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Première visite au Domaine Rolly-Gassmann

15 Juillet 2001


Visite au caveau, en plein milieu des palettes de bouteilles en attente. Marie-Thérèse Rolly-Gassmann nous reçoit, le fils Pierre étant dans les vignes nous rejoignant un peu plus tard. A son retour, Pierre nous donne une description rapide de la mosaïque géologique que représente la commune de Rorschwihr, au début du champ de fracture de Ribeauvillé.



On trouve de tout, du primaire au quaternaire, ce qui donne une multitude de petites parcelles avec des terroirs bien différents. Une des raisons pour lesquelles le village n’a pas de grand crus : il aurait fallu en revendiquer plus d’une douzaine pour être honnête avec la notion de terroir. La tentative de regrouper des parcelles de vignerons influents et de leur coller une étiquette GC a bien entendu échoué. Pierre enregistre les lieux-dits pour leur donner quand même une identité, le plus gros inconvénient pour lui n’est pas marketing mais bien l’impossibilité pour ses vins de participer a des dégustations de grands vins d’alsace, les sélections se limitant en général aux grands crus.


Aperçu de quelques bouteilles avec commentaires succincts :


Sylvaner Réserve 1997 – Rolly-Gassmann (30F) : très mur, marqué par les fruits jaunes, assez corsé en bouche.


Sylvaner Weingarten 1996 – Rolly-Gassmann (35F) : typique de 96 avec des arômes de coing, acidule en bouche, je préfère cet équilibre au précédent.


Pinot Blanc 1999 – Rolly-Gassmann (38F) : Le nez, lacté, est encore marque par l’élevage. La bouche est acide et moyennement corsée.


Auxerrois Rotleibel 1997 – Rolly-Gassmann (42F) : Le nez est fleuri, la bouche souple et légèrement acidulée.


Auxerrois Moenchreben 1998 – Rolly-Gassmann (48F) : Un peu plus structuré que le Rotleibel 97 avec une bouche plus marquée par les fleurs blanches.


Riesling Réserve 1998 – Rolly-Gassmann (58F) : Le nez est marqué par le pamplemousse, la bouche plutôt par de la pêche, avec une bonne acidité et presque pas de sucre résiduel, ce qui donne un très bon équilibre.


Riesling Réserve 1997 – Rolly-Gassmann (58F) : La différence de millésime est sensible, le 97 ayant un peu de sucre résiduel et une acidité plus basse, donnant un ensemble un peu déséquilibré.


Riesling Silberberg 1998 – Rolly-Gassmann (64F) : Un vin plus « terroir », avec une forte minéralité au nez et une bouche dense mais encore fermé.


Riesling Pflaenzerreben 1993 – Rolly-Gassmann (80F) : On sent l’évolution avec un léger pétrole au nez et en bouche, l’archétype du riesling sec alsacien.


Riesling Kappelweg 1998 – Rolly-Gassmann (84F) : Un riesling 98 récolté tardivement, ce qui lui donne un peu de sucre résiduel. La bouche est dense et l’acidité fine.


Riesling Pflaenzerreben 1994 – Rolly-Gassmann (90F) : le sucre résiduel est un peu fondu, et on retrouve de très légères traces de cire et de pétrole. Goûter 93 et 94 permet de choisir le style de riesling qu’on aime.


Muscat 1999 – Rolly-Gassmann (65F) : Le nez muscaté a merveille mais la bouche se révèle creuse et courte en finale. Le vin ne se présente pas très bien, ou la bouteille était un peu fatiguée ? Le 94 et le 96 servis dans certains grands restaurants sont plus agréables.


Muscat Vendanges Tardives 1997 – Rolly-Gassmann (110F) : Le nez est marqué par le tilleul, ce qui le rend un peu atypique. La bouche est fine et légèrement moelleuse.


Muscat Moenchreben Vendanges Tardives 1997 – Rolly-Gassmann (250F) : Les arômes se font plus minéraux au nez, et la bouche est plus structurée avec une minéralité digne d’un grand cru. Est-ce pour cela qu’il est si cher ?


Pinot Gris Rotleibel 1998 – Rolly-Gassmann (78F) : La bouche est acidulée, marquée par les fruits jaunes, avec un peu de sucre résiduel.


Pinot Gris Réserve Rolly-Gassmann 1994 – Rolly-Gassmann 100F) : Les fruits jaunes au nez se complètent par des arômes fumés qui donnent beaucoup de charme à ce vin. En bouche, on sent une pointe de botrytis.


Pinot Gris Vendanges Tardives 1997 – Rolly-Gassmann (110F), 1996(110F) et 1990 (163F) : Les deux premiers sont marques par le millésime, acidité moyenne et fruits jaunes pour le 97, arômes de coing et de figue pour le 96. Seul le 90 dévoile un équilibre obtenu par les 10 ans de bouteille, avec une finesse du botrytis impressionnante en bouche.


Pinot Gris Sélection de Grains Nobles 1989 – Rolly-Gassmann (200F les 37.5cl) : Encore très équilibré grâce à une bonne acidité, le reste se passe de commentaires …


Gewurztraminer 1999 – Rolly-Gassmann (55F) : Un vin minéral, épicé, avec des arômes de rose et un léger sucre résiduel.


Gewurztraminer Stegreben 1995 – Rolly-Gassmann (76F) : Vin très mur, on sent à la fois l’évolution et la densité des arômes en bouche. Très longue finale.


Gewurztraminer Stegreben 1991 – Rolly-Gassmann (80F) : L’évolution a donné a ce vin des arômes de mandarine et d’écorce d’orange. La bouche est sèche, un vin de gastronomie.


Gewurztraminer Oberer Weingarten 1993 – Rolly-Gassmann (85F) : La suite des millésimes continue. 93 est en général très minéral, on trouve des notes de pierre a fusil au nez et une bouche très sèche et épicée. Encore un gewurztraminer de table.


Gewurztraminer Stegreben Cuvée Anne-Marie 1993 – Rolly-Gassmann (120F) : L’évolution est plus marquée sur ce vin que sur le précédent, avec toujours un nez de pierre à fusil.


Gewurztraminer Oberer Weingarten Vendanges Tardives 1996 – Rolly-Gassmann (140F) : Assez proche du pinot gris VT 96, le coing dominant un peu l’ananas, avec une bonne acidité.


Gewurztraminer Sélection de Grains Nobles – Rolly-Gassmann : la fin de la dégustation manque de précision au niveau de mes notes, mais les Haguenau SGN 97 (220F) , Brandhurst SGN 97 (230F) et Oberer Weingarten SGN 97 (250F) sont tous très fins, moyennement corse, avec une bonne minéralité en bouche. Le SGN 1989 (450F) termine le tout par un équilibre fabuleux, un sucre fondu, et une complexité très grande en bouche.


L’ensemble des vins est très mur, et la diversité des millésimes proposes témoigne d’une volonté de ne mettre a la vente que des bouteilles a maturité. L’inconvénient est qu’il est difficile de goûter le même cépage dans le même millésime sur plusieurs terroirs. Je ne suis pas certain d’avoir compris comment ils fixaient leurs prix, mais dans l’ensemble ils sont très bons en regard de la qualité des vins.


Une vraie caverne d’Ali-baba en conclusion, et un accueil qui méritera une autre visite après les vendanges.


Thierry Meyer