L'Oenothèque Alsace

Le millésime 1979 à la Confrérie Saint Etienne

17 août 2006

Revue de détail du millésime 1979 lors d’une dégustation horizontale organisée par le Confrérie Saint-Etienne au château de Kientzheim. A plus de 27 ans d’âge, Riesling, Muscat et Gewurztraminer se sont de nouveau montrés en pleine forme, la qualité du bouchage marquant parfois une évolution rapide des vins. Parmi les coups de cœur, superbes rieslings de Léon Beyer et Ernest Burn : les grands terroirs son toujours présents !

Les notes du CIVA sur le millésime 1979 indiquent un millésime généreux en quantité (plus de 93 hl/ha de rendement moyen) mais issu d’une belle année. Un printemps froids avec des gelées a laissé place à un été chaud, sec en juillet, avec des orages en août, et beau en septembre/octobre. Faisant suite à la petite récolte des millésimes 1976 et 1978, cette combinaison e quantité et qualité fut bien accueillie par une Alsace qui soufrait de ne pas pouvoir répondre à une forte demande (autres temps, autres mœurs !). Il restait à confirmer l’aptitude à la garde de ce millésime réputé pour ses acidités plus basses que la normale.

Sylvaner 1979 – Laugel (Marlenheim) : La robe est jaune clair avec des reflets dorés, brillante. Le nez possède une bonne intensité mais se présente sur un registre âgé : feuille morte, encaustiques, épices, fleurs séchées, on est à cheval entre une agréable évolution et une altération due au bouchon. La bouche est sèche en attaque, fine et légère avec une petite minéralité et du gras. La finale est épicée, courte. La fraîcheur en bouche détonne avec l’évolution du nez, ce qui fait penser à un problème de bouchon. Si le prochain flacon se montre plus frais au nez et confirme la faible évolution de ce vin, il tiendra encore 10 ans au moins. Bien

Riesling Clos Saint Imer 1979 – E. Burn (Gueberschwihr) : la robe est jaune dorée, très brillante. Le premier nez est discret, avec des notes de foin, évoluant rapidement à l’aération avec des arômes de brioche et de fleurs séchées. La bouche est grasse en attaque, puis plus franche avec une très belle minéralité, évoluant sur un bel équilibre gras soutenu par une acidité fine. Le Goldert parle bien sur ce vin qui a conservé une bouche d’une grande jeunesse avec beaucoup de profondeur. Un vin à boire dans les 10 ans, pour conserver cette fraîcheur et ne pas laisser le nez se détériorer. Très Bien

Riesling 1979 – Josmeyer (Wintzenheim) : La robe est jaune doré. Le nez est discret, avec des arômes de menthe séchée et d’ail des ours, évoluant à l’aération sur des notes d’agrumes et de fumée plus intenses. La bouche est vive en attaque, puis sèche avec des arômes de fruits acidulés, évoluant sur un équilibre sec avec des épices en finale. Un vin d’une bonne densité, qui se montre assez austère sur cette bouteille, avec la rigueur et la constance des vieux millésimes du domaine Josmeyer. A boire dans les 10 ans. Bien

Riesling Les Murailles 1979 – Dopf et Irion (Riquewihr) : Le nez est ouvert, net et de bonne intensité, avec des arômes de menthe séchée, d’encaustique et de fumée. La bouche est sèche en attaque, puis grasse avec une acidité fine qui ne domine pas la matière. L’équilibre est encore bon avec du gras en fin de bouche, mais cette bouteille manque d’éclat par rapport à d’autres flacons de cette cuvée dégustés cette année. A boire dans les 10 ans. Bien

Riesling Cuvée des Ecaillers 1979 – Léon Beyer (Eguisheim) : Le premier nez est jeune, épicé et beurré, évoluant à l’aération vers des notes de silex et de fumée. La bouche est franche en attaque, puis sèche, minérale et dense avec une belle acidité qui marque toute la bouche. La finale est longue, renforçant le fruit du vin. Probablement issu du Grand Cru Pfersigberg comme les millésimes récents, voilà un flacon en pleine forme typique du style de la maison Beyer, qui se conservera encore une vingtaine d’années. Très Bien

Riesling Cuvée Théo 1979 – Domaine Weinbach  (Kaysersberg) : La robe est jaune claire, brillante et limpide. Le nez est net, frais, mentholé avec des notes de beurre, donnant une impression délicate. La bouche est grasse en attaque, évoluant sur une bonne acidité plus fraîche avec une bonne concentration. Pas trop de surmaturité dans ce vin, mai un beau toucher de bouche qui rend le vin très plaisant à boire. Ne pas trop tarder pour finir ces bouteilles, pour profiter de cet équilibre délicat. A boire dans les 5 ans. Bien

J’ai également emmené une bouteille de Riesling Cuvée Théo 1979 qui était oxydée, ce qui a permis de comparer un vieux vin et un vin mort : la bouteille défectueuse est de robe ambre, le nez est oxydé avec des arômes de pomme blette et de cire, et la bouche décharnée. Ne pas confondre vieux vin et vin passé.

Muscat Gueberschwihr « Goldert » 1979 – Zind-Humbrecht (Turckheim) : un grand cru pas encore revendiqué, mais une cuvée à dominante de muscat d’Alsace comme dans le grand cru actuel. La robe est or blanc avec des reflets citron, très jeune. Le nez est d’intensité moyenne, pas très complexe, avec des arômes de menthe poivrée. La bouche est fraîche avec du gaz en attaque, puis jeune avec une belle acidité. Malheureusement on perçoit rapidement des notes moins agréables, liégeuses ou issues d’un bouchage défectueux, qui altèrent la finale. A regoûter. Bof

Muscat 1979 – Cave vinicole de Pfaffenheim : Le nez est ouvert, d’intensité moyenne, évolué et légèrement oxydé avec des arômes de verveine. La bouche est souple en attaque, puis de bonne densité avec du gras, prenant en évolution un caractère plus frais avec une acidité fine. La finale est nette et assez courte. Un vin à consommer dans les 5 ans pour profiter de ce bel équilibre. Bien

Muscat Réserve Personnelle 1979 – Kuentz-Bas (Husseren-les-Châteaux) : Le nez est légèrement réduit, avec des arômes de mente sèche, d’épices et de fruits mûrs. La bouche est fraîche en attaque, puis grasse et croquante avec une belle minéralité. La finale est longue avec des arômes de petits fruits rouges. Une belle bouteille dense et encore jeune, certainment issue des terroirs argilo-calcaire de Husseren, qui a bien supporté le vieillissement.  A boire dans les 15 ans. Très Bien

Tokay d’Alsace 1978 – Fernand Gresser (Andlau) : une erreur de millésime lors de la sélection des bouteilles, qui est une bonne occasion de sentir le style 1979 en goûtant une autre année. La robe est jaune vieil or, brillante. Le nez est fruité, légèrement évolué avec des arômes de mirabelle, de quetsche et des notes de miel. La bouche est moelleuse en attaque, puis acidulée, riche et épicée avec des arômes de figue en finale. Le changement de cépage n’explique pas tout, la surmaturité et la concentration du millésime 78 marquent un net changement avec la générosité du millésime 1979. Un vin qui devrait bien se boire dans les 10 prochaines années. Bien

Tokay d’Alsace Clos Saint Landelin 1979 – A&O Muré (Rouffach) : La robe est jaune citron, brillante. Le nez est fumé et anisé, avec des arômes étranges de caoutchouc qui apparaissent à l’aération. La bouche est fraîche en attaque, bien structurée avec du gras, offrant une belle minéralité La finale est parfumée, longue avec des arômes de tisane de plante. Un beau vin dont l’altération du nez fait penser à un problème de bouchon. A regoûter dans les 5 ans pour confirmer son potentiel. Bien

Gewurztraminer Cuvée Spéciale 1979 – Wunsch & Mann (Wettolsheim) : La robe est intense, de nuance jaune doré. Le nez est discret, épicé avec des arômes de verveine et tilleul, gagnant en intensité à l’aération avec une dominant de notes épicées. La bouche est moelleuse en attaque, puis grasse, épicée et légèrement amère. Malgré une acidité peu marquée, la patine de ce vin rend son équilibre très plaisant, et sa concentration permettra de le boire sur les 15 prochaines années. Bien

Gewurztraminer Lot 3 1979 – Hugel et fils (Riquewihr) : La robe est jaune citron avec des reflets dorés. Le premier nez est discret, épicé et fruité avec des notes de miel et de foin qui apparaissent à l’aération. La bouche est fraîche en attaque, fruitée et jeune avec une petite minéralité. La finale est fraîche et épicée. Un vin remarquable de jeunesse, délicatement épicé, qui se conservera encore 20 ans au moins. Très Bien

Gewurztraminer Seigneurs de Ribeaupierre 1979 – Trimbach (Ribeauvillé) : La robe est jaune citron. Le nez est net, de bonne intensité, avec des arômes de pierre à fusil et de fleur séchée, évoluant à l’aération sur des notes d’encaustique. La bouche est grasse en attaque, puis moelleuse avec un léger sucre, évoluant sur un équilibre frais soutenu par une fine acidité. La finale est longue, sèche et épicée. Un vin riche et dense qui conserve un caractère sec, qui se boira bien sur les 15 prochaines années. Le nez est moins frais que la bouche, suggérant à nouveau un problème de bouchon sur ce flacon. Bien

Une belle dégustation horizontale qui montre une nouvelle fois la suprématie des grands terroirs alsaciens. La structure minérale des vins de noble origine leur conserve un caractère ample en bouche, même si les arômes du nez évoluent parfois rapidement. De nombreuses bouteilles étaient légèrement couleuses, avec des niveaux de 3-5 centimètres sous le bouchon. Soit le millésime 1979 attaque les bouchons, soit la qualité du liège cette année laissait à désirer.

Thierry Meyer

 

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