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Le riesling des années 90 à la Confrérie Saint Etienne

27 juillet 2006


Le séminaire de vieux millésimes du mois de juillet a permis de goûter une sélection de rieslings de 1990 à 1995. Les vins issus en majorité de grands crus ont permis de découvrir chaque millésime et de constater un profil d’évolution très variable. Les domaines réputés comme Blanck, Weinbach ou Zind-Humbrecht étaient de la partie, avec des vins dotés d’un grand potentiel de vieillissement. Tour d’horizon en 13 vins…



Pour avoir des détails sur chaque millésime, lire les notes du CIVA sur les millésimes des années 90 ici. Combinant une analyse du contexte économique avec un profil du millésime, les textes donnent une indication générale du profil de chaque année, même si de Cleebourg à Thann les conditions climatiques tout au long de l’année peuvent être très variables.


Riesling Grand Cru Gloeckelberg 1990 – Cave Vinicole de Ribeauvillé : La robe est jaune doré, avec des reflets paille. Le nez est parfumé, ouvert et déjà évolué avec des arômes d’agrumes confits, de fumée, de cuir et de feuille séchée. L’attaque en bouche est moelleuse, puis le vin se montre gras, minéral et très pur avec beaucoup de finesse. La finale est fondue, de longueur moyenne avec une persistance de notes d’épices et d’encaustique. Une cuvée équilibrée en bouche, dont le nez semble évolué, probablement à cause de la forte maturité des raisins. Un vin qui est à son apogée, qui devrait bien se boire sur les 10 prochaines années. Bien


Riesling Grand Cru Furstentum Vieilles Vignes 1990 – Paul Blanck : la robe est jaune doré assez clair. Le nez est discret, mûr avec des arômes de citron, de coing et une pointe d’encaustique. La bouche est moelleuse en attaque, ample et grasse avec une acidité fine qui apparaît progressivement, donnant un style sec au vin. La finale reste marquée par une longue minéralité gustative qui domine la bouche. Le vin est riche et profond, arrive doucement à son apogée, et il vaudrait mieux l’attendre encore quelques années. Doté d’un grand potentiel, il devrait bien évoluer sur les 20 prochaines années. Très Bien


Riesling Grand Cru Schlossberg Cuvée Sainte Catherine 1991 – Domaine Weinbach : Le premier nez est parfumé, mûr avec des arômes d’agrumes et de camphre, évoluant sur des arômes complexes de fruits jaunes, d’écorce d’orange, de thé et de cire. La bouche est franche en attaque, puis dense avec du gras, développant progressivement de beaux amers. La finale est de bonne longueur, fine avec un léger moelleux. Une cuvée qui possède beaucoup de maturité, proche du Schlossberg Vendanges Tardives 1990. Un vin qui devrait rester au sommet de sa forme sur les 10 prochaines années, voire plus. Très Bien


Riesling Grand Cru Wiebelsberg 1991 – Emile Boeckel : Le nez est ouvert, intense et très agréable avec des arômes d’ortie, d’herbe séchée et de fumée. La bouche sèche en attaque, poivrée et très saline avec une acidité très présente du début à la fin. La finale est assez courte, dominée par l’acidité. La différence de maturité des raisins explique les différences aromatiques avec le précédent, et si les arômes trahissent l’évolution du cépage, la salinité en bouche est très typée par le terroir gréseux du Wiebelsberg. A boire dans les 5 ans pour profiter de fruit, même si cette cuvée devrait bien tenir au vieillissement avec un lent déclin. Bien


Riesling Sigillé 1992 – Dopf au Moulin : La robe est jaune doré. Le nez est légèrement oxydé, avec des arômes de cire. La bouche est légère, grasse et sèche, avec une acidité basse qui fait ressortir le moelleux. On n’est certes plus sur un grand cru, mais le stade d’évolution et l’acidité basse font plus penser à un problème de bouchon qu’à une évolution rapide du vin. A regoûter. Bof


Riesling Grand Cru Sommerberg 1992 – Kuehn : Le nez est ouvert, parfumé et très mur avec des arômes de fruits à chaire blanche. La bouche est sèche en attaque, puis poivrée et structurée par une fine acidité, avec une bonne minéralité. Le vin reste léger, avec une finale assez longue sur des notes de menthe sèche et de pierre. Un vin mûr et minéral qui se goûte bien, à boire dans les 5 ans pour profiter de cet équilibre subtil entre le fruit et le minéral, avant que le vin ne parte dans une évolution. Bien


Riesling Kaefferkopf Cuvée Jean-Baptiste 1993 – JB Adam: Le nez est d’intensité moyenne, sur les épices et les herbes sauvages, avant de prendre des notes de fleurs blanches plus nettes à l’aération. La bouche est franche en attaque, puis légère et jeune avec du gras et une bonne vivacité qui perdure. Le vin est frais, désaltérant avec une acidité légèrement asséchante en finale. Une cuvée bien structurée construite sur une matière mûre, qui devrait conserver cet équilibre une bonne dizaine d’années. Très Bien


Riesling Sigillé 1993 – W. Gisselbrecht: Le nez est intense, ouvert et légèrement évolué avec des arômes de citron, de cuir et d’épices. La bouche est sèche, voire vive en attaque, puis légère avec des arômes agrumes frais, prenant un aspect évolué avec une structure fragile. La finale reste acidulée avec des notes fumées. Le vin est fragile et commence à décliner lentement, il se boira encore bien sur les 10 ans à venir grâce à son acidité. La différence de profondeur liée au terroir se remarque de nouveau sur la paire de 93, le vin de Gisselbrecht étant originaire de vignes sur Dambach la Ville et Scherwiller. Bien


Riesling Grand Cru Kirchberg de Ribeauvillé 1994 – Jean Sipp : Le nez est ouvert, grillé et mur avec des notes de fruits mûrs, de coing et de miel, prenant une note lactique moins nette à l’aération. La bouche est moelleuse en attaque, puis grasse avec une acidité faible inhabituelle pour cette cuvée réputée. Nous suspectons à nouveau une altération due au bouchon pour ce vin qu’il faudra regoûter. Bof


Riesling Grand Cru Brand 1994 – Zind-Humbrecht : Le nez est parfumé, très mûr avec des arômes de miel, d’agrumes confits, de fruits exotique et d’ananas, évoluant sur des notes fumées. L’attaque en bouche est fraîche, marquée par une pointe de gaz, puis très mûre et acidulée, proposant un équilibre pur, riche et minéral très typique du millésime. La finale est longue avec du gras et des notes de pamplemousse rose. L’acidité et l’âge du vin confèrent un caractère sec à cette cuvée très minérale, arrivant doucement à maturité avec un potentiel de garde supérieur à 20 ans. Excellent


Riesling Rosenberg 1995 – Barmès-Buecher : La robe est dorée, foncée, tirant sur l’orangé. Le nez est légèrement oxydé, avec des arômes d’écorce d’orange, de cire et de tarte Tatin. La bouche est sèche en attaque, puis corsée avec une forte acidité qui accompagne un caractère oxydatif marqué. Une bouteille défectueuse, à regoûter. Non noté


Riesling Clos Saint Ulrich 1995 – Mittnacht-Klack : Le nez est très mûr, avec des arômes d’agrumes confits, évoluant sur des notes d’écorce d’agrumes et de miel. La bouche est moelleuse en attaque, puis bien structurée, mûre avec une bonne concentration. La finale reprend les arômes d’écorce d’orange du nez, donnant un caractère sec à la longue finale. Un vin marqué par la surmaturité et le caractère sec du millésime, de très bonne tenue (terroir de schiste en décomposition au dessus de Ribeauvillé). Devrait se maintenir à ce niveau encore 10 ans au moins. Très Bien


Riesling Grand Cru Brand 1990 – Cave Vinicole de Turckheim : Pour terminer, une bouteille supplémentaire du millésime 1990. Le nez est délicat, complexe et évolué avec des arômes de foin, de pierre à fusil, de café et de fumée. La bouche est vive en attaque, puis sèche et légère avec un bon équilibre. Cette bouteille est une des premières cuvées achetées en 1997 lorsque j’ai commencé à monter la cave, et le vin se buvait encore très bien sur un équilibre jeune jusqu’en 2000. Il a depuis amorcé un lent déclin. Un vin bien conservé, à boire dans les 5 ans avant que l’équilibre fragile ne disparaisse. Bien


Une dégustation intéressante, car les millésimes 1990 à 1995 ont des profils très variés. Malheureusement avec trois bouteilles douteuses,  à regoûter car probablement altérées par un bouchon défectueux, la série est assez hétérogène coté bouchage. Est-ce un mal des années 90 qui s’est amplifié ?


J’ai suggéré des dates d’apogées correspondant à l’équilibre actuel des vins, la plupart étant encore marqués par un fruit très frais. Un vin à boire dans les 10 ans prendra un équilibre différent passé cette date, et si je le goûte à ce moment je pourrai très bien suggérer une garde supplémentaires de 15 ans à ce nouveau niveau d’équilibre.


Le millésime 1990 a permis de constater la différence de profondeur et d’évolution entre terroirs granitiques (Brand, Gloeckelberg) et terroirs plus calcaire (Furstentum). Le millésime 91 faisait ressortir la minéralité de chaque terroir, franc et vif sur le Schlossberg (granitique), plus salin sur le Wiebelsberg (gréseux). L’évolution dans le temps des 91 dépend de la situation climatique. Les meilleures cuvées vieilliront plus longtemps que les 90 issus de terroirs légers et de rendements élevés. 1992 était une année mure, malheureusement les vins sont parfois un peu dilués à cause d’une charge excessive (le Riesling Clos Sainte Hune 1992 a bénéficié de vendanges en vert t possède une bonne concentration). 1993 a donné des vins secs qui évoluent de manière droite, et a permis de remarquer une nouvelle fois la bonne tenue des vins du Kaefferkopf. 1994 et 1995 sont des millésimes mûrs, avec un surcroît de botrytis en 1995. Malheureusement il était difficile de retrouver un élément commun, deux vins étant défectueux.


Thierry Meyer


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