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Vins festifs et cadeaux, faire le bon choix

Vins festifs et cadeaux, faire le bon choix

Le moment des fêtes de fin d‘année est synonyme de belles tables et de repas conviviaux. L’amateur de vin est généralement content car il va pouvoir partager sa passion avec ses proches, de plusieurs manières. Plusieurs questions se posent néanmoins, qui rendent la tâche difficile. Petit tour d’horizon en deux tableaux.



Cadeau pour un amateur, cadeau d’un amateur

C’est certainement la question qui fache le plus. Que doit-on offrir à l’amateur de vin qui passe son année à inviter ses proches pour leur faire découvrir des nouveautés et autres flacons sortis de derrière les fagots ? L’angoisse est souvent là chez les amis qui se demandent si le caviste du coin aura une bouteille assez bonne (pour le budet dont on dispose) pour qu’elle soit appréciée.


A ceux qui me demandent ce qui me ferait plaisir coté vin, je propose trois options. La première consiste à rendre visite à un de mes cavistes préférés et à leur poser la question. L’année dernière ils ont conseillé à un ami un St Joseph rouge 1999 de Jaboulet, qui m’a fait très plaisir. La deuxième option consiste à offrir un vin inhabituel : un vin étranger inconnu, un cépage au nom rigolo (ai-je dit Zibbibo ?), ou encore une cuvée étrange, genre « vin de rhubarbe » produit dans les Vosges. La dernière option consiste tout simplement à offrir à un amateur de vin une bouteille qu’on a soi-même beaucoup apprécié dans l’année, pour partager un flacon . Si les flacons font peur, il reste une alternative vers les accessoires. Tout amateur est toujours en manque de verres INAO (on en consomme beaucoup dans les dégustations comparatives, et il y a de la casse), de drop-stops, de carafes ou de tire-bouchons, même si au bout d’un moment il faut aussi acheter des armoires pour stocker toute cette quincaillerie. Le mieux dans ce cas est de demander à l’amateur ce qu’il a et ce qu’il n’a pas, pour éviter les doublons. Cette dernière remarque concerne aussi les livres et les guides, on sait que la plupart des amateurs sont souvent bien fournis.


L’autre volet des cadeaux est celui que l’amateur offre. Bien sur ce serait tellement facile d’offrir du vin à tout le monde. Ma cave est remplie et cela m’éviterait le casse-tête des achats de Noel ce week-end. Mais d’un autre coté on devient monotone, et comme on casse les pieds à sa famille avec le vin déjà une grande partie de l’année, cela pourrait être vu comme une obsession. D’autant plus qu’on va également déjà fournir une partie des vins de réveillon (voir deuxième partie). J’ai une règle qui consiste à n’offrir que du vin prêt à boire, ce qui exclut les jeunes millésimes de grands vins de garde. Et en général je n’offre que du vin à ceux qui en boivent régulièrement en famille ou entre amis. Sinon le malaise sera que vos amis attendendront votre visite pour vous servir le vin que vous leur avez offert…


Quels vins servir, combien de vins, et quand ?

La problématique des cadeaux étant sous contrôle, vient un autre problème : que va-t-on boire pour les fêtes ? Le dilemme est que l’ambiance se prête à la fête, à la convivialité, au partage, et si la table de recouvre de mets délicats (crustacés, foie-gras, etc…), on se dit que c’est le moment d’ouvrir les grands flacons et on se voit déjà refaire en famille le 25 décembre à midi un remake de ce fameux diner à la Taverne Alsacienne…


La réflexion que je soumets à votre analye est simple : il faut servir les bons vins, au bon moment, en bonne quantité.


Le bon vin, cela signifie un vin qui sera agréable à tout le monde. Parmi les flops dont je ne suis pas très fier, j’ai le souvenir d’un condrieu servi à l’apéritif à des alsaciens qui ne connaissaient pas ce style de vin, ou ce Croze Hermitage 94 servi avec du gibier lors d’un repas de famille, dont l’acidité était trop présente pour les non-habitués. Dans les deux cas les verres sont restés à moitié vide… Il y a aussi ce Clos des Lambrays 99 magnifique de pureté, dont un membre proche de ma famille m’a dit que cela ne valait pas un Bourgogne Clos de la Maréchale (comprenez un vieux bourgogne décharné !). Attention donc aux vins qui demandent un peu d’attention, car justement l’attention ne sera pas toujours au rendez-vous. Des vins faciles d’accès, plaisant sans devoir entrer dans leur complexité pour les apprécier seront les bienvenus. Et si les millésimes sont un peu vieux, cela fera aussi très plaisir.


S’il est possible d’attirer un peu l’attention de la tablée, autant le faire en début de repas. Les non-habitués ont du mal à gouter plus que 3-4 vins différents, et si vous leur sortez le grand jeu au moment du fromage votre grande bouteille risque de passer à coté de la plaque, si ce n’est pour son étiquette. De même, les grands vins liquoreux qui ponctuent le dessert seront d’autant plus plaisant qu’ils sont faciles à boire et que chacun peut en avaler de grandes gorgées sans craintes : cette année chez moi ce sera Gewurztraminer VT 2000, et non Riesling SGN 76 ! Et pour les bulles on trouvera un très bon crémant gouleyant, ce qui permettra de claquer plusieurs cartons de 6 passé les 12 coups de minuit…


N’hésitez pas à partager vos bonnes (et moins bonnes) expériences ! Le résultat est facile à déterminer, plutôt que de demander des commentaires à vos proches (qui ont une tendance naturelle à trouver fabuleux tout ce que vous leur servez), regardez plutôt la vitesse à laquelle les verres se vident. Et bonnes fêtes de fin d’année


(C) Thierry Meyer