L'Oenothèque Alsace

Déjeuner autour du Chardonnay

5 juin 2006


Un repas consacré au chardonnay, avec 15 cuvées différentes de 2004 aux années 20 pour apprécier les différences de style dues aux terroirs et au mode d’élevage. Les vins sont servis à l’aveugle complet.



En guise de mise en bouche : Cake au tomates confites et gougères


Champagne blanc de blanc Grand Cru Bouzy NM – Herbert Beaufort : la robe est or vert très brillante, avec une bulle fine. Le nez est ouvert, jeune et discret avec des arômes de noisette fraîche, de fleurs blanches et une note de fumée, dans un style simple et élégant. La bouche est vive en attaque, dégaze rapidement, puis se montre grasse et assez rustique avec des tanins qui se manifestent en finale. Un champagne frais qui se boit facilement mais qui pourrait avoir un peu pus de finesse. Bien


Givry 1er cru Crausot 2003 François Lumpp. : La robe est jaune doré. Le premier nez est ouvert, avec des arômes de fleurs blanches et de fruits à chaire blanche mais également des notes d’élevage (lies, asperge, léger bois). A l’aération le vin montre un nez plus intense mais  moins élégant, dominé par le beurre et le boisé. La bouche est grasse, sèche et agréable, avec une finale briochée de bonne longueur. Bien


Pinot Blanc « Barrique » 2003 Jean-Marc Bernhard : Le premier est discret, avec des arômes de pêche mûre, évoluant à l’aération en prenant de l’intensité, conservant les arômes de pêche mais avec des notes florales et une pointe amylique. La bouche est souple en attaque, légèrement moelleuse, puis plus sèche, fruitée avec une belle matière. Un vin simple, bien fait, parfait à boire dès aujourd’hui. Un pirate alsacien servi en carafe comme les autres, ce qui le rend indécelable. Le moelleux en attaque aurait pu être une indication d’origine, mais au milieu des autre vins je ne l’ai pas reconnu. Bien


Vin de Pays des Côtes de Libron cuvée Chardonnay 2004 – Domaine La Colombelle : la robe est jaune doré. Le premier nez est discret, floral avec des notes de fruits à chaire blanche, puis prend des notes boisées avec une acidité volatile assez marquée qui fait penser à de la piqûre acétique. La bouche est moelleuse en attaque, sur le sucre, puis grasse avec une bonne concentration, évoluant sur un registre boisé et marqué par l’alcool. Une cuvée riche qui tire vers la lourdeur, issue d’une vendange très mûre marquée par la chaleur. On est loin d’un équilibre bourguignon. Bof


Chablis 2004 – Henry Foucault : la robe est or blanc, brillante. Le premier nez est anisé avec des notes minérales, évoluant rapidement à l’aération avant de perdre à nouveau de l’intensité. La bouche est grasse en attaque, dense avec une acidité fine et discrète, évoluant sur un équilibre frais et sec. La finale est fine, de bonne longueur, avec une belle acidité. Un vin sec et léger qui répond à ce qu’on attend d’un chablis. Bien


Pour  débuter : Filets de rouget sur lit de ratatouille


Chablis 1er Vaucoupin 2002 – Domaine Grossot : la robe est jaune pâle. Le premier nez est réduit, puis prend des notes fruitées et minérales avec des notes de poire et de craie. La bouche est sèche et saline en attaque, dense mais encore fermée. La sensation crayeuse tapisse la langue et la finale est longue, mais le vin manque d’expression à ce stade. Une très belle bouteille de bon potentiel, mais un flacon à garder 4-5 ans. Bien


Chardonnay La Mailloche 2004 – Stéphane Tissot : La robe est jaune pâle avec des reflets verts. Le premier nez est dominé par le boisé, puis prend à l’aération des notes plus minérales avec des arômes de silex et de fleurs blanches (muguet) avant de revenir sur des note grillées et boisées. La bouche est dense et fraîche en attaque, puis sèche avec une acidité mûre très présente qui donne de la vivacité un ensemble concentrée. La finale est sèche et légèrement boisée, avec une longue persistance de notes florales. Un vin très pur et très fin, encore jeune mais déjà très racé. Très Bien


Givry Clos de la Brûlée 2004 – Domaine Masse : La robe est brillante, de nuance or vert. Le nez est discret, floral et légèrement minéral, avec des arômes de fruits mûrs dont la pêche blanche qui apparaissent à l’aération. La bouche est concentrée, dense et grasse en attaque, puis développe une fine salinité qui structure un équilibre riche. La finale est longue et riche. Une belle vendange et un bon travail en cave ont donné une cuvée proche de la perfection pour un Givry, avec un beau potentiel de bonification au vieillissement. Très Bien


Bourgogne Côtes d’Auxerre Cuvée Corps de Garde 2003 – Domaine Goisot : Le nez est ouvert, fruité avec des arômes de fruits jaunes et de fruits à chaire blanche. La bouche est grasse en attaque, à la limite du sucré, puis ronde avec une bonne concentration et du gras. La finale est courte mais laisse une impression nette en bouche. Un vin assez pur qui manque d’un poil de complexité à ce stade pour être grand. Bien


Pour accompagner la cavalerie des vins riches : Emincé de veau aux quatre épices et coriandre, nouille chinoise


Chablis Grand Cru Vaudésir 2001 – Jean-Paul Droin : La robe est jaune dorée avec des reflets verts. Le premier nez est lacté, puis prend des notes d’agrumes à l’aération. La bouche est sèche et dense en attaque, puis plus acidulée avec une acidité qui domine un peu la matière. La finale est assez courte. Une cuvée encore fermée qui se montre sous un jour austère. A garder. Bien


Marsannay Les Vignes Marie 2002 – Domaine du Vieux Collège (Jean-Pierre et Eric Guyard) : La robe est or blanc. Le nez est ouvert, net et complexe, beurré, floral avec des notes de caramel. La bouche est grasse et très concentrée en attaque, évoluant sur un registre riche et souple que vient équilibrer une fine acidité. La finale est très longue. On est à la limite de la lourdeur, mais encore du bon coté de cette limite. Un vin à peine évolué, de très haut niveau pour un Marsannay blanc. Très Bien


Pouilly-Fuissé En Carementrant 2002 – Domaine Bret : La robe est jaune doré. Le nez est assez discret, complexe avec des notes beurrées et grillées, évoluant à l’aération avec des arômes de fleurs blanches et de caramel. La bouche est souple en attaque, très fine et grasse, avec un style pur sans aucune aspérité en bouche qui lu donne une grosse longueur en finale. Du beau travail en cave à nouveau sur une belle vendange. Très Bien


Puligny Montrachet 1er cru Clavoillon 1997 – Domaine Leflaive : La robe est jaune doré. Le nez est complexe, puisant avec des notes de fleurs blanches, de truffe blanche et un boisé discret et patiné qui traduit une certaine évolution. La bouche est grasse, très fine en attaque, puis concentrée avec une texture très présente sur la langue. Le changement de gamme est  perceptible, avec une puissance nettement supérieure aux autres vins en bouche, qui lui permet d’accepter le piment de la sauce épicée. Très Bien


Pour soutenir les vins plus âges : Plateau de fromages de la ferme du Sonnenberg à Nordheim


Meursault 1er cru Charmes 1964 – M.G. Lafite (négoce Belge) : La robe est jaune vieil or, très soutenue. Le premier nez est torréfié, prenant à l’aération des notes de feuille séchée, de tabac blond, de feuille morte et de paille. La bouche est franche en attaque, encore assez grasse, évoluée et sèche avec un fruit encore très présent. Le vin gagne encore en chaire et en fruit à l’aération, peut-être aurait-il fallu l’ouvrir tôt le matin. Un beau flacon qui a de beaux restes. Bien


Pouilly-Fuissé « Réserve Dry » années 20 – Bouchard aimé : L’étiquette du millésime a disparu mais le vin rappelle l’entre deux guerres. La robe est ambre. Le nez est parfumé, net avec des arômes de pralin, d’amande grillée, d’eau de vie. La bouche est sèche avec du fruit et de la patine, évoluant sur un registre encore net avec des arômes de fruits secs, de tabac blond et de paille. Un vin qui a bien vieilli, la mention « réserve dry » évoque peut-être une cuvée surmûrie. Très Bien


Le dessert a été arrosé à l’eau, nous en avions bien besoin après cette belle série. Le chardonnay est un cépage versatile qui dessine le contour des terroirs, même si les variations de style d’élevage peuvent créer de la confusion, le dégustateur ayant des difficultés à proprement assigner des différences de goûts à des différences d’élevage ou de terroir. La diversité des origines des différents vins a permis de construire tout un repas autour de ce cépage, et le tour d’horion était presque exhaustif. Merci çà Stéphane d’avoir organisé un tel repas.


Thierry Meyer


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