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Les terroirs alsaciens révélés par le riesling

26 mai 2006, Saint Jean de Monts


Comment faire découvrir la richesse des terroirs alsaciens en une seule dégustation ? Même en se concentrant sur les vins de riesling, la sélection des flacons a été longue, pour donner une idée la plus vaste possible des différents styles qu’on trouve du Nord au Sud de la région. Le tour d’horizon a couvert un large éventail de ce qui se fait dans la région, avec 16 vins, 11 producteurs de Guebwiller à Andlau, 9 grands crus et 7 millésimes. Devant la diversité des participants, les appréciations du groupe sont très instructives sur la perception des vins d’Alsace. La dégustation se fait avec deux ou quatre vins à la fois, chaque paire ayant un thème précis. L’objectif du compte rendu est d’expliquer quel était l’aspect à démontrer, quels vins ont été servis, et quels ont été les résultats.



Le prix départ cave des bouteilles est indiqué lorsque les vins sont encore à la vente. Mes notes de dégustations sont suivies par un résumé des appréciations données par le groupe, que je commente à froid après la dégustation.


Le mot terroir a été beaucoup utilisé, trop utilisé au point d’avoir perdu de sa superbe. Les « mijotés du terroir » ne sont-ils pas une nouvelle marque d’aliments pour chien ? Depuis quelques années, il semblerait que la France entière produise des vins de terroirs, position supposée valorisante en opposition avec les caricaturaux « vins de cépages » du nouveau monde. L’Alsace possède une situation particulière combinant terroir ET cépage. D’un coté, les vins sont souvent issus d’un seul cépage, caractéristique principale mentionnée sur l’étiquette. De l’autre, la diversité géologique et climatique de la région est unique au monde et le vignoble offre une palette de terroirs sans équivalents : autour des champs de fractures, on trouve en effet quasiment tous les types de sols existant sur la planète dans un espace de quelques kilomètres carrés.


La dégustation d’un vin va permettre de décrire plusieurs caractéristiques : le type, la maturité et l’intensité des arômes, la maturité et l’intensité de l’acidité, le type d’acidité et son évolution en bouche, la richesse globale, le niveau d’alcool et de sucre résiduel. L’origine de ces caractéristiques trouve dans plusieurs facteurs. Certains facteurs sont liés à l’origine de la parcelle d’abord : sol, sous-sol, pente et exposition, pluviométrie, hygrométrie, ensoleillement… D’autres facteurs sont liés à la culture de la vigne : cépage, pratiques viticoles et oenologiques. Déguster les vins des terroirs alsaciens pour comprendre leur diversité est une tâche complexe, car il faut faire un rapprochement entre plusieurs caractéristiques organoleptiques et plusieurs facteurs du terroir. La dégustation comparative de vins proches (par leur terroir, cépage ou millésime) va permettre de déchiffrer un à un quelques paramètres de cette matrice complexe.


Série 1 : Deux rieslings variétaux


L’idée de cette paire est de découvrir deux expressions différentes du riesling, pour comprendre que toutes les différences entre deux vins ne viennent pas forcément du terroir. Le vin de Bestheim se montre fruité et léger, avec une acidité qui le rend très désaltérant. Le Rebgarten est une parcelle de bas de côteaux sur un sol assez profond et un sous-sol granitique. Le vin de Boxler se montre plus mûr et plus concentré, relativement moins frais que le premier. La cuvée est obtenue avec des jeunes vignes du Sommerberg (granitique) et des parcelles sur un sol plus calcaire. Les différences de style sont très sensibles, ainsi que les préférences de chaque participant pour l’un ou l’autre styles.


Vin 1 : Riesling Rebgarten 2004 – Bestheim (6.25€): le premier nez est discret et fruité, prenant de l’intensité à l’aération avec des aromes de fleurs, d’agrumes, de fruits acidulés et de pomme verte. La bouche est grasse en attaque, puis développe une matière grasse et acidulée avant de revenir sur des notes plus végétales en finale. Le vin possède un équilibre agréable à boire maintenant, la matière supportant bien la vivacité du vin. Bien
Appréciations du Groupe : Excellent-0 Très Bien-1 Bien-12 Bof-7 Beurk-0 : le premier vin d’une dégustation à l’aveugle à la mauvaise place, sans aucun élément de comparaison les appréciations sont forcément au milieu ou dans le bas du tableau – ce qui colle bien à la qualité absolue du vin.


Vin 2 : Riesling 2004 – Albert Boxler (10€) : la robe est or blanc avec des reflets verts. Le premier nez est floral sur de la fleur d’oranger, développant beaucoup d’élégance à l’aération avec des arômes de raisin frais et de fleur de sureau. La bouche est sèche en attaque, assez vive dans un style croquant, évoluant vers du gras en conservant un beau fruité. Le toucher de bouche est très agréable et donne envie de boire ce vin. Une cuvée de bon niveau sur un riesling générique. Très Bien
Appréciations du Groupe : Excellent-0 Très Bien-3 Bien-11 Bof-3 Beurk-3 : les appréciations ne sont pas très différentes du premier vin, la comparaison rendant ce vin un peu plus lourd. En plaçant ce vin en premier, il aurait certainement rendu le vin de Bestheim plus léger..


Série 2 : Deux rieslings de terroirs à l’équilibre très différent


L’objectif de cette paire est de montrer la nature des différences qui existent entre des vins fortement marqués par leur origine. J‘ai choisi deux terroirs différents, deux vins très opposés dans un millésime qui minéralise déjà beaucoup. Le Hengst, dans sa partie marno-calcaire cumule une forte sapidité avec une acidité basse et un taux de sucre similaire au vin précédent, donnant un équilibre souple renforcé par la sensation alcoolique. On est sur un vin puissant qui reste dans le registre du gras. Le Kastelberg, unique grand cru sur sol schisteux en Alsace, est moins dominé par l’alcool, et parait beaucoup plus sec avec un équilibre plus facile d’accès. Dans les deux cas, le nez est ouvert et minéral, et la bouche prend beaucoup de relief avec des expressions différentes de l’acidité, expressions qu’on retrouvera dans les paires suivantes.


Vin 3 : Riesling Grand Cru Hengst 2003 – Barmès-Buecher : Rendement : 35 hl/ha – Age moyen 24ans – Alcool : 14°05 – Sucre : 10.7 g/l – Acidité : 5.8 g/l : le premier nez est marqué par de l’acidité volatile, laissant la place à des arômes de verveine et de citronnelle. L’attaque en bouche est moelleuse, grasse et légèrement sucrée, avec ensuite un fruit concentré très mûr et une acidité fondue. La bouche prend progressivement de la puissance, le terroir revient en force avec des notes fumées dans la longue finale. Un colosse qui se réveille doucement, le millésime n’ayant pas réussi à terrasser le Hengst bien longtemps. Gros potentiel de bonification à la garde, et une grosse récompense aux plus patients. Très Bien.
Appréciations du Groupe : Excellent-0 Très Bien-2 Bien-10 Bof-8 Beurk-0 : un vin qui dans la comparaison laisse apparaître son fort taux d’alcool, ce qui le déséquilibre un peu pour beaucoup de participants.


Vin 4 : Riesling Grand Cru Kastelberg 2003 – Domaine des Marronniers (13.5€) : Le nez est très typé avec des arômes de pierre, de poire et des notes fumées. La bouche est sèche, très fine et assez amère en finale. L’acidité moyenne et les tanins donnent une bonne structure, l’impression minérale est assez forte. Un vin qui minéralise déjà beaucoup, qui se goûte un peu moins bien que le 2002 plus ouvert, mais qui promet de belles dégustations dans 2-3 ans. Très Bien
Appréciations du Groupe : Excellent-1 Très Bien-6 Bien-13 Bof-0 Beurk-0 : les notes se montrent meilleures que pour le vin précédent, avec un caractère sec prononcé.


Série 3 : Expression des terroirs de Granit et de Calcaire par l’acidité


L’idée de cette série était de montrer que l’expression de l’acidité se fait différemment sur un vin issu de terroir granitique (le grand cru Schlossberg) que sur un vin issu d’un terroir plus calcaire (le grand cru Furstentum). Dans le premier cas, sur granit l’acidité est immédiatement présente en début de bouche, et l’évolution se fait sur un registre plus gras et floral. Sur les sols plus calcaires, le début de bouche est plus gras et l’acidité apparaît progressivement en bouche avec un aspect citronné.


L’autre aspect de ces eux paires était de montrer que l’expression de cette acidité et du terroir était difficile sur des vins qui n’expriment pas leur terroir. C’était l’objectif de la première paire des vins de la cave de Kientzheim-Kaysersberg, malheureusement le Furstentum bouchonné nous a empêché de tester cette différence. La paire de vins de Blanck s’est montrée plus expressive, avec les trois quarts du groupe qui distinguent correctement le Schlossberg du Furstentum. Les vins du Furstentum bénéficient également d’un peu plus de maturité, cela se ressent au nez et en bouche. Le climat fait partie du terroir au même titre que le sol ou le sous-sol.


Vin 5 : Riesling Grand Cru Schlossberg 2002 – Cave de Kientzheim : Le nez est discret avec des notes florales. La bouche est fraîche en attaque, minérale avec beaucoup de pureté. Un vin léger et cristallin. Bien
Appréciations du Groupe : Excellent-0 Très Bien-0 Bien-9 Bof-10 Beurk-1 : la comparaison


Vin 6 : Riesling Grand Cru Furstentum 2001 – Cave de Kientzheim : Le nez est marqué par des notes de champignon, et un léger bouchon. La bouche est grasse et puissante sérieusement bouchonnée. Beurk.
Appréciations du Groupe : Excellent-0 Très Bien-1 Bien-1 Bof-13 Beurk-5 : Un vin noté « Bof » est un vin qui laisse indifférent. Comment peut-on être indifférent à un goût de bouchon ? Les « Bien » et « Très Bien »  sont j’espère issus de  confusions entre les vins et donc d’erreur de retranscription.


Vin 7 : Riesling Grand Cru Furstentum 2002 – Paul Blanck (14.7€) : Le nez est parfumé, ouvert, avec des arômes de pain grillé, évoluant vers des fruits exotiques et des fruits acidulés. La bouche est moelleuse en attaque, grasse et légèrement sucrée (12g/l), évoluant vers une structure dense, complexe et puissante, l’acidité se manifestant progressivement pour accompagner la longue finale. Un vin plus mûr que le précédent, le terrain favorisant la surmaturité, et qui se montre déjà très équilibré en bouche. Gros potentiel de bonification au vieillissement. Excellent
Appréciations du Groupe : Excellent-1 Très Bien-4 Bien-8 Bof-6 Beurk-1 : vin de bouche par excellence, avec beaucoup de puissance,  mon enthousiasme pour cette cuvée n’est pas très communicatif !


Vin 8 : Riesling Grand Cru Schlossberg 2002 – Paul Blanck (14.7€) : Le premier nez est marqué par des fruits exotiques dont l’ananas, évoluant à l’aération vers plus d’intensité et dévoilant des notes de fumée et de silex. La bouche est assez vive en attaque, très fine et minérale avec un très léger moelleux (7g/l de sucre résiduel) qui laisse rapidement la place à une longue finale acidulée sur des arômes de citron vert. Un beau Schlossberg qui arrive doucement à maturité. Très Bien
Appréciations du Groupe : Excellent-0 Très Bien-7 Bien-7 Bof-5 Beurk-1 : une légère amélioration sur les appréciations de ce vin, son caractère aérien semble plus correspondre à l’idée d’un grand riesling.


Série 4 : Expression des terroirs dans les vins moelleux


Le sucre résiduel et la surmaturité masquent-ils les terroirs ? En prenant volontairement un terroir très typé (le Schoenenbourg, terroir marno-sablo-gypseux) et un terroir peu marqué (Moenchberg , marno-calcaire), les participants vont se faire une idée. Le Schoenenbourg est immédiatement reconnaissable par ses notes fumées caractéristiques et par son acidité en bouche. La surmaturité ne masque pas cette expression, elle vient plutôt la compléter. Le Moenchberg est moins marqué par le terroir si ce n’est les arômes de pêche au nez, mais la bouche offre un moelleux beaucoup plus prononcé. Les deux vins ont à peu près le même taux de sucre résiduel, mais le deuxième est une Vendange Tardive revendiquée. Le sucre résiduel en tant que tel n’est donc pas le caractère qui annihile le terroir, c’est plutôt la maturité du vin.


Vin 9 : Riesling Hommage à Jean Hugel 1998 – Hugel et Fils (27.5€) : une cuvée un peu surmaturée produite à partir de vignes du Schoenenbourg, comme en 1997. Le nez est complexe avec des arômes de fruits exotiques, du miel, mais aussi du camphre et des notes fumées. La bouche est riche, dans un style demi-sec (33g/l de SR) tendu par une belle acidité. Les notes de fleur d’acacia et de poivre blanc reviennent en finale compléter l’impression fondue de ce vin. A sept ans d’âge, le vin se fond, perd de sa sucrosité initiale et commence à avoir sa place à table. Gros potentiel. Très Bien
Appréciations du Groupe : Excellent-1 Très Bien-10 Bien-4 Bof-3 Beurk-2 : grand cru parmi les cinq plus marquant de la région avec le Rangen, le Kitterlé, l’Altenberg de Bergbieten et le Kanzlerberg, le Schoenenbourg produit des vins peu consensuels, à l‘image de la variété des appréciations.


Vin 10 : Riesling Grand Cru Moenchberg VT 1998 – Domaine des Marronniers (19€) : Le premier nez est complexe, pétrolé et mûr, avec des arômes de pêche blanche et des notes de caramel. La bouche est moelleuse en attaque, grasse et fruitée avec une bonne présence du sucre qui reste présent sans alourdir le vin. On est sur un équilibre de vendange tardive dominé par le fruit mûr. Un vin encore jeune qui ne minéralise pas beaucoup. Très Bien
Appréciations du Groupe : Excellent-1 Très Bien-13 Bien-5 Bof-1 Beurk-0 : on rejoint un style un peu plus consensuel sur ce vin qui se rapproche d’un vin moelleux conventionnel.


Série 5 : Expression des terroirs et vieillissement


L’objectif de ces deux paires est de goûter des vins de deux terroirs différents sur un millésime jeune, et de tester si on retrouve chaque terroir à l’aveugle sur les mêmes vins dans un millésime plus vieux. J’ai choisi le grand cru Zinnkoepflé, terroir calcaro-gréseux pour sa salinité propre, et le grand cru Kitterlé, terroir gréso-volcanique pour son caractère pierreux. 1999 et 1991 sont des millésimes ayant produits des vins très secs qui s’expriment de manière très nette actuellement. La différence entre les deux vins de 1999 se fait surtout en bouche, et la dégustation des 1991 va laisser une bonne moitié du groupe perplexe. Ceux qui risquent une réponse retrouvent en grande majorité le Kitterlé.


Vin 11 : Riesling Grand Cru Zinnkoepflé 1999 – Seppi Landmann : Le nez est assez discret avec des notes d’agrumes. La bouche est vive, grasse avec beaucoup de finesse. L’acidité prend un coté salin sur la langue, et la finale est très longue. Voilà un vin sec et mûr, qui possède beaucoup de finesse. Très Bien.
Appréciations du Groupe : Excellent-0 Très Bien-2 Bien-8 Bof-10 Beurk-0 :voilà un grand riesling sec,tel que tout le monde le vante en critiquant le sucre résiduel. Pourtant on est loin du coup de coeur généralisé.


Vin 12 : Riesling Grand Cru Kitterlé 1999 – Domaines Schlumberger (16.35€) : Le nez est minéral, avec des notes de fleur d’acacia et de fumée. La bouche est minérale, grasse avec beaucoup de puissance, tout en restant très net. L’impression est sèche avec un coté pierreux. Un vin qui arrive à maturité, dans un style très typique du cru. Les 8g/l de sucre résiduel sont imperceptibles. Très Bien
Appréciations du Groupe : Excellent-1 Très Bien-6 Bien-11 Bof-2 Beurk-0 : la légère rondeur apportée par le sucre aide à faire passer le coté pierreux très marqué de ce vin, qui se retrouve un peu mieux noté.


Vin 13 : Riesling Grand Cru Zinnkoepflé 1991 – Seppi Landmann : La robe se fait dorée. Le nez est légèrement oxydatif, avec des notes de cire et de pomme cuite. La bouche est grasse, presque huileuse, et n’exprime pas beaucoup la salinité du millésime 1999. Le vin état originaire de demi-bouteilles qui ont évolué plus rapidement. Bien
Appréciations du Groupe : Excellent-0 Très Bien-4 Bien-10 Bof-5 Beurk-1 : des impressions peu consensuelles sur ce vin à l’évolution marquée..


Vin 14 : Riesling Grand Cru Kitterlé 1991 – Domaines Schlumberger : Le nez est très ouvert, fumé avec des notes minérales très nettes. La bouche est sèche avec une bonne vivacité, une densité moyenne et le caractère pierreux du Kitterlé qui ressort en finale. Un vin sec évolué sans avoir de notes pétrolées, en peine forme. Très Bien
Appréciations du Groupe : Excellent-0 Très Bien-5 Bien-5 Bof-9 Beurk-1 : des notes également très variées, l’expression très minérale d’un grand riesling à maturité ne plait pas à tout le monde.


Dernière série : pour le plaisir


Après s’être concentré durement sur des aspects techniques, les deux derniers vins vont être bus pour le plaisir d’en ressentir toutes les qualités. Deux expressions très différentes du haut de gamme alsacien avec des terroirs très différente : le granit du Schlossberg apporte de la pureté et de la finesse à un vin d’une élégance rare. Le grès volcanique du Muenchberg apporte une touche de violence qui se ressent en bouche, expression ultime de la minéralité des terroirs alsaciens.


Vin 15 : Riesling Grand Cru Schlossberg Sainte Catherine 2004 – Domaine Weinbach (39€) : des parcelles de vieilles vignes acquises au début des années 90 permettent de faire une cuvée spéciale ainsi que les vins moelleux du Schlossberg. Ce 2004 a fermenté longuement, jusqu’en Juin 2005. Le nez est très élégant, pur avec une maturité parfaite du raisin qui donne des arômes très purs de riesling sans être marqués par le botrytis. La bouche reprend le toucher de bouche si particulier de cette cuvée, avec une grosse matière jamais grossière mais tout en finesse. Un vin unique dans la région sur un tel terroir, et une place méritée sur le podium des plus grands rieslings alsaciens. On n’a presque pas envie de décortiquer un tel vin qui se boit sans peine. Excellent
Appréciations du Groupe : Excellent-6 Très Bien-11 Bien-3 Bof-0 Beurk-0 : Un vin très bien noté, mais pas exceptionnellement,  qui s’exprime peut-être moins nettement que le 2002.


Vin 16 : Riesling Grand Cru Muenchberg 2004 – André Ostertag : Le nez est assez parfumé, jeune, évoluant d’arômes d’agrumes à des notes de pierre à fusil. La bouche est sèche en attaque, dense et très minérale, avec beaucoup de gras et une acidité qui donne tout le long une sensation cristalline et saline. Les 12g/l de sucre résiduel passent complètement inaperçus, et si le vin a une forte maturité (14% d’alcool acquis), le coté sauvage du terroir volcanique reprend le dessus, tout comme dans le pinot gris de même origine. A garder quelques années bien entendu avant de vider son carton. Excellent.
Appréciations du Groupe : Excellent-14 Très Bien-6 Bien-0 Bof-0 Beurk-0 : prime au dernier vin ou appréciation particulière pour un vin corsé, voilà le vin le mieux noté de toute la série.


Vin 17 : Pirate. Un dernier vin pirate apporté par un des participants sera servi pour finir la dégustation : Le nez est mûr, avec du miel et des fruits jaunes, mais également minéral avec des notes de fumée et de beurre qui rappellent le Schoenenbourg. La bouche est moelleuse, sèche et minérale ave des notes de fruits confits  et de fumée. La finale est assez longue, pure et moelleuse avec des arômes de miel et de fruits jaunes.  Je pense à un riesling Schoenenbourg vendange tardive, par exemple la cuvée Riesling VT 1989 de Hugel et fils qui se goûte aussi sec. Il s’agit du Riesling Vendanges Tardives 1998 de Dopf Au Moulin, une maison qui possède de très belles parcelles de riesling sur le Schoenenbourg. Très Bien


Une dégustation intense, riche et très intéressante sur la manière dont chacun apprécie le riesling de terroir en Alsace. Les grands terroirs alsaciens produisent des vins très complexes au nez et en bouche qui dépassent le caractère vif et citronné des vins de cépage. Curieusement, plus le terroir le est marqué, moins les appréciations sont consensuelles. Certaines cuvées sont à manier avec précaution, au risque de rejeter le style de chaque vin par absence de connaissance du terroir. Le prix bas des grands vins alsaciens les rend plus abordables que les grands blancs de bourgogne, et il est donc très facile d’acheter des vins très côtés pour faire une soirée découverte. Les appréciations ponctuelles de cette dégustation montrent qu’il y a probablement des déceptions à prévoir.


Une dégustation très instructive qui sera re-éditée en Alsace à l’automne, avec une structure similaire et quelques autres bouteilles.


Thierry Meyer


Pour connaître la signification des appréciations (Bien, Très Bien…), cliquer ici


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