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Bu et approuvé : de 2011 à 1949, le Top-10 des plus grands vins hors Alsace bus en 2013

Sans compter les vins de fête qui vont permettre de conclure l’année en beauté, retour sur les bouteilles débouchées et dégustées à table les plus marquantes de l’année 2013.
Dans mon échelle de perception, 38 vins ont obtenu la mention « Excellent » , qui signe les vins dont on parle encore longtemps les avoir dégustés, dont 19 vins d’Alsace et 19 hors Alsace : curieuse coïncidence des chiffres.

J’ai choisi d’en parler de 10 hors Alsace particulièrement marquants, et au risque d’enfoncer dans  la plupart des cas des portes ouvertes,  je constate que face à quelques grands classiques au firmament d’autres cuvées ont su m’impressionner à un niveau similaire. Bordeaux, Bourgogne, Rhône, Provence, Jura, Savoie, Allemagne, les grands vins se trouvent partout, pour peu qu’on cherche à découvrir, et qu’on ait l’occasion de découvrir certains vins à l’aveugle.

Les 10 vins classés par appellation

  • Arbois Chardonnay Les Corvées sous Curon 2005 – Domaine de la Tournelle 
  • Bandol 1990 – Château de Pibarnon 
  • Château Chalon 2000 – Domaine Macle
  • Côte Rôtie La Turque 2002 – E. Guigal
  • La Tâche 2002 – Domaine de la Romanée Conti 
  • Meursault 1er Cru Les Bouchères 2010 – Domaine Buisson-Charles
  • Mosel 2011 Eitelsbacher Kartäuserhofberg GG Riesling Trocken – Weingut Kartäuserhof (Allemagne)
  • Pauillac 1986 – Château Pichon Comtesse de Lalande
  • Vin de Savoie Mondeuse 2009 – Domaines de Vens le Haut
  • Volnay Caillerets 1949 – Poulet Père et Fils

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Arbois Chardonnay Les Corvées sous Curon 2005 – Domaine de la Tournelle : Les grands vins du Jura sont souvent difficiles à appréhender, car en dehors du goût de jaune, on cherche à les faire ressembler à leurs voisins bourguignons. Pourtant, leur style souvent particulier ne fait que refléter leur terroir composé de marnes complexes parfois très argileuses. Issu de chardonnay récolté mûr et élevé 30 mois sur lies fines, avec ouillage des fûts, voilà un vin abouti qui reflète un des plus grands terroirs d’Arbois. Un vin comme je les aime, mur et abouti, légèrement surmûri au nez comme souvent en 2005 avec des arômes de fruits à chair blanche compotés, une pointe de cardamome et d’épices douces. Onctueux et sec en bouche avec du gras, le vin se montre puissant mais fin et élégant. Longue finale onctueuse. Ne cherchez pas le caractère oxydatif, ni un style bourguignon, on est ici à Arbois, et voilà un très grand vin qui part pour une grande garde complémentaire mais qui s’apprécie sans problème dès à présent. Excellent

Bandol 1990 – Château de Pibarnon : bouchon impeccable, long et mouillé au tiers seulement. La robe est profonde et brillante, rouge-noir avec de légers reflets tuilés sur les bords. Un long carafage est encore nécessaire pour faire partir la réduction et laisser apparaître des arômes de petits fruits noirs, de cerise et des notes de fumée/suie. La bouche est tendre, souple en attaque, puis dense et raffinée avec une belle fraîcheur apportée par une combinaison de tanins et d’acidité. La fin de bouche est fine, de bonne longueur et très nette. Je continu de penser à Pauillac et à Château Latour en particulier à chaque fois que je bois ce millésime magnifique. Un flacon de légende pour toute la Provence. Excellent.

Château Chalon 2000 – Domaine Macle : Bien sûr que c’est une belle cuvée… mais ce qui est encore mieux pour découvrir sa qualité c’est de déguster ce vin après une horizontale de vins jaunes du millésime 2000, incluant 3 AOC Côtes du Jura, 2 AOC L’Etoile, 3 AOC Arbois et 3 AOC Chateau Chalons, de styles et de niveau de qualité variables (des Grands Chais à Puffeney, Macle et Tissot). On se rend alors compte de l’équilibre quasi parfait entre l’intensité, la pureté et la complexité des arômes au nez, ainsi que de la densité, de la fraîcheur et de la complexité de la bouche. Une étape préliminaire nécessaire pour comprendre le style des vins de Chateau Chalon, et la grande qualité de son représentant le plus connu. Excellent

Côte Rôtie La Turque 2002 – E. Guigal : en dégustant les grandes cuvées 2002 chez Guigal, en fut et en bouteille, j’ai toujours eu une petite préférence pour la Turque dans ce millésime, ce qui est rare puisque je reste souvent plus enthousiaste pour la Mouline. 6 ans plus tard, le vin se présente à son apogée. La robe est profonde, sombre avec des bords légèrement plus clairs. Le nez est ouvert, fumé et lardé avec une note épicée, sur un registre assez sauvage et peu fruité. L’attaque en bouche est souple, puissante puis acidulée, avec un tanin qui reste discret mais termine légèrement sec. Un cran en dessous des très grands 89, 91, 95 ou autres 99, voilà une Turque qui se montre bien malgré un millésime difficile. Un tour de force. Excellent

La Tâche 2002 – Domaine de la Romanée Conti : servi côte à côte à côté de l’Echezeaux 2002 du domaine, la comparaison est passionnante, et révèle la puissance sauvage de ce cru culte. La robe se montre très sombre, opaque, avec des reflets violacés sur les bords du verre. Le nez est puissant, de bonne intensité, sur un registre épicé et fumé, puis finement torréfié avec un boisé élégant mais encore présent. La bouche est massive, ample et corsée en attaque, puis portée par des tanins un poil rugueux à ce stade, qui lui apportent de la mâche mais donnent également un air rustique au vin. La finale est longue, austère, avec des arômes de réglisse sauvage et d’épices grillées. Si la Romanée Conti joue en finesse et en dentelle, La Tâche joue sur un registre plus musclé. Le vin présente un fort caractère qui ne plaira surement pas aux amateurs de pinot noir, et pour ceux qui auront un jour la chance de la déguster à l’aveugle, il rappellera surement les vins du Languedoc par leur caractère épicé. A garder. Excellent

Meursault 1er Cru Les Bouchères 2010 – Buisson-Charles : un cru ouvert même jeune, qui possède une profondeur et une finesse de grande qualité. Le nez est délicat, parfumé, marqué par des arômes de fleurs blanches, de beurre et un pointe toastée. L’aération apporte un supplément d’élégance, avec des notes de tilleul. La bouche est ample en attaque, pure et de bonne concentration, avec un équilibre porté par la fraîcheur. L’ensemble est très harmonieux et long, avec une pointe de sésame grillé en finale qui souligne une fine réduction. Un grand vin élevé aux petits oignons, qui révèle déjà jeune sa complexité et sa finesse. Bravo Patrick ! Excellent

Mosel 2011 Eitelsbacher Kartäuserhofberg GG Riesling Trocken – Weingut Kartäuserhof (Allemagne) : un des plus beaux rieslings produit par la belle maison de Trèves. Robe pâle, or blanc/argenté, avec une belle brillance. Arômes jeunes et frais très délicats, d’agrumes, de fleur d’oranger, d’abricot frais, de muscat avec une pointe de pierre à fusil. Bouche élégante, cristalline, avec une belle acidité mûre, un équilibre sec et une fine salinité qui allonge la finale. L’équilibre de ce grand cru allemand est proche d’un Alsace (13% d’alcool, sec), mais les schistes de ce cru proposent un caractère aérien et donnent au riesling ses lettres de noblesse comme rarement vin d’Alsace sait faire. Comparaison n’est pas raison, voilà donc un encouragement à tous les alsaciens à aller voir ce qui se passe dans le monde du vin de l’autre côté de la frontière… Excellent

Pauillac 1986 – Château Pichon Comtesse de Lalande : une belle bouteille que j’aime ouvrir pour faire découvrir les charmes d’un grand Bordeaux à maturité, et qui n’a pas déçu ce midi. Le bouchon est bien imbibé aux ¾ mais encore élastique et étanche. La robe est encore dense, profonde sur des nuances café, avec des bords à peine tuilés. Le nez est mûr, mélangeant la fumée, les fruits rouges et noirs et les épices douces, de manière très plaisant sans entrer dans le style parfois austère et les arômes de cèdre de certains Pauillac. La bouche est une caresse, souple en attaque, puis plus ferme, concentrée avec un présence tannique en finale qui accompagne bien la puissance du vin. A pleine maturité, et pour plusieurs dizaines d’années encore, voilà un Grand Pauillac très séduisant dans un style personnel que j’aime beaucoup. Surtout sur une côte de bœuf grillée. Excellent

Vin de Savoie Mondeuse 2009 – Domaines de Vens le Haut : Un vin de couleur pourpre aux reflets violets, sombre et opaque, mais corsé et brillant. Le nez se dévoile lentement, avec des notes de violette, de poivre noir, de mûre et de cassis, puis de réglisse avec des notes subtiles de cerise noire. La bouche est dense et souple en attaque, puis de grande concentration, très élégant avec un jus très présent soutenu par des tanins mûrs bien intégrés. L’ensemble se montre d’une buvabilité remarquable, avec une longue finale sapide. Le bois de l’élevage est complètement intégré à ce stade. Lorsque j’avais dégusté ce vin alors en élevage en barrique au domaine, j’avais été impressionné par sa matière, sa trame fine et dense à la fois. Puis après mise en bouteille, après avoir longuement dégusté les mondeuses du millésime 2009 j’en avais conclu qu’il s’agissait là d’une des meilleures mondeuses produite en Savoie dans ce millésime. Une nouvelle dégustation trois ans après la mise confirme ce jugement sans hésitation. Heureux ceux qui ont pu en acheter à l’époque. Travail à la vigne et en cave très soigné, la seule manière d’aller plus haut est d’améliorer la qualité du terroir, un potentiel dont disposent une poignée de producteurs sur les communes de Chignin, Arbin ou Fréterives. On imagine le résultat s‘ils réalisaient un travail aussi pointu. Excellent.

Volnay Caillerets 1949 – Poulet Père et Fils: Une appellation prestigieuse que les connaisseurs reconnaissent souvent au même niveau que les plus grands crus de la côte de Nuits. Un vin bien conservé coté contenant, même si l’étiquette a fait les frais de la cave humide qui a su si bien préserver le bouchon. La robe est profonde, rubis et tuilée sur les bords, avec de l’éclat. Le nez est parfumé, initialement terreux il s’ouvre à l’aération sur des notes de framboise écrasée, de cerise noire, de pêche avec un pointe de fumée. La bouche est tendre, concentrée, veloutée par la finesse de ses tanins, avec une présence en bouche incroyable. La finale est très longue et portée par les arômes fruités, un style exceptionnel pour ce vin qui fête ses 64 ans. Que la Bourgogne est grande quand ses plus grands terroirs offrent des bouteilles de longue garde dans les grandes années. Un flacon qui rejoint sans peine mon top-10 des plus grands Bourgognes rouges dégustés à ce jour, et il y a peu de Cotes de Beaune dans cette liste…. Est-ce que les Volnay Caillerets 1999 arriveront à ce niveau ? Excellent, voire beaucoup plus.

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