L'Oenothèque Alsace

Première visite au Domaine Weinbach (Kientzheim)

3 novembre 2002


Première visite dans ce domaine très connu en Alsace. Catherine Faller nous reçoit dans un petit salon de dégustation. Dégustation des vins du millésime 2000 et de quelques moelleux du millésime 1998



On débute par le pinot noir réserve 2000, vinifie en rosé corsé pour conserver le maximum de fruit. Un beau dessin, une matière moyenne et une finale assez longue.


Très belle réussite générale pour les 4 cuvées de riesling dégustés:




  • Le Riesling Grand Cru Schlossberg II 2000 est issu de parcelles en haut du grand cru et est encore très muscaté et floral au nez. En bouche la minéralité est très pure, avec une finale sur des arômes de rhubarbe.


  • Le Riesling Cuvée Sainte Catherine II 2000 provient en partie du bas du grand cru Schlossberg (80%) et du reste de la parcelle en dessous du cru, sur les sables granitiques qui ne sont pas classés. Le vin est plus riche et plus épicé que le précédent, avec un petit supplément de maturité mais toujours cette fraîcheur caractéristique.


  • Puis vient le Riesling Grand Cru Schlossberg Cuvée Sainte-Catherine 2000, porte-drapeau des vins secs du domaine, qui enregistre une réussite monumentale dans le millésime. La matière sèche en bouche est énorme, le vin est gras, dense, ample, avec une acidité présente sans être gênante, et très peu de sucre résiduel.


  • Une sous-parcelle plantée de vieilles vignes (60ans) a été utilisée pour créer cette année encore le Riesling Grand Cru Schlossberg cuvée Sainte-Catherine « L’inédit » 2000, proposant un supplément de maturité par rapport au précédent. Le style est plus souple, plus dense, mais on ne sent pas les 20 grammes de sucre par litre tellement l’acidité naturelle donne un bon équilibre.

Une gamme de rieslings très homogène, que vient compléter la cuvée Theo issue du Clos des Capucins mais que nous n’avons pas goûté. Si le terroir granitique du Schlossberg convient parfaitement au riesling, aucun autre cépage n’y est plante par le domaine.


Le Pinot Gris Réserve 2000 est issu du clos des Capucins, terrain composé de galets granitiques et de sables limoneux dans le cône de déjection de la Weiss toute proche (c’est la rivière qui a creusé la vallée de Kaysersberg). Il est riche et fin, légèrement fumé, avec un léger moelleux en bouche.


Le Pinot Gris Cuvée Laurence 2000 provient de l’Altenbourg, un terrain en contrebas du GC Furstentum et a dominante argilo-calcaire, qui n’est pas classé GC. Le vin est plus épicé, avec des arômes d’abricot, de miel, et un léger fumé en fin de bouche. Le grand vin de gastronomie par excellence. Le faisan, le veau a la crème ou des plats plus goutus encore ne lui feront pas peur.


Notre dégustation s’accélère pour rester dans les temps que nous nous sommes imposés. Le Gewurztraminer Altenbourg Cuvée Laurence 2000 est d’une fraîcheur étonnante, avec des arômes de liche et de rose au nez. La bouche vient contredire l’impression légère du nez et montre beaucoup de densité, un sucre bien fondu (40gr/l) et déjà un bel équilibre.


Catherine doit partir, mais Madame Faller vient nous servir quelques vins moelleux pour terminer la dégustation.


Le Riesling Vendanges Tardives 1998 provient du GC Schlossberg et possède un botrytis très marqué qui montre sa jeunesse. L’acidité perçue en bouche est moyenne tellement la concentration est grande, il lui faudra quelques années pour s’équilibrer.


Enfin, nous terminons avec un Pinot Gris Altenbourg Sélection de Grains Nobles 1998. Le nez est à nouveau très botrytisé, avec des notes de raisin rôti, du miel, et une bouche très riche. La finale de ce dernier vin est très longue.


En conclusion, les vins du domaine confirment leur étonnante fraîcheur, avec une bonne rondeur en bouche. La surmaturité n’est jamais transformée en des vins trop lourds, trop piquant, ou trop forts. Notre grand regret est de n’avoir pas pu goûter les sylvaner et pinot blancs 2000, qui sont déjà épuisés au domaine. Ils sont généralement très équilibrés et représentatifs de leur cépage. En tout cas le millésime 2000 est très grand pour les vins secs et très réussi pour les autres. Les vins dégustés montrent une très grande maîtrise de la vinification, avec un style gras et dense propre au domaine et une volonté d’adéquation entre le terroir et le cépage. Peut-être est-ce trop rationnel ? Manque-t-il le petit grain de folie qui différencie le sublime du divin ? J’espère pouvoir en discuter avec Laurence lorsque nous pourrons la rencontrer.

Thierry Meyer


ps : pour infos supplémentaires sur les vins et contact avec le domaine, voir leur site Web