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VT et SGN à la Confrérie Saint-Etienne

Les Vendanges Tardives et Sélections de Grains Nobles
de l’Oenothèque de la Confrérie Saint-Etienne
15 décembre 2005, Château de Kientzheim

La dégustation de fin d’année dans le cadre des séminaires de vieux millésimes organisés par la Confrérie et ouverts au public portait sur les vins moelleux et liquoreux de la confrérie. Les mentions VT et SGN datant des années 80, les premiers vins stockés dans l’Oenothèque remontent au millésime 1989. Douze vins du Nord au sud de l’Alsace sont dégustés, entre 1997 et 1985, dans trois cépages nobles.





Gewurztraminer Grand Cru Hatschbourg Cuvée Sainte Catherine 1985 – Hartmann Gérard et fils (Voegtlinshoffen) : Mise en bouche avec un de récolte tardive ne portant pas la mention VT. Le nez est complexe, fumé et un peu évolué, avec des notes de vieille menthe et de tabac. La bouche est grasse, puissante avec une fine acidité, légèrement alcoolique. La finale est florale sur des notes de jasmin, évoluant sur des notes de menthe chocolatée. Un beau vin de terroir équilibré, fondu et sapide. A maturité et restera comme cela encore une bonne dizaine d’année, pas besoin de se presser. Très Bien


Riesling Grand Cru Sommerberg Vendanges Tardives 1997 – Mullenbach (Niedermorschwihr) : La robe est jaune beurre pâle, assez grasse. Le nez est beurré, minéral avec de fines notes de miel d’acacia. La bouche est fine, saline, légèrement moelleuse avec une proportion de gaz carbonique assez sensible qui soutient l’acidité moyenne du vin. La finale est assez longue et dévoile des arômes de fruits secs. Une belle cuvée qui est très bien équilibrée, dans la lignée des Riesling Grand Cru VT 97 bus en 2005 qui se montrent superbes. Le vin évolue à l’aération et s’oxyde assez rapidement, prenant des notes de foin coupé. A ne pas conserver trop longtemps sans le goûter (regoûter dans 5 ans). Très Bien


Riesling Vendanges Tardives 1990 – Kuehn (Ammerschwihr) : la robe est jaune citron assez pâle. Le nez est parfumé, complexe et se dévoilant par couches avec des notes de pain grillé, de beurre et d’hydrocarbures, puis d’épices et de menthe. La bouche se montre crayeuse sur la langue, fine et presque sèche, avec une belle longueur.  La finale revient sur des notes de fruits secs. Un riesling dans un style plutôt demi-sec que moelleux, à maturité, complexe à souhait, superbe actuellement. A boire dans les 10 ans pour éviter que les hydrocarbures prennent trop le dessus et dégradent cet équilibre. Très Bien


Pinot Gris Vendanges Tardives 1996 – Albert Schoech (Ammerschwihr) : La robe se fait jeune plu foncé, avec des reflets dorés. Le nez est très marqué par le millésime, avec des arômes de coing, de fruit de la passion, de truffe blanche, de mandarine. La bouche est corsée, assez vive, semblant presque sèche avec des notes de fruits exotiques frais qui réveillent les papilles. La fin de bouche est un peu courte, et le fruité laisse un peu place à des notes plus végétales. Un vin qui se conservera bien grâce à son acidité, mais qui ne s’améliorera peut-être pas avec plus de vieillissement. A boire dans les 5 ans pour profiter de sa fraîcheur. Bien


Gewurztraminer Grand Cru Pfersigberg Vendange Tardive 1997 – Charles Baur (Eguisheim) : La robe est jaune citron assez dense. Le nez est parfumé, complexe avec des notes fruitées (litchi, pêche), des épices, du pralin et du miel, mais diminue rapidement en intensité à l’aération. La bouche est grasse et ample, un peu chaude, dans un style élégant grâce à une fine acidité, mais termine de manière un peu chaude. Un vin très mûr qui est bien structuré, mais déjà bien ouvert et un peu évolué. A atteint son plateau de maturité, et devrait garder son équilibre dans les cinq prochaines années. Bien


Gewurztraminer Vendanges Tardives 1990 – Bernhard-Reibel (Châtenois) : Le nez est assez discret, épicé et un peu marqué par l’alcool, avec une légère évolution et des notes de truffe. La bouche est moelleuse, riche et grasse, encore jeune mais un peu déséquilibré par l’alcool (l’étiquette affiche 15%). Un vin à attendre quelques années encore en espérant que l’alcool va un peu se fondre dans la forte matière. Bien


Gewurztraminer Vendanges Tardives 1990 – Cave Coopérative de Westhalten : la robe est dorée, brillante. Le nez est très surmaturé, avec des notes de coing, de nougat et de miel, puis évolue vers des notes de colle pas très agréables. La bouche est légère, un peu évoluée, alcoolique, avec une finale courte sur les épices. Un vin qui est en bout de course, à terminer rapidement. Bien


Gewurztraminer Clos Gaensbroennel Vendange Tardive 1989 – Alsace Willm (Barr) : La robe est jaune avec des reflets dorés, éclatante avec un disque épais. Le nez est discret, un peu fumé avec des notes de pain grillé, de houblon et de tabac, évolué et peu convaincant. La bouche est fraîche et grasse, au moelleux très fondu, évoluant vers une fin de bouche amère et un peu piquante. On suspecte un problème de bouteille, le vin doit être regoûté pour confirmer son état d’évolution avancé. Compte tenu du pedigree de la bouteille, le vin devrait se tenir beaucoup mieux. Bof


Gewurztraminer Grand Cru Vorbourg Vendange Tardive 1988 – Domaine du Lycée Viticole (Rouffach) : La robe est foncée, de nuance vieil or. Le nez est très mur, au niveau d’une sélection de grains nobles, avec du coing, de l’herbe séchée, du miel, mais aussi des notes de cuir rappelant un cognac qui font penser à une évolution un peu rapide. La bouche est corsée, ronde et riche, mais les notes de rose n’arrivent pas à masquer un degré d’alcool qui rend la fin de bouche très chaude. L’étiquette indique 16 degrés, voilà une sélection de grains nobles qui a fortement fermenté, aboutissant à un équilibre un peu trop chaud. Avec 2,5 degrés d’alcool de moins et 50 g/l de sucre résiduel en plus cela aurait été une jolie SGN, mais la fermentation en a décidé autrement. Le temps n’améliorera à mon avis pas l’équilibre du vin, même si l’alcool conservera longtemps le vin dans cet état. Bien


Riesling Grand Cru Zinnkoepflé Sélection de Grains Nobles 1994 – Seppi Landmann : Le nez est fin et complexe, avec des notes de fruits jaunes et de coquille d’huître. La bouche est liquoreuse, finement acidulée, avec une forte concentration. La fin de bouche est saline, presque amère, marquée par le terroir. Un grand vin qui arrive doucement à maturité, doté d’un gros potentiel de garde. Superbe dans cinq ans, se conservera très longtemps. Très Bien


Gewurztraminer Sélection de Grains Nobles 1989 – Alsace Willm (Barr) : Le nez est assez discret, un peu évolué sur des notes de fruits secs. La bouche est grasse, équilibrée, légèrement moelleuse avec du gras. Une sélection de grains nobles assez légère, évoluée mais qui se boit encore bien. Bien


Pinot Gris Grand Cru Rangen Sélection de Grains Nobles 1994 – Domaine Schoffit (Colmar) : la robe est cuivrée, très brillante, avec un disque épais. Le nez est assez discret, fumé avec des arômes de pralin et de mandarine. La bouche est très liquoreuse avec une forte acidité qui vient empêcher une éventuelle lourdeur. L’acidité façonne le milieu et la fin de bouche en exprimant un caractère salin assez marqué. La finale revient sur du miel et de l’écorce de mandarine, un peu amère. Un vin concentré qui s’affine doucement, encore fortement marqué par la liqueur. A garder très longtemps en cave. Très Bien




Photo : le trio des SGN dans l’ordre:
les raisins rôtis du Rangen donnent au vin une robe cuivrée


Des vins jeunes, des millésimes murs, des cépages nobles, des beaux terroirs, tout semblait réuni pour une dégustation d’anthologie. Malheureusement, je suis un peu déçu par rapport à mes attentes. Quand je pense que cette année nous avons goûté des vins de millésimes difficiles comme 1980, 1974, 1972, ou 1968, avec d’agréables surprises à chaque fois, j’avoue que j’attendais un peu plus de régularité dans des millésimes réputés comme 1976, 1990 et 1989. Si le riesling et dans une certaine mesure le pinot gris ont produit de très beaux vins, les gewurztraminers ont parfois semblé être déséquilibré par trop d’alcool et un manque de matière. Le millésime 1990 est très variable d’une cuvée à l’autre, et même 1989 qui est connu pour avoir produit des vins de grande garde se montre moyennement.


Les vins fortement botrytisés ou très concentrés se goûtent généralement moins bien jeunes que les vins moelleux un peu plus légers. Est-ce un choix dans la sélection des vins Sigillés que de privilégier un style facile à boire jeune, au détriment de vins taillés pour une grande garde ? Heureusement que certaines grandes cuvées montrent le potentiel de vieillissement des vins moelleux et liquoreux alsaciens. Espérons que quelques flacons de 1994 resteront dans l’Oenothèque suffisamment longtemps pour être dégustés après 2050 !


Thierry Meyer




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