin des rieslings vifs et tranchants, on est sur un équilibre fruité qui ne gagnera rien de plus avec une garde supplémentaire.


Pomerol 1995 – Esprit de Clocher: la robe est rouge-noir avec des traces d’évolution. Le nez est marqué par du cuir, de la réglisse, des épices. La bouche est un peu sèche mais propose une belle densité avec une pointe d’évolution. Un beau Pomerol à maturité. Payé 15 euros en 1998, voilà un exemple de vins que j’aimerais avoir plus dans ma cave. Après 6 ans de garde, le vin arrive à maturité et fait plaisir à toute la famille.


Givry 1er Cru Clos de la Servoisine 2002 – Domaine Joblot : une robe brillante, colorée et brillante. Le nez est sur la cerise, très pinot, avec une bouche très fruitée et gouleyante sur des fruits rouges frais. L’acidité est bien présente ainsi que des tanins un peu asséchant. Un vin prometteur qui ne donne pas dans l’excès de maturité, mais à attendre encore car il possède encore une certaine dureté en milieu de bouche.


Cotes du Rhône 1999 – Château des Tours : Robe encore violine, moyennement dense. Le nez est parfumé, surmûri avec des arômes de pruneau et d’épices qui rappellent le porto, et avec des notes de caramel. La bouche est fine avec cette légendaire dentelle qui caractérise les vins du Château des Tours. Moins acidulé et plus mur que le 98, plus gourmand en fait, ce 99 est un régal à boire dès aujourd’hui.


Douro rouge  2001 – Quinta de la Rosa : du gaz, des fruit rouges et noirs, bonne acidité, assez fin. Du gaz à l’ouverture et à la verse, le vin est encore jeune et oit être décanté.


Cotes du Rhône 2001 – E. Guigal : robe rouge foncé, avec des reflets violacés, beaucoup de brillance. Le nez est parfumé, intense sur des notes de cerise, de petits fruits rouges, de violette, donnant une impression de grande pureté. En bouche l’attaque est puissante, le milieu de bouche est assez souple et dense, et les tanins reviennent en finale pour assécher la bouche. Un vin encore un peu jeune, marqué fortement par la syrah, qui gagnera à être gardé. La minéralité ressort très bien sur des raviolis aux cèpes.


Riesling Cuvée Frédéric-Emile VT 1983 – Trimbach : la robe est jaune foncé, avec des reflets vieil or. Le nez est minéral, mielleux, fumé, avec des notes de tilleul et d’hydrocarbures. Avec la montée en température il se dévoile par couches successives. La bouche est quasiment sèche, minérale, et reprend un peu de la surmaturité perçue au nez. Curieusement la cuvée non VT semble avoir plus de gras en bouche. Malgré le format en demi-bouteille, le vin étant sorti des caves de Trimbach il y a moins de 2 ans, s’est visiblement bien conservé. Bu sur ma cassolette fétiche aux escargots et cèpes de la Taverne alsacienne, le vin se marie à la perfection. (53 euros la demi à la Taverne)


Gevrey-Chambertin 1er Cru les Cazetiers 1990 – Faiveley : Une robe encore très jeune, avec des bords à peine plus clairs. Le nez est très minéral, avec des notes de fumée, d’humus, mais aussi de cerise et de cassis. La bouche est à la fois fine et dense, donne une impression de grande précision. Les notes de cacao qu’on sent en milieu de bouche confirment que le vin est encore très jeune. Une des meilleures cuvées de Faiveley en 1990. Si de nombreuses cuvées du même millésime bues ces dernières années semblent avoir toutes le même goût et la même expression un peu extraite, ce Cazetiers rejoint dans ma mémoire les autres grands 90 du domaine bu ces dernières années : Clos de Vougeot, Echezeaux, Chambertin Clos de Bèze, et confirme son statut privilégié au sein des premiers crus du domaine. J’oubliais : on trouve ce magnifique vin à 72 euros sur carte à la Taverne Alsacienne…


Gewurztraminer Clos du Letzenberg SGN 1994 – Domaine du Manoir (Jean Thomann) : bu à l’aveugle ma première impression a été de boire un gewurz SGN 94 avant de me raviser et de penser à un 1997. La robe est moyennement intense avec de faibles reflets dorés. Le nez est un mélange de miel et de figue comme on peut en trouver dans de nombreux 94, mais aussi de rose et de lichee comme on en trouve dans les 97 qui ne sont pas trop marqués par la pourriture noble. La bouche est liquoreuse sans être lourde et termine avec une impression de fraîcheur, avec une légère évolution qui montre que le vin a encore de belles années devant lui. Bu sur une tarte minute aux mirabelles, un très bel accord.


Côtes du Rhône 2003 – Domaine de la Mordorée : un nez sur des fruits rouges cuits, une bouche riche, légèrement alcoolique, très souple et agréable, moyennement corsée : la parade des CdR 2003 a débuté, lisant envisager de très beaux moments de dégustation. Les 2002 qui apparaissent aux foires aux vins me semblent moins convaincants !


Minervois la Livinière 2002 – Domaine de Courbissac : premier vin produit par Marc Tempé dans le Minervois, l’essai est largement transformé : une robe très foncée, brillante avec de belles jambes dans le verre. Le nez est très parfumé, avec des arômes de mure, de cassis et de réglisse. La bouche est dense, sèche et assez fine, avec une finale longue. La comparaison avec les Références du Minervois devrait être intéressante.


Coteaux d’Aix 1995 – Domaine des Béates : La robe est tuilée, laissant présager une évolution un peu marquée. Le nez rappelle un vieux bordeaux, un peu rustique avec des arômes de champignon. La bouche est fine et complexe, avec des tanins fondus et une acidité à peine perceptible. Un beau vin qui est arrivé à maturité et a probablement décliner dans les 5 ans à venir, mais qui se présente très bien en ce moment. Tout le savoir faire de Chapoutier dans la région se retrouve ici. La cuvée prestige Terra d’Or évolue plus lentement.


Chiroubles 2003 – Domaine Desmures : la robe est foncée, très colorée, brillante. Le nez est marqué par des arômes intenses de violette, de cassis, de mure, qui ouvre les papilles. En bouche le vin confirme la grande concentration perçue à l’œil et au nez, avec beaucoup de souplesse et de densité. Le cru Chiroubles est renforcé à mon avis par le coté acidulé du vin qui lui donne de la légèreté. On ne sent pas de surmaturité, au contraire le vin est droit et se boit très facilement… Top Miam Slurp, comme on dirait en d’autres lieux 🙂 Beaujolais a produit quelques superbes cuvées en 2003 qui j’espère vont permettre à certains de s réconcilier avec la région.


Riesling Clos Sainte Hune Vendange Tardive Hors Choix 1989 – Trimbach : Le robe est très brillante, (presque fluorescente !), avec une belle teinte jaune doré et des reflets verts. Le nez est très complexe et se dévoile par paliers, avec du miel, du beurre, des fleurs séchées, et un poil d’hydrocarbures. On ne se lasse pas de sentir et ressentir. La bouche est grasse et légèrement ronde, acidulée et très dense, avec une minéralité très marquée malgré un léger moelleux. La fin de bouche donne une impression sèche, inhabituelle pour un vin supposée moelleux.


La cuvée hors choix, produite à 1000 exemplaires, est issue d’une trie spéciale du Clos Ste Hune en 1989. L’ensemble de la récolte a été traitée en Vendange Tardive, et cette cuvée Hors Choix a été mise en vente en 1999 seulement. Lorsque le terroir rencontre un grand millésime et que la pourriture noble s’en mèle pour concentrer les jus, on obtient une cuvée extraordinaire. Partager une bouteille à 20 personnes lors des 24h du riesling était un événement, mais boire une bouteille à 3 au restaurant est un plaisir encre plus grand ! Une référence pour l’Alsace, et au vu des autres millésimes de Ste Hune il s’agit là d’un vin qui va évoluer favorablement tout au long du 21e siècle.


Musigny 1990 – Frédéric Mugnier. La robe est encore très jeune, rouge foncé légèrement violacé, presque noir. Le nez est parfumé, avec de la ronce, de la mure, de la violette, du cacao. On a l’impression d’un vin extrait à ce stade, que la bouche vient confirmer : l’attaque est souple mais les tanins bien présents en milieu de bouche. La fin de bouche évolue sur des notes florales et des épices, avec un léger boisé perceptible. Le vin est encore très jeune et commence à montrer tout son potentiel mais qui semble loin de son apogée. 14 ans après, est-ce normal ? Une bouteille qui ne semble pas correspondre à ce qu’on en attend de la finesse des vins du domaine. Cela me rappelle ma dernière dégustation du Musigny 90 de Vogue, qui paraissait encore très jeune et n’avait pas atteint la finesse qu’on attend généralement d’un Musigny. Quelqu’un a-t-il goûté ce vin récemment ?


 


Thierry Meyer