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Zind-Humbrecht 2008 : Les notes du domaine

Les notes d'Olivier Humbrecht sur les vins produits en 2008 sont une nouvelle fois très détaillées et permettent d'en savoir beaucoup sur le profil du millésime, que ce soti sur le secteur de Turckheim, mais aussi sur Hunawihr, Gueberschwihr et Thann. d'année en année, le domaine affine ses dates de récolte et ses vinifications tout en gérant la plus précisément possible la maturation physiologique des raisins. Comme en 2007 les rieslings sont de nouveau majoritairement secs, mais certains pinots gris et gewurtraminers offrent des profils tout aussi secs. Les degrés d'alcool sont souvent redescendu à des niveaux plus courants en Alsace, et les meilleurs terroirs ont donné des vins d'anthologie comme en 2007. Thierry Meyer

Le millésime 2008
Domaine Zind-Humbrecht
(read the english notes here)
(notes Olivier Humbrecht)

L’an dernier, il m’était très difficile de comparer le millésime 2007 avec une année antérieure. En 2008 c’est chose facile car en fait 2008 et 2007 ont une grande similarité, si ce n’est le fait qu’à partir de la floraison tout est décalé 15 jours plus tard pour 2008.

Comme 2007 n’était pas une année stressante pour les vignes, nous savions déjà que 2008 devait débuter normalement sans vigueur excessive ou faiblesse qui aurait pu entraîner une sortie de raisin anormale. L’hiver était suffisamment froid pour permettre une bonne restructuration des sols et le débourrement mi-avril était donc considéré comme normal. La croissance fut régulière en mai et une climatologie favorable et chaude engageait une belle floraison qui débuta début juin dans les terroirs précoces (Brand et Herrenweg) où elle fut vite achevée. La seconde semaine de juin le temps devint plus froid et pluvieux et les terroirs tardifs (Rangen, Clos Windsbuhl et Gueberschwihr surtout) ont alors étalé la fin de floraison jusque vers le 20/25 juin. Seul le cépage Muscat Ottonel avait souffert de coulure importante, les autres cépages présentaient une récolte normale…

A partir de la fin de floraison, le temps fut chaud et sec jusqu’à fin juillet/début août où il y eut une période à nouveau pluvieuse et plus froide, créant quelques problèmes culturaux et craintes de maladies. La plupart des vignerons en bio-dynamie ont l’habitude de devoir intervenir rapidement dans leurs vignes avec des outils légers, surtout après des pluies. Les sols sont donc souvent préparés de sorte qu’ils peuvent supporter le passage de microtracteurs grâce à des enherbements naturels. Le tassement des sols peut être un grand souci, aussi le type d’engin utilisé sera préférentiellement léger et sur chenilles. Intervenir fréquemment après des pluies n’est donc pas un problème insurmontable.
Les vignes réagirent à la pluviométrie importante en accroissant leur vigueur et cela eut pour conséquence de retarder l’arrêt végétatif et d’étaler beaucoup plus la véraison. Le début des vendanges était alors encore difficile à prévoir mais il était certain qu’elles seraient étalées à cause des conditions de floraison et véraison. Des vignes vigoureuses en été sont plus sensibles au botrytis et surtout retardent la maturation phénolique des baies. A nouveau, le risque est une grande hétérogénéité de maturation entre raisins.
Plus que les millésimes précédents, nous avons pu constater que l’important travail de gestion du palissage avec le non rognage (à l’exception de quelques jeunes vignes) permettait de mieux réguler la croissance de la vigne et évitait qu’elle ne reste en mode croissance trop longtemps. Plus l’arrêt de croissance est obtenu tôt (chute du bourgeon terminal), plus les maturités physiologiques sont précoces et homogènes. Le non rognage et donc une plus grande compétition entre les raisins et les parties vertes de la vigne en juillet provoque aussi une croissance plus faible des raisins qui restent plus petit et accentue les phénomènes de coulure (moins de baies par grappe). L’effet final est une réduction des rendements de l’ordre de 30%, mais un surcroît de travail dans le vignoble en juillet qui est conséquent, car il faut alors re-palisser manuellement plusieurs fois les vignes.

A partir de la fin août, le climat était redevenu sec. Septembre fut sec (à l’exception d’une grosse pluie le 13 septembre sans conséquence grave) et froid, parfois très froid. Octobre vit le retour à un superbe temps sec et chaud le jour, avec des nuits froides. Le retour à la pluie eut lieu à partir du 23 octobre, mais nous avions alors fini les vendanges.

Le temps frais de fin de saison est responsable de niveaux d’acidité importants dans les vins de 2008. La belle arrière saison avait aussi permis une bonne maturation technique (sucres) et physiologique (tanins). Les vendanges ont débuté le 23 septembre pour finir le 22 octobre.

Les sols légers et précoces comme le Herrenweg furent récoltés tôt car ils ont la capacité de mûrir les raisins plus vite mais aussi parce que la floraison fut achevée début juin. Le Rangen et le Clos Windsbuhl furent les deux derniers vignobles à être récoltés. Les Riesling ont été récoltés avant le départ de la pourriture noble début octobre et seul le Brand (avec une SGN) était sensiblement botrytisé. Pinot Gris et Gewurztraminer ont généralement vu le développement de pourriture noble, mais des tries de raisins sains ont permis de bien séparer les deux styles de vin pour le Pinot Gris. Les Gewurztraminer étaient tous récoltés très riches avec pourriture noble. Il n’est donc pas surprenant de voir beaucoup de Sélections de Grains Nobles et peu de Vendanges Tardives.

Tous les vins de 2008 sont marqués par une superbe acidité et des pH très bas qui rehaussent encore l’action de l’acidité. Une culture intelligente de la vigne aura permis l’obtention d’équilibres tartrique/malique corrects, ce qui est toujours le signe des grands vins. Les 2008 sont tous bâtis pour un vieillissement optimal et pour beaucoup d’entre eux, ont fermenté très longtemps.

Le rendement moyen est de 44 hl/ha (48 hl/ha pour l’AOC Alsace et 32hl/ha pour les Grands Crus) et comme les années précédentes, tous nos vignobles ont été cultivés en bio-dynamie.

2008 devrait produire des vins équilibrés et au potentiel de vieillissement exceptionnel.

Indice: Niveau de sucrosité au palais. Cette note essaye de combiner les sucres résiduels, l’alcool, l’acidité et la structure générale du vin pour mieux en comprendre son style. Il est clair que cette perception peut varier d’une personne à l’autre et cet indice n’est là que pour éviter d’éventuelles erreurs de service du vin. Echelle de 1 à 5 :

  • 1 : vin techniquement sec ou se goûtant sec.
  • 2 : pas techniquement sec, mais les sucres ne sont pas apparents de façon évidente au palais. Certains dégustateurs peuvent trouver une légère rondeur en fin de bouche. Ces vins se goûteront sec avec un certain vieillissement en bouteille.
  • 3 : sucrosité moyenne, plus importante dans la jeunesse du vin, qui s’estompera progressivement avec l’âge.
  • 4 : vin moelleux.
  • 5 : Vin moelleux, très proche d’une vendange tardive.

Alc : alcool acquis en fin de fermentation, SR : sucres résiduels. H2SO4 : acidité totale exprimée en acide sufurique
 
Pinot Blanc 2008

Mise en bouteille : 2/2010,  Alcool acquis : 13.7°, SR : 7.5 g/l, 4.6 g/l H2SO4, pH: 3.3; Rendement 80 hl/ha, Optimum de dégustation: 2010-2015, Age moyen des vignes: 33 ans, Surface: 1.3 ha, Terroir: calcaire et graves, Indice 1.
Pinot Blanc ! Pas d’inquiétude, c’est en fait notre Pinot d’Alsace en assemblage classique d’Auxerrois (70%) et Pinot Blanc (30%) qui proviennent du Herrenweg et Rotenberg, donc à part égale de calcaire et sols de graves. La législation Alsacienne autorise de nommer ces cépages des deux façons. Nous avons opté pour Pinot Blanc après avoir fait le triste constat que Pinot Blanc était plus facile à comprendre par nos clients. Le 2008 fut récolté parfaitement sain et avec une très belle maturité et acidité, bien supérieures à la normale. La décision d’assembler ces deux terroirs était à nouveau justifiée, mais en 2008, c’est le Herrenweg, d’habitude en manque d’acidité, qui avait pu tempéré l’acidité trop fougueuse du Rotenberg.
2/2010 : jolie couleur tirant sur l’or. Le nez est immédiat, très ouvert à ce stade et agréable et dévoile de jolis arômes fruités. Le palais est long et riche pour ce style de vin. La petite présence de sucres résiduels est très bien intégrée dans la structure du vin et l’acidité vive des 2008 joue son rôle d’équilibre. C’est un Pinot Blanc ayant une structure sérieuse et assez puissante.

Clos Windsbuhl 2008

Mise en bouteille : 9/ 2008, Alcool acquis 13°, SR: <2 g/l, 5.4 g/l H2SO4, pH: 3.1; Rendement : 35 hl/ha, Optimum de dégustation 2010-2020, Age moyen des vignes : 19 ans, Terroir : calcaire muchelkalk, Indice 1.
Après le succès du millésime 2007 et le fait qu’en 2008 les raisins de Chardonnay du Clos Windsbuhl présentaient une superbe maturité et parfait état sanitaire, nous avions décidé de refaire quelques pièces de ce vin. Le sol calcaire du Windsbuhl est capable de donner l’acidité et la minéralité nécessaire pour obtenir des vins de grande finesse dans ce cépage. Comme les années précédentes, la fermentation et l’élevage ont eu lieu dans des pièces de 225l ayant déjà eu quelques vins. N’ayant subi aucun pompage, soutirage, il resta 12 mois sur les lies de fermentation. Seule une très petite addition de SO2 a été faite au moment de la mise en bouteille. Un sédiment important est possible et il est donc recommandé de garder la bouteille debout un certain temps avant de la décanter pour le service.
2/2010 : ce Windsbuhl démontre le potentiel du millésime 2008 à produire des vin secs, vivaces et purs. Le nez est déjà très aromatique et s’ouvre sur des arômes de fruits blanc avec un peu de temps. L’attaque en bouche est vive et très sec, mais la maturité des acides évite au vin d’avoir un style herbacé. Le palais peut paraître strict, mais c’est la typicité de ce grand terroir de produire des vins pointus.

Zind 2008

Mise en bouteille : 9/ 2009, Alcool acquis 12.6°, SR: 7.5 g/l, 4.6 g/l H2SO4, pH: 3.3; Rendement : 59 hl/ha, Optimum de dégustation 2010-2018, Age moyen des vignes : 19 ans, Surface : 2 ha, Terroir : calcaire muchelkalk, Indice 1.
Le Zind fut créé en 2001 suite au refus de classement du Chardonnay en AOC Alsace et nous avions donc l’obligation de déclasser ce vin en Vin de Table si nous voulions continuer à le produire. Le fait de perdre Alsace sur l’étiquette nous donne en fait une certaine liberté de vinification et de choix de cépages. A partir de 2004, alors que les vignes avaient 15 ans, nous décidions de produire le Zind uniquement à partir de nos raisins d’Auxerrois et Chardonnay du Clos Windsbuhl. La proportion de Chardonnay grimpait alors à 65% environ. Le 2008 fut récolté à une maturité idéale, produisant un vin équilibré en acidité et richesse. Les raisins étaient très sains et l’évolution lente de la maturité en septembre rendait cette recherche aisée. En 2008, nous avions du réformer l’un de nos grand foudre pour le remplacer par un neuf (82hl). Le choix du premier vin qui devra donc étrenner ce fut neuf était évident ! Ces cépages peuvent intégrer une petite dose de bois neuf (un grand foudre est beaucoup moins marquant car moins de surface pour un plus grand volume et moins de brûlage). En finale, 75% du Zind 2008 a donc fermenté et été élevé dans ce foudre.
2/2010 : l’influence du foudre est très délicate et pratiquement imperceptible pour le dégustateur qui n’en est pas averti. Il y a symbiose entre les arômes naturellement grillés, beurrés et amande de ce vin avec le caractère légèrement vanillé du foudre. La structure de bouche est précise et fine grâce à une acidité équilibrante. La sensation de minéralité est plus forte en finale et les quelques sucres résiduels sont très bien intégrés.

Muscat Herrenweg de Turckheim 2008

Mise en bouteille : 2/2010, Alcool acquis 14.1°, SR: 11 g/l, 6.3 g/l H2SO4, pH: 3.2; Rendement 33 hl/ha, Optimum de dégustation : 2012-2023, Age moyen des vignes : 29 ans, Surface : 0.65 ha, Terroir : Graves du quaternaire, 80% Muscat d’Alsace et 20% Ottonel. Indice 2.
Il y a quelques années nous avions commencé à planter le cépage Muscat d’Alsace dans le vignoble du Herrenweg à partir de sélections massales issues de nos vieilles vignes. Petit à petit, le Muscat Ottonel devient moins important car nous pensons qu’il est de moins en moins adapté aux conditions climatiques actuelles. Le Herrenweg bénéficie d’un climat chaud et précoce à Turckheim. Le Muscat d’Alsace supporte bien les sols limono graveleux, très drainant, même en condition de sécheresse et est toujours capable de conserver une acidité suffisante à l’équilibre des vins. Ceci est flagrant en 2008 ! Un temps maussade et froid durant la floraison a provoqué un peu de coulure, réduisant les volumes et accroissant le potentiel de maturité. La fermentation fut très lente et malgré une importante acidité, il ne resta que peu de sucres résiduels à la fin.
2/2010: le nez est profond et très aromatique. Ce n’est pas un Muscat aux aromes variétaux violents, mais le nez suggère une forte maturité en dévoilant beaucoup de fruit. Le palais est riche et puissant, mais avant que l’alcool ou les sucres résiduels puissent se manifester, l’acidité prend le relais pour équilibrer le tout. Finale longue et intense, presque épicée.

Muscat Grand Cru Goldert 2008

Mise en bouteille : 2/2010; Alcool acquis : 13.7° ; SR: 2.7 g/l ; 4.7 g/l H2SO4, pH: 3.3; Rendement : 39 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2012-2023+ ; Age moyen des vignes : 21 ans ; Surface : 0.36 ha, Terroir : calcaire oolithique exposé est, 90 % Muscat d’Alsace, 10 % Ottonel. Indice 1
Le Grand Cru du Goldert a toujours eu une grande réputation pour ses vins de Muscat, surtout pour le traditionnel Muscat d’Alsace à petits grains. Il est certes plus difficile à mûrir correctement, mais est capable de produire des vins ayant une belle structure acide et donc un meilleur potentiel de vieillissement. Une bonne maturité est nécessaire pour exprimer le potentiel du terroir et diminuer le caractère variétal, souvent dominant pour ce genre de vin, mais cela implique aussi un style de vin souvent moelleux. Le Goldert 2008 a été récolté bien mur, avec une belle acidité, et malgré une fermentation très lente, a quand même réussi à fermenter jusqu’au bout. C’est un équilibre peu fréquent et permettant au cru de s’exprimer pleinement.
2/2010: il n’y a aucun doute sur l’origine du cépage au nez. Tous les aromes typiques de ce cépage sont bien présents mais joliment atténués par la forte influence de ce terroir calcaire qui apporte une note minérale. Le palais est vibrant, sec et très long. C’est un vin qui vieillira bien et qui devrait aussi permettre des alliances gastronomiques originales et intéressantes.

Riesling 2008

Mise en bouteille : 2/2010 ; Alcool acquis : 12.5° ; Sucres résiduels : 6 g/l ; 5.3 g/l H2SO4, pH: 3.1; Rendement: 85 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2010-2018 ; Age moyen des vignes: 29 ans ; Surface: 1.2 ha ; Terroir: graves du quaternaire, marnes, calcaire; Indice 1
Septembre 2008 était chaud et sec, mais avec des nuits assez fraîches. L’ensemble des Riesling a pu mûrir pendant une longue période et il ne fallait pas chercher à les récolter trop précocement. Les raisins étaient sains et possédaient des fortes acidités, pH faibles et une bonne maturité phénolique. Les vins sont souvent secs, nerveux et racés avec une belle minéralité. Ce riesling est principalement issu de sols graveleux situés dans le Herrenweg avec un complément de quelques parcelles situées sur sols marno-calcaire. C’est un vin qui est délibérément récolté sans surmaturité pour rechercher une belle tension en bouche et un fruité délicat. Toutefois, si bu dans quelques années, il pourra développer une jolie minéralité discrète. La fermentation fut très lente, malgré un état sanitaire favorable et une maturité raisonnable, mais les levures indigènes réussirent quand même à fermenter les sucres.
11/2008: encore sur lies fines, mais dévoile déjà une structure vibrante et des aromes très types Riesling de Pierre mouillée et une jolie minéralité. Le palais est délicat et élégant, fini sec sur une acidité rafraîchissante.
2/2010: après la mise en bouteille, ce vin s’ouvre progressivement et dévoile aussi quelques arômes d’agrumes en plus de sa minéralité. Le long contact des lies aura bien sur marqué ce vin qui devra encore un peu attendre pour se dévoiler.

Riesling Terroir d’Alsace 2008

Mise en bouteille : 2/2010 ; Alcool acquis : 12.8° ; Sucres résiduels : 4g/l ; 5.3 g/l H2SO4, pH: 3.0; Rendement: 50 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2010-2023 ; Age moyen des vignes: 25 ans ; Surface: 0.75 ha ; Terroir: granite, marnes; Indice 1
Ce vin, qui reçoit une nouvelle étiquette – chose rare sur le domaine -, est issu de parcelles situées sur le terroir granitique du Brand et d’une parcelle juste en dessous du Clos Jebsal sur terroir de graves et marnes. Nous cherchons à produire un vin qui soit simple à comprendre pour nos clients qui cherchent un Riesling d’Alsace classique en restauration, sans surprises. Je suppose que dans ce cadre, le Riesling doit être facile à associer avec des mets et doit aussi bien représenter la personnalité de la région Alsace. C’est pourquoi nous avons opté pour une présentation classique et simple. Le style des vins n’est souvent pas connu à l’avance et c’est sans doute une raison qui fait que de nombreuses personnes hésitent à commander un Riesling classique sur une carte des vins. Ici, nous voulons un message clair. Ce vin ne sera disponible qu’en restauration et en France.
2/2010: le niveau de maturité, l’absence de botrytis et une fermentation régulière ont concouru à produire ce Riesling sec. La dominante granite explique un fruité et un nez déjà ouvert. L’acidité vivace équilibre la maturité des raisins dans un style caractéristique des vins de 2008. La finale est moyennement longue et se caractérise par une acidité savoureuse donnant beaucoup de fraîcheur. L’élevage long sur lie apporte une belle touche saline et minérale.

Riesling Gueberschwihr 2008

Mise : 2/2010; Alcool acquis : 12.7° ; Sucres résiduels: 9.2 g/l ; 4.5 g/l H2SO4, pH: 3.0; Rendement 47 hl/ha ; Optimum dégustation: 2012-2020 ; Age du vignoble : 34 ans ; Surface : 1.05 ha ; Terroir : Argilo-Calcaro-Siliceux, exposé est et sud. Faible pente ; Indice 1
Gueberschwihr est un village situé à 10km au sud de Colmar. Le climat y est plus tardif et moins chaud et la majorité des vignes du village sont situées sur des sols argilo-calcaires. Le meilleur terroir du village est le Grand Cru Goldert, où les cépages Gewurztraminer et Muscat d’Alsace y ont acquis une grande notoriété. Les terroirs environnants, à l’origine de ce vin, sont un peu moins chaud et produisent des vins ayant une acidité vivace et des arômes minéraux, évoluant vers le fameux ‘goût de pétrole’ après un certain nombre d’années de vieillissement. Les raisins ayant produit ce vin ont mis un peu plus longtemps que d’habitude à atteindre leur maturité idéale pour être finalement récoltés très sains, avec une forte acidité et pH faible. Un pH faible augmente la sensation acide sur le palais. Dans un millésime classique, les pH de riesling vont varier entre 3.3 et 3.5, alors qu’en 2008 ils étaient inférieurs à 3.2 ! C’est un des vins qui a fermenté le plus lentement en 2008 et n’avait fini qu’après beaucoup de 2009.
2/2010: le nez est marqué par des arômes de pierre et une forte minéralité au nez rehaussée par des arômes d’agrumes. Le palais est vif à l’attaque et très nerveux, mais développe une belle concentration. Les sucres résiduels sont vraiment cachés par la structure du vin et le classement en indice 1 est justifié. C’est bien sur un vin de village qui devrait très bien vieillir.

Riesling Turckheim 2008 Lot 14T

Mise en bouteille : 2/2010 ; Alcool acquis : 13° ; Sucres résiduels : 19g/l ; 6.6 g/l H2SO4, pH: 2.9; Rendement: 45 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2012-2023 ; Age moyen des vignes: 25 ans ; Surface: 0.2 ha ; Terroir: granite, Indice 2
En 2008 nous avons produit deux lots de Riesling Turckheim, un peu contre notre volonté, car ils auraient du être assemblés ensemble au départ, mais pour des raisons de volume et de disponibilité de foudres, nous avions du mettre ce lot dans deux foudres différents. La fermentation était très différente (le lot 14T n’ayant pas fait de malo-lactique) et nous n’avons pas pu les assembler ! Les raisins proviennent du Brand à Turckheim et ont certainement le caractère et la richesse digne de ce terroir, mais pas comme les plus vieilles vignes… La fermentation fut un peu plus rapide pour ce lot qui a conservé une forte acidité et est issu de raisins très mûrs.
2/2010: il n’y a aucun doute au nez sur l’origine de ces raisins: il possède beaucoup de fruit et des arômes déjà très ouverts (tilleul, acacia, fruits blancs), caractéristiques des sols granitiques. Avec un peu d’aération, la présence minérale se fait sentir. Le palais est intense, riche, assez puissant pour un Riesling, et les sucres résiduels, qui peuvent paraître importants, sont en fait bien cachés par une très forte acidité. La finale est donc fraîche et vive.

Riesling Turckheim 2008 Lot 14B

Mise en bouteille : 2/2010 ; Alcool acquis : 13.1° ; Sucres résiduels : 22g/l ; 4.5 g/l H2SO4, pH: 3.1; Rendement: 45 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2010-2023 ; Age moyen des vignes: 25 ans ; Surface: 0.9 ha ; Terroir: granite, Indice 3
Ce deuxième lot de Riesling Turckheim à en fait la même la même origine que le lot 14T. Il est issu du terroir précoce granitique du Brand. Les conditions climatiques dans le Brand en 2008 étaient favorables à une forte progression de la maturité et au développement d’une petite présence de pourriture noble. Cela a affecté la cinétique de fermentation (très lente) et aussi la quantité de sucres résiduels qui était plus élevée que dans les autres vins de 2008 pour ce cépage. Ce phénomène n’était marquant que dans le Brand, et pas dans les autres terroirs de Riesling sur le domaine.
2/2010: le nez est très aromatique et expressif. L’influence modérée de la pourriture noble est flagrante au nez : en plus de la minéralité classique du Riesling, se rajoute des arômes de fruits mûrs, miel… Le palais est rond, onctueux, mais sans être grossièrement doux. Pour certains, l’indice 3 peut paraître injustifié, car la finale est très nette. Le profil très aromatique de ce vin participe aussi à la sensation de fausse douceur. C’est un vin de plaisir !

Riesling Herrenweg de Turckheim 2008

Mise en bouteille : 2/2010 ; Alcool acquis : 13° ; Sucres résiduels : 6.8 g/l ; 5.7 g/l H2SO4, pH: 3.0; Rendement: 59 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2010-2026 ; Age moyen des vignes : 33 ans ; Surface : 1.9 ha; Terroir : graves  quaternaires ; Indice 1.
Les sols précoces et chauds du Herrenweg sont souvent beaucoup plus à l’aise lorsque l’été est frais et que la pluviométrie est un peu plus abondante. C’est exactement ce qui s’est passé en 2008. La véraison (moment où les raisins changent de couleur en été) était finie alors que l’été était encore très frais. Les températures ont alors augmenté graduellement et la maturation a pu se faire sous d’excellentes conditions tout en préservant un potentiel acide important et sans pourriture. Quel que soit le cépage, c’est le Herrenweg qui était toujours vendangé en premier et très mûr. Le fait de ne pas être obligé d’attendre pour récolter permet aussi de préserver une partie du potentiel acide important pour ce vignoble. Comme beaucoup de Riesling en 2008, le Herrenweg fermenta pendant 12 mois pour descendre à un niveau relativement sec.
2/2010: le nez dévoile déjà très tôt une expression florale ouverte avec une touche de minéralité presque surprenante pour ce terroir. C’est un Herrenweg ayant une structure affirmée et peut être moins extravagant qu’à l’accoutumée. A nouveau, la culture bio-dynamique doit permettre une activité dans le sol favorisant la minéralité des vins, même dans les terroirs les moins marquants. Le palais est ferme grâce à une acidité bien mûre. C’est un vin qui sera délicieux dans quelques mois/années.

Riesling Clos Häuserer 2008

Mise en bouteille:2/2010, Alcool acquis : 12.8°; Sucres résiduels: 7.3 g/l ; 5.8 g/l H2SO4, pH: 3.1, Rendement: 54 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2013-2028+ ; Vignoble planté en 1973. 100% Riesling ; Surface : 1.2 ha ; Terroir : Marnes calcaires de l’oligocène. Coluvium de pente. Exposé est, très faible pente. Indice 1.
Le Clos Häuserer est situé au pied du Grand Cru Hengst dans une cuvette formant un coluvium de pente. Si les deux vignobles se partagent le même substrat géologique, le Clos Häuserer est recouvert d’une couche de marnes calcaire beaucoup plus épaisse allant de 60cm à 1.2m. Etant plus plat, il bénéficie aussi de moins d’ensoleillement ce qui augmente le temps nécessaire pour obtenir une maturité optimale. Les marnes, très riches, peuvent provoquer un surcroît de vigueur lorsque la vigne est encore jeune ou dans les millésimes très humides, ce qui aurait pu être un problème ici si nous ne labourions pas les sols et ne laissions pas une importante couverture végétative avant les vendanges. Lorsque le problème de pourriture est écarté, il est aisé de récolter le Clos Häuserer très sain et à un niveau de richesse qui lui permet de fermenter assez sec. La fermentation fut très régulière en 2008 sans être à aucun moment interrompue et finissant donc à un équilibre gustatif sec. Ce terroir à la capacité de conserver des belles acidités et donc a un grand potentiel de garde.
2/2010: le nez est très profond et complexe, pas vraiment intense mais plutôt minéral et envoûtant. La puissance minérale de vin s’exprime au nez et au palais avec force, dévoilant des arômes de pierres mouillées, d’agrumes, de fruits… Le palais est vif et racé. Ce n’est pas un vin facile mais qui arrive à conquérir les amateurs de minéralité dans le Riesling. Il donne une sensation de puissance discrète en provoquant une belle salivation, marque des beaux terroirs.

Riesling Heimbourg 2008

Mise en bouteille:9/2009; Alcool acquis : 13.4°; Sucres résiduels 14.4 g/l;  5.7 g/l H2SO4, pH: 3.1 ; Rendement : 41 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2010-2022+; Planté en 1994 ; Surface : 1.06 ha ; Terroir : Calcaire oligocène, exposé sud sud-ouest, très forte pente. ; Indice 2
Année après année, ce terroir affirme son potentiel à produire des Riesling intenses et puissants. Ce vin est rarement vraiment sec
, mais a toujours une acidité qui lui permet de bien vieillir et éventuellement de digérer sa puissance. Il se cache aussi derrière une expression aromatique très fruitée et intense. Le Riesling est planté dans la partie la plus raide du Heimbourg, exposée au sud sud-ouest. C’est un petit lieu-dit de seulement 9ha où nous cultivons 4.5ha. Il y a malgré toutes trois zones distinctes sur cette petite colline qui affectionnent chacune un cépage différent. Le sol marno-calcaire, plutôt fin sur la partie pentue, donne beaucoup de structure au vin. L’ensoleillement optimal ainsi que le climat chaud et précoce de Turckheim expliquent les maturations importantes obtenues dans ce terroir et donc le style plus riche des vins. Ce vin était paradoxalement le plus rapide à fermenter en 2008 et fut le seul à être mis en bouteille déjà en 2009.
2/2010: dans le cadre d’un millésime très minéral, le nez est déjà intense et fruité avec une trame typique de terroir argilo-calcaire. 6 mois en bouteille ont donné à ce vin une avance dans l’ouverture des arômes. Le palais est généreux sans pour autant être lourd, car bien au contraire, l’acidité est vive et bien présente. Le calcaire se manifeste bien en finale en resserrant le vin autour d’une expression minérale complexe très vivante et énergique.

Riesling Clos Windsbuhl 2008

Mise en bouteille: 2/2010; Alcool acquis : 12.7°; Sucre résiduel: 9 g/l ; .5.2 g/l H2SO4, pH: 3.0; Rendement : 45hl/ha ; Optimum de dégustation: 2014-2030+; Age moyen des vignes : 34 ans ; Surface : 0.9 ha ; Terroir : Calcaire Muschelkalk exposé sud, sud-est. Indice 1
Le Clos Windsbuhl, situé au dessus du village de Hunawihr, bénéficie de conditions climatiques favorisant des maturités tardives – phénomène accentué par la composition du sol en roches calcaires et argiles fines et la proximité du massif Vosgien. Malgré l’exposition idéale variant du sud à l’est, il fallut attendre mi-octobre pour récolter ces raisins. Le Windsbuhl a cette capacité unique à conserver un état sanitaire parfait pour les Riesling jusque très tard sans que l’acidité diminue de trop, ce qui à pour effet de mûrir correctement les peaux et pépins des raisins. La fermentation de ce vin fut très lente et relativement paresseuse ce qui eut pour effet de conserver un peu plus de sucres résiduels. Ce vin fait partie des quelques 2008 qui n’ont jamais été soutirés et ont donc passé 18 mois au contact des lies de fermentation.
2/2010: le nez est typique du Windsbuhl avec des arômes racés et minéraux. Peut être un peu plus ouvert que d’habitude, il dévoile aussi beaucoup d’arômes fruités, ce qui est la marque de vendanges moins précoces. Il est techniquement impossible de sentir des minéraux, mais ce vin possède aussi des arômes qui font beaucoup penser à la pierre et au sol du Windsbuhl. Même l’acidité semble présente au nez sous la forme de fruits acidulés. Le palais est long, enveloppant et délicat, finissant sur une belle acidité, peu agressive mais bien présente. Les quelques sucres résiduels sont bien intégrés dans le corps de la bouche et sont presque nécessaires. Un vin de grande garde !

Riesling Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2008

Mise en bt: 2/2010; Alcool acquis : 13°; Sucres résiduels: 4 g/l ; 4.2 g/l H2SO4, pH: 3.2; Rendement: 30 hl/ha ; Optimum dégustation: 2015-2033+; Age moyen des vignes : 46 ans ; Surface : 2.1 ha ; Terroir : Volcanique (tufs & grauwackes), exposé sud, très forte pente. ; Indice 1.
Le Rangen de Thann est situé à l’extrême sud de l’Alsace à une altitude de 350m-450m, profitant d’un climat très tardif, surtout en 2008 avec une floraison tardive. Le sol est la clé permettant de comprendre ce terroir et ce vin. Fait à partir de matériel volcanique sédimenté sous la mer, il est très riche en minéraux et est capable de produire suffisamment d’argiles fines pour conserver cette richesse unique. C’est un sol aussi très pauvre en éléments fertilisants et est recouvert de fragments de roches sombres en couleur, le tout sur une pente vertigineuse (80 à 130%) exposée au midi. Le Clos Saint Urbain est un vignoble de 5.5ha regroupé autour de la petite chapelle St Urbain en son milieu et juste au-dessus de la rivière Thur coulant à ses pieds. C’est un vignoble difficile à cultiver, mais qui est capable de donner une personnalité inégalée au vin. En 2008, les raisins ont mûri lentement à perfection et ont été récoltés tard mais sains. La fermentation fut lente mais accomplie et ce vin à séjourné toute son existence en foudre sur ses lies de fermentation, ce qui accroît le caractère sauvage du vin.
2/2010: il est possible de penser que nous mettons de la roche volcanique broyée dans les tonneaux tant le caractère pierre à fusil est fort dans ce vin, en particulier dans son expression aromatique. Le nez est caractérisé par des arômes fumés, pierreux et silex. Seul une ouverture à l’air de plusieurs jours permet de voir l’apparition d’un fruité. Le palais est sec, intense à la finale très longue et maritime, vraiment salée/iode. Il parait encore plus minéral que le 2007 à ce stade précoce, mais je suis certain qu’il sera explosif d’arômes dans quelques années.
 
Riesling Grand Cru Brand 2008

Mise: 2/2010 ; Alcool acquis : 13.7°; Sucres résiduels : 10 g/l ; 4.8 g/l H2SO4, pH: 3.1; Rendement : 32hl/ha ; Optimum dégustation: 2015-2032+ ; Age moyen des vignes : 58 ans ; Surface : 0.7 ha, Terroir: granite biotite exposé sud, sud-est. Forte pente. Indice 1.
Ce vin est issu de la même parcelle qui a produit notre Vieilles Vignes en 2007, à savoir la partie ‘Schnekelsbourg’ du Brand, qui est située sur le substrat le plus riche du Brand, car il y a une présence de calcaire et marne en sous sol en profondeur, sous la couche de granite. Ce vin n’est pas labellisé Vieilles Vignes pour autant car nous craignions une confusion avec un style de vin plus riche et moelleux. Cette partie du Brand est aussi capable de développer une jolie pourriture noble, ce qui fut le cas en 2008, et en quantité suffisante pour justifier une sélection de botrytis qui a permis de produire une SGN conjointement à ce vin. Les raisins sains restant après la trie ont produit ce vin. La maturité était élevée, mais une fermentation soutenue a permis d’épuiser une grande partie des sucres.
2/2010: le nez de ce vin est l’un des plus intense en Riesling en 2008. Il émane des arômes mûrs de fruits blancs, tilleul, acacia sous une forme élégante, racée et envoûtante. Ce ne sont pas de simples arômes variétaux, car il est difficile de ne pas apprécier ce profil aromatique qui est très complexe et typique du Brand. La présence infime de pourriture noble explique la présence d’une forme de douceur dans les arômes de bouche. Le palais est élégant, voire somptueux et riche sans tomber dans le travers de l’excès de sucrosité. Les vieilles vignes donnent beaucoup de longueur et apportent une structure sans faille à ce grand vin.

Pinot-Gris 2008

Mise en bouteille : 2/2010 ; Alcool acquis : 15.8° ; Sucres résiduels 12 g/l ; 4.2 g/l H2SO4, pH: 3.5 ; Rendement: 59 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2010-2021+ ; Age du vignoble : 17 ans ; Surface : 1.4 ha ; Terroir : graves du quaternaire ; Indice 2
Ce vin est produit essentiellement à partir de raisins issus de nos vignobles du Herrenweg. Quelques jeunes vignes situées sur des terroirs volcanique et calcaire ont permis de compléter le foudre. Comme tous les autres cépages en 2008, les sols graveleux du Herrenweg ont pleinement profité du profil climatique de l’année. Les raisins ont pu mûrir idéalement tout en conservant une très belle structure, digne de terroirs calcaires plus tardifs. Nous espérions que ce vin allait fermenter rapidement, mais en fait il aura fallu attendre presque 13 mois pour voir la fin de la fermentation. Durant les vendanges 2009, nous avions fait passer les gaz d’un vin en fermentation dans le Pinot Gris 2008, et, grâce à cet apport de levures fraîches naturelles, il a pu enfin repartir. Le résultat était étonnant, car la fin de fermentation était plus rapide que le départ.
3/2010: la couleur dorée est le premier indicateur d’une maturité plus importante. Le nez est le deuxième : intense, riche, beurre de cacao, rôti, miel avec des arômes de fruits blancs apparaissant à l’aération. Le palais paraît beaucoup plus sec que le nez ne le suggère. C’est un vin puissant et long soutenu par une belle structure. Une jolie minéralité apparaît en finale, signe d’une belle complexité. La structure de ce vin lui permettra de bien évoluer et d’offrir de belles surprises dans les années à venir.

Pinot-Gris Vieilles Vignes 2008

Mise en bouteille : 2/2010; Alcool acquis : 12.9°; Sucres résiduels 87 g/l ; 4.7 g/l H2SO4, pH: 3.5; Rendement: 27 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2012-2028+ ; Age du vignoble: 63 ans ; Surface : 0.5 ha ; Terroir : graves du quaternaire ; Indice 5.
Le Pinot Gris est un cépage fortement mutagène et qui s’adapte ainsi à son environnement. C’est peut être, avec le Pinot Noir, le cépage qui a été le plus transformé ou travaillé pour obtenir des plants plus résistants, mais aussi plus vigoureux et fertiles afin d’en obtenir des rendements plus élevés. Malheureusement ! C’est pourquoi nous tenons à garder ces vieilles vignes, plantées à une époque où seules les sélections massales existaient. Celles-ci furent sélectionnées par mon grand père Zind et il a eu la possibilité de planter un Pinot Gris ne produisant qu’un raisin par rameau, ce qui est aujourd’hui très rare à trouver. Nous ne laissons en général pas les terroirs de graves partir en telle surmaturité, sauf dans le cas de vieilles vignes, seules capables d’équilibrer l’excès de richesse et la présence de sucres résiduels. En 2008, la pourriture noble était très belle et a permis l’obtention d’un vin de surmaturité à l’équilibre très délicat. C’est un vin assimilable à une vendange tardive dans le style.
3/2010: le nez est très aromatique, dévoilant de puissant arômes de fruits (abricot, poire, coing, agrumes) et marqué par une belle pourriture noble (miel, cire). C’est une essence de Pinot Gris en surmaturité, ayant une bouche onctueuse, riche, du niveau d’une vendange tardive. La finale est longue et moelleuse, mais bien relevée par une acidité fine qui apporte beaucoup de fraîcheur et malgré l’origine modeste de ces vignes, sera capable de bien vieillir.

Pinot-Gris Rotenberg 2008

Mise en bouteille : 2/2010; Alcool acquis : 14.2°; Sucres résiduels: 6 g/l ; 4.4 g/l H2SO4, pH: 3.4, Rendement: 26 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2012-2023+ ; Age moyen des vignes : 27 ans ; Surface : 1.2 ha ; Terroir : calcaire oligocène exposé ouest/ nord-ouest. Forte pente. Indice 1.
La période de maturation en 2008 était idéale pour le cépage Pinot Gris. Dans beaucoup de millésimes riches et puissants, ce cépage mûrit trop vite et développe rapidement beaucoup de botrytis qui nous oblige souvent à ne produire que des vins très moelleux. Le Rotenberg n’échappe pas à cette règle, car sa situation tardive exposée à l’ouest et nord-ouest est très favorable à la pourriture noble. En 2008, botrytis était magnifique, mais suffisamment discret au départ pour nous permettre de faire une sélection de raisins sains, qui ont produit ce vin de type sec. Les raisins partiellement botrytisés ont été récoltés plus tard pour obtenir une SGN. L’objectif était d’obtenir des raisins mûrs, sans surmaturité, pour obtenir un vin équilibré sec. Chose faite!
3/2010: les Pinot Gris de type sec peuvent souvent donner une impression d’austérité car ils ne sont pas très expressifs. Ce n’est pas le cas ici ! Le nez dévoile de très beaux arômes de fruits mûrs associés à une minéralité calcaire. Certes, ce vin doit encore s’ouvrir pour exprimer tout son potentiel, ce qui ajoute une touche de complexité. Le palais se goûte sec et tendu, avec une richesse sous-jacente, grâce aux petits rendements et à une belle fraîcheur en acidité. C’est un grand vin qui fait saliver!

Pinot-Gris Heimbourg 2008

Mise en bouteille : 2/2010 ; Alcool acquis : 14.3° ; Sucres résiduels 8.2 g/l ; 4.1 g/l H2SO4, pH: 3.2 ; Rendement: 35 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2013-2023+ ; Age moyen des vignes : 23 ans ; Surface : 1.6ha ; Terroir : marno-calcaire exposé à l’ouest ; Indice 2.
Le Heimbourg et le Rotenberg sont deux terroirs très similaires. Leur exposition ouest et leur situation en altitude caractérisent un contexte plus frais et donc une maturité tardive. Le sol caillouteux calcaire et pauvre n’autorise pas une croissance vigoureuse et l’agressivité du calcaire donne une structure et une personnalité forte aux vins. Ces deux terroirs ont une capacité à développer la pourriture noble, mais en 2008 cela se fit tardivement et doucement, nous donnant le temps de trier les raisins sains afin d’obtenir des vins plus secs que moelleux. Ce style a été facile à obtenir, car tout dans le raisin a conduit à une vinification lente mais persistante jusqu’à épuisement d’une grande partie des sucres et au maintien d’une belle fraîcheur grâce à une acidité bien présente et à de beaux raisins sains. Il y a peu d’intervention possible en vinification naturelle en cave pour obliger le vin à changer de destination ou l’obliger à fermenter plus. Un petit détail, pratiqué dans ce genre de vin, consiste à conserver un peu plus de bourbes fines, ce qui est possible lorsqu’il y a absence de botrytis, pour mieux nourrir les levures et les rendre plus efficaces.
3/2010: le nez est ouvert et riche, il développe des arômes classiques de miel, amandes et fruits blancs très mûrs, mais sans exagération car il a aussi une profondeur minérale. Un peu moins vif que le Rotenberg, le Heimbourg est très capiteux et long. Il montre peut être son potentiel de façon un peu plus ostentatoire, mais quel potentiel. Le palais paraît sec avec une finale sur le velours. Après deux années de grêle, le 2008 dévoile le potentiel de ce petit joyau qu’est le Heimbourg deTurckheim.

Pinot-Gris Clos Windsbuhl 2008

Mise en bouteille : 9/2009 ; Alcool acquis : 13.3° ; Sucres résiduels: 37 g/l ; 4.5 g/l H2SO4, pH: 3.5, Rendement : 35 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2014-2033+ ; Age moyen des vignes : 31 ans ; Surface : 2.2 ha ; Terroir : Calcaire muschelkalk exposé sud ; sud-est, Indice 4.
Le Pinot Gris est le cépage le plus planté dans ce clos de 6ha situé sur les hauteurs de Hunawihr. Les vignes y poussent sur un substrat calcaire ancien du Muschelkalk, roche assez pauvre, construite sur des dépôts marins du Trias. Cette roche est perméable, bien drainée et peut se réchauffer facilement, ce qui compense la proximité froide de la forêt et son altitude (350m). C’est notre terroir le plus tardif ; mais cela est plus un avantage qu’un défaut. En effet, plus la maturation des raisins est lente, plus ils sont capables de développer la personnalité du lieu et de mûrir correctement peau, pépins, acides et tanins. C’est aussi dans ce terroir que nous avions pu constater l’effet bénéfique de la bio-dynamie sur les sols en observant le développement de la vie en profondeur dans le sol. Les micro-organismes étaient enfin à nouveau capables de dégrader les matières organiques jeunes en humus stable. Cela semble évident, mais malheureusement impossible dans un sol tassé ou tué par l’apport d’herbicides. Mieux la terre est soignée et travaillée, plus ces micro-organismes sont capables de travailler en profondeur, et cela facilite bien sûr un enracinement profond de qualité. Ce 2008 est issu de nos vieilles vignes dans le clos. Les jeunes produisent d’habitude un Calcaire, mais qui a été ajouté à notre Pinot Gris cette année. La fermentation fut très lente aboutissant sur un vin moelleux.
3/2010: ceci est le seul Pinot Gris que nous avons pu mettre en bouteille en septembre 2009. Il dévoile donc aujourd’hui des arômes plus complexes de pain grillé, fruits exotiques et cire (présence de pourriture noble) dans une expression très délicate. Le palais est sur la délicatesse et l’équilibre entre les acides et sucres, sans pour autant trop se laisser aller vers le moelleux. La finale se resserre sur la structure ferme des 2008 et enfin exhibe tout le potentiel minéral du vin. C’est bien sur un vin qui n’atteindra tout son potentiel que dans beaucoup d’années, lorsqu’il aura digéré entièrement sa richesse.

Pinot-Gris Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2008

Mise en bouteille 2/2010 ; Alcool acquis : 12.55° ; Sucres résiduels: 46 g/l ; 5.7 g/l H2SO4, pH: 3.0; Rendement: 21 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2016-2035+ ; Age moyen des vignes : 39 ans ; Surface : 2.9 ha ; Terroir : Volcanique (tufs & grauwackes), exposé sud, très forte pente. Indice 5.
Après de nombreux millésimes, nous avons pu constater que Gewurztraminer et Pinot Gris se comportent souvent à l’identique dans ce terroir en atteignant une maturité similaire, et de façon radicalement opposée au Riesling, tout en conservant leur identité aromatique propre. En 2008, le sol volcanique du Rangen a su produire des vins élevés en acidité pour ces deux cépages et a permis le développement de la pourriture noble, totalement absente dans les Riesling, surtout dans la partie basse du Cru, proche de la rivière et de son influence. Les fermentations sont d’habitude très rapides pour les vins du Rangen, mais en 2008, 6 mois de fermentation paresseuse n’ont pas permis l’épuisement des sucres, et pour cause, l’acidité est gigantesque dans ces deux cépages. 2008 est aussi un millésime de grand équilibre dans ce terroir, aussi bien dans la vigne (jamais stressée car les sols étaient très verts en été !) que dans les vins.
2/2010: le nez est explosif, au sens propre et littéral, car il dévoile de puissants arômes de poudre à canon, pierre à fusil et minéraux. C’est à la fois austère, car le fruité n’émerge qu’après une très longue période d’aération, et envoûtant, car la personnalité du terroir est très forte et impressionnante. Aujourd’hui, c’est un vin qui est construit sur une structure faible en alcool (étonnant pour le Rangen) et une acidité minérale et saline très forte. La finale est longue et délicate, mais n’apparaît pas vraiment moelleuse. Peut être que l’indice 4 est surévalué, mais que dire d’un vin qui a 46 g/l de sucres résiduels et ne les fait pas ressortir au palais… Assurément, c’est un vin qu’il faudrait re-décrire dans un avenir lointain.

Gewurztraminer Gueberschwihr 2008

Mise en bouteille: 9/2009 ; Alcool acquis : 13.9° ; Sucre résiduel: 6 g/l ; 5.1 g/l H2SO4, pH: 3.3; Rendement: 54 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2010-2020 ; Age du vignoble: 25 ans ; Surface : 0.2 ha ; Terroir : Argilo-silico-calcaire, pente faible Est ; Indice 1.
Ce vin est issu de notre seule petite parcelle de Gewurztraminer qui n’est pas située dans le Grand Cru Goldert sur le ban de Gueberschwihr. Le sol est composé d’un mélange d’argiles, calcaire et dépôts siliceux provenant des collines vosgiennes. L’absence d’argiles fines et de présence franche calcaire crée la grande différence avec le Grand cru pourtant très proche. Les argiles fines sont elles seules capables de fixer les éléments minéraux intéressants et nécessaires à l’expression d’un grand vin de terroir. C’est quand même un terroir très intéressant qui est capable de produire des Gewurztraminer très subtils où l’expression variétale ne domine pas. C’est aussi un lieu tardif capable de conserver des belles acidités dans les raisins.
2/2010: Ce vin est aujourd’hui très discret et dévoile un nez assez minéral, avec un fruité presque caché, qui n’est pas rehaussé par une présence importante de sucres résiduels car ce vin est quasiment sec. C’est le seul Gewurztraminer en 2008 qui n’a pas eu de pourriture noble, aussi il paraît beaucoup plus délicat et subtil dans son expression aromatique. La finale est élégante, sèche et permet d’offrir beaucoup de possibilité d’accords à table.

Gewurztraminer 2008

Mise en bouteille: 9/2009 ; Alcool acquis : 14.2° alc ; Sucres résiduels: 41 g/l ; 4.9 g/l H2SO4, pH: 3.5; Rendement: 65 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2011-2020; Age moyen des vignes : 30 ans ;  Terroir : graves du quaternaire/ marnes calcaires ; Indice 3.
Nous n’avons pas produit de Gewurztraminer Turckheim en 2008, aussi ce vin rassemble l’ensemble des vignes de moins de 40 ans situées dans les graves du Herrenweg, auxquelles nous avons ajouté quelques lots issus de parcelles calcaires comme nous le faisons tous les ans. Les conditions de maturation étaient idéales pour ce cépage : un été frais non stressant suivi d’une période devenant progressivement plus chaude et sèche mais conservant des nuits froides. Les raisins étaient récoltés vraiment très mûrs, avec une présence non négligeable de pourriture noble et une superbe acidité structurante. Je pensais vraiment que nous avions atteint le potentiel maximum dans ce genre de terroir en 2007, mais il semblerait que 2008 soit plus qu’un bon challenger ! Tous les Gewurztraminer ont fermenté rapidement tout en gardant un équilibre allant sur le moelleux, nécessaire pour équilibrer leur grande richesse.
2/2010: le nez est intense et très aromatique, caractéristique de ce cépage, il s’ouvre sur des parfums de rose, de litchi et d’épices, sans vulgarité et avec beaucoup de raffinement. Le nez n’a certainement pas encore atteint son apogée et devrait évoluer vers une forme plus complexe et épicée. Le palais paraît presque délicat et léger à première approche, mais rapidement, la bouche monte en puissance et laisse apparaître la richesse du millésime et son équilibre d’anthologie.

Gewurztraminer Wintzenheim 2008

Mise en bouteille: 9/2009; Alcool acquis : 13.4° alc ; Sucres résiduels: 70 g/l ; ; 4.5 g/l H2SO4, pH: 3.6; Rendement: 54 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2012-2025+ ; Age moyen des vignes : 51 ans ; Surface : 2.1 ha ; Terroir : graves du quaternaire et marnes calcaires ; Indice 5.
Ce vin provient des parcelles habituelles entrant dans cet assemblage de sols graveleux situé tout contre le village de Wintzenheim et de sols marno-calcaires de nos jeunes vignes du Hengst (plantées en 1978 et 1985). La réunion de deux terroirs différents permet d’obtenir un équilibre intéressant pour ce vin de village. Cela était peut être moins nécessaire en 2008 sur le plan de la structure, car tous les Gewurztraminer étaient bien équilibrés, mais cela reste quand même intéressant sur le plan du type, car les sols calcaires apportent une touche minérale plus épicée au vin. Les deux vignobles avaient développé de la pourriture noble et étaient récoltés très mûrs. Une fermentation languissante a eu pour résultat un vin très moelleux mais finement équilibré.
2/2010: le nez est très expressif, marqué par les arômes de litchi, rose et fruits exotiques, finement soutenu par une influence complexifiante de la pourriture noble qui rajoute des arômes de cuir, épices, miel… L’acidité n’a pas d’arômes, mais est perceptible au nez qui paraît très frais. Le palais est voluptueux avec une finale rehaussée par une structure énergique. C’est un vin de caractère qui continuera d’impressionner dans le futur.

Gewurztraminer Herrenweg de Turckheim 2008

Mise en bouteille : 9/2009; Alcool acquis : 14.1°; Sucres résiduels : 79 g/l ; 4.7 g/l H2SO4, pH: 3.6; Rendement: 37 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2012-2028; Age moyen des vignes : 55 ans ; Surface : 2.6 ha ; Terroir : graves quaternaires ; Indice 5.
Une très grande majorité des parcelles de Gewurztraminer situées dans ce terroir ont été plantées par mon père et mon grand père et sont donc très vieilles. Seules les parcelles datant de cette période entrent dans nos vins du Herrenweg, car l’âge de la vigne est crucial pour obtenir des vins ayant une bonne présence minérale dans ce terroir de graves pauvre. Dans le Herrenweg, le cépage Gewurztraminer y trouve une expression fruitée intense liée à la précocité de maturation, expliquée par l’absence d’ombre portée (éloignement des Vosges) et le drainage, offrant donc une bonne capacité de réchauffement du sol. Lorsque les mois d’été ne sont pas trop chauds et secs et que l’automne est favorable, ce terroir est capable de produire des vins intenses et équilibrés, surtout en cas de présence de belle pourriture noble, comme en 2008.
2/2010: le nez est typique des vins de 2008 dans ce cépage. Il est marqué par des arômes intenses et subtils de fleurs (rose, géranium) mais aussi par un caractère épicé puissant, marque d’un millésime de maturité et de pourriture noble. Le palais est riche, long, puissant et enveloppant. Il est d’une complexité et d’une puissance rare pour un vin du Herrenweg. Les sucres résiduels importants paraissent normaux et sont les bienvenus, car c’est un vin de fin de repas et un vin de plaisir.

Gewurztraminer Herrenweg de Turckheim Vieilles Vignes 2008

Mise en bouteille : 9/2009; Alcool acquis : 14.3°; Sucres résiduels : 76 g/l ; 5.1 g/l H2SO4, pH: 3.5; Rendement: 29 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2013-2033; Age moyen des vignes : 62 ans ; Surface : 0.8 ha ; Terroir : graves quaternaires ; Indice 5.
Ce vin est issu d’une partie de nos plus vieilles parcelles situées dans le Herrenweg de Turckheim. Elles sont normalement incluses dans notre Herrenweg classique, mais un rendement plus faible nous a fait opter pour une vinification séparée. Les données analytiques sont similaires au vin précédent, mais le goût montre bien que c’est un vin encore plus complexe et concentré. La présence de pourriture noble est importante (20%) et la vendange fut donc très mûre, malgré l’absence de sélection. Ce n’est bien sur pas notre intention ni notre objectif de récolter des vins du Herrenweg aussi puissants et mûrs, mais 2008 est une exception dictée par les conditions naturelles de l’année, et le résultat en vaut la peine.
2/2010: le nez est encore très floral, mais très rapidement ces Vieilles vignes développent une complexité sur l’épice, dans un style presque plus austère et moins parfumé. Ce vin s’ouvrira certainement sur des arômes très complexes de cuir, épices, bois aromatiques voire même boite à cigare…Le palais est puissant et capiteux. La finale est très longue et facile à cerner. C’est un vin qui se dévoile sans honte, car tout y est bon. C’est peut être la différence avec un Grand Cru qui ne dévoilera pas tout aussi vite !

Gewurztraminer Heimbourg 2008

Mise en bouteille: 9/2009; Alcool acquis : 13.8°; Sucres résiduels : 57 g/l ; 3.9 g/l H2SO4, pH: 3.6; Rendement : 38 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2012-20828; Vignoble planté en 1983 ; Surface : 1 ha ; Terroir : Calcaire Oligocène, exposé ouest, moyenne à forte pente. Indice : 4.
Si les vignobles de graves situés en plaine ont mûrit précocement et ont développé rapidement la pourriture noble, les coteaux ont eux été beaucoup plus lents, apportant une complexité et une maturité des acides très différentes. Le Heimbourg est exposé à l’ouest, voire même nord-ouest, et le Gewurztraminer y est situé sur la partie basse, mieux protégée des vents et un peu moins tardive que la partie haute, plus favorable au Pinot Gris. Ces vignes sont maintenant dans un équilibre de vigueur très qualitative et la pourriture noble est lente à se développer. Il faut beaucoup de jours favorables en septembre et octobre pour y parvenir, et alors, les raisins ont atteint une complexité aromatique impossible à obtenir dans des terroirs ‘rapides’ comme le Herrenweg. Le calcaire de ce cru produit un style de vin qui peut paraître léger et subtilement aromatique, alors qu’en fait sa puissance est souvent éclipsée par un profil très ouvert et séducteur. Le caractère épicé et complexe de ce terroir n’apparaît que plus tard, malheureusement souvent bien après la consommation du vin. La fermentation fut lente et ce vin est donc moelleux.
2/2010: le nez est tout de suite caractérisé par une maturité plus aboutie et un soutien apporté par la roche calcaire qui le rend plus complexe. Certes, les arômes de rose et litchi sont bien présents mais moins évidents, car plus profonds et moins ‘parfumés’. La bouche est ronde et généreuse, l’acidité est plus en souplesse car plus mûre et la finale est très tendre. C’est un vin qui est tout en finesse, malgré une grande richesse. Le Heimbourg était en grande forme en 2008 !

Gewurztraminer Grand Cru Goldert 2008

Mise en bouteille : 9/2009; Alcool acquis : 13.6° alc ; Sucres résiduels : 48 g/l ; 3.9 g/l H2SO4, pH: 3.7; Rendement : 39hl/ha ; Optimum de dégustation: 2012-2025+; Age moyen des vignes : 25 ans ; Surface : 0.6 ha ; Terroir : calcaire oolithique exposé est, faible pente. Indice 4.
Ce Grand Cru est situé sur une pente discrète exposée au soleil levant au nord du village de Gueberschwihr. Dans le temps, les vignerons du village insistaient sur le fait que depuis les meilleures parcelles du Goldert, il fallait pouvoir apercevoir le magnifique clocher roman de l’église du village. La qualité des argiles de ce substrat de calcaire pur est la raison principale qui explique la finesse et la qualité des vins issus de ce terroir tardif, capable de produire des vins très aromatiques et fins. En 2008, le botrytis noble avait commencé à se développer début octobre, pas en quantités suffisantes pour justifier un travail de sélection, mais suffisamment pour influencer fortement l’équilibre de ce vin. Le Gewurztraminer est un cépage difficile et capricieux, requérrant à la fois des belles journées chaudes, un étalement de la période de maturation et aussi des rendements faibles. Une vendange plus tardive aura pour conséquence de baisser les acidités, mais offrira un potentiel aromatique et des tanins plus complexes. La fermentation de ce vin fut aussi languissante et d’arrêta sur un équilibre moelleux.
2/2010: les arômes de rose, caractéristiques de ce cru, sont très présents. Le nez est intense et complexe. La puissance aromatique n’est pas préjudiciable au terroir qui s’exprime pleinement avec un épice très complexe et persistante, allant presque sur le caramel salé. La structure de bouche rend les sucres résiduels onctueux et agréables ; le vin cache sa richesse derrière une grande finesse.

Gewurztraminer Grand Cru Hengst 2008

Mise en bouteille : 9/2009; Alcool acquis : 14.2° alc ; Sucres résiduels : 47 g/l ; 4.1 g/l H2SO4, pH: 3.6; Rendement : 28 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2013-2033+ ; Age moyen des vignes : 57 ans ; Surface : 1.42 ha ; Terroir : Marnes calcaires de l’oligocène, exposé sud sud-est, pente moyenne à forte. Indice 4.
Nos deux parcelles de Vieilles vignes sont situées dans le cœur du Grand Cru Hengst. Il est facile à comprendre pourquoi nous ne les assemblons pas avec les deux autres parcelles bien plus jeunes. Le caractère exceptionnel des vins du Hengst provient d’un substrat marno-calcaire exceptionnel qui permet une maturation lente des raisins dans un microclimat chaud et sec, et qui apporte aussi une grande complexité minérale aux vins. Tout comme en 2007, il a été possible de produire une SGN dans ce terroir grâce à un développement de botrytis de qualité exceptionnelle en 2008. Ce vin est issu de la sélection de raisins sains après le SGN. La fermentation fut plus rapide, typique de la fougue des vins du Hengst.
2/2010: le Hengst n’est jamais le Gewurztraminer le plus flamboyant, au contraire, le terroir domine le coté varietal du cépage et exprime des arômes complexe de cuir, épices et minéral, lent à s’ouvrir. Une aération sera bénéfique de même qu’un vieillissement en bouteille. Le palais est puissant, ferme, cachant bien sa rondeur et finissant sur une touche salée.

Gewurztraminer Clos Windsbuhl 2008

Mise en bouteille: 9/2009; Alcool acquis : 12.8° alc ; Sucres résiduels: 56 g/l ; 3.4 g/l H2SO4, pH: 3.7; Rendement : 35hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2033+ ; Age moyen des vignes : 38 ans ; Surface : 0.9 ha ; Terroir : Calcaire Muschelkalk exposé sud, sud-est ; Indice 4.
Le Gewurztraminer est peut être le choix de cépage le moins évident dans ce terroir tardif, et probablement que si les propriétaires précédents n’avaient pas planté ce cépage dans le Clos Windsbuhl, nous n’aurions jamais osé en faire l’expérience. L’altitude et le caractère définitivement tardif de ce joli Clos paraissent proscrire la plantation de ce cépage qui aime bien une chaleur automnale pour accomplir sa maturation correctement. Le secret est certainement d’attendre suffisamment pour récolter ces raisins et aussi bien sur, de n’avoir que des plants qualitatifs issus de sélections massales peu vigoureuses. (La plupart des plantations de clones des années 70/80 ont du être arrachées). L’équilibre des différents cépages plantés sur le Clos est très différents, mais la marque du terroir est unanime : les vins du Windsbuhl sont des vins d’élégance et de finesse.
2/2010: le Windsbuhl ne fait aucun doute au nez. Les arômes sont délicats, marqués par le floral et le fruit mûr et très envoûtant. Le palais semble presque léger et délicat, grâce à un alcool plus bas, mais rehaussé par la finesse du calcaire, la finale est très longue et cajole le palais par une structure rafraîchissante, qui s’ouvre progressivement. Eh oui, c’est le Windsbuhl…

Gewurztraminer Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2008

Mise en bouteille : 9/2009; Alcool acquis : 12°; Sucre résiduel: 64 g/l ; 6.1 g/l H2SO4, pH: 3.5; Rendement: 27 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2016-2033+ ; Age moyen des vignes : 45 ans ; Surface : 0.5 ha ; Terroir : Volcanique (tufs & grauwackes), exposé sud, très forte pente. Indice 4.
Le Gewurztraminer est le cépage le moins représenté sur le Clos Saint Urbain: seulement 0.5ha, situé juste à proximité de la rivière pour bénéficier de son influence climatique et de sa capacité de réchauffement, nécessaire à ce cépage un peu frileux. La partie basse de ce Cru volcanique est aussi un peu plus riche et présente un pH de sol moins agressif, aussi favorable à ce cépage qui souvent se plait plus dans des terroirs calcaires riches. Tout comme dans le Windsbuhl, ce cépage ne paraît pas être le plus adapté aux conditions extrêmes de ce terroir, mais lorsqu’il est cultivé avec bon sens, il est capable d’exprimer le terroir avec force et grandeur, et alors, ce cépage qui est souvent banalisé par des arômes intenses, devient un grand vin. Le millésime 2008 a vu un développement de très belle pourriture noble, concentrant tout sur son passage, y compris une acidité phénoménale, qui explique un profil fermentaire très lent et des sucres résiduels importants.
2/2010: le caractère de feu du Rangen est très présent déjà au nez qui dévoile une combinaison de roche broyée et pierre à fusil. Le caractère variétal est anéanti par le terroir. Amateurs d’eau de rose passez votre chemin ! Le palais révèle une facette rare de ce terroir, à savoir celle de produire des vins délicats, marqués par un équilibre d’alcool bas et d’acidité vive comme dans ce millésime d’équilibre. La finale est longue et peut être encore compliquée à comprendre. Comme tous les vins complexes, il faudra attendre longtemps…

Pinot-Gris Clos Jebsal 2008 Vendange Tardive

Mise en bouteille : 9/2010; Alcool acquis : 12.8° ; Sucres résiduels: 74g/l ; 5.8 g/l H2SO4, pH: 3.3; Rendement : 35 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2016-2033+; Age moyen des vignes : 25 ans ; Surface : 1.3 ha ; Terroir : Marnes grises et Gypse. Exposé sud, terrasses et forte pente.
Il est étonnant de constater que nous avons produit qu’une seule VT officielle en 2008. Cela s’explique certainement par le fait que l’acidité structurante du millésime 2008 aura permis de masquer beaucoup de sucres résiduels dans ce type de vin. Toutefois, le Jebsal ne faillit pas à sa capacité à botrytiser et nous avons donc pu produire VT et SGN dans ce petit clos situé juste sous le Brand, sur des terrasses exposées plein sud. La maturation des raisins est phénoménale mais la présence d’argiles importantes mélangées au gypse de ce terroir contrebalance la précocité du climat et donnent aux raisins du Jebsal une superbe minéralité et structure permettant l’obtention de vins très riches. Ce terroir se caractérise par des vins de très grande concentration, qui s’obtiennent naturellement sans grands efforts de sélection. Aujourd’hui, avec la progression de l’âge des vignes, il est possible de voir ce terroir acquérir encore plus de minéralité et de structure comme en 2008.
2/2010: Encore en fut ! Le nez exprime la grande finesse de ce terroir et sa capacité à concentrer les raisins sans aller vers l’exotisme. Les arômes sont très minéraux (si cela est possible !) et seules quelques notes fruitées émergent. Le palais confirme cette sensation de force tranquille. Les sucres résiduels sont structurés par le terroir et la finale est très élégantes, sans être dominée par le moelleux. La mise en bouteille aura lieu en septembre 2010.

Riesling Grand Cru Brand 2008 Sélection de Grains Nobles

Mise: 9/2009 ; Alcool acquis : 9.5°; Sucres résiduels : 172 g/l ; 6.8 g/l H2SO4, pH: 3.2; Rendement : 19hl/ha ; Optimum dégustation: 2018-2038+; Age des vignes : 58 ans ; Surface : 0.3 ha, Terroir: granite biotite exposé sud, sud-est. Forte pente.
Ceci est notre quatrième SGN de riesling produite sur le domaine et la deuxième dans le Brand après le 2006. Ce terroir a la capacité de développer une superbe pourriture noble qui est magnifiée par les vieilles vignes qui apportent une complexité aromatique et une structure de garde. Ces vieilles vignes sont situées sur des granites à sous sol calcaire juste au-dessus du Clos Jebsal. Le grain noble n’est donc pas une coïncidence ici ! Le travail de sélection était aisé. Même si notre objectif était l’obtention d’un vin d’équilibre et non pas la plus grande richesse possible, nous étions quand même surpris par le potentiel de la récolte. La fermentation était assez rapide et s’arrêta sur un équilibre typique de grain noble avec un alcool faible et une grande liqueur.
2/2010: ce vin est encore un enfant aujourd’hui, mais il exprime déjà une profondeur aromatique incomparable. Toute la finesse d’un riesling Brand dans une livrée riche et onctueuse. Le palais est dans un équilibre de richesse structuré par une acidité de grand terroir. Tout est élégance dans ce vin qui ne devra pas être dégusté trop jeune, car avec l’âge, il sera bien plus complexe.

Gewurztraminer Herrenweg de Turckheim 2008 Sélection de Grains Nobles

Mise en bouteille : 9/2009; Alcool acquis : 13.7°; Sucres résiduels : 148 g/l ; 4.5 g/l H2SO4, pH: 3.8; Rendement: 25 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2012-2028+; Age moyen des vignes : 62 ans ; Surface : 1 ha ; Terroir : graves du quaternaire.
Ce vin est issu d’une vieille vigne située à proximité immédiate de nos chais dans le Herrenweg, celle là même qui avait produit nos cuvées VV en 2006 et 2007. En 2008, les conditions très favorables de maturation ont permis un développement spectaculaire de la pourriture noble dans cette parcelle. En fait, sans aucune trie, en vendangeant tous les raisins de la parcelle, nous avions atteint un niveau de maturité d’une grande sélection de grains nobles. Au départ, nous n’étions pas assurés de la capacité de ce terroir à donner suffisamment de structure pour supporter une telle richesse. En 1986, nous avions fait une SGN dans le Herrenweg, sur des vignes certes plus jeunes et pas cultivées en bio-dynamie, et nous n’étions pas entièrement satisfaits du résultat. En 2008, il s’agit d’un vin très différent. La puissance et l’élégance de ce vin rivalise avec les plus terroirs.
2/2010: le nez est typique de Gewurztraminer en grains nobles, avec des arômes puissants de litchi, de rose et d’épices. Le palais est long et capiteux, avec beaucoup de caractère lié au botrytis noble : rôti, épices et cuir. La liqueur est très bien intégrée dans le vin qui a un style très élégant et procure un plaisir immédiat.

Gewurztraminer Grand Cru Hengst 2008 Sélection de Grains Nobles

Mise en bouteille : 9/2009; Alcool acquis : 11.9° alc ; Sucres résiduels : 166 g/l ; 4.7 g/l H2SO4, pH: 3.8; Rendement : 17 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2014-2038+ ; Age moyen des vignes : 57 ans ; Surface : 1.42 ha ; Terroir : Marnes calcaires de l’oligocène, exposé sud sud-est, pente moyenne à forte.
Nous avions du attendre jusqu’en 2007 pour pouvoir réaliser notre première SGN dans le Hengst, et voila que l’année suivante, nous trouvions à nouveau suffisamment de pourriture noble pour pouvoir obtenir une SGN. Le Hengst possède un méso climat particulièrement sec et chaud. La partie centrale du Hengst, où sont situées ces deux parcelles de vieilles vignes, est relativement pauvre et les couches superficielles de marnes sont maigres. Les racines sont très vite dans la roche calcaire et cela ne crée pas des conditions favorables au botrytis. Les vieilles vignes sont aussi plus résistantes au botrytis car moins vigoureuses. En 2008, le botrytis a pu se développer grâce aux conditions climatiques de l’arrière saison : temps chaud et sec dans la journée avec des nuits fraîches provoquant l’apparition de brumes matinales. Nous apprécions aussi le caractère du Hengst dans sa version non liquoreuse, le fait de faire une trie permet aussi de réaliser un Hengst classique en parallèle.
2/2010: il y a beaucoup d’arômes de fruits mûrs, agrumes et litchi au nez, qui est toutefois plus réservé et complexe que celui du Herrenweg. Le Hengst est assurément plus introverti et minéral. Le palais est riche, tout en élégance et finesse, ce qui paraître impossible pour un vin ayant ce potentiel de maturité. A aucun moment la sucrosité ne domine et le terroir est bien présent tout le temps dans la dégustation de ce vin.

Pinot-Gris Rotenberg 2008 Sélection de Grains Nobles

Mise en bouteille : 9/2009; Alcool acquis : 10.2°; Sucres résiduels: 198 g/l ; 6.4 g/l H2SO4, pH: 3.4, Rendement: 17 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2038+ ; Age moyen des vignes : 27 ans ; Surface : 1.2 ha ; Terroir : calcaire oligocène exposé ouest/ nord-ouest. Forte pente.
Le Rotenberg est situé sur le versant oust nord-ouest du Hengst. Il partage le même substrat calcaire de l’oligocène que le Grand Cru adjacent, mais possède un sol beaucoup plus fin et donc plus caillouteux en surface. La couleur rouge caractéristique provient de l’oxydation du fer, minéral très présent dans les roches du Rotenberg. L’altitude et l’exposition contribuent au développement de pourriture noble (brouillard matinaux et ensoleillement tardif le soir) lorsque le temps est favorable comme en 2008. La trie de raisins sains fait en début de vendange a permis de laisser les raisins botrytisés un peu plus longtemps qui ont été récolté avec beaucoup de botrytis. La sélection de grains nobles était donc facile à obtenir. L’acidité importante des Pinot Gris en 2008 a forcé la fermentation à s’arrêter tôt, obligeant donc le vin à s’équilibrer autour d’une liqueur importante pour un équilibre en finesse.
2/2010: il ne faut que quelques minutes à ce vin pour s’ouvrir dans le verre et dévoiler toute une panoplie aromatique de fruit blancs, coing et agrumes ainsi qu’une jolie influence de botrytis sous la forme d’arômes de cire, miel et rôti. La pourriture noble était de très belle facture, n’influençant pas trop la couleur du vin et donnant une structure très pure au vin. La bouche est délicate, marqué par une acidité ciselée. Cet équilibre est pour moi un classique pour une SGN.

Pinot-Gris Heimbourg 2008 Sélection de Grains Nobles

Mise en bouteille : 9/2009 ; Alcool acquis : 9.7° ; Sucres résiduels 224 g/l ; 7 g/l H2SO4, pH: 3.4 ; Rendement: 22 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2038+ ; Age moyen des vignes : 23 ans ; Surface : 1.6ha ; Terroir : marno-calcaire exposé à l’ouest ;
Le Pinot Gris est planté dans la partie haute du Heimbourg, qui est pentue (pas autant que la partie sud plantée en Riesling) et repose sur un sol calcaire très maigre, car ayant subi beaucoup d’érosion lors de sa formation. C’est aussi un vignoble qui est très exposé aux vents d’ouest et nord, et donc permet de conserver un bon état sanitaire tard dans la saison. Cela évite de devoir récolter ces raisins dans la précipitation mais aussi n’autorise un développement de pourriture noble que tardif, et donc plus qualitatif. Tout comme le Rotenberg, la récolte des grains nobles ne fut effectuée que longtemps après celle des grains sains. Le potentiel de maturité est élevé, mais est équilibré par une acidité incroyable, digne de grand Riesling, qui a aussi fait ralentir la fermentation pour conserver aisément une grande liqueur dans le vin.
2/2010: la pureté du botrytis et le pH relativement faible pour une SGN font que la couleur est à nouveau relativement pale pour un vin de cette richesse. Le nez est très minéral avec des jolis arômes de fruits confits, coings et agrumes. Si dans beaucoup de SGN, la sucrosité est évidente au nez, ici il est presque difficile de la distinguer et de deviner la richesse de bouche. En bouche, l’acidité est très structurante et équilibre en finesse la finale liquoreuse du Heimbourg. C’est un vin de longue garde.

Pinot-Gris Clos Windsbuhl 2008 Sélection de Grains Nobles

Mise en bouteille : 9/2009 ; Alcool acquis : 10.9° ; Sucres résiduels: 188 g/l ; 7 g/l H2SO4, pH: 3.5, Rendement : 15 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2018-2038+ ; Age moyen des vignes : 41 ans ; Surface : 2.2 ha ; Terroir : Calcaire muschelkalk exposé sud ; sud-est.
Le Clos Windsbuhl fut repris par mon père, Léonard Humbrecht, en 1987 et notre premier millésime fut 1988. Dès cette année là, et surtout avec les millésimes 1989 et 1990, ce Clos nous avait montré sa capacité à bien supporter et faire évoluer la pourriture noble, surtout dans les vignes les plus vieilles, alors plantées dans les années 60 ou avant, nous ne sommes pas sûr ! Un botrytis précoce est plutôt un défaut grave, car il se propage alors que les températures sont encore élevées et cela provoque souvent des départs de moisissures. Un botrytis tardif au contraire croît sur des raisins plus mûrs et, si l’arrière saison est belle comme en 2008, reste plus ‘propre’ en ne se changeant pas en moisi alors trop visible sur les raisins. Le résultat est une transformation extraordinaire des composants du raisin et une concentration des sucres et acides et bien d’autres éléments. Le Pinot Gris est un cépage moins aromatique que le Riesling ou Gewurztraminer, il est donc aussi un cépage de choix pour laisser s’exprimer le terroir dans ces vins de grande richesse, ce qui est important pour un terroir comme le Windsbuhl.
2/2010: la couleur est un peu plus sombre, signe d’une concentration importante en extraits secs. Le nez est très caractéristique des vins du Windsbuhl et de l’influence calcaire. Beaucoup plus minéral que fruité, voila un vin qui continue à faire parler son terroir au détriment de la surmaturité. La bouche est charnue et est capable d’équilibrer la puissance en liqueur de ce vin avec une acidité remarquable. Ce vin finit presque sur des arômes de caramel salé. Il parait beaucoup moins liquoreux que les deux vins précédents à cause d’une personnalité minérale plus intense.

Pinot-Gris Clos Jebsal 2008 Sélection de Grains Nobles Trie Speciale

Mise en bouteille : ?; Alcool acquis <5°; Sucres résiduels: >350g/l (potentiel récolte : 216° Oechslés ou 33%  alc); ? g/l H2SO4, pH: ?; Rendement : 12 hl/ha ; Optimum de dégustation: ? Age moyen des vignes : 25 ans ; Surface : 1.3 ha ; Terroir : Marnes grises et Gypse. Exposé sud, terrasses et forte pente.
Il n’y probablement pas d’autres terroirs en Alsace capable de produire de façon aussi régulière des vins d’aussi grande richesse. C’est vraiment dans la nature de ce Clos que de s’exprimer par le botrytis et une grande liqueur de bouche. Les marnes très riches et profondes contribuent à apporter la richesse minérale et structure au vin et aussi l’humidité nécessaire au développement de la pourriture noble. Dans une année comme 2008, une sélection normale, sans rechercher une richesse extrême, aboutit à un vin dont le potentiel dépasse largement les 30° potentiels (si le vin fermentait sec, il aurait plus de 30° d’alcool !). A ce niveau de richesse, au dessus de 200°Oechslés ou 30° potentiel, le niveau de concentration du mout est tel que les levures ont beaucoup plus de mal à se multiplier et fermenter. Le résultat est une fermentation qui peut durer des années et s’arrêter avec un alcool acquis souvent inférieur à 6°. La pression osmotique (liée à la richesse en sucre) sur les membranes des levures est telle qu’elles doivent littéralement exploser au bout d’un temps très court. Ce vin est toujours en fermentation aujourd’hui dans des petits fûts de 600 litres (mars 2010) et ne sera probablement pas mis en bouteille avant 2011 ou 2012.
2/2010: une description de ce vin aujourd’hui n’a pas beaucoup de sens car il est toujours en train de produire des petites bulles de fermentation. Les arômes sont très marqués par le miel et les fruits confits. C’est en fait un nez très élégant et raffiné. Le palais est beaucoup plus intéressant, car malgré la faible activité des levures, ce vin ne changera plus beaucoup dans son équilibre de bouche. L’acidité est tellement puissante qu’elle est déjà capable de maîtriser la puissance en sucre de ce vin. La finale est très liquoreuse, voire miel liquide. A revoir dans le futur !