L'Oenothèque Alsace

Le millésime 2004 à la Cave des Hospices de Strasbourg

8 avril 2006


La journée porte ouverte à la cave des Hospices de Strasbourg était l’occasion de déguster l’ensemble des vins du millésime 2004. La diversité de l’origine des vins qui fait la richesse de la cave a cette année été un peu atténuée par la générosité du millésime 2004, qui a donné des vins souvent légers, manquant de caractère. La sélection des vins retenus à l’issu de cette dégustation comporte néanmoins quelques flacons à découvrir.



Les hospices et le vin : derrière le modèle bourguignon des Hospices de Beaune c’est toute une histoire du monde du vin qui s’écrit. Lorsque la cave des hospices de Strasbourg a été remise en état de marche, l’idée était d’accueillir la production de plusieurs producteurs, une quarantaine aujourd’hui. A l’opposé de l’organisation des Hospices de Beaune, les vins proviennent en effet de plusieurs domaines et sont élevés après fermentation dans la cave de Strasbourg, avant d’être mis en bouteille et revendu par chaque producteur. Les vins élevés dans la cave des Hospices de Strasbourg utilisent une bouteille et une étiquette dédiée. Les prix indiqués sont les prix de vente du magasin de la cave des hospices.


Venu tôt à la journée porte ouverte pour pouvoir goûter à toute la gamme 2004, j’ai souvent eu droit au premier verre d’une bouteille fraîchement ouverte. Les vins ont souvent nécessité de l’aération dans le verre, et les visiteurs de l’après-midi ont probablement eu plus de facilité à goûter les vins ouverts depuis plusieurs heures.


Sylvaner « Zo Vieilles Vignes  Hospices de Strasbourg » 2004 – Jean-Marc Wantz (Barr, 6.8€) : Le nez est discret, floral avec des notes de mousseron. La bouche est grasse en attaque, puis plus sèche avec une belle salinité, l’acidité restant mesurée et fondue. La finale est longue et saline avec une persistance d’arômes d’amande fraîche. Un très beau vin désaltérant, issu du Grand Cru Zotzenberg dont il exprime à merveille la salinité. Encore classé en AOC Alsace en 2004, ce sera le plus beau vin de la dégustation. Très Bien


Pinot Blanc « Hospices de Strasbourg » 2004 – Cave Vinicole de Beblenheim (6.8€): Le premier nez est discret, floral, évoluant sur des arômes de fruits à chaire blanche à l’aération en gagnant un peu d’intensité. La bouche est grasse en attaque, fruitée avec un corps moyen, évoluant sur un équilibre gras très typique du pinot blanc. La finale est moyennement longue avec des arômes de fruits à chaire blanche. Un beau pinot blanc à boire. Bien


Riesling « Hospices de Strasbourg » 2004 – Michel Fonné (Bennwihr, 7.9€) : Le nez est net, ouvert et jeune, avec des arômes d’agrumes et d’abricot. La bouche est franche et fruitée en attaque, puis bien équilibrée sur un registre frais. Le vin est net, pur et agréable à boire, avec des notes d’agrumes qui persistent en finale. Un bon riesling franc. Bien


Riesling Muhlforst « Hospices de Strasbourg » 2004 – Vincent Stoeffler (Barr, 7.9€) : le premier nez est discret, marqué par une pointe d’acidité volatile, puis gagnant en netteté à l’aération avec des arômes d’agrumes, sans prendre d’intensité. La bouche est grasse en attaque, avec une bonne concentration et une minéralité gustative très présente, évoluant gras avec une bonne acidité. La finale est longue et puissante. On change de dimension avec cette cuvée de riesling à garder ou à carafer. Très Bien


Riesling Stein « Hospices de Strasbourg » 2004 – Emile Boeckel (Mittelbergheim, 8.6€) : Le premier nez est net, fruité et simple, évoluant en gagnant de l’intensité sur d’agréables notes de fleurs blanches. La bouche est sèche et fraîche en attaque, évoluant sur un équilibre acide qui exprime une belle minéralité et beaucoup de sapidité. La finale est de bonne longueur avec des notes d’agrumes. Un riesling droit issu d’un beau terroir, encore un peu jeune à ce stade, mais doté d’un réel potentiel de bonification dans 3-4 ans. A garder. Bien


Riesling Bildstoecklé « Hospices de Strasbourg » 2004 – Sylvain Hertzog (Obermorschwihr, 8.6€): Le premier nez est discret, sur des arômes d’agrumes mûrs, évoluant pu en intensité à l’aération. L’attaque en bouche est franche et fruitée, évoluant sur une bonne densité avec une acidité fine qui apparaît progressivement. Un vin encore jeune, sur la réserve, qui offre une belle salinité en finale avec des arômes de pamplemousse rose. Un bon potentiel de bonification au vieillissement. Bien


Riesling Grand Cru Wiebelsberg « Hospices de Strasbourg » 2004 – E. Klipfel (Barr, 10.8€) : Le premier nez est discret, minéral avec des notes de noisette fraîche, gagnant lentement de l’intensité à l’aération. La bouche est franche en attaque, puis se montre dense et sèche avec du gras et une bonne minéralité sur la langue. Le vin est fin avec une finale fruitée et délicate de bonne longueur. Un grand cru Wiebelsberg qui exprime toute sa délicatesse, encore un peu jeune pour donner toute sa mesure. Bien


Riesling Grand Cru Rangen « Hospices de Strasbourg » 2004 – Bruno Hertz (Eguisheim, 18€) : Le nez est mûr avec des arômes de pêche et de miel et une pointe d’acidité volatile. La bouche est grasse en attaque, puis dense et légèrement moelleuse avec une bonne minéralité. La finale est longue et légèrement marquée par l’alcool, conservant les arômes de pêche du nez. Le vin est ouvert, fruité et pur mais manque un peu de race pour un Rangen, comparé aux cuvées de Martin Schaetzel ou Zind-Humbrecht. Il se goûte moins bien qu’au domaine dix jours plus tôt. Bien


Riesling Vieilles Vignes « Hospices de Strasbourg » 2004 – Ruhlmann (Dambach la Ville, 7.5€): Le nez est de bonne intensité, mûr avec des arômes d’agrumes. La bouche est fraîche en attaque, puis croquante et minérale, avec une bonne concentration et une acidité légèrement asséchante en finale. Le vin est sec, vif comme un jeune pur-sang, et méritera d’être conservé quelques années. Bien


Klevner de Heiligenstein Cuvée E. Wantz « Hospices de Strasbourg »  2004 – Charles Wantz (9.9€): Le nez est ouvert, net et de bonne intensité, avec une dominante amylique et des notes de banane. La bouche est grasse et légèrement moelleuse en attaque, évoluant sur un équilibre gras et sec avec des notes anisées. La finale est sèche, riche avec une bonne persistance du caractère épicé. Un vin à garder quelques années. Bien


Pinot Gris « Hospices de Strasbourg » 2004 – Zeyssolff (Gertwiller, 9€) : Le nez est dominé par un élevage sous bois, avec des notes boisées et toastées. La bouche est grasse, fruitée et boisée, assez légère avec une bonne persistance du fruit. L’acidité est fine et apparaît progressivement. Un pinot gris équilibré, à boire dès à présent. Bien


Pinot Gris « Hospices de Strasbourg » 2004 – Cave de Hunawihr (10.2€): Le premier nez est ouvert et simple avec des arômes d’agrumes, perdant de l’intensité à l’aération en prenant des notes de fruits secs. L’attaque en bouche est moelleuse, avec du gaz, puis le vin se montre frais avec un fruité mis en avant par cette vivacité. La finale est assez longue avec un moelleux qui adoucit l’acidité et des notes de champignon. Un pinot gris à boire. Bien


Pinot Gris Vendanges Tardives « Hospices de Strasbourg » 2004 – Seppi Landmann (Soultzmatt, 21€) : un vin non disponible à la dégustation en avril car il n’avait pas reçu l’agrément VT, mais goûté quelques jours plus tard au domaine, que je place ici pou être exhaustif sur le millésime 2004. Le nez est parfumé, avec des arômes de fruits secs, de miel, et une légère évolution marquée par des notes de sous-bois. La bouche est grasse et moelleuse en attaque, équilibré avec une fine acidité. Le vin a une puissance moyenne et un équilibre dominé par la finesse, ce qui le rend agréable à boire dès aujourd’hui. Bien


Kaefferkopf « Hospices de Strasbourg » 2004 – Kuehn (Ammerschwihr, 12€) : un assemblage à dominante de gewurztraminer issu de ce lieu-dit en cours de classement en AOC Alsace Grand Cru. Le premier nez est intense, floral avec des arômes de rose, évoluant sur des arômes de pêche et de miel. La bouche est fruitée en attaque, très plaisante avec une bonne fraîcheur et une bonne concentration. La finale est assez courte mais contribue à donner un caractère plaisant et déjà facile à boire au vin. Bien


Gewurztraminer « Hospices de Strasbourg » 2004 – Cave Vinicole d’Obernai (9€): Le nez est ouvert et fruité, d’intensité moyenne avec des arômes de rose et de litchi. La bouche est moelleuse en attaque, suivie par un équilibre frais, floral et quasiment sec soutenu par une bonne acidité, avec une finale plus ronde. Le vin est équilibré, parfumé et très plaisant. Bien


Gewurztraminer Cuvée Chloé « Hospices de Strasbourg » 2004 – Jean-Marie Vorburger (Voegtlinshoffen, 9.5€) : Le nez est mûr sur un registre floral avec des notes de miel à l’aération. La bouche est grasse, fine et de bonne densité avec une acidité fine qui apparaît progressivement. La finale est délicate sur des notes florales. Un gewurztraminer qui se montre pur et très agréable à boire. Bien


Gewurztraminer Masel « Hospices de Strasbourg » 2004 – Sylvain Hertzog (11.5€): Le nez est ouvert, de bonne intensité avec des arômes de rose, de pierre à fusil et de grillé. La bouche est ronde en attaque, pure et de concentration moyenne, évoluant sur un équilibre minéral marqué sur la langue. La finale est grasse avec une persistance de notes florale. Un gewurztraminer de caractère. Bien


Gewurztraminer Grand Cru Pfersigberg « Hospices de Strasbourg » 2004 – Bruno Hertz (11.5€): Le nez est moyennement intense, fruité avec une dominante d’arômes de pêche. La bouche est moelleuse en attaque, puis plus sèche avec beaucoup de pureté et un fruité très aérien. La finale est de longueur moyenne. Un vin à attendre un peu. Bien


Pinot Noir Vieilles Vignes « Hospices de Strasbourg » 2004 – Ruhlmann (Dambach la Ville, 8.5€) : La robe est rouge très clair, tirant sur la pelure d’oignon façon œil de perdrix. Le nez est discret, délicatement parfumé avec des notes florales et de fruits rouges. La bouche est fruitée et légère en attaque, les tanins sont fins et discrets, donnant un équilibre plaisant. La finale est courte avec des notes discrètes de bois sec. Une vinification légère très appropriée sur ce millésime a donné un vin agréable. Bien


Autres vins dégustés et non sélectionnés :




  • Pinot Auxerrois « Hospices de Strasbourg » 2004 –  Cave Vinicole d’Obernai (7€)


  • Riesling « Hospices de Strasbourg » 2004 – Cave Vinicole de Beblenheim (7.5€)


  • Riesling « Hospices de Strasbourg » 2004 – Christophe Bleesz (Reichsfeld, 7.5€)


  • Riesling « Hospices de Strasbourg » 2004 – Wolfberger (7.5€)


  • Pinot Gris « Hospices de Strasbourg » 2004 – Wolfberger (9.4€)


  • Pinot Gris « Hospices de Strasbourg » 2004 – Runner (Pfaffenheim, 8.4€)


  • Pinot Gris « Hospices de Strasbourg » 2004 – Cave de Cleebourg (9.9€)


  • Pinot Gris Grand Cru Kirchberg de Barr « Hospices de Strasbourg » 2004 – E. Klipfel (11.5€)


  • Pinot Gris « Hospices de Strasbourg » 2004 – Cave du Roi Dagobert (Traenheim 8.5€)


  • Gewurztraminer Schloesselreben « Hospices de Strasbourg » 2004 – Cave Vinicole de Beblenheim (9€)


  • Gewurztraminer « Hospices de Strasbourg » 2004 – Wolfberger (9.6€)


  • Pinot Noir « Hospices de Strasbourg » 2004 – Cave Vinicole d’Ingersheim (8.4€)


  • Pinot Noir « Hospices de Strasbourg » 2004 – Cave de Cleebourg (9€)


  • Pinot Noir Côte de Barr « Hospices de Strasbourg » 2004 – Domaine Hering (Barr, 8.6€)

Une dégustation tout en contraste avec des vins corrects qui ne suscitent pas toujours un grand enthousiasme. La diversité des origines des vins, même élevés en un seul lieu, ne permet pas d’identifier un style propre à la Cave des Hospices. Les quelques vignerons présents lors de cette journée dégustation éprouvaient parfois des difficultés à servir certaines cuvées, partageant avec une diplomatie digne d’un membre de l’ONU leur avis mitigé. Les cuvées des producteurs réputés sortent facilement du lot, en particulier lors d’une dégustation comparative de ce style.


Les prix restent sages, souvent sous la barre de 10 euros, mais dans le vignoble autour de Strasbourg on trouve des vins d’un autre calibre dans cette gamme de prix (Romain Fritsch, Maurice Heckmann, Etienne Loew, Frédéric Mochel, Anne-Marie Schmitt etc.).


L’intérêt touristique de la cave est finalement son principal atout : les grands foudres et la présence du plus vieux vin du monde (un fut en activité depuis 1472, régulièrement ouillé) en font une visite agréable. Le magasin attenant offre en outre la possibilité d’acheter des vins des hospices, d’autres vins des producteurs membres de la cave ainsi que d’autres vins de France et du reste du monde.


Thierry Meyer




  • Cave Historique des Hospices de Strasbourg


  • 1, Place de l’Hôpital


  • F – 67091 STRASBOURG Cedex


  • Tél. + 33 3 88 11 64 50


  • Fax + 33 3 88 12 81 59


  • Contact et renseignements : philippe.junger@chru-strasbourg.fr


  • Détails sur la cave sur le web de la route des vins

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