L'Oenothèque Alsace

Dégustation de vins du Luxembourg

29 février 2004


En clôture de la dégustation des vins du Rhône, le déjeuner de dimanche a été l’occasion pour Christian Schueller de nous faire découvrir une sélection des meilleures cuvées de vins blancs du Luxembourg. Revue de détail cépage par cépage.  La classification se fait par cépage, puis par origine (ville et terroir), le niveau qualitatif étant indiqué suite à des dégustations officielles une fois le vin en bouteille, qui donnent droit aux mentions « Grand Premier Cru » et « Premier Cru » en fonction des notes obtenues.



Le temps réservé pour la dégustation étant très court puisque plus de 30 vins ont été servis au cours d’un repas au restaurant « Goethe Stuffe » à Luxembourg. Les bouteilles se sont malheureusement enchaînées à toute vitesse, ce qui explique les notes de dégustation parfois un peu sommaires. En tout cas cette visite au pas de charge était très intéressante, c’est un encouragement à découvrir certains domaines plus en détail. A noter que le restaurant Chiggeri à Luxembourg offre de nombreux vieux millésimes de vins luxembourgeois à des prix en dessous de 40 euros.


Auxerrois


Souvent assemblé en Alsace avec son cousin le pinot blanc, les cuvées de pinot auxerrois alsaciens sont assez rares, et généralement réservées à des cuvées haut de gamme, voire de grands crus  (Auxerrois K de Kientzler, Auxerrois H de Josmeyer). A Luxembourg le cépage est souvent vinifié et embouteillé à part, et représente un style floral, sur des arômes de fruits blancs.


Caves Legill, Schengen, Schengen Markusberg, Grand Premier Cru 2001 :  nez discret sur les fruits blancs. La bouche est vive et légère, sur des arômes de pamplemousse.


Caves Krier Frères, Remich, Coteaux de Schengen, Premier Cru 2002 : le nez est encore marqué par l’élevage avec des notes de levure. La bouche semble saline, avec du gaz, une acidité normale. La fin de bouche est assez longue. Un vin qui a la particularité d’inclure des raisins issus de vignes sur le sud du coteau, qui sont déjà sur le territoire français.


Domaines Vinsmoselle, série Art & Vin, Remich Hôpertsbour, Grand Premier Cru 2002 : le nez est plaisant, marqué par des arômes de miel et de fleurs blanches. La bouche est assez ronde, avec des arômes de fruits blancs, et termine sur une petite amertume.


Caves Pundel-Hoffeld, Machtum, Alwengert, Grand Premier Cru 2002 : le nez est encore jeune, marqué par des agrumes et des fruits blancs. La bouche est ronde et grasse avec une acidité moyenne. Le vin est dense et concentré.


Domaine Mme Aly Duhr et Fils, Ahn, Clos du Paradis 2002 : la robe est plus foncée que les vins précédents, jaune doré avec des reflets verts. Le nez est parfumé, mielleux avec des arômes de fermentation et de bois neuf. La bouche est boisée, vanillée et grasse, beurrée, dans un style crémeux qui rappelle certains vins du nouveau monde. Les tanins sont un peu amers en finale. Un vin qui sort de l’ordinaire mais que je ne trouve pas très plaisant. Un exercice de style pour montrer que le Luxembourg sait produire des vins aussi maquillés que l’Australie ?


Pinot Blanc


Le pinot blanc version luxembourgeoise est souvent plus fruité et plus acidulé que l’auxerrois, avec peut-être moins d’arômes floraux. Une seule bouteille dégustée.


Domaines Vinsmoselle, Stadtbredimus Differt, Grand Premier Cru 2002 : le nez est discret, muscaté et fruité, marqué par un peu de SO2. La bouche est vive et acidulée, et présente un léger moelleux en milieu de bouche. La finale est un peu amère.


Pinot Gris


Comme en Alsace, le pinot gris est actuellement le grand vin versatile du Luxembourg : il passe plus facilement dans les banquets et autres repas à plusieurs que des vins plus secs comme le riesling ou le pinot blanc. Certains apprécient même la petite rondeur qu’il prend parfois dans les années mures, et qui en fait un vin passe partout. Pourtant, on est loin des archétypes alsaciens, façon Albert Mann, Domaine Weinbach ou Zind-Humbrecht. L’acidité et le coté vif du vin rappelle qu’on est à plus de 100 km au Nord de Strasbourg !


Domaine Mathis Bastian, Remich, Domaine et Tradition, 2002 :  Le nez est discret, marqué par l’élevage avec des notes de levures. La bouche est acidulée, marquée par des fruits jaunes, mais conserve une certaine amertume en finale malgré un léger sucre résiduel.


Caves Albert Berna, Ahn, Vogelsang, Grand Premier Cru 2002 : Le nez est parfumé, avec des notes de houblon et de miel. La bouche est moelleuse et légère, avec une acidité un peu en retrait, ce qui lui donne beaucoup de rondeur. A attendre quelques années pour qu’il atteigne son équilibre.


Caves Albert Berna, Ahn, Göllebour, Grand Premier Cru 2002 : le vin est malheureusement bouchonné.


Domaine Mme Aly Duhr et Fils, Ahn, Nussbaum, Grand Premier Cru 2002 : le nez est floral avec des notes d’abricot, simple et net. La bouche est souple, acidulée avec un léger moelleux. ON perçoit un reste de CO2 en finale. Un vin bien équilibré.


Domaine du Clos des Rochers, Grevenmacher, Domaine et Tradition 2002 : Le nez est assez mur, avec des fruits à noyau. La bouche est épicée, assez corsée avec une belle vivacité. Un équilibre qui rappelle les pinot gris alsaciens.


Caves Albert Berna, Ahn, Gris de Gris Göllebour 2002 : La robe est colorée, de nuance saumon. Le nez est parfumé avec des arômes de pêche. La bouche est assez simple, légèrement moelleuse, avec une fin de bouche assez courte.


Riesling


Comme dans d’autres régions, le Riesling est le roi des cépages à cause de sa pureté, de sa minéralité et de sa capacité à supporter les récoltes tardives. Le plus grand nombre d’échantillons portent sur ce cépage dans notre dégustation.


Domaines Thill Frères Grevenmacher, Château de Schengen 2002 : la robe tranche avec les vins précédents et prend une teinte jaune assez dense. Le nez est assez mur et citronné. La bouche est acidulée, assez corsée, sèche avec beaucoup de pureté. On entre dans le vif du sujet avec ce riesling très bien fait.


Domaine Schumacher-Knepper, Wintrange, Felsberg, Grand Premier Cru 2000 : le robe est encore un peu perlante. Le nez est minéral, avec du silex, des arômes fumés, de la poire et une touche de miel. La bouche est riche et vive, avec des fruits blancs, un léger moelleux, et une bonne maturité. Le millésime 2000 version Luxembourg vu au travers de cette bouteille est aussi mur qu’en Alsace, avec un surcroît d’acidité. L’équilibre sucre/acide est parfaitement maîtrisé, on reste sur un vin quasiment sec mais qui exprime une légère rondeur.


Domaines Vinsmoselle, série Art & Vin, Wormeldange Koeppchen, Grand Premier Cru 2002 : le nez est discret, marqué par des notes de céleri qui font penser à un dosage en SO2 assez perceptible. La bouche est équilibrée, fruitée avec un peu de gaz. Un bon vin, mais pas la grande émotion.


Caves Krier Frères, Remich, Coteaux de Wormeldange, Grand Premier Cru 2002 : un autre riesling tout a fait honorable, minéral et fruité à souhait, mais un peu léger en bouche. Sympa à boire frais, sans défaut.


Caves Schumacher-Lethal, Wormeldange, Wormeldange Weinbour, Grand Premier Cru 2002 : Le nez se montre cette fois plus intéressant, avec des notes fumées et poivrées. La bouche se montre vive avec pas mal d’amertume en finale.


Caves Pundel-Siebenaler, Wormeldange, Nossbaam, Grand Premier Cru 2002 : Le nez est floral et très mur, avec des notes de miel. La bouche est ronde avec un léger moelleux, vive et minérale en milieu de bouche, puis retrouve une forte amertume en finale. Un style proche de certains Alsace 2002 (Brand de Josmeyer ou Sommerberg de Boxler par exemple) qui demande un peu de temps avant d’atteindre son équilibre.


Domaine Mme Aly Duhr et Fils, Ahn, Nussbaum, Grand Premier Cru 2002 : Le nez est encore marqué par des notes d’élevage avec des arômes d’asperge et d’artichaut, mais développe déjà des nuances de fruits blancs. La bouche est souple avec une bonne maturité. On a encore un style un peu lacté du à la jeunesse du vin, mais on est proche du style alsacien qu’on peut trouver chez Lucien Albrecht ou Louis Sipp.


Domaine Mme Aly Duhr et Fils, Ahn, Palmberg, Grand Premier Cru 2002 : Le style est le même que le vin précédent,  avec un surcroît de maturité : les fruits jaunes sont très présents au nez, et le moelleux en bouche est bien perceptible.


Domaine Häremillen, Ehnen, Ahner Palmberg, Grand Premier Cru 2002 : cette fois ci le nez est carrément botrytisé, avec des notes de miel et de rhubarbe. Pourtant la bouche est vive et minérale citronnée, avec de la densité. Un vin très riche sur ce qui est probablement un des meilleurs terroirs du Luxembourg (le Palmberg à Ahn).


Caves Albert Berna, Ahn, Palmberg, Grand Premier Cru 2002 : Le nez se montre moins surmaturé, plus mentholé et fumé. La bouche est minérale et sèche, avec beaucoup de finesse.  Avec les domaines Duhr et Häremillen, on est assurément dans le haut du panier de la production du pays.


Caves Albert Berna, Ahn, Göllebour, Grand Premier Cru 2002 : Le nez se fait plus discret, avec quelques agrumes. La bouche est très citronnée, avec une acidité presque piquante que recouvre un moelleux bien présente. L’impression générale est moyenne même si le potentiel semble là. A regoûter dans quelques années.


Caves Krier Frères, Remich, Riesling Suprême, Remerschen Jongeberg, Grand Premier Cru 2002 : La forme de la bouteille abandonne la flûte du Rhin pour prendre de l’embonpoint dans un style bourguignon, manière d’annoncer le caractère extraordinaire de ce vin. La robe est assez foncée, le nez marqué par des fruits jaunes et du citron confit. La bouche est dense et riche, acidulée avec un peu de sucre, la finale se montre légèrement épicée.  Un style très alsacien, et un de mes vins préférés de la série.


Domaine du Clos des Rochers, Grevenmacher, Domaine et Tradition 2002 : le nez est marqué par des notes de houblon et de citron. La bouche est sèche et acidulée, avec une amertume qui rappelle le pamplemousse.


Pinot Noir


Très peu de pinot noir à Luxembourg, et beaucoup de cuvées vinifiées en rosé. Le pinot noir alsacien sous toutes ses formes remplit les gondoles dans les supermarchés et marche très fort. Notre tentative de goûter une bonne production locale se solde malheureusement par un échec. Gageons que 2003 aura su donner quelques beaux flacons avec ce cépage, à l’image de l’Alsace.


Caves Albert Berna, Ahn, Blanc de Noir, Pietert 2002 : le vin est malheureusement bouchonné.


Muscat Ottonel


En dehors des cépages traditionnels, riesling/pinot blanc/auxerrois, le Muscat Ottonel rappelle la proximité avec l’Allemagne et l’Autriche. Rarement vinifié seul en Alsace, il fait des vins particulièrement parfumés. Terminer sur un vin de Charles Decker est en outre un grand plaisir !


Domaine Charles Decker, Remerschen, Kreitzberg, Grand Premier Cru 2002 : le nez est très muscaté avec des arômes d’amande, de kirsch, d’eau de vie. La bouche est assez mûre et florale, avec des arômes intenses de Jasmin . Un léger moelleux vient adoucir le milieu de bouche et annoncer une longue finale très parfumée. Une belle manière de terminer la dégustation.


Thierry Meyer